Opinion
Nicolas Sarkozy et
BHL à l'unisson :
« il faut intervenir militairement en
Syrie »
Capitaine Martin
Dimanche 12 août
2012
Trois mois après sa défaite électorale,
Nicolas Sarkozy (en photo avec
Bernard-Henri Levy) fait déjà parler de
lui. L’entretien téléphonique d'une
quarantaine de minutes mardi soir (28
août, NDLR) entre l'ancien chef de
l'État français et
Abdel Basset Sayda, président de la
Conseil national syrien (CNS), a été
publié dans tous les journaux. Ce retour
fracassant sur la scène politique a
enflammé l’UMP et suscité l’ire des
socialistes.
Les déclarations de Nicolas Sarkozy
portaient sur la « gravité de la
crise syrienne et la nécessité d'une
action rapide de la communauté
internationale pour éviter les massacres
en cours » tout en soulignant «
les importantes similitudes, à un an
d’intervalle, entre les crises libyenne
et syrienne ».
L'analogie entre la Syrie et la Libye,
l'ancien président français, l’avait
déjà exprimée à la fin du mois de
juillet, dans un entretien au quotidien
Le Parisien, au cours duquel il jugea
sévèrement son successeur, François
Hollande: « j'ai été critiqué pour
l’intervention en Libye, mais au moins
j’ai agi. Il faut être plus incisif
contre le régime de Damas ».
Rappelons qu’en 2011, il était aux côtés
des Britanniques pour porter, avec le
consentement de l'Organisation des
Nations Unies, le coup de grâce au
gouvernement légitime libyen dirigé par
le colonel Mouammar Kadhafi.
Dans son entretien téléphonique avec le
chef de file des « rebelles » syriens,
Sarkozy, très fin, ne s’est pas
directement attaqué aux décisions
relatives à la politique étrangère de
François Hollande ; néanmoins, son
analyse se référant au cas libyen, il a
stimulé ses anciennes troupes. Fort
logiquement, certains dirigeants de
l'Union pour un Mouvement Populaire
(UMP) lui ont emboîté le pas en
dénonçant le laxisme sur l’affaire
syrienne du nouveau président et de
Laurent Fabius, ministre des Affaires
étrangères. François Copé a déploré
quant à lui « le silence
assourdissant de la France »,
tandis que l'eurodéputé Philippe Juvin
conseillait à François Hollande de «
quitter son maillot de bain ».
Prompt à s'enflammer, Bernard-Henri Lévy
(BHL) parle
dans son blog de « rivières de
sang », faisant le parallèle entre
Benghazi hier et Alep aujourd’hui. BHL,
bien-pensant de la première heure, fut
de ceux qui convainquirent l’an dernier
le président d’alors, Nicolas Sarkozy,
de bombarder Tripoli. En vérité,
ignorant tout des conséquences tragiques
sur le peuple libyen, « le philosophe »
rêve en secret de remettre ça en
Syrie…depuis les salons parisiens.
Les pressions de l’UMP sur le cas de la
Syrie ont d'abord déclenché la colère
des socialistes, avant que ces derniers
ne réagissent… en jouant la
montre. Le
ministre français Laurent Fabius a ainsi
déclaré que « les différences avec
le cas libyen sont tellement évidentes
qu’aucun pays n'a demandé l'intervention
militaire », confirmant au passage
que le 30 août se tiendra une réunion du
Conseil de sécurité consacrée à la crise
humanitaire en Syrie (selon Paris,
causée par le président syrien Bachar
el-Assad).
Nul ne sait à ce jour si l'intervention
militaire sera la solution envisagée par
l'ONU. Une chose est sure cependant : la
guerre est déjà une réalité concrète.
L'Occident, y compris François Hollande,
semble en fait ne pas vouloir
directement se salir les mains. On
assiste par conséquent à des manœuvres
dilatoires, voire à des appels guerriers
par media interposés. Pour leur part,
les mercenaires (ou « rebelles »)
présents en Syrie et financés par
Washington, Tel-Aviv, Riyad et Doha,
continuent de faire le sale travail. Et
le peuple syrien de plonger chaque jour
un peu plus dans le chaos.
Capitaine Martin
Le
dossier Syrie
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