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Opinion
Médias occidentaux :
Un pouvoir diabolique pour tromper les peuples
Chems Eddine Chitour
Samedi 30 avril 2011
« À défaut d’avoir recours à
la force pour contrôler les populations, on peut parfaitement
les contrôler par l’opinion »
Harold Laswell, spécialiste des médias.
L’actualité internationale est plus que jamais verrouillée par
les médias occidentaux et même ceux qui sont à leur ordre,
notamment la chaîne Al Jazeera qui a montré son vrai visage
celui d’un média aux ordres d’un roitelet immoral avachi, sur
une montagne de dollars obéissant à un Occident qui lui permet
de faire dans la diplomatie du dollar contre la prise en charge
irréversible des réserves de gaz par les Occidentaux.
Pire encore, les journalistes de cette chaîne de caniveau se
permettent-elles et eux aussi de dicter la norme aux Arabes en
termes de professionnalisme. Et de liberté. N’a-t-on pas vu en
effet, des paléo-algériens et algériennes se permettre
d’admonester l’Algérie qu’ils ont abandonnée au plus fort de sa
détresse? Je n’ai pas de sympathie particulière pour le
gouvernement actuel, mais j’invite ces donneurs de leçons à plus
d’humilité et à faire leur introspection éthique s’agissant de
l’honnêteté journalistique en imitant un de leur collège qui
vient de démissionner pour des informations fausses.
Le vrai visage d’Al jazeera
Justement à propos d’information honnête et devant l’addiction
des peuples à l’information made in Occident supposée être
fiable, professionnelle et donc indiscutable, je veux à travers
cette contribution donner des exemples sur la manipulation
permanente des médias. «La presse libre déclare John Waiton,
éditeur du New York Times, lors de son discours d’adieu,
n’existe pas. Aucun de vous n’oserait donner son avis personnel
ouvertement. Nous sommes les pantins qui sautent et qui dansent
quand ils tirent sur les fils. Notre savoir-faire, nos capacités
et notre vie même leur appartiennent. Nous sommes les laquais
des puissances financières derrière nous. Nous ne sommes rien
d’autre que des intellectuels prostitués. Le travail du
journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent,
la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au
service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils
obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles
dans les coulisses.»
Il est bien connu en effet, que le quatrième pouvoir, celui des
médias est une force importante qui permet, en principe, dans
les démocraties, de tenir le peuple informé du fonctionnement
des institutions. Cette force peut, cependant, être au service
d’une cause et de ce fait s’avérer dangereuse en temps de paix
qu’en temps de guerre. (1) Parlant de la manipulation de plus en
plus évidente de l’information, Ignacio Ramonet pointe du doigt
les grands protagonistes que sont les acteurs d’une
mondialisation dimensionnée à la taille des plus riches.
Ecoutons-le: «Contre les abus des pouvoirs, la presse et les
médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre
démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois
pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire -
peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Mais,
dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être
commis, ce fut le cas aux Etats-Unis, durant plus d’un siècle, à
l’encontre des Afro-Américains, et cela l’est aujourd’hui contre
les ressortissants des pays musulmans en vertu du «Patriot Act»);
Depuis une quinzaine d’années, à mesure que s’accélérait la
mondialisation libérale, ce «quatrième pouvoir» a été vidé de
son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de
contre-pouvoir. Cette choquante évidence s’impose en étudiant de
près le fonctionnement de la globalisation. Le pouvoir véritable
est désormais détenu par un faisceau de groupes économiques
planétaires et d’entreprises globales dont le poids dans les
affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des
gouvernements et des Etats (...)«Dans la nouvelle guerre
idéologique qu’impose la mondialisation, les médias sont
utilisés comme une arme de combat. L’information, en raison de
son explosion, de sa multiplication, de sa surabondance, se
trouve littéralement contaminée, empoisonnée par toute sorte de
mensonges, polluée par les rumeurs, par les déformations, les
distorsions, les manipulations. Elle nous empoisonne l’esprit,
nous pollue le cerveau, nous manipule, nous intoxique, elle
tente d’instiller dans notre inconscient des idées qui ne sont
pas les nôtres. C’est pourquoi il est nécessaire d’élaborer ce
qu’on pourrait appeler une «écologie de l’information». (2)
Ahmadinjad diabolisé car «
coupable » d’avoir appelé à la disparition d’Israël
Un coup fumant réalisé par Israël! Celui de graver dans
l’imaginaire des Occidentaux qu’Ahmadinjad veut la mort des
Juifs. En fait, il n’en n’est rien. Les juifs iraniens vivent
leur spiritualité sans problème majeur. Qu’a réellement dit
Ahmadinjad? Ahmadinejad n’a jamais dit «Israël doit être rayé de
la carte». Cette citation attribuée au président iranien,
largement reprise par la presse et les politiques, est fausse.
