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L'EXPRESSIONDZ.COM
ALORS QUE LA RELIGION JUIVE
EST BIEN RÉELLE
Le peuple juif n'existe pas
Pr Chems Eddine Chitour
13 mars 2008 « Si les Arabes
imaginent qu'ils peuvent nous provoquer à faire la guerre et que
parce que nous sommes peu nombreux, ils gagneront facilement,
ils commettent une lourde erreur. Notre campagne englobera les
13 millions de Juifs de tous les pays du monde. Et chacun sait
combien de chefs d'État, combien de décideurs politiques,
combien de personnes de grande sagesse, de grande richesse et de
grande influence nous avons en Europe et aux États-Unis. »
Joseph Klaunser dans Ha'aretz: Propos rapportés par Tom Segev
(2001) Depuis quelque temps, les dirigeants
israéliens multiplient les pressions et déclarations visant à
faire d'Israël la patrie du peuple juif. Ce vocable d'Etat du
peuple juif commence à faire son chemin dans l'imaginaire
occidental qui n'a pas de réticence à l'admettre au nom de la
dette éternelle. Pour Tom Segev historien et politologue et une
des plumes les plus libres d'Israël qui rapporte une étude du
professeur Sand: «La Déclaration d'indépendance d'Israël dit
que le peuple juif est né sur la terre d'Israël et a été exilé
de son pays natal. Chaque écolier israélien apprend que cela
s'est passé pendant la période de domination romaine, en 70
après J-C.. La nation est restée fidèle à sa terre, à laquelle
elle a commencé à revenir après deux millénaires d'exil. Faux,
dit l'historien Shlomo Sand, dans l'un des livres les plus
fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n'y a
jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et
l'exil non plus n'a jamais eu lieu - il n'y a donc pas eu de
retour. Sand rejette la plupart des histoires de la formation de
l'identité nationale dans la Bible, y compris l'exode d'Égypte
et, de façon plus satisfaisante, les horreurs de la conquête
sous Josué. Tout cela est de la fiction et un mythe qui a servi
d'excuse à la création de l'État d'Israël, affirme-t-il.»(1)
«Selon Sand, les Romains n'ont généralement pas exilé des
nations entières, et la plupart des Juifs ont été autorisés à
rester dans le pays. Le nombre de ces exilés a été tout au plus
de quelques dizaines de milliers. Lorsque le pays a été conquis
par les Arabes, beaucoup de Juifs se sont convertis à l'Islam et
ont été assimilés parmi les conquérants. Il s'ensuit que les
ancêtres des Arabes palestiniens étaient des Juifs. Sand n'a pas
inventé cette thèse, 30 ans avant la Déclaration d'indépendance,
celle-ci a été endossée par David Ben Gourion, Yitzhak Ben-Zvi
et d'autres».
Inventions et fictions
«Si la majorité des Juifs ne se sont pas exilés, comment se
fait-il qu’un si grand nombre d’entre eux a atteint presque tous
les pays sur la terre? Sand affirme qu’ils ont émigré de leur
propre gré, ou, s’ils étaient parmi ceux exilés à Babylone, ils
y sont restés par choix. Contrairement à une croyance
conventionnelle, la religion juive a tenté d’inciter les membres
d’autres confessions à devenir Juifs, ce qui explique comment on
en est venu à compter des millions de juifs de par le monde.
Comme le Livre d’Esther, par exemple, le note: «Et la plupart
des gens du pays sont devenus Juifs, par crainte que les Juifs
ne les attaquent.»
Sand cite de nombreuses études existantes, dont certaines ont
été écrites en Israël, mais évacuées du discours central. Il
décrit également en détail le royaume juif de Himyar, dans le
sud de la péninsule arabique et les juifs berbères en Afrique du
Nord. La communauté des Juifs d’Espagne était issue d’Arabes
devenus juifs et arrivés avec les forces qui conquirent
l’Espagne des Chrétiens, et d’individus nés en Europe qui
étaient aussi devenus juifs.(1)
Les premiers Juifs d’Ashkenaz (l’Allemagne) ne provenaient pas
de la terre d’Israël et ne sont pas parvenus en Europe de l’Est
d’Allemagne, mais étaient devenus des juifs dans le royaume
khazar dans le Caucase. Sand explique les origines de la culture
yiddish: ce n’était pas une importation juive d’Allemagne, mais
le résultat de la connexion entre la lignée des Kuzari et des
Allemands ayant voyagé vers l’Est, dont certains en tant que
marchands. Nous constatons donc que les membres d’une variété de
peuples et de races, blonds et noirs, bruns et jaunes, sont
devenus des juifs en grand nombre. Selon Sand, le besoin des
sionistes de s’inventer une ethnicité partage et une continuité
historique a produit une longue série d’inventions et de
fictions, ainsi que le recours à des thèses racistes. Certaines
ont été concoctées dans l’esprit de ceux qui ont conçu le
mouvement sioniste, tandis que d’autres ont été présentées comme
les conclusions d’ études génétiques menées en Israël. (é)
Le Professeur Zand enseigne à l’Université de Tel Aviv. Son
ouvrage «Quand et comment le peuple juif a-t-il été inventé?»
