Rouge Midi
Y a-t-il un monde
libre ?
Charles Hoareau
Quelque part dans une
ville du monde libre...
Photo Régine
Mardi 5 janvier 2010 Il fut un temps pas si lointain où le
capitalisme pour justifier son système et ses choix de société
parlait de monde libre pour désigner les Etats membres de son
camp par opposition aux pays qui, ailleurs dans le monde,
faisaient d’autres choix.
Depuis, en même temps qu’un certain mur, le terme est un peu
tombé en désuétude pour être avantageusement remplacé par ceux
de démocraties et de droit d’ingérence, ce droit utilisé pour
justifier les guerres de notre temps – on devrait dire les
bourbiers meurtriers – au Kosovo ou en Afghanistan et avec quel
succès !!!
Pourtant ce monde libre dont le capitalisme ne parle plus
guère existe.
Ce n’est pas celui des Etats qui se proclament les gardiens d’un
ordre mondial qui serait immuable.
Ce n’est pas celui des puissances qui, se croyant au dessus des
autres, se sont mises d’accord en aparté pour faire échouer
Copenhague.
Ce n’est pas non plus bien sûr celui de ces gouvernements qui,
au mépris de la volonté des peuples et donc de leur liberté, se
coalisent pour faire la guerre en Afghanistan ou en Irak au nom
de la lutte contre le terrorisme nouvel ennemi désigné
Ce n’est pas enfin les dirigeants de ce monde qui, dans la
foulée des USA, n’ont pas renoncé au projet de « Grand Moyen
Orient » et par là se rendent coupables de « non assistance à
peuple palestinien en danger ».
Non si le monde libre existe, il existe en dehors d’eux,
malgré eux.
C’est
le monde des peuples qui n’acceptent pas les injonctions de
l’empire, les politiques d’occupation et la violence imposée aux
populations.
Celui
de ces millions de femmes et d’hommes qui, à travers le monde,
refusent les atteintes aux libertés fondamentales.
Celui
qui s’est battu hier pour la paix au Viet Nam et pour la fin de
l’apartheid et la libération de Mandela en Afrique du Sud.
Celui
qui s’est mobilisé de tous temps contre toutes les guerres et
qui aujourd’hui se bat contre le calvaire interminable imposé au
peuple palestinien.
Ce monde là n’a pas l’indignation sélective mais se bat sur
tous les fronts, sans distinction.
Depuis leur offensive de l’an dernier le gouvernement
israélien, s’il a atteint, du moins tente-t-il de le faire
croire, ses objectifs militaires ce qu’ont payé de leur vie 1400
civils hommes, femmes et enfants, il a perdu définitivement et
jusqu’à changement radical de sa politique sa place dans le camp
du monde libre.
Depuis le 27 décembre 2008, il ne se passe pas un jour sans
que quelque part dans le monde, ne se manifestent des habitants
du monde libre pour dire leur refus du crime organisé élevé au
rang de politique d’un état qui a perdu toute légitimité.
En Israël même, les voix encore peu nombreuses mais
déterminées, laïques ou religieuses, disent leur refus de la
guerre et de ce nouvel apartheid imposé par les sionistes au
pouvoir qui ne veulent pas de deux états ni – rêve encore plus
fou – d’un état laïque qui serait terre commune.
Les USA, l’UE, l’Australie, bref les pays riches de la
planète ont beau soutenir les colonisateurs, l’épais revêtement
de propagande se craquèle de toute part.
Les pétromonarchies ont-elles depuis longtemps abandonné les
palestiniens à leur sort ?
Leurs
peuples le leur reprochent et sous des formes diverses font
savoir qu’ils ne lâchent pas ce combat juste.
Et ce combat a encore gagné en intensité en cette fin d’année
2009, un an après l’offensive nommée « plomb durci ».
On a vu des gens aussi différents qu’inattendus rejoindre le
camp du monde libre et prendre des positions qui vont dans le
sens du progrès humain :
Amnesty International a dénoncé le blocus de Gaza comme "une
forme de punition collective de toute la population de Gaza, une
violation flagrante des obligations d’Israël de la 4ème
convention de Genève".
Human
Right Watch a qualifié le Blocus de "une violation grave du
droit international" et de son côté MSF appelle à la levée du
blocus
L’ancien Président Jimmy Carter a déclaré que les habitants de
Gaza sont traités "comme des animaux" et a appelé "à mettre fin
au siège de Gaza" qui maintient 1,5 millions de personnes dans
une extrême pauvreté.
Le
musicien anglais des Pink Floyd, Roger Waters a écrit, dans une
lettre qui a fait le tour des médias du monde libre, son soutien
et son admiration aux marcheurs de Gaza.
Au
Caire une rescapée de la shoah âgée de 85 ans a fait une grève
de la faim pour pouvoir entrer dans Gaza.
Partout dans le monde se multiplient les manifestations en
écho à la marche internationale pour Gaza, fort justement
intitulée Marche pour la liberté.
Les occupants ont des tanks ?
Les marcheurs se réclament de Gandhi et de l’Intifada avec comme
arme principale les voix de millions d’hommes et de femmes qui
ont le regard tourné vers cette région mutilée, comme si la
plaie Palestine saignait dans le cœur de
millions d’êtres humains.
De millions d’êtres tout simplement humains, humains et
libres.
