Comment je vois le Monde
Victoire éclatante
de Barmitt Romobam :
Que reste-t-il du rêve américain ?
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Jeudi 8 novembre
2012
«Les promesses
n'engagent que ceux qui y croient»
Jacques Chirac
C’est en application de cette boutade de
Jacques Chirac, sur la réalité de la
démocratie pour prendre en charge les «
aspirations des peuples » que plus de
215 millions d'Américains ont été
appelés aux urnes dans la nuit de mardi
à mercredi 7 novembre pour élire leur
futur président. Ils ont choisi entre
Barack Obama, le président sortant, et
le challenger républicain Mitt Romney.
On dit que le scrutin a été
particulièrement serré. Obama a
bénéficié de plusieurs atouts, notamment
la reprise de la croissance. Les
électeurs votent aussi pour les membres
du Congrès de la Chambre des
représentants, les gouverneurs. Pour
l'élection présidentielle, il faut avoir
270 grands électeurs pour passer. Obama
est déjà assuré du vote de 243 grands
électeurs en sa faveur (208 pour
Romney). L'Ohio le Nevada, la Virginie
sont des Etats-clés. Obama a une
politique à l'européenne avec une
dimension sociale que nous avons vu dans
l'adoption de la loi sur la protection
médicale pour 50 millions d'Américains. Tandis
que Romney est adepte de la doctrine de
Reagan. Pas d'Etat, périssent les
faibles et les ratés.
La
démesure du gaspillage pour la campagne
et la misère de l'Amérique profonde
Deux Amérique s'affrontent; celle des
riches appartenant à la classe moyenne
et à la classe de l'élite de l'argent et
celle de l'Amérique profonde des
laissés-pour-compte. Le marqueur le plus
significatif est la débauche de la
campagne, où tous les coups sont permis
par spots, kermesses et émissions, voire
spots interposés. A elle seule, la
campagne présidentielle a coûté 2,6
milliards de dollars. Une dérive liée à
l'engagement financier sans limite des
superdonateurs. Jamais dans l'histoire,
une campagne électorale n'aura coûté
aussi cher: 6 milliards de dollars en
2012, selon les calculs du Center for
Responsive Politics (CRP), un organisme
indépendant basé à Washington. Jamais la
vie politique américaine n'avait généré
un tel niveau de dépenses. Pour arriver
à ce chiffre effarant, le CRP a
additionné les budgets des deux
candidats à la Maison-Blanche, Barack
Obama et Mitt Romney, mais aussi les
budgets de ceux qui ont fait campagne
pour entrer au Sénat ou à la Chambre des
représentants. A l'arrivée, l'addition
est particulièrement salée. Elle est
même supérieure de 7% à celle des
élections de 2008. (...)» (1)
Il faut s'interroger sur ce que l'on
peut faire avec 3 milliards de dollars
pour soulager la misère de ces
laissés-pour-compte qui ont honte de
dire qu'ils sont pauvres. On apprend
ainsi, que plus de 40 millions
d'Américains vivent sous le seuil de
pauvreté. Une contribution du journal
Marianne est particulièrement éloquente:
«Alors que les deux candidats achèvent
la campagne présidentielle sans s'être
vraiment intéressés à eux, nous sommes
allés les voir, dans l'Ohio, l'un des
Etats où se joue l'élection. (...) Ainsi
va l'Amérique en 2012, à Athens (sud-est
de l'Ohio), où une mère célibataire,
élevant son cadet de 11 ans dans une
caravane sans confort, hésite encore à
se définir comme «pauvre». Jack Frech,
directeur du département de la famille
et du travail du comté, connaît bien
cette réticence propre à de nombreux
Américains.: «Dans ce pays, «pauvre» est
un mot tabou, un gros mot, et se
l'appliquer à soi-même, c'est se
déconsidérer», se désole-t-il. De fait,
tout au long de la campagne
présidentielle, il aura été rarement
question des 46 millions d'Américains
vivant sous le seuil de pauvreté (11.170
dollars de revenus annuels pour une
personne seule) tant les deux candidats
ont semblé ne s'adresser qu'à la classe
moyenne censée incarner l'idéal
national. (...) Et pourtant, le comté
caracole en tête des plus misérables de
l'Ohio, avec près d'un tiers de la
population vivant sous le seuil de
pauvreté, soit le double de la moyenne
nationale. (...)» (2)
«L'armée des pauvres», dit-il, augmente
inexorablement et ses services aident
près de 20 000 personnes sur les 60 000
habitants dans le comté (...) Issue
d'une famille très modeste, Lisa Roberts
affirme avoir toujours vu et fréquenté
des «pauvres» autour d'elle. Pourtant,
Friends And Neighbors a suscité
l'intérêt de plusieurs médias américains
et, à chaque fois, Lisa a raconté des
histoires semblant tirées des romans de
Dickens. Comment, par exemple, son
bricoleur de mari a dû fabriquer un
cercueil pour deux frères incapables de
payer le premier des 4000 dollars exigés
par une société de pompes funèbres pour
les obsèques de leur mère: «Vous voyez,
de la naissance à la mort, on en bave!».
