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L'EXPRESSIONDZ.COM
VOYAGE AU PAYS DE L’INTOLÉRANCE
Judéomanie versus islamophobie
Pr Chems Eddine Chitour
Hommage à Siné, par Philippe Geluck - Photo
Lambiek.net
24 juillet 2008 «Jean Sarkozy, digne fils de
son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti
presque sous les applaudissements de son procès en
correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet a
même demandé sa relaxe! Il faut dire que le plaignant est Arabe!
Ce n’est pas tout: il vient de déclarer vouloir se convertir au
judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des
fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit!»
Siné.
Voilà l’objet du délit qui fait que Siné le
dessinateur iconoclaste a été viré du journal Charlie Hebdo.
Pour comprendre cet acte a priori incompréhensible, il faut
descendre aux abysses et comprendre ce qui s’est passé en
décrivant l’atmosphère de chape de plomb qui pèse sur toute
intelligence qui veut s’affranchir du diktat des bien-pensants
en France d’obédience israélienne en France et qui font de
l’impunité d’Israël, sur le terrain et dans le discours, un
combat de tous les instants au point de traquer tout ce qui se
dit sur les Juifs et Israël. Naturellement on ne doit en parler
qu’en louanges, en choisissant bien les termes, sinon on
s’expose à la grosse artillerie. Souvenons-nous de l’abbé Pierre
qui eut le malheur de dire que l’extermination a été mise en
oeuvre par le peuple juif dans le Livre de Josué et qui fut même
contraint de renier son amitié pour Roger Garaudy, mis au ban
pour ses positions anti-israéliennes par la grosse artillerie.
Souvenons-nous de Pascal Boniface, directeur de l’Institut des
relations qui eut la maladresse d’écrire un papier où il
s’interrogeait: «Peut-on critiquer Israël?». La liste est
longue,la dernière victime fut un sous-préfet, normalien, qui
écrivit sur le site «Oumma.com» que les snipers israéliens
prenaient pour cibles des enfants palestiniens. Il fut relevé de
ses fonctions en 48 heures... Le comédien Dieudonné a
littéralement été descendu en flammes et n’a plus de visibilité
médiatique... «Chacun» est tenu de dépister tout ce qui peut
remettre en cause le discours ambiant: les Arabes sont
antisémites; l’holocauste ne doit pas être remis en cause sous
peine de prison, Israël a le monopole du génocide, il est
l’avant-garde occidentale, espace de tolérance constamment
attaqué, qui doit se défendre, au besoin, en tirant sur un
Palestinien à terre comme l’a montré la dernière vidéo. Pour
cela, et au risque de s’attirer les foudres de tous les médias
tenus en respect. Point d’orgue et comble d’ironie, on se
souvient de l’affaire du RER, une mythomane se déchire la robe
et se lacère et attribue cela aux beurs. Dans l’heure qui suit
tout le landerneau français, Jacques Chirac en tête a réagi par
allégeance: «Celui qui touche, dit-il, à un cheveu d’un Juif,
touche à la République». Ce fut un canular, les beurs diabolisés
n’eurent jamais droit aux excuses pour avoir été injustement.
accusés.
La chasse aux sorcières
Dieudonné, écrit Taiké, est devenu un paria dans les médias
suite à un sketch maladroit (mais qui sur le plateau de Fogiel
n’avait choqué personne), où il jouait un colon israélien
invitant les jeunes des banlieues à rejoindre l’Axe du Bien,
«l’axe américano-sioniste», concluant sa tirade par un très
dérangeant «Isra-heil», le salut hitlérien. Très vite, le thème
du «deux poids, deux mesures» a émergé. Dieudonné avait, en
effet, déjà égratigné toutes sortes de communautés, dont les
chrétiens et les musulmans (souvenons-nous de «la fine équipe du
11»), mais c’est son sketch (pas drôle pour une fois) sur un
extrémiste juif qui lui valut tous ses ennuis, le début du
lynchage, et de nouveaux «dérapages». Il y eut ainsi ces mots,
qualifiant les fanatiques qui vinrent un soir agresser son
public et le traiter de «sale nègre»: «Ce sont tous ces négriers
reconvertis dans la banque, dans le spectacle et aujourd’hui
dans l’action terroriste...» Dieudonné fut sommé, constamment
par la suite, de s’excuser, de se repentir. Non pour ses
attaques passées contre les «Français racistes» ou les
«musulmans terroristes», mais contre les «extrémistes
juifs».(1).
