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Palestine Chronicle
Où
l’on voit qu’il est primordial de savoir tirer les leçons de
ses erreurs
Charles
Glass
15 août 2006
in
Palestine Chronicle, 25 août 2006
http://www.palestinechronicle.com/story-08150642800.htm
[Le vice secrétaire général et
cofondateur du Hizbullah, Naim Qassem, a décrit d’une manière
fascinante, quand bien même serait-elle partisane, la création
et l’ascension de cette formation.]
Dans
ses mémoires, intitulées ‘Un Rêve pas si fou que ça’ [Not
So Wild a Dream], le célèbre correspondant de la CBS Eric
Sevareid s’est souvenu d’avoir assisté à l’exécution de
collaborateurs des nazis dans la ville de Grenoble, qui venait
d’être libérée, en 1944.
Quand
le panier à salade arriva et que les six condamnés à mort
allaient en émerger, un cri effrayant et horrible s’éleva de
la foule. Les six hommes, jeunes, marchèrent d’un pas ferme
vers les poteaux de fer, et tandis qu’on leur liait les mains
par derrière, ils tenaient haute leur tête dénudée, un ou deux
les yeux fermés, les autres fixant les nuages bas, au-delà de
l’alignement des immeubles et de la foule… Puis il y eut le
bruit glaçant et métallique des sécurités des fusils, puis la
rafale, nette et déchirante. Les six hommes jeunes glissèrent
lentement à genoux, leur tête retombant de côté. Un officier
courut avec une hâte frénétique de l’un à l’autre, leur
donnant le coup de grâce avec son revolver, et on put voir une
des victimes qui ouvrait la bouche, comme pour dire quelque chose
à l’exécuteur. Quand le dernier coup fut tiré, le cri
sauvage, terrible, s’éleva à nouveau de la foule. Des mères
tenant leur bébé dans les bras s’élancèrent pour reluquer
les corps de près, des petits garçons courraient de l’un à
l’autre pour leur cracher dessus. La foule se dispersa, hommes
et femmes riant et conversant bruyamment. Barbare ?
Ce
genre d’événement s’insère dans ce que les Français
appellent l’épuration – la purification ou la purge de la
France, après quatre années d’occupation allemande. Le nombre
des Français, hommes et femmes, tués par la Résistance ou par
des tribunaux d’opérette est généralement évalué à dix
mille. Camus qualifia ceci de « justice humaine, avec
tout ce qu’elle comporte de défauts ». Les forces américaines
qui libérèrent la France ont toléré les vengeances locales à
l’encontre de ceux qui avaient collaboré avec un occupant
brutal. Des milliers de Français, encouragés par un gouvernement
installé à Vichy qu’ils pensaient légitime, avaient collaboré.
Beaucoup, comme les membres de la Milice, un gang fasciste armé
par Vichy, poussèrent la collaboration jusqu’à tuer des Français.
Dès que les sponsors étrangers de Vichy se retirèrent et que le
gouvernement de Vichy tomba, commencèrent les tueries. Il y eut
des règlements de comptes, avec la même violence, dans
d’autres provinces de l’ancien Troisième Reich – des pays
qu’à l’instar de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis nous
considérons appartenir au monde civilisé.
De
1978 à 2000, Israël a occupé des parties du Liban, depuis leur
frontière commune jusqu’à Beyrouth, vers le Nord, puis il se
retira progressivement. Afin d’alléger le fardeau pesant sur
ses propres troupes, les Israéliens créèrent une sorte de
Milice, l’Armée du Liban Sud [ALS], recrutée localement –
placée initialement sous les ordres du major Saad Haddad, déserteur
de l’armée libanaise, en 1976, avec quelques centaines
d’hommes, puis sous ceux du général Antoine Lahad. Tous deux
étaient chrétiens, et leurs hommes – armée, entraînés,
nourris et habillés par Israël – étaient principalement des
musulmans chiites originaires du Sud. Près d’un tiers de
l’effectif de ces troupes, qui atteignirent jusqu’à près de
10 000 hommes, étaient des chrétiens. Certains s’étaient enrôlés
parce qu’ils ne supportaient plus la présence des Palestiniens
au Sud Liban. D’autres l’avaient fait parce qu’ils avaient
besoin d’argent : la région a toujours été la plus
pauvre du Liban. L’ALS avait une réputation non surfaite de
cruauté, confirmée lors de la découverte des chambres de
torture, à Khiam, après le retrait israélien en 2000, ainsi que
d’un taux particulièrement élevé de désertions.
