Vendredi 7 août 2009
Nous avons le plaisir de reproduire ici un article de Christian
Campiche, un journaliste suisse sans parti pris qui accomplit
très honnêtement son devoir d’investigation. En effet, après
avoir interpellé à plusieurs reprises le CHUV, Centre
hospitalier universitaire vaudois (*), pour s’étonner que cet
hôpital public mettait à la disposition de ses patients une eau
portant l’étiquette du groupe israélien Eden Springs – un groupe
qui exploite notamment les sources d’eau du Golan, territoire
syrien occupé par Israël en violation des résolutions de l’ONU -
Christian Campiche informe ici ses lecteurs que la direction de
l’hôpital a finalement changé de fournisseur.
Le CHUV n’est plus un paradis pour l’eau Eden
Springs, titrions-nous dans ces mêmes colonnes, en septembre
2008. Il l’est d’autant moins aujourd’hui que la marque
israélienne a été carrément boutée hors des locaux de
l’établissement hospitalier vaudois, remplacée par les bonbonnes
d’eau Edelvia.
Il y a un peu moins d’une
année, nous écrivions que la substitution des bonbonnes
Eden Springs était à l’étude au CHUV. Ce
dernier a tenu promesse : « Le marché de
bonbonnes d’eau au CHUV a été attribué il y a quelques semaines
à Edelvia sur la base du meilleur prix dans une procédure
d’appel d’offres. Plus de la moitié de la consommation sera
transférée pendant l’hiver 2009-2010 sur des postes accédant au
réseau d’eau potable », précise Oliver Peters, directeur
administratif et financier du CHUV. Lequel ajoute que le coût de
l’approvisionnement en bonbonnes sera ramené à environ 40’000
francs par année, soit une économie de 50’000 francs pour le
CHUV.
Comme l’an dernier, M. Peters
ne se prononce pas sur la question de savoir si le changement de
stratégie en matière d’approvisionnement d’eau au CHUV est la
conséquence de l’implantation d’Eden Springs
dans le Golan. « Périodiquement, le
renouvellement du contrat est mis au concours »,
souligne-t-il. Aux mains de l’homme d’affaires israélien Roni
Naftali, le groupe Eden Springs, dont le
siège européen est basé à Préverenges, non loin de Lausanne,
exploite une source sise à Dorénaz, en Valais. Ce qui n’empêche
pas certaines ONG d’associer son logo à l’occupation de la
Palestine, un territoire qui manque cruellement d’eau. Sensible
à la cause palestinienne, la journaliste indépendante Silvia
Cattori est intervenue auprès de la direction du CHUV pour
demander que le CHUV retire l’eau Eden de
ses services.
Fondée en août 2008 et
dirigée par un ancien cadre d’Eden Springs,
Cyril Halifi, la société Edelvia, qui
approvisionne désormais le CHUV, est une émanation de
Cristalp Fontaine, une unité d’affaires
revendue en 2007 par Nestlé Waters.
S’approvisionnant à la source lucernoise
Knutwiler, une enseigne qui existe depuis le XVe siècle et
abreuve plusieurs hôpitaux du canton de Lucerne, elle revendique
la place de numéro 2 du marché suisse des fontaines à eau,
derrière Eden. Dans son actionnariat (où
figure aussi Julian Cook, le fondateur de la compagnie
d’aviation Baboo), on retrouve un autre
ancien dirigeant d’Eden Springs, Vincent
Nguyen.
Reste à savoir si le
changement opéré, qui va dans le sens de la pratique suivie à
Genève et Fribourg (dont les hôpitaux utilisent l’eau du
robinet), désaltérera la curiosité de Jacques Neirynck.
Construit avec l’aide de la Confédération, le CHUV est
subventionné par l’Etat. Suite à l’article de « La
Liberté », le député vaudois, auteur d’un ouvrage critiquant
l’eau en bouteilles « mille fois plus chère »
que l’eau du robinet, a promis de déposer une interpellation au
Conseil national.
Christian Campiche
Article paru dans deux quotidiens suisses : “La
Liberté” et “Le Courrier” du 6 août 2009.
(*) Voir :
« Le
CHUV n’est plus un paradis pour Eden », par Christian
Campiche, article paru dans La Liberté du
11.09.2008.
« Le
CHUV se désaltère toujours à l’Eden », par Christian
Campiche, article paru dans La Liberté du
07.04.2009.
Source :
http://www.radeaudelameduse.ch/presse/2009/08/le-chuv-renonce-a-eden-et-passe-a-leau-du-robinet/600