Arash Norouzi, un iranien opposant au régime, a démonté pièce
par pièce les éléments du dossier de cette fabrication
médiatique irresponsable sinon malveillante. Si l’on en croit la
légende, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a menacé de
détruire Israël, ou, pour reprendre la citation erronée: «Israël
doit être rayé de la carte». Contrairement à une certitude très
répandue, une telle déclaration n’a jamais été faite, et c’est
ce qui sera démontré dans cet article.(3)
«Le mardi 25 octobre 2005, écrit Arash Norouzi Mahmoud
Ahmadinejad prononça un discours à l’occasion d’une conférence
intitulée «Le monde sans le sionisme». De grandes affiches
l’entouraient, qui affichaient ostensiblement ce titre en
anglais - «The World Without Zionism», à destination évidente
des médias internationaux. «Avant d’en venir à la formule
tristement célèbre en elle-même, il est important de noter que
la «citation» en question était elle-même une citation - ce sont
les mots du défunt Ayatollah Khomeiny, le père de la Révolution
islamique. Commençons par citer ses mots exacts en persan: «Imam
ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar
mahv shavad.» Ce passage ne signifiera rien pour la plupart des
gens, mais un mot cependant devrait faire dresser l’oreille: «rezhim-e».
C’est le mot «régime», prononcé comme le mot anglais [«régime»,]
avec un son supplémentaire - «eh» - à la fin ». (3)
Ahmadinejad ne se référait pas au pays-Israël ou au
territoire-Israël, mais au régime israélien. Il s’agit là d’une
distinction cruciale, puisqu’il est impossible de rayer un
régime de la carte. Ahmadinejad ne se réfère même pas à Israël
par son nom; à la place, il utilise la périphrase «rezhim-e
ishghalgar-e qods» (c’est-à-dire littéralement «régime occupant
Jérusalem»)». Alors que la fausse citation «rayé de la carte» a
été répétée à l’infini sans vérification, le discours réel fait
par Ahmadinejad a été en lui-même presque entièrement ignoré.
Pour les faucons bellicistes, c’était un cadeau du ciel.
Traduite de travers et attribuée au Président iranien, la
citation «wiped off the map» («rayé de la carte») a été propagée
partout dans le monde, répétée des milliers de fois dans les
médias internationaux, et nombre de dirigeants internationaux
ont tenu à la dénoncer. De grandes agences de presse, comme
Associated Press et Reuters, se réfèrent à la citation erronée,
mot à mot, et quasi quotidiennement. Le président George W.
Bush, a dit que les commentaires d’Ahmadinejad représentaient
une «menace explicite» de détruire Israël. (...) Ce qui vient
d’être exposé constitue la preuve irréfutable d’une manipulation
médiatique et d’une propagande en action. Associated Press
déforme délibérément une citation de l’IRNA pour la faire rendre
plus menaçante.»(3)
Dans le même ordre de la manipulation intentionnelle des médias,
le philosophe italien Dominique Lesurdo écrit: «Depuis quelques
jours, des groupes mystérieux tirent sur les manifestants en
Syrie et, surtout, sur les participants aux funérailles qui ont
suivi les événements sanglants. De qui sont composés ces
groupes? Les autorités syriennes soutiennent qu’il s’agit de
provocateurs, essentiellement liés aux services secrets
étrangers. En Occident, par contre, même à gauche on avalise
sans aucun doute la thèse proclamée en premier lieu par la
Maison-Blanche: ceux qui tirent sont toujours et seulement des
agents syriens en civil. Obama est-il la bouche de la vérité?