Tandis
qu’Israël se retirait de Beyrouth, sa ligne de hautes hauts,
atteinte durant son invasion de 1982, son morceau de Liban se rétrécissait
de plus en plus. Après s’être emparé de 3 560 kilomètres
carrés, soit près d’un tiers du Liban, comportant près de 800
villages et villes, Israël se retrouva, en 1985, avec seulement
500 kilomètres carrés, et 61 villages, pour la plupart vidés de
leurs habitants. Le Hizbullah, qui dirigea la résistance qui
avait contraint les Israéliens à abandonner l’essentiel du
terrain conquis, exigea la restitution inconditionnelle de tout le
territoire libanais. L’armée israélienne plaça l’ALS entre
le Hizbullah et elle-même afin que cette ALS paie à sa place le
prix qu’Israël avait décrété qu’il n’avait pas les
moyens de l’acquitter. Le Hizbullah kidnappa des hommes de l’ALS,
et l’ALS et les Israéliens enlevèrent des Chiites. Les deux
cotés s’entretuèrent, et tuèrent beaucoup de civils, et des
dettes de sang furent ainsi créées. Le 17 mai 1999, les Israéliens
élirent Ehud Barak sur ses promesses qu’il éliminerait les
conséquences de l’aventure de Sharon au Liban, qui avait à
l’époque causé environ un millier de morts chez eux.
Barak
annonça qu’Israël se retirerait dans l’ordre, en juillet
2000, pour peu que le Liban accepte certaines conditions. Le
gouvernement libanais, sous l’injonction du Hizbullah, rejeta
ces conditions, et exigea un retrait israélien total, conformément
aux résolutions 425 et 426 adoptées par l’Onu en 1978. Barak
abandonna le Liban deux mois avant la date fixée, inopinément et
sans avertissement, le 20 mai 2000. Ses clients de l’ALS et
d’autres Libanais qui avaient collaboré avec l’occupant
depuis plus de vingt-deux ans furent pris au dépourvu.
Quelques-uns d’entre eux s’enfuirent en Israël, mais la
plupart restèrent là où ils se trouvaient. Les personnels de
l’Onu lancèrent des appels urgents afin d’éviter qu’ils ne
se fassent massacrer par le Hizbullah. Le Hizbullah fit son entrée
au Sud Liban, et il n’y eut aucun règlement de comptes.
Le
vice secrétaire général et cofondateur du Hizbullah, le Sheikh
Naim Qassem, a écrit un résumé fascinant, quand bien même
est-il partisan, de la création et de l’ascension du Hizbullah.
Sa version des événements de 2000 est toutefois étayé sur des
témoignages visuels de Libanais appartenant à d’autres
confessions – y compris de gens qui étaient persuadés qu’ils
allaient y rester – et à l’Onu. « Inutile de cacher que
certains jeunes combattants, ainsi que certains habitants de la région,
avaient un désir de vengeance – en particulier ceux qui
savaient ce que les collaborateurs et leurs familles avaient fait
subir aux mujahidin et à leurs proches dans les villages occupés »,
écrit Qassem dans son ouvrage : Le Hizbullah :
l’histoire vécue de l’intérieur. « Les dirigeants de
la Résistance ont émis un avertissement très ferme interdisant
toute exaction de ce type et jurant de faire rendre des comptes à
tous ceux qui en commettraient, quelles que fussent les
justifications. » Le Hizbullah a saisi des armes israéliennes,
qu’il utilise aujourd’hui contre Israël, et il a remis les
miliciens de l’ALS au gouvernement libanais sans en assassiner
aucun. Barbare ?