(When and How was the Jewish People Invented?) (publié par les
éditions Resling, en hébreu), vise à promouvoir l’idée qu’Israël
devrait être un «Etat de tous ses citoyens» -Juifs,
Arabes et autres- par opposition à son identité proclamée de «pays
juif et démocratique». Des histoires personnelles, une
discussion théorique profuse et des saillies sarcastiques
nombreuses ne servent pas l’ouvrage, mais ses chapitres
historiques sont bien écrits, et ils citent de nombreux faits et
analyses que beaucoup d’Israéliens seront étonnés de lire pour
la toute première fois.(2)
«Dans leur majorité, les Juifs dits de la "diaspora" n’ont
aucune attache ancestrale avec la Palestine et que les
Palestiniens ne sont
pas autre chose que les autochtones de la Palestine: tour à tour
polythéistes, Juifs puis Chrétiens et/ou Musulmans. C’est que
l’histoire de la Palestine ne diffère pas fondamentalement de
celle d’autres contrées que nous incluons dans ce que nous
appelons actuellement le monde arabe. Les Arabes n’ont pas
supplanté les peuples autochtones, que ce soit en Palestine, en
Syrie, en Egypte ou en Algérie. Partout très minoritaires, ils
ont obtenu, en général lentement, contrairement aux idées
reçues, la conversion à l’Islam de franges plus ou moins larges
de la population des nations qu’ils dominaient. Le mouvement
d’islamisation ne cessant d’ailleurs pas avec la fin de la
domination politique arabe».(3)
«Cet article sera surtout utile pour ceux qui persistent à
voir dans le conflit palestino-sioniste un différend de nature
religieuse, et entre deux légitimités dont l’une se fonde sur un
droit au retour après un exil bimillénaire. Comme on le savait,
mais c’est bien de l’entendre dire par un historien, ce long
exil est une fiction. Et la tragédie palestinienne n’est que le
résultat d’une oeuvre coloniale tout ce qu’il y a de classique,
à quelques nuances près.
On observe alors que des membres de différents peuples et races,
blonds et noirs, bruns et jaunes, devinrent juifs en grand
nombre. D’après Zand, le besoin pour le sionisme d’imaginer pour
eux une ethnicité partagée et une continuité historique a
conduit à une longue série d’inventions et de fictions à côté de
l’invocation de thèses racistes. Certaines ont été concoctées
dans le cerveau de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste
tandis que d’autres viennent des découvertes d’études génétiques
réalisées en Israël. Il n’y a pas de diaspora juive».(3)
Comment l’Etat d’Israël a-t-il été créé? Il faut remonter à ce
fameux Congrès de Bâle où Théodore Herzl, le père du sionisme,
écrivait en septembre 1897: «Si je devais résumer le Congrès
de Bâle en un mot ce serait celui-ci: à Bâle, j’ai fondé l’État
des Juifs». L’Etat d’Israel n’a jamais cessé de se vouloir
occidental. «Là-bas [ au Moyen-Orient] nous établirions un
mur contre la Barbarie», tel était leur credo incanté
constamment pour convaincre l’Occident. Pourtant peut-on parler
de peuples juifs quand on voit la mosaïque des Juifs venus de
différents horizons et avec des statuts différentiés en Israël?
Il est connu par exemple que les Juifs nord- africains qui ont
vécu au Maghreb depuis deux mille ans, les Séfarades sont
autrement moins bien considérés que les Ashkénazes venus
d’Europe centrale. L’une des plus anciennes synagogue juive -
Lalla Ghriba- se trouve à Djerba. Se pose alors la question:
Qu’est ce qu’un sémite? Il est généralement admis que les Arabes
sont aussi des sémites. Quand Finkielkraut parle
d’antisémitisme, désigne-t-il une religion ou un peuple, les
blonds d’Europe centrale ou les Séfarades cousins des Arabes?
