Opinion
Le mépris du droit
par l'impérialisme et la chasse aux
sorcières contre Julian Assange
Chris Marsden et Barry Grey
La police
devant l'ambassade équatorienne
Lundi 27 août 2012
L’objectif de la
Grande-Bretagne de déporter le fondateur
de WikiLeaks, Julian Assange, vers la
Suède est de créer les conditions pour
le transférer aux États-Unis et pour
qu’il y soit jugé pour trahison. Il
s’agit là d’une entreprise malpropre,
exécutée sur les instructions de
l’administration Obama à Washington.
Son but est de
punir et de détruire quelqu’un qui a
grandement contribué à révéler au grand
jour les crimes sanglants de
gouvernements américains et britanniques
successifs. L’élite dirigeante
américaine et ses complices
internationaux veulent faire un exemple
d’Assange. Ils visent à intimider tous
ceux qui cherchent à réfuter le tissu de
mensonges officiels promu par la presse
« grand public », habituée à dissimuler
ou à justifier les crimes de guerre et
les complots contre les populations du
monde entier.
Ceux qui sont
coupables de conduire des guerres
d’agression en Afghanistan, en Irak et
en Libye, de mener une guerre secrète
contre la Syrie et de commettre des
assassinats ciblés, des restitutions et
la torture n’ont aucun scrupule à fouler
aux pieds des principes fondamentaux du
droit international et qui incluent le
droit à l’asile politique.
Le gouvernement
britannique qui est mené par une
coalition conservatrice a menacé de
retirer le statut diplomatique à
l’ambassade d’Équateur à Londres et
d’envoyer la police pour envahir les
lieux et arrêter Assange. L’arrogance
impérialiste de cette menace a été
condamnée à juste titre par l’Équateur
comme « un acte inacceptable, inamical,
hostile et comme une attaque sur notre
souveraineté. » Le ministre équatorien
des Affaires étrangères a ajouté jeudi,
lors d’une conférence de presse donnée
pour annoncer la décision de son
gouvernement d’accorder l’asile
politique à Assange, « Nous ne sommes
pas une colonie britannique. »
La Convention de
Vienne définit explicitement une
ambassade étrangère comme étant un
espace souverain. Un tel poste
diplomatique est considéré être le
territoire d’une nation étrangère.
Le gouvernement
britannique et ses suzerains américains
se moquent bien de telles futilités
juridiques. Le ministre britannique des
Affaires étrangères, William Hague, a
réitéré le refus de son gouvernement de
délivrer un sauf-conduit à Assange et sa
détermination de l’arrêter s’il mettait
les pieds en dehors de l’ambassade
équatorienne. Il a déclaré, « La
Grande-Bretagne ne reconnaît pas le
principe d’asile diplomatique. »
Proférant un
mensonge méprisable après l’autre, Hague
a poursuivi en précisant : « Il est
important de comprendre que cela n’a
rien à voir avec les activités de M.
Assange à la tête de WikiLeaks ou
l’attitude des États-Unis. Il est
recherché par la Suède pour répondre
d’allégations sérieuses de nature
sexuelle. »
Le gouvernement
suédois – le complice consentant du coup
monté impérialiste contre Assange –
s’est relayé pour soutenir la violation
du droit d’asile commis par la
Grande-Bretagne. Il avait fait usage
d’accusations hautement contestables
d’inconduite sexuelle pour exiger qu’Assange
comparaisse en Suède pour y être
interrogé, fournissant le prétexte
pseudo-juridique pour son extradition. «
Il est inacceptable que l’Équateur
veuille entraver le processus juridique
suédois et la coopération judiciaire
européenne, » a dit le ministre suédois
des Affaires étrangères, Anders Joerle.
Il n’existe aucune
base juridique sérieuse pour les
allégations d’abus sexuels contre
Assange – les autorités suédoises n’ont
même pas émis contre lui un acte
d’accusation formel. Les accusations
sont faites par deux femmes qui avaient
rencontré Assange et qui avaient eu des
relations librement consenties avec lui.