(2)
On sait que les Américains - tous,
pauvres comme riches - placent la
propriété au-dessus de tout et que
chacun acquière la sienne, chacun est le
forgeron de son bonheur. On n'aime pas
les losers, d'autant plus que ceux-ci
pourraient quémander de l'aide, ce qui
coûterait de l'argent à ceux qui
possèdent. De fait, comme signalé par un
internaute à la suite de cet article du
journal Marianne pointant du doigt le
néolibéralisme prédateur,: «Il n'y a pas
qu'aux US où les pauvres n'ont pas
tendance à se considérer comme tel, vous
retrouvez le même phénomène en France en
milieu rural, où l'on constate qu'une
part importante de gens en-dessous du
seuil de pauvreté ne font même pas la
demande de RSA et de la CMU, attitude
ayant pour origine, tantôt une
méconnaissance de leurs droits, un refus
d'être assisté qui est considéré comme
très dévalorisant, un mélange de
résignation et de fatalisme qui les fait
accepter une situation comme «faisant
partie de la vie», Cette dernière
manière de penser est la grande force du
libéralisme, moins vous êtes politisés,
moins vous êtes informés sur le
fonctionnement et l'organisation d'une
société et plus vous pensez que votre
situation résulte de votre
responsabilité, de votre «destin» et tue
en vous la tentation de la critique de
la société, de sa responsabilité et de
la révolte qui pourrait en découler. On
pourrait même paraphraser la célèbre
boutade d'un humoriste: «Salauds de
pauvres!».
Obama -
Romney: deux faces d'une même médaille
On dit que la plus grande réussite d'Obama
est d'avoir rendu la santé à près de 50
millions d'Américains par la loi «Obamacare».
une sorte de sécurité sociale pour les
plus démunis. De ce côté, Romney est
net, il va détricoter cet acquis. Il ira
jusqu'à casser l'Etat fédéral comme
l'écrit David Bernstein: «Imaginons un
instant que nous sommes en été 2013.
Mitt Romney est président depuis six
mois. (..) On imagine plutôt que ces six
mois vont nous ramener au temps de
George W.Bush, avec des entreprises qui
revoient de fond en comble les systèmes
de réglementation et de surveillance
auxquels elles sont soumises; des
vautours du secteur énergétique qui
ravagent l'environnement; et un penchant
pour la guerre préventive - en
l'occurrence, des frappes aériennes
contre l'Iran. (...) L'époque, sous
Bush, où les entreprises dictaient les
réglementations auxquelles elles
devaient se soumettre reviendra vite -
mais avec une influence des autorités
publiques bien plus forte. «Il existe un
parallèle avec Ronald Reagan» (...)» (3)
Si Barack Obama l'emporte, selon toute
vraisemblance face à Mitt Romney lors de
l'élection présidentielle américaine, il
devra sa victoire, à, au moins cinq
facteurs. L'ouragan Sandy qui a
interrompu la dynamique de Mitt Romney
dans les sondages. Barack Obama délaisse
son rôle de candidat pour endosser le
costume de président en poste. Le
gouverneur du New Jersey Chris Christie
salue son travail «formidable» et le
maire de New York Michael Bloomberg lui
apporte même son soutien dans le duel
présidentiel. Détail: ce sont deux
républicains de poids. Le deuxième
atout:Les statistiques du mois d'octobre
montrent que le moral des ménages s'est
encore amélioré, que l'activité des
industries manufacturières s'est
accélérée «Trois autres atouts sont
cités: «Parmi les électorats-clés, deux
«segments» de la population américaine
devraient voter majoritairement pour
Barack Obama. Les femmes d'abord: plus
favorables au démocrate et à ses
positions progressistes sur le plan
social, les Latinos, eux, ont déjà
soutenu Barack Obama en 2008 à 65% et
devraient le faire à 70% en 2012. Malgré
une campagne peut-être meilleure que
Barack Obama ne l'avait prévue Mitt
Romney n'a pas réussi à lever le
brouillard sur sa personnalité. Trop de
changements de position, de
«flip-flops», trop de gaffes, trop de
mystère sur sa religion mormone et sur
sa fortune personnelle. Enfin. Marie
Simon pense à un dernier atout: «Il a
sorti les Américains d'Irak, le retrait
d'Afghanistan est engagé, Ben Laden est
