Chronique
Arrêtez votre
hypocrisie !
Chérif
Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Mercredi 21 novembre
2012
«Israël a le droit de se
défendre», a déclaré Obama suite aux
attaques de Ghaza. En novlangue,
cela voudrait dire qu’Israël a le
droit d’attaquer. Quand on sait que
près d’une centaine de morts et pas
moins de 700 blessés ont été
enregistrés en cinq jours de
pilonnage intensif, il y a lieu de
se demander si Obama ne joue pas sa
carte de poker menteur pour calmer
les poussées paranoïaques du fou de
Tel-Aviv.
Dans ce contexte, Netanyahu,
appuyé, selon un sondage, par près
de 91% des Israéliens soutenant
l’offensive contre la bande de Gaza
alors que 74% sont pour l’invasion,
n’éprouve aucun scrupule à jouer la
symphonie hitlérienne. Si Obama a
décroché sa seconde mandature, Bibi
le fou compte en faire de même en
jouant cette partie macabre dont les
seules victimes sont les civils
palestiniens. Dans la foulée, que
fait la diplomatie «arabe» ? Comme
d’habitude, les Egyptiens feignent
de jouer un rôle pour calmer les
esprits sans pour autant démontrer
leur soutien à cette cause
palestinienne devenue un fardeau
pour ces nouveaux régimes enfantés
par les soulèvements arabes. On se
souvient des propos d’El Ghanouchi,
le représentant des islamistes
tunisiens, pour qui la cause
palestinienne est un conflit
israélo-palestinien et non
israélo-arabe. Et pourtant, dans ce
jeu hypocrite, le ministre tunisien
des Affaires étrangères Rafik
Abdessalem, en visite samedi à Ghaza,
a notamment dénoncé une «agression
israélienne flagrante». Quelle
douceur ! A-t-on peur des mots ? Et
Erdogan, alors ? Lui, qui n’hésitait
aucunement à chauffer les tambours
de guerre contre Assad, a rejoint le
registre de ces déclarations
formelles en déclarant qu'«Israël
portait l'entière responsabilité de
l'escalade et devrait rendre des
comptes pour le massacre de ces
enfants innocents». Pour sa part,
Morsi, suite à un entretien
téléphonique avec Ismaïl Haniyeh du
hamas samedi dernier, s'est montré
optimiste, évoquant des contacts
avec les deux camps et «quelques
indications sur la possibilité d'un
cessez-le-feu bientôt». De quel
optimisme peut-il parler lorsqu’on
sait qu’il est acculé par le FMI
avec lequel il devrait négocier un
montant de 4,8 milliards de dollars
dont l'Egypte a besoin pour soutenir
ses finances. Alors même que les
jets israéliens pilonnaient sans
arrêt Ghaza et que le Hamas
suppliait le président Mohamed Morsi
de l'aider, le FMI a annoncé
mercredi que «la mission restera au
Caire pendant encore quelques jours
afin de poursuivre le travail et
tirer parti des progrès importants
déjà réalisés». Ce qui se traduirait
en lexique orwélien qu’avant
d'accorder des prêts, le FMI attend
des gouvernements qu'ils prennent
des mesures réelles conformément à
un plan de réforme économique, mais
Morsi sait qu'il peut toujours y
avoir des exceptions, et c'est
Washington qui décide. Mais à quel
prix ? Dans ce jeu de poker menteur
on sent quand même une certaine
nausée, car ces zombies politiques
font preuve de cécité face à ces
cadavres d’enfants déchiquetés sans
pitié par des frappes aveugles et
qu’on ose encore qualifier de
chirurgicales. Pour une énième fois,
arrêtez votre hypocrisie !
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 21 novembre 2012
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