Naïm
Qassem a qualifié la libération du Sud Liban de « plus
grande et plus importante victoire sur Israël depuis le début de
son occupation de la Palestine, cinquante ans auparavant –
c’est une libération qui a été réalisée par le pays le plus
faible qui soit, par une résistance opérant avec les moyens les
plus rudimentaires, et ne disposant d’aucun arsenal puissant. »
Mais ce qui a impressionné la plupart des Libanais, au moins
autant que la victoire remporté par le Hizbullah sur Israël, ce
fut le refus de ce mouvement de résistance de liquider les
collaborateurs – il s’agissait là d’une victoire sur le
tribalisme, cette plaie qui a toujours divisé la société
libanaise, depuis sa fondation même. Les chrétiens que je
connaissais, appartenant à l’armée libanaise, reconnurent
qu’à la place du Hizbullah, ils auraient commis des atrocités.
Le Hizbullah a sans doute joué un rôle politique au Liban, mais
il a refusé de jouer aux petits jeux de la politique libanaise.
Ce qu’il a recherché au Sud Liban, ce n’est pas la revanche,
mais les voix des électeurs. Entre sa fondation, en 1982, et sa
victoire de 2000, le Hizbullah était devenu – tout autant
qu’une force armée – un parti politique sophistiqué et
efficient. Il a mis au rebut sa rhétorique des débuts parlant de
faire du Liban une république islamique, et il a parlé de chrétiens,
de musulmans et de druzes vivant en harmonie. Quand il a présenté
des candidats aux élections législatives, certains d’entre
eux, sur les listes électorales, étaient des chrétiens. Il a
remporté quatorze sièges.
Comme
les autres ennemis d’Israël, le Hizbullah a recours aux armes
du pauvre – voitures piégées, embuscades, volées
occasionnelles de roquettes et attentats suicides. La différence,
c’est qu’il utilise ces armes du pauvre intelligemment, en
conjonction avec un programme politique sans aucune compromission.
Contre mille morts laissés par Israël sur son terrain d’opérations
libanais, leHizbullah a perdu 1 276 « martyrs ».
C’est la plus proche des parités, dans les pertes avec Israël,
jamais encore atteinte par aucune formation arabe. L’OLP perdait
habituellement des centaines de commandos, face à des pertes israéliennes
se comptant en dizaines, et le Hamas a vu la plupart de ses
dirigeants assassinés et des milliers de ses cadres capturés
pour quasiment aucun résultat. La principale conquête du
Hizbullah, peut-être est-ce paradoxal, pour un parti religieux
dirigé par des hommes en turbans, c’est qu’il appartient à
la modernité. Il filme en vidéo ses embuscades où tombent des
convois militaires israéliens, qu’il diffuse le jour même. Il
a capturé des soldats israéliens et contraint Israël à libérer
des centaines de prisonniers pour pouvoir les récupérer. Il a eu
recours à des rochers leurres en carton pâte qui ont explosé au
passage de patrouilles israéliennes. Il a fait voler des drones
au-dessus d’Israël pour prendre des clichés de reconnaissance
du terrain – comme les Israéliens le faisaient au Liban !
Il a depuis longtemps créé un site ouèbe dépourvu des
fanfaronnades arabes traditionnelles, et regorgeant de faits
concrets. Si, en 1948, les Israéliens avaient eu affaire à un
ennemi tel le Hizbullah, l’issue de leur « guerre d’indépendance »
[sic !] aurait été différent. Israël, dont les militaires
respectent le Hizbullah, en a parfaitement conscience.