mort, 40 millions de personnes sans
couverture maladie devraient en disposer
dans les mois ou années à venir grâce à
sa réforme.» (4)
L'Amérique
regarde vers le Pacifique, la vieille
Europe ignorée
Beaucoup d'analystes européens sont
frustrés par le fait que les deux
candidats ont totalement ignoré
l'Europe. Certains font un plaidoyer
concernant le volume des échanges
économiques, la proximité des
idéologies, l'appartenance à l'Otan. Le
contraste est saisissant. Alors que les
médias européens scrutent avec anxiété
la moindre variation des sondages de
l'élection présidentielle américaine et
qu'ils ont suivi minute par minute la
météo au-dessus de New York, le mot
Europe n'a été prononcé qu'une seule
fois lors du dernier débat entre Barack
Obama et Mitt Romney. «Les relations,
lit-on sur le journal italien «Il Sole
24 ore» de Milan, économiques et
politiques avec le Vieux Continent ne
devraient pas changer sensiblement.
(...). L'heure serait-elle à l'euro-bashing,
à taper sur l'Europe? (...) Et si
c'était Obama le vainqueur? Est-il pour
ou contre l'Europe? Que fera-t-il de son
second mandat? Réservera-t-il une fois
encore sa première visite à l'étranger à
l'Asie, reléguant l'Europe au second
plan? Quand on se penche sur les
chiffres, on s'aperçoit que les liens
entre l'Europe et les Etats-Unis sont si
forts et si ramifiés qu'ils rendent ces
polémiques absurdes. Les investissements
directs des Etats-Unis vers l'Europe et
vice-versa sont bien supérieurs à ceux
de la Chine et du Japon réunis; les
échanges commerciaux ont bondi de 14%
pour atteindre 636 milliards de dollars
[près de 500 milliards d'euros] en 2011,
l'économie des deux blocs
transatlantiques génère un chiffre
d'affaires de 5 000 milliards de dollars
et fournit du travail à 15 millions de
personnes; la recherche et le
développement des deux blocs représente
65% du secteur au niveau mondial.
L'économie transatlantique, c'est aussi
54% de la production mondiale et 40% du
pouvoir d'achat. Il est vrai que les
grandes puissances économiques que sont
la Chine et les Etats-Unis sont en train
de nous passer devant. (...).» (5)
D'autres analystes conseillent à
l'Europe de se tourner dans la plus pure
tradition coloniale vers le Bassin
méditerranéen et l'Afrique pour se
refaire une santé économique et
financière. C'est un fait entendu,
Barack Obama symbolise un tournant,
celui d'une Amérique qui ne sent plus
d'affinités avec le Vieux Continent.
(...) Mais les Européens continuent de
"voter" Obama. Pour un continent
post-historique, mieux vaut des
relations apaisées que le fracas bushien
ou le conservatisme si peu
compréhensible de Mitt Romney. Quel que
soit le locataire de la Maison-Blanche
pour les quatre prochaines années,
l'Europe doit accepter ce constat: elle
n'est plus une priorité stratégique pour
les Etats-Unis. Elle doit donc renforcer
sa défense commune et mener une
diplomatie volontaire envers la Russie
et la Méditerranée, assure un
éditorialiste français. Quel que soit
l'élu du 6 novembre, le prochain
président américain pensera Pacifique et
non plus Atlantique, Asie et non pas
Europe, et le meilleur signe en est que
lors de leur débat de politique
étrangère aucun des deux candidats n'a
même évoqué l'Europe ou l'Otan, un allié
et une alliance sur lesquels toute la
diplomatie américaine reposait depuis
quelque sept décennies. L'Amérique a
tourné toute son attention vers l'Asie
émergente où elle a des positions
industrielles à s'assurer et une
puissance concurrente, la Chine, à
circonscrire avant qu'elle n'ait imposé
sa prééminence à ses voisins et rivaux
de ce nouveau Nouveau Monde». (6)
«Maintenant que l'Urss appartient à
l'histoire, c'est une bataille de titans
qui s'engage entre l'Amérique et la
Chine.(...) Pour les premiers, il
s'agira avant tout de construire, face à
l'Asie, un front des Amériques en les
unifiant dans un marché commun
s'étendant de l'Argentine à l'Alaska et
d'opposer à la Chine un renforcement de
leurs alliances avec le Japon, l'Asie du
Sud-Est et, si possible, l'Inde (...).
