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L'EXPRESSIONDZ.COM
LE LOBBY JUIF A ÉLIMINÉ LE CANDIDAT
ÉGYPTIEN DE LA PRÉSIDENCE DE L'UNESCO
Une autre gifle pour les Arabes
Brahim Takheroubt
Irina Bokova
Jeudi 24 septembre 2009
La Ligue arabe, l’Union africaine et l’Organisation de
la conférence islamique se sont aplaties pour faire office de
tapis en velours sur lequel glissait le lobby juif.
L’Unesco a finalement son nouveau directeur général en la
personne d’Irina Bokova, une Bulgare de 57 ans, polyglotte, née
à Sofia. Le verdict est tombé avant-hier, au bout du cinquième
round d’une élection époustouflante. La leçon à retenir n’est
pas tant le chapitre historique de cette élection puisque jamais
auparavant une femme n’avait été élue à la tête de l’Unesco,
mais plutôt la nouvelle gifle que viennent de recevoir les
Arabes. A se demander naïvement comment et par quel phénomène
une poignée d’Israéliens arrive à faire capoter l’élection à la
tête de l’Unesco d’un candidat soutenu par la Ligue arabe,
l’Union africaine et l’Organisation de la conférence islamique.
Tout ce beau monde s’est aplati pour faire office de tapis en
velours sur lequel glissait le lobby juif qui a fait de cette
élection un véritable acte de guerre. Les observateurs
politiques comparent cet échec à la raclée reçue en juillet 1967
par les armées arabes. Pour l’élection à la présidence de
l’Unesco, le lobbying a fonctionné à plein régime. La
quasi-totalité des intellectuels juifs, comme Bernard Henry
Lévy, Claude Lanzmann, Elisabeth Chemla...ont été rappelés en
renfort pour la circonstance, en plus d’une campagne médiatique
des plus féroces pour barrer la route à Farouk Hosni. Face à cet
arsenal intellectuel et médiatique, il y avait le vide. Farouk
Hosni n’a aucune caution des intellectuels arabes. Avec une
bataille de retard, ces derniers n’ont réagi qu’après que le
verdict des urnes soit tombé. Hier, alors que les juifs
savouraient cette autre victoire contre les Arabes, la presse et
les intellectuels égyptiens se sont déchaînés contre le «lobby
juif» et le «choc des civilisations». Le quotidien
gouvernemental Al Ahram a attribué ce cuisant échec à «des
attaques indignes de la part d’intellectuels juifs en France»
et au travail de sape «de l’ambassadeur américain à l’Unesco,
ainsi que des médias sionistes en Europe et aux Etats-Unis».
Hosni Moubarak qui a longtemps flirté avec les Israéliens a fini
par se brûler les ailes. Dès la défaite, des voix se sont
élevées dans les milieux pour fustiger le «mouvement sioniste»,
mais aussi dénoncer le peu de considération des Occidentaux pour
les pays du Sud. Voilà qui scelle alors le sort de l’Union pour
la Méditerranée. Les bombardements de l’armée israélienne ont
mis à terre ce projet et cette élection l’a achevé. Ce fiasco
électoral n’est donc qu’une juste rétribution aux choix
politiques de l’Egypte officielle, très contestés dans la
région. L’appétit insatiable pour le leadership a aveuglé le
président égyptien qui s’obstinait à soutenir un candidat dont
la réputation a été écornée par des déclarations dans lesquelles
il affirmait qu’il «brûlerait lui-même» les livres
israéliens qu’il trouverait en Egypte. Il y a tout juste neuf
mois, quand les populations croulaient sous le déluge des bombes
de l’armée israélienne à Ghaza, Hosni Moubarak disputait le
leadership arabe pour se positionner comme partenaire
incontournable de la région. L’Egypte de Moubarak a torpillé
toutes les initiatives arabes allant jusqu’à cautionner
implicitement l’offensive israélienne de Ghaza.
Au sortir de la guerre, alors que les pays arabes menacent, en
représailles à l’opération israélienne à Ghaza, de geler toutes
les activités de l’Union pour la Méditerranée (UPM), l’Egypte,
qui copréside l’UPM avec la France, renoue le dialogue. De toute
évidence, les pays arabes jubilent dans cette débâcle égyptienne
face à l’ennemi israélien. Cette Egypte officielle qui s’arroge
le droit de parler au nom des Arabes et qui fait de la Ligue
arabe une annexe de son ministère des Affaires étrangères.
Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979,
l’Egypte qui s’est engagée dans les efforts de paix
israélo-arabes a compris, à ses dépens, que la normalisation
avec Israël est loin d’être acquise.
Et dans les dérives de Moubarak c’est la grandeur de l’Egypte,
son prestige et son rôle régional qui en prennent un sérieux
coup. C’est l’Egypte de Boutros Boutros-Ghali (ancien secrétaire
général de l’ONU), l’Egypte de Mohamed El Baradei (chef de
l’Aiea) et celle de Ahmed Zeweil (prix Nobel de chimie) qui,
aujourd’hui, est incapable de présider les destinées de la
culture et de l’éducation du monde.
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Publié le 24 septembre 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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