C’est
la raison pour laquelle, après avoir échoué à éliminer le
Hizbullah quand il occupait le Liban, Israël essaie de le détruire
aujourd’hui. Aux yeux d’Israël, le péché impardonnable du
Hizbullah, c’est son succès militaire. Israël peut bien
portraiturer le Hizbullah comme le bras armé de la Syrie et de
l’Iran, sa base de soutien est libanaise. De plus, le Hizbullah
fait une chose que la Syrie et l’Iran ne font pas : il se
bat pour les Palestiniens. Le 12 juillet, le Hizbullah a attaqué
une unité de l’armée israélienne, capturant deux soldats [et
en éliminant 8 autres… ndt]. Il a dit qu’il ne négocierait
pas directement pour les échanger contre des prisonniers libanais
et palestiniens détenus en Israël, comme il l’avait fait par
le passé. Il a fait savoir que cette attaque avait pour objectif
de soutenir les Palestiniens assiégés à Gaza après la capture
d’un autre militaire israélien, une semaine auparavant. La
totalité du monde arabe était resté silencieuse alors qu’Israël
réoccupait les colonies de Gaza et bombardaient ce territoire. La
réponse apportée par le Hizbullah a humilié les régimes
arabes, qui ont condamné pour la plupart son action, au moins
autant qu’elle a humilié Israël. Personne n’aurait pourtant
dû être surpris. Le Hizbullah a une longue tradition de soutien
aux Palestiniens. Beaucoup, parmi ses premiers combattants, ont été
formés par l’OLP, dans les années 1970, à l’époque où les
Chiites n’avaient pas de milice en propre. Le Hizbullah s’est
exposé à la colère de la Syrie, en 1986, en s’alliant à la
cause palestinienne. Sa capture, le mois dernier, de deux soldats
israéliens, a envoyé à Israël le message qu’il ne pouvait
plus continuer à assiéger et à attaquer les Palestiniens à
Gaza et en Cisjordanie sans devoir faire face à une réaction.
A
cette occasion, Israël, qui considère les sévices qu’il
inflige aux Palestiniens soumis à son occupation comme une
affaire intérieure dans laquelle ni l’Onu, ni les pays arabes,
n’ont le moindre droit d’interférer, a calibré sa réponse
d’une manière telle qu’il était impossible qu’il vainquît.
Au lieu de passer un marché pépère avec le Hizbullah afin
d’obtenir la libération de ses militaires, Israël a lancé un
assaut total contre le Liban. Des rapports indiquent qu’Israël
a d’ores et déjà balancé sur le Liban un tonnage de bombes dépassant
celui de l’invasion sharonienne de 1982. L’objectif proclamé
était de contraindre un nombre significatif de Libanais à exiger
que leur gouvernement désarme le Hizbullah, une bonne fois pour
toutes. Rien de tel ne s’est produit. La destruction massive du
Liban par Israël a eu pour effet de grandement améliorer la
position du Hizbullah dans le pays. Sa popularité était
particulièrement basse, depuis un an, après qu’il ait été le
seul à refuser d’exiger le départ de l’armée syrienne après
l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri.
Le Hizbullah sentait bien, en effet, que Washington était en
train d’orchestrer une campagne anti-syrienne à son seul profit
– et non au bénéfice [sic…] du seul Liban.
Après
tout, la Syrie avait contribué à fonder le Hizbullah après
l’invasion israélienne – et il l’avait encouragé à
affronter et à vaincre l’occupation, ainsi qu’à « éconduire »
les Américains du Liban. La Syrie, quant à elle, autorisa l’Iran,
dont les dirigeants religieux donnaient des directives au
Hizbullah et dont les Gardiens de la Révolution lui fournissait
une formation tactique de grande valeur, à envoyer des armes au
Liban, à travers son territoire. Les dirigeants du Hizbullah
jouissent néanmoins d’un soutien suffisamment fort dans la
population libanaise pour pouvoir affirmer leur indépendance vis-à-vis
de ces deux pays sponsors, dès lors que leurs philosophies ou
leurs intérêts entrent en contradiction. (J’en ai une expérience
de première main de cette indépendance, quand bien même
s’agirait-il d’enjeux mineurs. Quand le Hizbullah m’a
kidnappé, au vu et au su d’un checkpoint de l’armée
syrienne, en 1987, la Syrie insista pour que je sois relâché,
afin de montrer que le contrôle de la Syrie sur le Liban était
incontournable. Malheureusement, le Hizbullah ignora royalement la
requête syrienne…) En dépit de pressions syriennes
occasionnelles, le Hizbullah a toujours refusé de partir en
guerre contre une quelconque milice libanaise. Il s’est toujours
tenu à l’écart de la guerre civile, et il s’est concentré
sur la nécessité de battre Israël et ses supplétifs de l’ALS.