Le nouveau siècle a commencé dans le
Pacifique et s'amorce parallèlement en
Eurafrique, autour de ce lac commun
qu'est la Méditerranée. Si l'Europe veut
stabiliser l'autre rive de la
Méditerranée, si elle veut accompagner
la croissance naissante en Afrique et
les premiers pas de la démocratie arabe,
si elle veut s'ouvrir des marchés, tarir
l'immigration illégale et définitivement
tourner la page du jihadisme, il lui
faut investir au Maghreb, au Machrek et
en Afrique noire, se les attacher en en
faisant des partenaires économiques de
long terme. (...) C'est là que se jouera
l'avenir de l'Europe, comme celui des
Etats-Unis se jouera en Asie. (6)
Obama, les
Arabes, le monde musulman et le drame
palestinien
Le monde entier vote Obama, BBC News
Online a justement effectué un grand
sondage pour savoir qui des deux
candidats les habitants des autres pays
que les Etats-Unis aimeraient voir
gagner. Le verdict est sans appel. Obama
emporte une adhésion quasi universelle.
Le Pakistan est le seul pays à préférer
Mitt Romney. Ce n'est pas tant par
enthousiasme pour Romney que par
déception vis-à-vis d'Obama, qui a
intensifié l'utilisation meurtrière des
drones sur le territoire pakistanais.
Cette technologie, qui épargne certes,
des vies américaines, a en fait conduit
à de très nombreuses bavures et pertes
civiles. (7)
Le Monde arabe, l'Afrique et l'Amérique
du Sud n'ont pas été sollicités dans ce
sondage. Que deviennent les promesses d'Obama
envers les Palestiniens et plus
largement le monde musulman? Bin Laden
éliminé, l'Afghanistan et l'Irak
toujours dans le chaos. Il faut y
ajouter la fabrication des printemps
arabes qui se son soldés par le chaos un
peu partout (Libye, Syrie, Tunisie,
Egypte Bahrein, et la partition du
Soudan. On peut vraiment dire qu'Obama
s'est bien «occupé» des Arabes, au point
qu'il compte récidiver avec l'Iran...
Enfin, que va faire Obama pour la
Palestine? On sait qu'il a totalement
mis de côté ce dossier. C'est peut-être
une des raisons de sa réussite pour un
second mandat. Romney et lui sont
d'accord pour laisser Israël imposer sa
solution, à savoir, le parcage immoral
des Palestiniens dans un banthoustan, où
ils seront maintenus en apnée. Ce n'est
pas demain que les Arabes et plus
largement les Musulmans seront
considérés comme des hommes ,rien que
des hommes avec leurs forces et leurs
faiblesses qui aspirent à vivre
dignement. Il ne leur reste plus que les
yeux pour pleurer .De ce point de vue,
comme il est dit dans "Rien de nouveau
sous le soleil". Pour les Arabes
s'agissant de leur être au monde un seul
vainqueur Barmitt Romobam! Ainsi va le
monde
1. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/
pourquoi-les-elections-americaines-sont-les-plus-cheres-de-l-histoire_358633.html?xtor=
EPR-175-[XPN_18h]-20121106-1789313@218183044-20121106194638
2.
http://www.marianne.net/Etats-Unis-ces-pauvres-oublies-par-les-candidats_a223768.html
3. David S. Bernstein: Les ravages d'une
présidence Romney 2012The Phoenix
6.11.2012
4. Marie Simon, Victoire d'Obama: 5
raisons...L'Express.fr 02/11/2012
http://forumdesemocrates.over-blog.com/article-victoire--obama-5-raions-pour-lesquelles-il-peut-gagner-l-election-americaine-112037267.html
5.
www.presseurop.eu/fr/content/article/2993581-obama-ou-romney-c-est-du-pareil-au-meme
l'Ecclésiaste
6.
http://www.presseurop.eu/fr/content/editorial/2985521-obama-un-allie-sans-eclat
7.http://www.courrierinternational.com/breve/2012/11/06/le-monde-entier-vote-obama
Professeur émérite Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 9 novembre 2012 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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