(...) Ces derniers temps, par les interventions surtout de la
secrétaire d’Etat Hillary Clinton, l’administration Obama ne
rate pas une occasion de célébrer Internet, Facebook, Twitter
comme instruments de diffusion de la vérité et de promotion,
indirectement, de la paix. Des sommes considérables ont été
attribuées par Washington pour potentialiser ces instruments et
les rendre invulnérables aux censures et attaques des «tyrans».
En réalité, pour les nouveaux medias comme pour les plus
traditionnels, la même règle est de mise: ils peuvent aussi être
des instruments de manipulation et d’attisement de la haine et
même de la guerre. La radio a été savamment utilisée en ce sens
par Goebbels et par le régime nazi ».(4)
« Le philosophe cite ensuite des exemples de manipulation de
l’information dans le but est de stabiliser une situation
présente au profit d’un ordre nouveau, un «reshaping» en
conformité avec les désirs de l’empire. Nous l’écoutons: «A la
fin de 1989, bien que fortement discrédité, Nicolae Ceausescu
est encore au pouvoir en Roumanie. Comment le renverser? Les
mass media occidentaux diffusent massivement dans la population
roumaine les informations et les images du «génocide» perpétré à
Timisoara par la police de Ceausescu. Qu’était-il arrivé en
réalité? Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité,
des cadavres à peine enterrés ou alignés sur les tables des
morgues ont été déterrés en hâte et torturés pour simuler devant
les caméras le génocide qui devait légitimer le nouveau régime.»
(4)
«(...) Posons-nous alors une question: l’excitation et
l’attisement des masses ne peuvent-ils être produits que par
voie pharmacologique? Avec l’avènement et la généralisation
d’Internet, Facebook, Twitter, une nouvelle arme a émergé,
susceptible de modifier profondément les rapports de force sur
le plan international. Ceci n’est plus un secret, pour personne.
De nos jours, aux USA, un roi de la satire télévisée comme Jon
Stewart s’exclame: «Mais pourquoi envoyons-nous des armées s’il
est aussi facile d’abattre les dictatures via Internet que
d’acheter une paire de chaussures?» (...) Désormais -affirment
encore sur Die Zeit deux journalistes allemands- cela ne fait
aucun doute: «Les grands groupes Internet sont devenus un outil
de la géopolitique USA. Avant, on avait besoin de laborieuses
opérations secrètes pour appuyer des mouvements politiques dans
des pays lointains. Aujourd’hui, il suffit souvent d’un peu de
technique de la communication, opérée à partir de l’Occident
[...] (...) On comprend alors les financements par Hillary
Clinton et par l’administration Obama destinés aux nouveaux
média.»..(4)
Souvenons-nous aussi de l’affaire Sakineh qui est une
«manipulation à grande échelle» par BHL. Elle rappelle l’affaire
Jila Izadi, une jeune Iranienne de 13 ans condamnée à mort par
lapidation. Une campagne médiatique lancée en grande pompe et
qui avait fait grand bruit à l’époque suite à la pétition
rédigée par Mme Badinter, et Fadéla Amara publiée par le journal
ELLE (édition du 25 octobre 2004). Or, quelques semaines plus
tard, le Quai d’Orsay nous apprenait qu’il n’y avait pas de
fillette de 13 ans condamnée à la lapidation en Iran. Le
porte-parole du ministère français des Affaires étrangères
démentait les informations sur la condamnation à la lapidation
de Jila Izadi. «Nous avons immédiatement vérifié à travers notre
ambassade...Il est apparu que l’information était inexacte.
Cette condamnation à la lapidation, n’a jamais été
prononcée».Tous ceux qui ont relayé cette information avaient
donc menti...(5)
L’affaire Sakineh nous rappelle aussi les techniques de
manipulation de l’information occidentale; deux exemples
célèbres: l’affaire des bébés éventrés par les soldats de Saddam
dans les maternités du Koweït. Une soi-disant infirmière du
Koweït avait servi de témoin aux USA. Il s’est avéré par la
suite qu’il s’agissait d’un mensonge destiné à justifier la
première guerre du Golfe; et que la prétendue infirmière n’avait
jamais mis les pieds dans une maternité; elle était tout
simplement la fille de l’ambassadeur du Koweït aux USA.