Pourtant, le mot antisémitisme est devenu une marque déposée qui
ne concerne que le peuple juif ou plus exactement les Juifs
Sanglante création
Cette discrimination qui ne veut pas dire son nom est une forme
de racisme. Nous nous souvenons tous des Falashas, ces Juifs
éthiopiens qui font leur «alya» vers Israël (émigration).
Leur sort nous dit l’historien Tom Segev, n’est pas enviable, il
n’hésite pas à comparer leur situation à celle des Noirs de La
Nouvelle-Orléans. Ecoutons le: «Vingt ans après leur arrivée
en Israël, les Juifs éthiopiens restent victimes d’ostracisme».
«C’est parce que j’ai moi-même grandi dans un ghetto culturel
que je ne veux pas voir un nouveau ghetto culturel se former ici»,
affirme Yitzhak Bokhobza, maire d’Or Yehuda, originaire de
Libye, une ville de la banlieue sud-est de Tel-Aviv, pour
justifier son refus initial d’autoriser plusieurs dizaines
d’enfants d’origine éthiopienne à s’inscrire dans le réseau
d’enseignement élémentaire de sa ville...Début septembre, des
hurlements se faisaient entendre dans le bureau du maire
Bokhobza. Tout à coup, le délégué d’une association d’insertion
pour enfants éthiopiens quitta le bureau du maire en hurlant:
«Maintenant, je comprends pourquoi on vous traite de raciste!
«Par une des ruses de l’Histoire, Yossef Sprinzak fut le
premier président de la Knesset. Né en Russie, il était arrivé
en Palestine en 1910 et avait joué un rôle central dans
l’immigration des Juifs yéménites en Israël. Ce qui ne
l’empêchait pas, comme la plupart des pères fondateurs de
l’Etat, de caresser le rêve de voir Israël rester dans le giron
culturel occidental et de s’inquiéter, dès les années 1950, de
l’avenir d’une société israélienne influencée par la culture des
Juifs originaires des pays arabes. Quand on écoute Bokhobza, on
croirait entendre ces Israéliens ashkénazes des années 1950 qui
avaient peur non seulement des Marocains, mais de tous les
Orientaux, y compris les Libyens comme lui. Bokhobza n’est pas,
loin s’en faut, le seul maire à vouloir réduire de façon
draconienne le nombre d’Ethiopiens dans sa ville».(4)
S’agissant de la méthode à appliquer aux Arabes palestiniens, là
c’est carrément le «nettoyage religieux». Les massacres
qui jalonnent la création de l’Etat d’Israël sont nombreux. Mais
tout est fait pour nier la réalité par groupe de pression
interposé. Israël Shamir, éminent journaliste écrit: «Deïr
Yassin, c’est ce paisible village que les groupes juifs
terroristes Etzel et Lehi avaient attaqué, le 9 avril 1948, en
massacrant toute la population: hommes, femmes et enfants. Je ne
rappellerai pas ici l’histoire sanglante des oreilles tranchées,
des entrailles répandues, des femmes violées, des hommes brûlés
vifs, des corps jetés dans une carrière, ni la parade triomphale
des meurtriers. D’un point de vue existentiel, tous les
massacres sont semblables, de Babi Yar à Chain Gang en passant
par Deïr Yassin. Les révisionnistes de la ZOA (Zionist
Organization of America) ont utilisé toutes les méthodes de
leurs adversaires, les «dénégateurs»: ils rejettent les
récits des témoins oculaires survivants, de la Croix-Rouge, de
la police britannique, des scouts israélites et des autres
observateurs juifs, qui ont assisté à toute la scène.(5)
Un autre exemple plus récent nous est donné par Robert Fisk qui
témoigne: ...Le 18 avril 1996, alors que les troupes
israéliennes occupaient le Sud Liban, Shimon Pères était Premier
ministre. En plein milieu d’une campagne pour se faire réélire
Premier ministre, et pour changer son image politique de
"colombe", Peres a pris une décision à l’origine du massacre de
Qana. Il a donné l’ordre de lancer "l’Opération Grapes of Wrath"
- Opération Raisins de la Colère. Cette opération a provoqué la
fuite de 400.000 civils libanais du Sud Liban, dont presque 800
se sont réfugiés dans la base de l’ONU à Qana. Après avoir
auparavant détruit des dizaines de villages libanais, provoquant
la mort de civils enfouis sous les décombres, l’armée
israélienne, sur ordre de Shimon Peres, a bombardé le 18 avril
1996 l’abri de l’ONU, tuant 102 civils principalement des
enfants, des femmes et des personnes âgées, et faisant de
nombreux blessés. «Le sang coulait à flots depuis les
portes de l’enceinte des Nations unies, dans laquelle ces
pauvres gens avaient trouvé refuge. C’était les portes de
l’enfer. Il y avait des bébés sans tête, des femmes sans bras.
Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu».(6)
«En quarante ans, écrit Meron Rapoport, Israël est passé des
kibboutzim collectivistes à une économie capitaliste
mondialisée, et d’une société relativement égalitaire à l’une
des plus inégalitaires de l’Occident...A partir de la guerre des
Six jours, Israël fut considéré comme une superpuissance
militaire régionale, voire internationale. Israël n’a toujours
pas clos le septième jour de sa guerre des six jours. Le général
Moshe Dayan, le responsable politique le plus éminent de
l’époque, prononça, après le triomphe de 1967, cette phrase
célèbre: "Nous attendons un appel téléphonique des Arabes." Il
voulait faire croire qu’après cet appel, Israël se retirerait
des territoires occupés -du Sinaï, de la Bande de Gaza, de la
Cisjordanie et du Golan- en échange d’accords de paix avec le
monde arabe». Si Israël a gagné cette place privilégiée en
Occident, c’est parce que l’Etat hébreu est considéré comme une
ligne de front sanglante entre l’Occident et l’Orient, entre la
civilisation «judéo-chrétienne» - étrange invention,
quand on connaît l’histoire des deux religions...- et la
civilisation musulmane. Après les attentats du 11 Septembre,
cette vision s’est largement répandue en Israël, bien au-delà de
la droite religieuse pour qui, depuis 1967, la colonisation en
terre d’Israël obéit à la volonté divine. Cela a transformé le
conflit israélo-arabe, d’abord territorial et donc politique, en
affrontement culturel et religieux. Le vice-Premier ministre et
chef du parti Israël Beitenou («Israël, notre maison»),
qui prône le «transfert» de zones arabes d’Israël aux
territoires occupés, a déclaré récemment au journal Haaretz
qu’Israël était un «avant-poste du monde libre».(7)
Cette affirmation de peuple juif, outre le fait qu’elle est
infondée, est redoutable en ce sens qu’elle exclut d’emblée ceux
qui ne le sont pas, entendons par là les Arabes israéliens
musulmans et chrétiens, qui n’auront plus vocation à rester sur
la terre du peuple juif. Il en sera de même des Palestiniens
apatrides qui ne pourront plus revendiquer le «droit au
retour» dans la Palestine historique, le seul choix qui leur
restera est de venir surcharger le Bantoustan palestinien à
Ghaza ou Naplouse. C’est là tout le piège de «deux Etats
vivant côte à côte», slogan qui à la cote en Occident et
qu’on présente comme une immense concession d’Israël, et qu’on
veut appliquer aux Palestiniens par «autorité palestinienne
interposée»
(*) Ecole nationale polytechnique 1.Tom Segev: Le
«peuple juif»: une invention, traduit par Fausto Giudice
Alterinfo.net le 10 mars. Haaretz Article original publié le 1er
Mars 2008
2.Tom Segev: Une invention appelée «le peuple juif»
traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier. in Ha’Aretz, 1er
mars 2008 http://www.haaretz.com/hasen/spages/959229.html
3.Les descendants des Juifs de Palestine sont...les
Palestiniens. Site Alterinfo.netVendredi 07 Mars 2008
4.Tom Segev: Ha’aretz: Des enfants noirs dans nos écoles? Non
merci! Vendredi 24 août 2007.
5 Israël Shamir: Les chasseurs de vampires Jaffa, le 14 mars
2001
6.Robert Fisk 18 Avril 1996: Massacre à Qana...Article du
Palestine Times de 1997
7.Meron Rapoport: Comment l’occupation a transformé Israël? Le
Monde Diplomatique juin 2007 Droits
de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 14 mars 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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