Réponse à l’article de N. Ennasri, paru sur oumma.com
Et intitulé « Juifs en terre d’Islam et musulmans en
terre d’Israël »
Dans son article, l’auteur a voulu faire la comparaison entre la
situation des juifs en terre d’islam et celle des musulmans en
terre d’Israël, c’est-à-dire comparer deux choses
incomparables : d’une part, terre d’islam est vue du point de
vue historique et civilisationnel, alors que l’Etat d’Israël est
un Etat colonial, fondé par le sionisme et l’impérialisme vers
la moitié du XXème siècle. Comment peut-on comparer les deux
situations ?
Cette manière de voir Israël comme étant la terre des Juifs (à
cause de la comparaison) est erronée dès le départ. Si Israël se
revendique comme le pays ou l’Etat des juifs, c’est à cause de
son idéologie sioniste, une idéologie raciste et négatrice, qui
refuse de voir l’autre (le Palestinien ou l’arabe), qui le
chasse, qui prend sa terre, qui travestit la réalité historique
et qui prétend installer une population européenne sur une terre
arabe, comme l’ont fait tous les colonialismes. Depuis sa
fondation, en tant que colonie de peuplement, Israël n’a jamais
représenté le judaïsme, au contraire. Il est la malédiction
menaçant les juifs du monde, étant basé sur la falsification de
la religion et de l’histoire, sur la violence meurtrière envers
les peuples de la région, d’abord, puis les peuples du monde qui
s’éveillent progressivement à sa nature.
Donc, toute comparaison entre « terre d’islam » et « Israël »
est erronée.
Le fait de considérer Israël comme une terre juive où vivent des
musulmans, pour procéder à cette comparaison, entraîne une
conception des plus erronées concernant le peuple palestinien
qui y vit (que l’auteur nomme arabes israliens), car dès le
départ, l’auteur nie le phénomène colonial qui a touché ce
peuple.
D’une part, le terme « arabes israéliens » est un terme sioniste
et colonial. Il nie le caractère palestinien de cette
population, et à l’instar des sionistes, l’auteur a distingué
les musulmans, les chrétiens et les druzes qui en font partie.
Cette appelation, ainsi que la distinction entre religions, sont
des conceptions sionistes du peuple palestinien, de l’histoire
et de la civilisation de cette terre de Palestine. Les sionistes
ont forgé le terme « arabes israéliens » pour dire que dans leur
Etat, il y a des arabes, mais ce qu’ils veulent absolument
éviter de dire, c’est que ces arabes sont les Palestiniens qui
vivaient dans le pays, avant la fondation de leur Etat : Les
Palestiniens de 48 sont les témoins vivants des crimes
sionistes, rien que leur présence en Palestine colonisée
rappelle aux colonisateurs ce qu’ils ont fait en 48, certains
même regrettant de n’avoir pas achevé leurs crimes jusqu’au
bout, c’est-à-dire ne laisser aucun Palestinien sur la terre
qu’ils ont volée.
D’autre part, les Palestiniens de 48 ou de l’intérieur (soit les
Palestiniens qui sont restés dans leur pays après la Nakba, en
1948) ne sont pas des étrangers dans leur pays, même s’il y a
une colonie dessus. Ils vivent dans leur pays, leur patrie mais
Israël s’est installé dessus, de manière illégale, en chassant
une grande partie de ce peuple. Ne pas les voir ainsi travestit
la réalité, pour ne voir que la discrimination dont ils sont
victimes, et comme dit l’auteur, le fait d’être considérés comme
des citoyens de seconde zone.
Bien évidemment, l’auteur décrit rapidement la situation des
Palestiniens de 48, qui sont une part intégrante du peuple
palestinien, qui participent à sa lutte de libération, en
soutenant leurs frères en Cisjordanie, à Gaza et dans al-Quds,
comme ils sont en liaison avec leurs frères refugiés, grâce à de
multiples réseaux qu’ils ont développés en commun pour maintenir
et renforcer les liens entre toutes les composantes du peuple
palestinien.
Vivant sous occupation, les Palestiniens de 48 se trouvent non
seulement en Galilée et dans le Triangle, mais aussi dans le
sud, au Naqab, et un des plans de judaïsation, celui qui vise le
territoire du Naqab, a pour objet de les expulser de ce vaste
territoire pour y installer des colonies sionistes. Tous les
jours, des maisons y sont démolies dans une opération de
purification ethnique, comme ce qui se passe aujourd’hui dans
al-Quds.
La population palestinienne de 48 vit également dans les villes
côtières, à Akka, Haïfa, Yafa, notamment, où elle résiste à
toute judaïsation, dans des situations très difficiles, où les
sionistes utilisent l’argent et le pouvoir pour les chasser.
Mais ils sont encore là et proclament à toutes les occasions :
« nous sommes là, nous resterons, aussi enracinés que le thym et
l’olivier ».
Que les sionistes considèrent les Palestiniens de 48 comme une
population à « la loyauté douteuse », cela est leur problème,
mais peut-on concevoir que les Palestiniens soient sionistes,
qu’ils acceptent le fait colonial sans protester, qu’ils
acceptent que leurs terres soient confisquées, que leurs maisons
soient démolies, que les liens de fraternité qui les lient à
leurs frères palestiniens soient remis en cause ? Pent-on
concevoir que les Palestiniens qui vivent, après tout, dans leur
pays, avant même la fondation de cet Etat colonial, doivent
prêter allégeance à ces criminels et voleurs qui se sont
installés sur leur pays ?
Certes, les dangers s’accumulent contre les Palestiniens de 48,
qui sont de plus en plus menacés. Non seulement dans leur vie
quotidienne, à cause du fascisme populaire qui se développe dans
la population israélienne, dans les villes, les colonies de
toutes sortes, dans les universités et les écoles, sans parler
des institutions militaires et sécuritaires, dans les médias
(télévision, journaux, radios), mais aussi dans leur vie
collective, où ils sont menacés par les destructions de leurs
maisons, le démantèlement de leurs villages avec l’installation
des colonies, et dans leur vie politique. Nous assistons depuis
plusieurs mois à une recrudescence des déclarations fanatiques
d’universitaires, de politiques, de journalistes, visant la
présence même de ces Palestiniens. Et si Israël lance une guerre
prochainement, les Palestiniens de 48 seront touchés dans leur
existence même. C’est pour cela qu’il est nécessaire pour tous
ceux qui militent en faveur des droits palestiniens, de
comprendre et de faire comprendre leur situation et de
développer le soutien nécessaire à ces Palestiniens qui vivent
au cœur de l’entité sioniste, en les désignant par Palestiniens,
et si l’on veut absolument les distinguer des Palestiniens qui
vivent dans l’exil, ou en Cisjordanie et Gaza, dire :
Palestiniens de 48 (ceux qui vivent sur les terres colonisées et
occupées en 48).