«Au moment où Charlie Hebdo, appuyé par Bernard-Henri Lévy et
toute l’intelligentsia, défendait la liberté d’expression face à
la menace de ´´l’islamo-fascisme´´, la libre caricature des
religions au nom des Lumières et de Voltaire, au moment aussi où
cette même intelligentsia prenait unanimement la défense de
Robert Redeker critiquant fermement l’Islam, au risque,
disait-on, de dire de grosses bêtises, eh bien, dans le même
espace-temps, Dieudonné M’Bala M’Bala ne trouvait aucune
circonstance atténuante et devait expier ses fautes, devant
supporter la censure, l’interdiction de ses spectacles et les
accusations d’antisémitisme, par les mêmes qui dénonçaient le
chantage à l’islamophobie dans le procès des caricatures de
Mahomet».(1)
«La diabolisation fonctionnait à plein régime. Les agressions
dont était victime l’humoriste étaient minimisées, voire tues,
lorsque ses débordements verbaux étaient, eux, surmédiatisés. Le
rapprochement spectaculaire avec Le Pen de ces derniers jours,
n’est pas là pour faire s’estomper cette diabolisation... Claude
Askolovitch ayant déjà interprété cette union par la haine des
Juifs, commune aux deux hommes... Le ´´deux poids, deux
mesures´´ est de nouveau criant dans l’affaire Siné. Le
caricaturiste de Charlie Hebdo vient en effet d’être viré de son
canard par Philippe Val, au prétexte qu’il aurait commis un
texte antisémite. Le ´´méfait´´ de Siné paru le 2 juillet 2008
dans Charlie Hebdo, sans que Val (remarquons-le) n’y impose son
veto: C’est Claude Askolovitch, - du Nouvel Observateur, NdR- le
8 juillet sur RTL qui, le premier, a crié à l’acte antisémite,
n’omettant pas au passage de traiter Siné d’ordure... Pour
réussir dans la vie, mieux vaut être juif: telle est
l’interprétation de ce petit texte qu’a faite le journaliste
politique. Mais voilà, tout le monde ne fait pas la même
interprétation, à commencer par Siné, qui prétend dénoncer
uniquement l’arrivisime et l’opportunisme d’un jeune homme qui,
pour épouser une milliardaire, abjure sa religion et se
convertit à une autre».(1)
Éric Martin, Benoît Delépine et Lefred-Thouron, à l’initiative
d’une pétition pour soutenir le dessinateur de Charlie,
partagent la même vision: «Où est l’antisémitisme dans le texte
de Siné? Il y dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa
marque de fabrique, l’opportunisme du fils du président de la
République.» Même jugement de la part de Gisèle Halimi: «La
direction de Charlie Hebdo vient de licencier brutalement [Siné].
Motif allégué: propos antisémites. A la lecture attentive de ses
quelques lignes, je suis en mesure d’affirmer - en spécialiste
du droit de la presse - qu’il ne s’agit que d’un prétexte; un
procès pour antisémitisme n’aurait guère de chances d’aboutir.
Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se
multiplient aujourd’hui pour maintenir une psychose du juif
persécuté.» Elle n’oublie pas de dénoncer le fameux «deux poids,
deux mesures»: «Charlie Hebdo s’est toujours posé en champion de
la liberté d’expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis
en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet.
