Opinion
Le terrorisme
islamique est une création des
États-Unis
Capitaine
Martin
Mardi 15 janvier
2013
La puissance médiatique s’est rapidement
mise en branle pour apporter son soutien
à l’intervention militaire de la France
au Mali. L’article du Time : «
the crises in Mali : will french air
stries stop the islamiste avance ?
» montre décidément que les vieilles
ficelles ont toujours cours, en
l’occurrence « la guerre au terrorisme
». Le Time soutient que cette
intervention a pour but d’empêcher les
terroristes islamistes de s’emparer
d’une partie de l’Afrique avant
d’étendre leur influence jusqu’en
Europe. Dans ce même article, le
journaliste affirme « qu’il y a une
crainte, particulièrement fondée, que le
Mali, devenu islamiste radical, menace
par-dessus tout la France dans la mesure
où la plupart des islamistes sont
francophones et qu’ils ont des parents
en France. (Des indications issues des
milieux du renseignement à Paris
laissent entendre que des candidats au
djihad, partant de la France pour
rejoindre le Mali afin de s’entraîner et
y combattre, avaient été identifiés.
AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), un
des trois groupes qui composent
l’alliance islamiste au Mali et qui en
constitue une grande partie de
l’encadrement, a également désigné la
France, la représentante de la puissance
occidentale dans la région, comme
objectif premier pour les attaques
».
Ce que le Time ne raconte pas au
lecteur, c’est qu’AQMI est étroitement
lié au
Groupe islamique combattant en Libye
(que la France a soutenu durant
l’invasion de la Libye par l’OTAN en
2011, en lui fournissant des armes,
assurant sa formation, et l’appuyant
même de ses forces spéciales et de ses
moyens aériens). Bruce Riedel, qui a
travaillé à la CIA de 1977 à 1990 et qui
est aujourd’hui un des experts de
l’association
Brookings Institution, écrivait en
août 2011 un article intitulé «
l’Algérie sera la prochaine à tomber
», dans lequel il prédisait que le
succès des coalisés en Libye
encouragerait les éléments radicaux en
Algérie, et AQMI en particulier. Entre
les violences extrémistes et la
perspective des frappes aériennes
françaises, Riedel espérait en fait voir
la chute du gouvernement algérien.
Ironie du sort, il observait que «
l’Algérie exprimait des préoccupations
selon lesquelles la crise libyenne
pouvait conduire à la création d’un
sanctuaire important pour Al-Qaïda et
d’autres extrémistes djihadistes ».
Et c’est précisément grâce à l’OTAN que
la Libye est devenue ce qu’elle est
aujourd’hui, à savoir un refuge
sponsorisé par l’OTAN… pour Al-Qaïda.
Avec la présence d’AQMI au nord du Mali
et la participation française aux
frappes dans ce secteur, nous saurons
très rapidement si le conflit ne
s’étendra pas à l’Algérie limitrophe.
Il est à noter que Riedel, qui est
coauteur du livre «
which path to Persia ? », pousse
ouvertement à armer un autre groupe
défini comme terroriste par le
département d’État américain,
l’organisation Mujahedin-e-Khalq,
dans le but de provoquer le chaos en
Iran et aider à faire pression sur
l’administration locale, ce qui illustre
clairement l’usage qui peut être fait
des formations terroristes dans
l’exécution des basses œuvres en matière
de politique étrangère des pays
occidentaux.
Selon un autre analyste géopolitique,
Pepe Escobar, un lien très étroit
unit le Groupe islamique combattant en
Libye et AQMI. Dans un de ses articles
intitulé «
How-Qaeda got to rule in
Tripoli
», il écrit : «
le numéro deux d’Al-Qaïda, Zawahiri,
a annoncé officiellement la fusion entre
les deux groupes. Á partir de là, le
Groupe islamique combattant en Libye et
AQMI sont les deux faces d’une même
pièce, dont Belhadj en est l’émir
». Abdelhakim Belhadj, chef du Groupe
islamique combattant en Libye, a obtenu
des armes, de l’argent et la
reconnaissance de l’OTAN lors de la
tentative de renversement de la
Jamahiriya arabe libyenne, et il a
depuis jeté le pays dans la guerre
civile. Cette intervention a vu aussi
l’épicentre de la révolte, Benghazi, se
détacher lentement mais sûrement de
Tripoli pour devenir une région
aujourd’hui semi-autonome, « l’émirat du
terrorisme ». La dernière campagne de
Belhadj doit probablement se dérouler
aux confins de la frontière
turco-syrienne, où il participe à la
logistique de l’armée syrienne libre…
avec la bénédiction de l’OTAN.
L’intervention des coalisés en Libye a
ainsi ressuscité le Groupe islamique
combattant en Libye, une formation
affiliée à Al-Qaïda. Il avait déjà
combattu en Irak et en Afghanistan. Il
envoie aujourd’hui des combattants, de
l’argent et des armes à partir du Mali
vers la Syrie, là encore grâce aux
bonnes faveurs de l’OTAN. Le redoutable
« califat » dont les néoconservateurs
nous ont rebattu les oreilles pendant
une bonne dizaine d’années est en train
de prendre réellement forme du fait des
intrigues menées par les États-Unis,
l’Arabie saoudite, le Qatar et Israël…
et non de l’islam, régulièrement
instrumentalisé par ces derniers.
Le Groupe islamique combattant en Libye,
qui est en train de mener la bataille en
Syrie avec l’assentiment de la
diplomatie française, a donc
officiellement fusionné avec Al-Qaïda
selon le
combatting terrorism center de
West Point. Selon ce centre, AQMI et le
Groupe islamique combattant en Libye
n’ont pas seulement des objectifs
idéologiques, mais aussi stratégiques et
tactiques. Les armes que le groupe a
reçues proviennent d’AQMI et ont
probablement passé à travers les
frontières poreuses du Sahara et du nord
du Mali. En effet, ABC News a relaté
dans un
article en date du 10 novembre 2011
qu’un important représentant d’un groupe
affilié à Al-Qaïda que l’organisation
avait fait main basse sur quelques
milliers d’armes disparues durant les
événements libyens, alimentant les
craintes des Occidentaux. « Nous
(Al-Qaïda, NDLR) sommes les premiers
bénéficiaires des révolutions arabes
», a dit à l’agence de presse
mauritanienne ANI Mokhtar Belmokhtar, un
des leaders nord-africains d’AQMI.
Un autre conflit éclatait donc au nord
du Mali dès la fin des combats en Libye.
Ce n’est pas un hasard. Cela fait partie
d’une vaste entreprise préméditée de
réorganisation géopolitique qui a
commencé avec la chute de Kadhafi. La
Libye est utilisée aujourd’hui comme
tremplin pour envahir d’autres pays bien
ciblés, tels le Mali, l’Algérie et la
Syrie. Les terroristes armés jusqu’aux
dents, financés et appuyés par l’OTAN,
ne sont rien moins que les mercenaires
de ce projet. L’Algérie a réussi
jusque-là à déjouer les plans subversifs
échafaudés par les États-Unis en 2011
dont les révolutions arabes ont été la
partie visible de l’iceberg, mais elle
n’a certainement pas échappé à
l’attention de l’Empire, qui aimerait
bien transformer toute une région qui
s’étendrait de l’Afrique jusqu’aux
abords de Pékin et Moscou, en utilisant
les terroristes soit comme casus belli à
de futures invasions, soit comme
mercenaires de leurs sombres besognes.
L’Empire apporte la guerre comme la nuée
l’orage. Lui résister, de quelque
manière que ce soit, est un véritable
acte de Résistance.
Capitaine Martin
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