Le deuxième exemple est celui de la soldate noire soi-disant
«délivrée» par les GIs selon un scénario à «la chute du Faucon
noir». En fait, elle était blessée par des tirs amis et
recueillie par un chirurgien irakien qui a sauvé la vie de cette
soldate en remuant ciel et terre pour lui trouver du sang «O»
mettant à contribution un parent à lui qui avait le même groupe.
Une rumeur va plus vite qu’une information vérifiée, en 1964,
deux destroyers déclarent avoir été attaqués dans le golfe du
Tonkin par des torpilles nord-vietnamiennes. Aussitôt, la
télévision, la presse en font une affaire nationale. La guerre
du Vietnam commençait ainsi, qui ne devait s’achever - par une
défaite - qu’en 1975. On apprendra plus tard, de la bouche même
des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le golfe
du Tonkin était une pure invention...(6)
Séparer le bon grain de l’ivraie
Souvenons-nous justement, de ce matraquage des médias et plus
précisément du cinéma. Cela a commencé dès les années 60: il
fallait donner une assise au niveau des médias, la légitimité de
l’Israël biblique. Ce fut, on s’en souvient d’abord, Les Dix
commandements de Cecil B. de Mille et de la Metro Golwyn Meyer
dont les producteurs et réalisateurs sont sionistes. Avec le
temps, nous nous apercevons que rien n’était fait par hasard. La
machine sioniste était en marche. En fait, l’histoire du racisme
latent européen ne date pas d’hier. Souvenons-nous, à titre
d’exemple, comment Lawrence d’Arabie interprété magistralement
par Peter O Toole, le racé, le civilisé, le blanc aux yeux
bleus, avait une aura tandis qu’Antony Queen dans le rôle d’un
chef bédouin qui avait un comportement qui frisait celui de la
bête avide de rapines, de bonnes chères et de luxure et qui,
naturellement, ne connaissait rien à la politique.(7)
«Notre République et sa presse prendront de l’essor ou
s’effondreront ensemble, écrivait Pulitzer. Une presse
compétente, désintéressée, dévouée à la chose publique,
intelligente, exercée à discerner le bien et ayant le courage de
le faire, peut préserver la morale publique sans laquelle un
gouvernement populaire est une imposture et une parodie. Une
presse cynique, mercenaire et démagogue finira par produire une
population aussi vile qu’elle-même.
Le pouvoir de façonner l’avenir de la République sera entre les
mains des journalistes des générations à venir.» De plus, le
torrent de la mondialisation est en train de tout laminer, les
identités, les cultures vulnérables et naturellement les
religions de pays qui n’ont pas su développer les anticorps à
même de résister à ce tsunami autrement plus dévastateur.
Il faut beaucoup de discernement et une veille de tous les
instants pour déjouer les pièges de la manipulation qui,
certaines fois, se cachent derrière un vocabulaire anodin. Il
faut prendre son parti: l’information donnée ne sera jamais
objective, à nous de séparer le bon grain de l’ivraie.
1. Chems Eddine Chitour:
http://www.millebabords.org/spip.php?article4590 4 aout 2006
2. Ignacio Ramonet: Le cinquième pouvoir. Le Monde diplomatique
Octobre 2003
3. Arash Norouzi. Ahmadinejad n’a jamais dit «Israël doit être
rayé de la carte». The Mossadegh Project, janvier 2007 Contre
Info 4 octobre 2007
4. D. Losurdo: http://www.mondialisation. ca/index.php? context=va&aid=24517
27 avril 2011
5. C.E.Chitour
analyses.Chems-Eddine_Chitour.270910.htm
6. http://mejliss.com/2011/04/07/lhistoire-des-medias-et-ses-dangers
7. C.E Chitour. les médias occidentaux et l’avilissement des
Autres! Alterinfo.net 6 11.2009
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
Publié le 1er mai 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Les textes du Pr Chems Eddine Chitour
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