On n’en finirait pas d’égrener la liste des villes de par le
monde, petites ou grandes, où des gens se rassemblent dans ce
combat pour la liberté :
San Francisco, Boston, Washington, Disneyland, Los Angeles,
NY City, Waterville (USA), Edinburgh Ecosse, , Louisville (USA),
Vancouver, Calgary, London Ontario Los Angeles, San Diego, La
Jolla, Blue Hill, Northampton, Colorado Springs, Denver,
Bellingham, Dubuque, Minneapolis, EREZ (Israel) , Dublin
Ireland, Düsseldorf (RFA) Bethlehem, West Bank, Israel Corvallis
Multicultural Literacy Center 128 SW 9th Street Corvallis, (USA)
Sydney (Australie) Juneau, (USA) Syracuse, Doylestown (USA),
Reims France, Brussels (Belgique) Bern, Switzerland Zurich,
Switzerland, Little Rock, Sacramento, Olympia, (USA) Poznan
(Pologne), Tübingen, Reutlingen, Bâle (Suisse) Albuquerque,
Moscow (USA) San Francisco, Spokane, Toronto, Hartland, Chicago,
Baltimore, Hamburg , Denver, Seattle ,Eugene, Freiburg (RFA),
Woodstock, Colorado Springs, Berlin, Bamiyan (Afghanistan)
Gainesville, Stockholm (Suède), Chicago, Illinois
Dearborn,(Minesota) , Munich, (Germany), Phoenix, (Arizona)
Santa Cruz, CA, St Louis, MO, Racine, (Wisconssin) Tünel-Taksim,
Istanbul (Turquie) San Sebastian-Donostia, (Espagne) Houston
(Texas) Redwood City (Californie) Athènes (Grèce), Rome, Naples,
Turin, Northampton (Massachussets) Richardson (Texas),Nashville
(Tenessee), Genève, Rotterdam, Buchanan Street (at Nelson
Mandela Place), Glasgow UK. Glasgow, Providence, Rochester,
Montery, Porto Rico, San Juan, Philadelphie Barcelone, Marseille
(France), Séville, Amsterdam, Heidelberg, Avignon, Lyon, Lille,
Alençon, Rennes….
A Tel Aviv même plusieurs centaines de militants pacifistes
israéliens, arabes et juifs ont défilé dans le centre ville pour
protester contre le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Les manifestants -plus de mille selon les organisateurs- ont
scandé "liberté et justice pour Gaza". Auparavant des
militants anti-blocus avaient déjà manifesté des deux côtés de
la frontière entre Israël et la bande de Gaza.
Le monde libre se moque des frontières et des murs…
Le député arabe israélien Taleb A-Sana a diffusé du côté
israélien de la clôture par téléphone mobile, un message verbal
du Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh,
soutenant la manifestation de Tel Aviv.
Aussitôt des députés d’extrême-droite ont réclamé publiquement
la levée de l’immunité parlementaire du député et des poursuites
judiciaires à son encontre pour "contacts avec l’ennemi".
Ne savent-ils pas que les hommes et les femmes du monde libre
ne reculent pas devant la menace ?
Autour de Gaza des femmes et des hommes se battent par mer ou
par voie terrestre pour briser le blocus en apportant vivres et
médicaments
Dans le reste du monde celles et ceux qui n’ont pu se déplacer
les encouragent de leurs actions de toutes sortes.
Les Etats qui se disent démocratiques refusent de protéger le
peuple palestinien ?
Le
monde libre multiplie les initiatives contre le mur illégal, le
blocus illégal, les démolitions de maisons illégales, les
détentions illégales, les tortures illégales…l’occupation
illégale.
La campagne BDS prend elle aussi de l’ampleur, en particulier
dans les pays scandinaves et anglo-saxons, comme l’Angleterre où
les syndicats viennent de décider de participer activement au
boycott.
Partis, syndicats, associations, mouvements les regroupements
sont divers et les coordinations s’organisent.
Dans ce combat pour la liberté, une représentante du monde
libre, Amira AlKarem, jeune palestinienne rescapée de Gaza vient
d’accomplir une première historique : le dépôt d’une plainte
devant la Cour Pénale Internationale de la Haye. La justice
rencontrera-t-elle la liberté ?
Dans ce combat qui mobilise le monde comment ne pas penser à
cette vieille complainte [1]
superbement interprétée par, entre autres, Joan Baez ou Léonard
Cohen et qui, chantée aujourd’hui dans le monde libre, donnerait
sans doute ceci :
Les soldats étaient chez moi
Ils m’ont dit "Résigne-toi"
Mais je n’ai pas pu
Et j’ai pris mon arme
Personne ne m’a demandé
D’où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage
Ils ont détruit ma maison
Arraché mes oliviers
Pris l’eau de mon puits
Mais je m’accroche à ma terre
Emmuré dans mon pays
J’ai perdu femme et enfants
Mais j’ai tant d’amis
J’ai la terre entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les sionistes l’ont pris
Il est mort sans surprise
Hier encore, nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans Gaza la martyre
Le vent passe sur les tombes
La liberté reviendra
L’Intifada cessera
Palestine vaincra
Le monde libre existe.
Il a une capitale,
Gaza
© 2003 - 2010 Rouge Midi
Publié le 7 janvier 2010 avec l'aimable autorisation de Rouge
Midi
Dossier marche internationale pour Gaza
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