Comment je
vois le monde
J'ai fait un rêve
:
L'Occident ne mettra pas à mort Bilad
Cham
Chems Eddine Chitour
Lundi 2 septembre 2013
«À ma
terre meurtrie de sang et de souffrances
Berceau d'Humanité, berceau de mon
enfance Pour que cesse l'horreur des
combats et des armes Je dédie mes mots,
ma révolte, mes larmes... A celles qui
psalmodient des versets ou des psaumes
J'en appelle au printemps, à l'odeur du
jasmin Pour que la Liberté éclaire ton
chemin.... Syrie!»
Poème lu
sur le Huffington post
Après le refus du Parlement britannique
de participer à une action militaire en
Syrie, les Etats-Unis sont plus que
jamais esseulés mais restent convaincus
de la nécessité d'une intervention
contre le régime de Bachar al-Assad.
François Hollande droit dans ses bottes
a quant à lui assuré sa ´´détermination
à agir en Syrie´´ malgré une opinion
publique défavorable à 64% selon un
sondage BVA et une opposition qui
demande un vote. Le président Obama n'a
même pas parlé de l'accord du Conseil de
sécurité, il pense passer outre si le
Congrès est d'accord.
Pourquoi
Obama temporise?
Parmi les boutefeux, le sénateur
américain John McCain dénonce la volonté
du président Barack Obama de procéder à
des actions ´´limitées´´ en Syrie.
´´Apparemment, le président veut une
sorte de frappe cosmétique, lancer
quelques missiles et dire: ça y est, on
a réagi´´, a lancé l'élu républicain sur
la chaîne NBC. ´´Il s'agit du même
président qui, il y a deux ans, disait
que Bachar al-Assad devait quitter le
pouvoir. C'est aussi le président qui a
dit que l'utilisation d'armes chimiques
constituait une ligne rouge. Peut-être
que la ligne était tracée à l'encre
invisible?´´
Le président américain Barack Obama a
pris le monde par surprise en annonçant
sa décision de principe de frappes
contre la Syrie, mais pas avant un feu
vert du Congrès, écartant ainsi une
action militaire à court terme. ´´Barack
Obama est embarrassé. Il tergiverse
parce qu'il ne sait pas quoi faire. Il
faut qu'il trouve une solution pour
conserver sa crédibilité sans engager
les Etats-Unis dans une affaire dont on
ne sait pas comment il sortirait. La
Chambre des représentants indique que
les débats sur la Syrie au Congrès
américain débuteront la semaine du 9
septembre...
Pour justifier ces tergiversations
américaines, l'historien François
Durpaire explique que la décision
britannique de ne pas s'engager aux
côtés de Barack Obama a beaucoup pesé.
´´Les Etats-Unis peuvent faire une
guerre sans l'ONU, mais ils ont déjà
plus de mal à faire une guerre sans la
Grande-Bretagne´´, a-t-il affirmé au
micro de France Info. Ce changement de
direction soudain traduit la volonté de
Barack Obama de gagner du temps et des
soutiens avant de s'engager dans ce
conflit, au risque d'apparaître indécis
et hésitant dans sa gestion des conflits
internationaux.
Certains, sénateurs républicains comme
John McCain et Lindsey Graham, ont
d'ores et déjà averti qu'ils voteraient
contre toute résolution trop timorée,
qui ne viserait pas à ébranler le
pouvoir de Bachar Al-Assad. Pour autant
après la défection de la Grande-Bretagne
sauvée par son Parlement, on apprend que
même Israël est réticente sur la
méthode. En effet, une équipe de choc
israélienne s'est rendue d'urgence,
lundi 26 août, à Washington pour faire
part à l'administration Obama de ses
doutes sur l'intérêt et l'efficacité
d'une action militaire contre la Syrie.
C'est même un véritable conseil de
guerre israélien de haut niveau, dirigé
par le conseiller à la sécurité
nationale Yaakov Amidror, qui s'est
déplacé aux États-Unis.(1)
Selon certains officiels américains, les
Turcs, avec les Israéliens et les
Saoudiens, auraient dit à Barack Obama
que s'il ne se décidait pas à réagir à
l'usage d'armes chimiques et
biologiques, le président américain
perdrait toute crédibilité à l'égard de
l'Iran. Peut-être que la solution se
fera lors de la rencontre du G20 entre
Vladimir Poutine et Barack Obama. Un
pis-aller à défaut d'un mandat en bonne
et due forme du Conseil de sécurité,
inenvisageable.
Enfin, pour le politique Ziad Madjed,
les Occidentaux pensaient que le domino
syrien allait tomber facilement: «Les
Etats-Unis et leurs pairs occidentaux
espéraient au début du conflit que la
Syrie «constitue un piège pour l'Iran et
le Hezbollah. [...]. Or, cette hypothèse
ne tient plus [...]. Aujourd'hui,
Téhéran contrôle une partie du pays,
tandis que les zones libérées risquent
de basculer dans le chaos, avec une
présence accrue des djihadistes. [...]
