Chronique
Du déjà vu
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Samedi 6 juillet 2013
MANU MILITARI, LE PRÉSIDENT MORSI A ÉTÉ
RECONDUIT À LA CASE DÉPART APRÈS AVOIR
GOÛTÉ PENDANT UNE ANNÉE AUX DÉLICES DU
FAUTEUIL EMPOISONNÉ. COMME NOUS L’AVIONS
SIGNALÉ DANS UNE PRÉCÉDENTE CHRONIQUE,
CE SONT TOUJOURS LES ÉTERNELS DÉCIDEURS
AMÉRICAINS QUI TIRENT LES FICELLES.
En dépit des apparences «
démocratiques » de l’élection de Morsi à la tête de l’Egypte, les
enjeux étaient habilement cachés aux
yeux des millions d’Egyptiens qui se
croyaient en train de faire la «
révolution ». Les meneurs étaient
bel et bien parmi les manifestants
comme au temps de la destitution de
Moubarak. Une expérience de labo
dans laquelle le cobaye ne semble
pas avoir rempli la mission qui lui
était assignée. En optant pour la
carte islamiste à la tête des pays «
en révolution », les yankees
croyaient pouvoir laisser les
peuples rêver de leur « nation »
islamique comme c’est le cas de
beaucoup de pays, tout en contrôlant
le jeu en coulisse. Morsi a commis
le péché mortel en voulant glisser
vers une ligne de conduite
indésirable. L’Islam « modéré », ou
plutôt « américanisé » a été quelque
peu « radicalisé » dans la mesure où
le leader des Frères musulmans
commençait à philosopher en
s’attribuant plus de prérogatives,
ou encore à vouloir tripoter la
Constitution. Une fois arrivé au
pouvoir, le nouveau président
égyptien Morsi a commencé à saper
les bases laïques de l'Etat. Ce
glissement s'est assorti d'un
renforcement démesuré des
prérogatives présidentielles et
d’une dégradation de la situation
économique. Sur un autre plan, ce
dernier a oublié les « gardiens de
la révolution », en l’occurrence les
militaires qui vivent sous l’épée de
Damoclès américaine. Car, les
Etats-Unis leur apportent une aide
financière annuelle à hauteur de 1,3
milliard de dollars. Cela dit, la
destitution manu militari de Morsi
demeure un jeu de poker dans la
mesure où les islamistes qui se
disent, du moins pour l’instant,
désintéressés d’une confrontation
armée, ne vont pas déchanter au vu
des premiers heurts qui ont eu lieu
entre les Frères musulmans et les
forces de l'armée aux abords de
l'Université du Caire. Dans ce
contexte, le mouvement des Frères
musulmans, dont les principaux
leaders ont été arrêtés après le
renversement du président Mohamed
Morsi, ne reconnaissent pas le
régime militaire. A la question de
savoir si les militants du mouvement
étaient prêts à une lutte armée,
Mohamed Baltagi, représentant du
mouvement, a répondu que c'était «
peu probable », tout en soulignant
que son pays a connu un coup d'Etat
militaire et que la confrérie
envisageait de lutter pour la
restauration de la suprématie de la
loi dans le pays. Pour l’instant, la
vague ne fait qu’enfler alors que du
côté du régime sioniste, on se
frotte les mains… Le plan Oded Ynon
est en marche.
Article publié sur
la
Nouvelle République
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