Les
piètres résultats du Hizbullah aux premières élections législatives
post-Syrie furent largement attribuables à des changements apportés
à la loi électorale. Mais ils peuvent aussi être attribués à
sa position, perçue alors comme pro-syrienne. Aujourd’hui, Israël
a volé au secours du Hizbullah, faisant de son secrétaire général,
Hassan Nasrallah, l’homme le plus populaire non seulement du
Liban – mais de l’ensemble du monde arabe. Un sondage
d’opinion commandité par le Centre de Recherche et d’Information
de Beyrouth a montré que 80 % des chrétiens libanais soutiennent
le Hizbullah ; les chiffres, dans les autres communautés, étaient
bien entendu encore plus élevés. Il n’est pas sans
signification qu’après que de fausses nouvelles circulèrent,
selon lesquelles le Hizbullah aurait réussi à couler un autre bâtiment
de guerre israélien, le quartier qui tira en l’air les rafales
de mitraillette de réjouissance les plus nourries fut Ashrafiyéh,
le cœur de la partie chrétienne de Beyrouth Est. Contrairement
à 1982, époque où Israël pouvait compter sur certaines des
milices chrétiennes, Israël n’a aujourd’hui plus aucun ami
au Liban.
Israël
a méjugé de la réaction du Liban à son agression, de même que
le Hizbullah a méjugé de l’opinion israélienne. En tirant ses
roquettes contre Israël, le Hizbullah n’a pas réussi, comme il
l’escomptait peut-être, à diviser les Israéliens et à les
inciter à exiger qu’il fût mis fin à la guerre. Les Israéliens,
comme les Libanais, s’en sont remis à leurs combattants, dans
un contexte en train de prendre les proportions d’une question
de vie ou de mort pour les deux pays. Contrairement à Israël,
qui n’a cessé de réitérer toujours le même scénario voué
à l’échec au Liban, depuis sa première attaque contre
Beyrouth en 1968, l’histoire du Hizbullah est faite de leçons
tirées de ses erreurs. Ayant constaté la nature de la réaction
des Israéliens à ses bombardements par roquettes de Haïfa et de
Netanya, dans le Nord d’Israël, Nasrallah n’a pas mis en
application sa menace d’envoyer des roquettes jusqu’à Tel
Aviv. Aujourd’hui, il indique qu’il le fera, mais seulement si
Israël prend pour cible le centre de Beyrouth.
Si
l’Onu avait un quelconque pouvoir, ou encore si les Etats-Unis
exerçaient le leur avec un minimum de responsabilité, il y
aurait eu un cessez-le-feu inconditionnel depuis des semaines, déjà,
et un échange de prisonniers. Le Moyen-Orient aurait pu, dès
lors, attendre sa prochaine crise. Car les crises vont inévitablement
se répéter de manière récurrente, tant que le problème
palestinien n’aura pas été solutionné. Mais le Liban
n’aurait pas été détruit, des centaines de personnes
n’auraient pas été tuées, et la haine entre les Libanais et
les Israéliens ne serait pas devenue aussi féroce.
Le
31 juillet, le Premier ministre israélien Ehud Olmert déclarait :
« C’est là une opportunité unique de changer les règles
du jeu au Liban ». Néanmoins, Israël continue, pour sa
part, à jouer en fonction des mêmes vieilles règles génératrices
d’échec. Israël ordonne au Liban de désarmer le Hizbullah,
sinon il sera détruit, exactement comme il exigeait, en 1975, le
démantèlement de l’OLP. A l’époque, beaucoup de Libanais
combattirent l’OLP, détruisant leur propre pays, de l’intérieur.
Aujourd’hui, raisonnent-ils, mieux vaut la guerre qu’une
nouvelle guerre civile : plutôt laisser les Israéliens nous
massacrer que nous massacrer nous-mêmes. Qu’est-ce qu’Israël
peut encore leur faire subir, qu’il n’ait pas déjà fait ?
Il a bombardé la totalité du Liban, il a détruit
l’infrastructure du pays, reconstruite à grands frais, il a
assiégé le pays et il y a ré-envoyé ses troupes. Israël
persiste à prétendre qu’il détruira le Hizbullah en quelques
semaines, bien qu’il n’ait jamais réussi à le faire, de 1982
à 2000, alors qu’il avait des milliers de soldats sur le
terrain et une force supplétive locale pour l’y aider !
Israël pourrait-il avoir l’amabilité de nous dire quelle est
son arme secrète, cette fois-ci ?
©
2006 London Review of BookTraduit de l'anglais
par Marcel Charbonnier
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