En réaction à
l’octroi de l’asile politique par
l’Équateur, Claes Brogstrom, l’avocat
des femmes qui ont formulé les
accusations d’agressions sexuelles, a
déclaré de façon malhonnête, « Il n’y a
aucune demande d’extradition de la part
des Etats-Unis. »
Pas encore. Mais,
comme Brostrom le sait parfaitement, le
gouvernement Obama a convoqué un grand
jury secret pour élaborer des
accusations contre Assange. Il attend
que ce dernier soit expédié en Suède
pour intervenir.
WikiLeaks a
rapporté qu’un groupe spécial a été mis
en place par les agences américaines de
renseignement et des assignations émises
pour contraindre les associés de
WikiLeaks à comparaître devant un grand
jury. Assange a toutes les raisons de
craindre de partager le sort du soldat
Bradley Manning qui est accusé d’avoir
divulgué des documents militaires
confidentiels à WikiLeaks et qui est
déjà incarcéré depuis plus de 760 jours,
la plupart du temps dans des conditions
inhumaines et abusives.
Une condamnation
pour sédition pourrait entraîner la
peine de mort. Alternativement, Assange
pourrait être jeté dans le trou noir de
Guantanamo ou dans une autre prison
militaire. Assange a dit à juste raison
craindre pour sa vie.
Tout le monde sait,
sauf ceux qui ne veulent pas voir, qu’Assange
est victime d’une chasse aux sorcières,
et pourtant ceci n’a pas empêché les
médias qualifiés de libéraux de
continuer à soutenir une extradition et
à dénoncer Assange. Le New York Times
a carrément déclaré que « Le
gouvernement Obama a refusé de dire ce
qu’il planifiait le cas échéant, pour
solliciter l’extradition de M. Assange
vers les États-Unis. » Il s’est ensuite
réjoui de ce que « WikiLeaks a
considérablement rétréci durant les mois
pendant lesquels M. Assange était en
train de mener sa bataille juridique, »
en dénonçant l’organisation d’être « une
agence de la gauche politique. »
Les médias
britanniques sont encore pires. Le
Guardian a publié l’avis d’un
juriste au nom des persécuteurs d’Assange,
en écrivant dans un éditorial qu’il
n’avait pas « de bonnes raisons de
craindre » une persécution politique
mais qu’il cherchait simplement à éviter
les « allégations d’agression sexuelle
qui sont, aux dires de tout le monde, un
crime non politique grave. »
L’éditorial du
journal The Independent a admis
que « tous deux, le Royaume-Uni et la
Suède, ont, ainsi qu’il fut rapporté,
refusé de garantir qu’il n’aurait pas à
faire face à des procédures
d’extradition vers les États-Unis, »
avant de déclarer benoîtement que ceci «
pourrait alimenter les doutes. » Mais,
il a souligné, « Dans les circonstances
actuelles, toutefois, les États-Unis
sont une source de distraction. Si M.
Assange veut être à la hauteur de
l’honnêteté et de l’intégrité qu’il
professe, il doit se défendre en Suède
pour ensuite contester au mérite toute
extradition vers les États-Unis.
Jamais depuis les
années 1930 qui ont vu le triomphe du
fascisme dans une grande partie de
l’Europe et le développement de la
Seconde Guerre mondiale, l’impérialisme
n’avait opéré sur la scène mondiale en
affichant un tel mépris de la légalité.
Une fois de plus, la loi de la jungle
prévaut dans les relations
internationales. Ceci est la
manifestation extérieure du virement
vers la guerre de classe ouverte au sein
des pays impérialistes sous la poussée
de l’effondrement mondial du système
capitaliste.
La persécution d’Assange
qui est orchestrée par les États-Unis a
uni une bande de brigands, de voleurs et
de menteurs invétérés. Ils forment
collectivement les représentants d’une
oligarchie dont la richesse colossale
porte la marque du sang, de la sueur et
des larmes d’innombrables millions de
gens à travers le monde.
La défense de
Julian Assange et de WikiLeaks requiert
la mobilisation politique indépendante
des travailleurs et des jeunes contre
l’offensive qui est menée par la classe
dirigeante et tous ses défenseurs
politiques. Une telle lutte doit être
fondée sur une perspective socialiste
visant à mettre en place des
gouvernements ouvriers engagés à
réorganiser la société sur la base de
l’égalité sociale, de la liberté et
d’une démocratie authentique.
(Article original
paru le 18 août 2012)
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Publié le 27 août 2012 avec l'aimable
autorisation du WSWS
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