Opinion
Le saccage
impérialiste des richesses de l'Afrique
Capitaine Martin
Vendredi 28 juin 2013
L’agression de l’OTAN contre la
Libye (productrice de pétrole),
l’intervention de la France au Mali (or
et uranium), la
construction d’une base militaire
étasunienne au Niger (uranium) et
l’encerclement de l’Algérie (pétrole et
gaz) sont des chaînons de la stratégie
qui vise, devant la crise du capitalisme
mondial, à intensifier l’exploitation
des travailleurs et le pillage des
ressources naturelles de l’Afrique.
Le journaliste Dan Glazebrook, qui écrit
dans des journaux comme The Guardian,
The Independent et The Morning Star, a
publié
un article dans l’hebdomadaire cairote
Al-Ahram Weekly dans lequel il
dénonce cette conspiration.
Dan k commence par rappeler que
l’Occident draine chaque année des
milliers de millions de dollars
provenant du
service de la dette, des bénéfices
provenant des investissements et des
prêts liés au régime de la corruption
des secteurs des bourgeoisies
compradores.
Une autre façon de dominer l’Afrique
consiste à mettre à sac ses richesses
naturelles. On peut citer le cas connu
du Congo, où des bandes armées
contrôlées par ses voisins ougandais,
rwandais et burundais pratiquent à l’est
du pays
le vol de minéraux pour revendre ces
derniers à des entreprises étrangères…
qui sont elles-mêmes complices du
forfait.
L’Afrique finance également les classes
dominantes occidentales en fixant le
prix de ses matières premières à des
tarifs défiant toute concurrence, mais
aussi en versant des salaires misérables
aux travailleurs qui s’échinent dans les
mines ou aux champs.
En somme, le capitalisme impose au
continent africain le rôle de
fournisseur de matières premières et de
main d’œuvre à bas coûts. Mais, afin que
cette situation se perpétue, il fait en
sorte que l’Afrique continue d’être
pauvre et divisée, les coups d’État et
des guerres contribuant largement à
cette situation.
Selon Dan Glazebrook, la création en
2002 de l’Union
africaine, animée par Mouammar
Kadhafi, a soulevé les préoccupations
des stratèges occidentaux. Pour
Washington, Londres et Paris, le plan de
l’Union de créer une banque centrale
africaine et une monnaie unique était
tout bonnement inacceptable. Pis, il
était inconcevable de voir cette même
Union développer une charte de défense
et de sécurité communes pouvant
déboucher sur une force militaire
unifiée.
En outre, les États-Unis, face à la
récession économique et à la « menace »
que constituait déjà à l’époque la
Chine, avaient échafaudé les plans pour
recoloniser l’Afrique. La création en
2008 de l’Africom,
le commandement militaire que le
président Bush voulait installer sur le
territoire africain, s’inscrit
naturellement dans cette démarche. Mais
l’Union africaine s’est fermement
opposée à ce projet et l’Africom a dû
finalement établir son état-major en
Allemagne.
La plus grande humiliation pour les
États-Unis était de voir Kadhafi élu
président de l’Union africaine en 2009
et la Libye devenir le principal soutien
de l’organisation panafricaine.
L’Empire ne tolérait bien évidemment pas
les propos de l’Union qui vont dans le
sens d’un processus d’intégration
africaine. Après avoir justifié
l’agression contre la Libye avec « un
paquet de mensonges encore plus grands
que ceux qui ont servi de prétexte à
l’invasion de l’Irak », comme
l’écrit Glazebrook, l’OTAN a détruit le
pays, l’a placé dans les conditions
d’autres États africains en faillite, se
libérant au passage de son adversaire
bien trop fier à son goût en
l’assassinant. La guerre contre le
colonel Kadhafi a détruit son régime.
Mais la paix et la sécurité se trouvent
depuis menacées dans toute l’Afrique du
nord.
Le dirigeant libyen avait organisé
depuis 1998 la
communauté des États sahélo-sahariens,
centrée sur la sécurité régionale, en
bloquant l’influence des milices
salafistes et en essayant de pacifier
les chefs de tribus touaregs. Avec la
chute de Kadhafi, les islamistes
radicaux de la région ont fait main
basse sur les arsenaux d’armes - avec
l’aimable autorisation de l’OTAN - et
les frontières méridionales de la Libye
se sont disloquées. La première victime
de la déstabilisation régionale a été le
Mali. L’avancée islamiste, concomitante
de l’agression de la Libye, a servi de
prétexte à l’intervention militaire
française.
L’Algérie se trouve désormais dans le
collimateur de l’impérialisme. Elle est
aujourd’hui entourée par les islamistes
radicaux à l’est (frontière libyenne) et
au sud (frontière malienne), où se sont
également installées les troupes
françaises.
L’impérialisme a des raisons de ne pas
pactiser avec l’Algérie, le seul pays
d’Afrique du nord encore gouverné par le
parti qui a lutté pour l’indépendance
(FLN). Alger soutient l’Union africaine,
a assumé des positions internationales
dignes et, comme l’Iran et le Venezuela,
vend son pétrole et son gaz à des tarifs
« normaux ».
Ce « nationalisme des ressources »
pousse les géants pétroliers occidentaux
à ne plus cacher le fait qu’ils « en
ont marre de l’Algérie », comme
l’écrit le Financial Times. Ce même
journal avait, un an avant l’agression
de l’OTAN, accusé la Libye du « crime »
de protéger ses ressources naturelles.
Capitaine Martin
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