Aujourd’hui il porte à cette liberté un coup terrible en tentant
de museler Siné-le-libertaire.»» (1)
«Mais si Philippe Val distingue dans les lignes de Siné de
l’antisémitisme, il n’a bizarrement pas perçu d’islamophobie
dans ces autres lignes, elles aussi signées Siné, et parues le
11 juin dernier dans Charlie Hebdo: «Je n’ai jamais brillé par
ma tolérance mais ça ne s’arrange pas et, au risque de passer
pour politiquement incorrect, j’avoue que, de plus en plus, les
musulmans m’insupportent et que, plus je croise les femmes
voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j’ai envie de
leur botter violemment le cul! [...] Leurs maris barbus
embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique, n’ont
rien à leur envier au point de vue disgracieux. Ils rivalisent
de ridicule avec les juifs loubavitchs!» (1)
Comment comprendre cette différence de traitement? de
perception? Comment être aveugle à une attaque anti-musulmane et
hyper-sensible à une saillie anti-juive? On peut aspirer à voir
tous ces «débordements» réprimés, ou, au contraire, tolérés,
selon que l’on est un tenant de la liberté d’expression totale
ou, à l’inverse, encadrée. Les deux positions se défendent. Mais
il ne paraît pas juste de tolérer ou non une attaque, une pique,
selon qu’elle est destinée à une «communauté» ou à une autre. La
«judéomanie» est un concept qui a été inventé par un jeune
intellectuel, Jean Robin et qui semble pouvoir rendre compte du
phénomène observé dans les affaires Dieudonné et Siné. Telle est
la définition qu’en donne son auteur: «La judéomanie est
l’admiration outrée pour la communauté juive, qui génère de
l’antisémitisme par retour de boomerang. En d’autres termes, la
judéomanie permet de qualifier la discrimination positive dont
la communauté juive est l’objet en France, et comment ce qui
peut a priori apparaître comme un privilège se révèle en fait
être un piège pour les juifs de France.» Robin a d’ailleurs
illustré sa trouvaille conceptuelle avec une déclaration de
Philippe Val durant l’affaire des caricatures de
Mahomet...»(1)(2)
On le voit Siné, qui au passage a défendu la Révolution
algérienne, a signé le manifeste des 121, a même, semble-t-il,
dessiné le sigle de Sonatrach, comme rapporté dans Algérie News,
n’épargne personne. Imprudent qu’il était, il aurait dû, malgré
ses cheveux blancs, comprendre qu’il ne faut pas toucher aux
«intouchables» La seule réponse explicative appropriée au
problème évoqué est tout simplement qu’en France, en ce début de
XXIe siècle, pour la première fois de son histoire, la dénommée
’élite’ (politique, médiatique, économique, artistique) est
désormais composée, dans sa majeure partie, de membres de la
communauté juive... La communauté juive a toujours été
influente, mais jamais à ce point. Il est difficile de critiquer
aujourd’hui un juif sans être taxé d’antisémitisme en effet. On
vient de recréer la caste des intouchables.
L’islamophobie galopante
Pierre Tevenian nous explique le comportement de Philippe Val en
face des deux situations: l’agression verbale jusqu’à l’insanité
concernant l’Islam, par sa défense de Rodecker soi-disant menacé
par les islamistes pour avoir dans un article insulté le
Prophète et l’Islam et sa complète soumission la plus abjecte
vis-à-vis du lobby juif. Reprenant la définition d’Albert Memmi,
il écrit: «Le racisme est une valorisation généralisée et
définitive de différences réelles ou imaginaires, au profit de
l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer
une agression ou des privilèges.» Philippe Val, le très
médiatique et pontifiant patron-éditorialiste de Charlie Hebdo,
est, purement et simplement, un raciste. Philippe Val sait peser
ses mots.... S’agissant de son islamophobie, il cite un texte:
«C’est imprimé dit-il,, noir sur blanc, dans le Charlie Hebdo,
le 5 janvier 2005: «[Les otages français, Christian Chesnot et
George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques
qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce
que la politique arabe de la France a des racines profondes qui
s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique
antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe.» Pour que
cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre
un postulat raciste: le postulat selon lequel les Arabes, en
bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si
aucun Arabe n’est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d’une
politique antijuive, ladite politique n’en est pas moins une
«politique arabe» dans la mesure où elle ne peut que remplir de
joie cette masse assoiffée de sang juif qu’est «le monde arabe».