Cela commence à inquiéter de plus en
plus les Américains». En effet, au côté
de l'armée régulière de Bachar el-Assad,
des «brigades internationales» formées
de pasdarans, de combattants du
Hezbollah et de chiites irakiens sont
présentes aujourd'hui sur le sol syrien.
En face, les rebelles syriens, soutenus
par certains pays étrangers, tentent de
se battre sur deux fronts, dont celui
interne des groupes jihadistes comme
«l'Etat islamique d'Irak et de grande
Syrie» (Al-Dawla al-islamiyya fi al-irak
wal-sham) ou encore le front al-Nosra»(2).
L'alignement de la
France, une tradition de la gauche
Le président français tient à «punir» le
président Assad, le choix délibéré de ce
mot est là pour blesser, on punit un
élève, un être inférieur à soi.
Curieusement, les pouvoirs de gauche ont
une propension à casser de l'Arabe et à
le punir. Souvenons-nous la gauche de
Guy Mollet (Sfio) avec un certain
François Mitterand s'était illustré pour
avoir condamné à la guillotine 200
patriotes algériens pendant la
révolution. A la même période s'alliant
à la perfide Albion et avec l'aide
d'Israël, ils partirent «punir» l'Egypte
en 1956. Vingt-cinq plus tard, le même
Mitterrand devenu président est allé
guerroyer dans les sables irakiens en
1991. Il n'est donc pas étonnant que
l'actuel président continue le sacerdoce
en allant punir Bachar Al Assad. Pour la
vérité, la France a eu tout de même son
heure de vérité en 2003 quand le
président Chirac a refusé l'aventure que
lui a proposée Bush. Le discours de De
Villepin est resté dans les annales.
Pour l'histoire, les anciens se
rappellent de la tendresse de la France
à leur égard. Après les accords iniques
de Sykes-Picot, La bataille de Khan
Mayssaloun fut livrée le 24 juillet 1920
en Syrie, par l'armée française
commandée par le général Henri Gouraud
qui écrase l'armée syrienne menée par
Youssef al-Azmeh, ministre de la Guerre
du roi constitutionnel de Syrie, Fayçal
ben Hussein. Cette bataille est
considérée comme la fin du rêve
nationaliste panarabique. Après la
bataille, on dit que le général Gouraud
appelé le «Saigneur», en rentrant à
cheval dans la Mosquée des Omeyyades et
foulant le catafalque du tombeau de
Saladin, en 1919 à la tête du corps
expéditionnaire français. aurait dit:
«Saladin! Réveille-toi! Nous sommes
revenus!» Il aurait même ajouté: «Le
petit fils de Godeffroy de Bouillon est
devant toi, où sont les tiens?» Près
d'un siècle après, la sensation
d'appartenir à la race des élus est
toujours là. Il serait intéressant de
savoir ce que fera le président Hollande
si le président Obama sauvé par le refus
du Congrès- décide de ne pas attaquer la
Syrie....
Qu'en
pensent les Arabes de la mise à mort de
l'un des leurs?
D'une façon ou d'une autre, les
révolutionnaires des printemps arabes
ont dans leur feuille de route la
préservation des intérêts de l'Occident
et ceux d'Israël et on dit que tout ce
qui est en train de se faire est pour le
bénéfice exclusif d'Israêl. Ainsi, en
avalisant les 13 points du Protocole de
Doha de novembre 2012 -secret, comme
l'étaient les Accords Sykes-Picot de
1916 - l'opposition syrienne
pro-occidentale s'est engagée,
notamment, à «geler» les relations
économiques et militaires de Damas avec
Moscou, Pékin et Téhéran; à ne faire
valoir les droits de la Syrie sur le
plateau du Golan que par des moyens
uniquement politiques - on l'aura
compris, des négociations en
trompe-l'oeil qui ne déboucheront sur
rien.
Curieusement et contrairement aux
Musulmans , les Chrétiens d'Orient sont
unis contre une intervention. Même dans
les rangs des chrétiens opposés à Bachar
al-Assad, le rejet de frappes étrangères
est net. De plus nous dit René Naba, il
en est de même des personnalités
syriennes opposées au régime de Damas:
«Deux personnalités syriennes de premier
plan, Moaz Al Khatib, l'ancien chef de
la coalition de l'opposition syrienne,
un religieux nationaliste qui a
démissionné de son poste pour protester
contre les ingérences du Qatar dans les
affaires de l'opposition, ainsi que
Haytham Mannah, chef de l'opposition
démocratique syrienne ont mis en garde
contre les graves répercussions d'une
intervention occidentale dans un pays au
nationalisme chatouilleux. M. Mannah n'a
pas hésité à mettre en doute la version
occidentale de l'usage de l'arme
chimique en territoire syrien. (...)