En résumé: «politique arabe» ne signifie, chez Philippe Val,
rien d’autre que «politique antisémite». (3)
Comment marche cette «mécanique de la traque, de l’admonestation
voire de la diabolisation, l’un des rouages les plus efficaces-
hormis tous les intellectuels aux bons postes et le maillage des
médias lourds, est le CRIF? Ainsi depuis plus de vingt ans, le
Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif),
convoque chaque année le pouvoir politique français pour
l’admonester et lui adresser quelques rares satisfecits dans un
océan de reproches. Mais au fil des ans, le tranquille dîner
s’est transformé, selon l’expression utilisée par Alain
Finkielkraut, en un véritable «tribunal dînatoire».
Le Crif sait qu’il joue sur un amalgame qui fonctionne bien en
Europe et particulièrement en France: toute critique d’Israël
est un acte antisémite. Certains trouvent cela «normal»,
«l’attachement à Israël faisant partie de l’identité juive», On
est d’abord Juif avant d’être Français. Pour l’histoire et pour
l’honneur du peuple juif, il faut attester que tous les Juifs ne
se reconnaissent pas dans cette organisation, alliée zélée
d’Israël. Cependant, son pouvoir est redoutable, par ses
réseaux, ses lobbyings, ses sympathisants et tous ceux et celles
qui veulent être adoubés par elle, elle exerce un impérial
pouvoir sur les médias. Le Crif a littéralement le droit de vie
et de mort - politique ou médiatique ou social- sur tous ceux
qui se hasardent à critiquer ne serait-ce que timidement. (4)
Tout y est: Israël est une nation qui appartient à la
civilisation qu’il faut défendre même si pour cela la France y
perd son âme. Rien à voir avec la politique «arabe» de la France
magistralement exprimée par De Gaulle. Ecoutons le: «... Une
fois mis un terme à l’affaire algérienne, nous avions repris
avec les peuples arabes d’Orient la même politique d’amitié, de
coopération, qui avait été pendant des siècles celle de la
France, dans cette partie du monde et dont la raison et le
sentiment font qu’elle doit être, aujourd’hui, une des bases
fondamentales de notre action extérieure (...) À la faveur de
l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître
en effet un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir.
Ensuite, l’action qu’il menait pour doubler sa population par
l’immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le
territoire qu’il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et
qu’il serait porté, pour l’agrandir, à utiliser toute occasion
qui se présenterait.
C’est pourquoi, d’ailleurs, «la Ve République s’était dégagée
vis-à-vis d’Israël des liens spéciaux et très étroits que le
régime précédent avait noués avec cet État» et s’était
appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le
Moyen-Orient». Plus encore, lors de la même conférence, il
exprimait l’inquiétude que «les Juifs, jusqu’alors dispersés,
mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps,
c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur,
n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne
grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les
souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf
siècles».(5)
Assurément, La France, reniant ses principes, deviendra de plus
en plus sectaire et glisse dangereusement vers l’ intolérance.
Au-delà de l’épisode Siné, les musulmans risquent de connaître
le sort des Juifs de la première moitié du XXe siècle.
1.Taïké Eilée: Affaires Dieudo-Siné:
flagrants délits de judéomanie? Agoravox 19 07 2008
2. Jean Robin: La Judéomanie: Interview, l’Observatoire du
Communautarisme 28 08 2006
3. Pierre Tevanian: Philippe Val est un raciste, Preuve à
l’appui Alter Info: 21 07 2007
4.C.E. Chitour: Le Crif Tutelle sur la politique de la France,
L’Expression Janvier 2008
5. Charles de Gaulle: Elysée: Conférence du 27 novembre 1967.
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Publié le 28 juillet 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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