Tous les nouveaux alliés de l'Occident
dans la sphère arabo-musulmane se
trouvent en état de perfusion
permanente, de Hamid Karzaï,
(Afghanistan) à Mahmoud Abbas
(Palestine) à Saâd Hariri (Liban) à
Ahmad Jarba (Syrie), y compris les
pétromonarchies du Golfe, principalement
l'Arabie Saoudite et le Qatar, parmi les
principaux foyers de la régression et de
la répression dans le monde, les
principaux d'islamophobie dans le monde
et néanmoins les meilleurs amis des
«Grandes démocraties occidentales».(3)
Tous les potentats du Golfe avec le
Maroc qui en plus est membre du Conseil
de sécurité, pour le mois d'août,
veulent abattre le régime. La Tunisie,
l'Egypte, la Jordanie et l'Irak seraient
contre. Le vote de la résolution le 3
septembre ne se fera donc pas à
l'unanimité: l'Algérie, le Liban et
L'Irak ont déjà émis des réserves. Quant
à l'Égypte, ´´elle a mis en sourdine son
opposition à toute solution militaire en
Syrie´´ sous la pression de Riyad qui
lui a récemment versé une aide d'urgence
de 5 milliards de dollars.
Dans un article publié le 6 août
dernier, le journal libanais Al-Akhbar
résumait le plan du prince saoudien pour
le conflit syrien. Selon des
responsables politiques du Moyen-Orient
qui l'ont rencontré, Bandar ben Sultan
s'est donné huit mois pour armer et
renforcer les rebelles syriens dans le
but d'équilibrer les forces entre les
belligérants sur le terrain. (...) Le
prince espère que les rebelles réalisent
des percées dans le nord, notamment dans
la région d'Alep, et dans le sud, où ils
tentent de convaincre le roi Abdallah de
Jordanie de laisser passer armes et
combattants dans la région de Deraâ.
(...) (4)
Un autre scoop: on apprend que les
rebelles et les résidents locaux à Gouta
accusent le prince saoudien Bandar bin
Sultan d'avoir fourni les armes
chimiques à un groupe rebelle lié à
Al-Qaîda. selon de nombreux entretiens
avec des médecins, des résidents à
Gouta, des combattants rebelles et leurs
familles, le tableau est différent.
Beaucoup croient que certains rebelles
ont reçu des armes chimiques par
l'intermédiaire du chef du renseignement
saoudien, le prince Bandar bin Sultan,
et sont responsables de l'attaque au
gaz. (...) Ingersoll a fait référence à
un article dans le quotidien britannique
The Daily Telegraph au sujet de
négociations secrètes russo-saoudiennes
alléguant que Bandar avait offert au
président russe Vladimir Poutine du
pétrole bon marché en échange de son
abandon d'Assad. Bien que l'Arabie
Saoudite ait officiellement affirmé
qu'elle soutenait les rebelles plus
modérés, le journal a rapporté que des
fonds et des armes ont été discrètement
acheminés à des groupes radicaux,
simplement pour contrer l'influence des
islamistes rivaux soutenus par le Qatar.
(5)
Le rêve de
la paix
A la façon de Martin Luther King avec
son discours d'il y a cinquante ans, je
me prends à rêver à la paix, à la
préservation de ce peuple et de la
civilisation universelle qu'il
représente. Après l'acharnement contre
Babylone, et contre la civilisation
abbasside, celui contre Ugarith, les
prophètes des religions révélées, la
civilisation des Omeyyades ternira
définitivement un Occident qui a peut
être le monopole de la mort mais qui ne
saurait imposer un magistère moral par
la force, la prédation, le chaos et
l'injustice qui consiste à renier des
droits à une vie décente.
Malgré tous les plans échafaudés dans
les officines contre les peuples faibles
du fait de l'incurie de leurs dirigeants
arabes plus soucieux de garder le
pouvoir que d'offrir une alternative
crédible à la nation arabe, il arrivera
un moment où, par un effet boomerang,
ces nations prédatrices auront à rendre
des comptes car il n'y a pas dans
l'Histoire des civilisations des «fins
de l'histoire» qui ne soient suivies de
déclin comme l'avait si bien prédit Ibn
Khaldoun, le père de la sociologie
universelle dans son oeuvre majeure: «La
Mouquadima, Introduction à l'histoire
des Berbères»
1.
http://www.slate.fr/story/76912/israel-doute-efficacite-frappes-syrie
2.
http://www.slate.fr/story/76970/syrie-revirement-americain
3
;http://www.renenaba.com/syrie-dix-ans-apres-lirak-la
syrie/?utm_source=feedburner& utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+enpoint
demire+%28En+point+de+Mire +-+Ren%C3%A9+Naba%
2C+Actualit%C3%A9+et+ Flashback%29&utm_content
=Yahoo%21+Mail
4. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/
International/2013/08/27/013-syrie-conflit-arabaie-saoudite-bandar-ben-soultan-washington-barack-obama.shtml
5.http://www.legrandsoir.info/exclusif-temoignages-syriens-a-gouta-ce-sont-les-rebelles-fournis-par-l-arabie-saoudite-qui-sont-a-l-origine-de-l-attaque.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
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