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Le nouveau commandant américain en
Afghanistan rassemble une équipe d'assassins
Bill Van Auken
Le général Stanley McChrystal
Vendredi 12 juin 2009 Sa position
officiellement confirmée mercredi en tant que nouveau commandant
du président Barack Obama pour la guerre en Afghanistan et au
Pakistan, le général Stanley McChrystal s’est vu accorder des
pouvoirs exceptionnels pour mettre sur pied sa propre équipe.
Selon plusieurs articles publiés jeudi,
McChrystal, pour la création d’un comité permanent de guerre
surnommé cellule de coordination Afghanistan-Pakistan,
recruterait bon nombre d’éléments d’une escouade d’assassins
ultra-secrète qu’il commandait sous l’administration Bush.
Cette unité, le Joint Special Operations
Command (JSOC), fut formée en décembre 1980 dans la foulée de
l’opération militaire avortée qui devait libérer des otages
américains en Iran. Le commandement, composé de la Delta Force
et des Navy SEALs, dirige des unités spéciales dans des
opérations secrètes, souvent en collaboration avec des escouades
de la CIA.
Sous le commandement de McChrystal entre
2003 et 2008, on a relié JSOC à des assassinats dans plus d’une
douzaine de pays ainsi qu’à des enlèvements et de la torture.
Sous l’administration Bush, il aurait mené des opérations
secrètes en Iran, dont l’enlèvement et l’assassinat d’officiels
suspectés d’aider les groupes de miliciens irakiens.
Plus tôt cette année, le chevronné
journaliste d’enquête Seymour Hersh, qui écrit présentement un
livre sur le sujet, a qualifié le commandement de « département
de l’assassinat de l’exécutif ». Hersh a affirmé que le JSOC
avait pour tâche « de se rendre dans des pays… de trouver des
gens dont les noms étaient sur une liste, de les exécuter et de
sortir de là ». Il a de plus ajouté que, sous l’administration
Bush, l’unité se rapportait au bureau du vice-président Dick
Cheney.
Selon le New York Times, McChrystal
« a obtenu carte blanche pour sélectionner une équipe rêvée de
subalternes, y compris de nombreux vétérans des opérations
spéciales ». Le journal a expliqué l’« extraordinaire marge de
manœuvre » dont a pu bénéficier le général par l’inquiétude de
l’administration Obama face à la guerre. En effet, depuis
l’invasion américaine du pays en octobre 2001, les plus hauts
niveaux de violence ont été enregistrés au cours de la dernière
année et les talibans ainsi que d’autres groupes d’insurgés ont
pris le contrôle de la majeure partie du pays.
Citant des statistiques provenant du
Pentagone, McClatchy News rapporta que, « Durant les cinq
premiers mois de l’année, les attaques des insurgés en
Afghanistan ont augmenté de 59 pour cent, les morts dans les
forces de la coalition ont grimpé de 62 pour cent et
l’utilisation d’engins explosifs a augmenté de 64 pour cent par
rapport à la même période l’an dernier. »
Le mois dernier, le secrétaire à la
Défense, Robert Gates, a annoncé le congédiement précipité du
général David McKiernan et son remplacement par McChrystal, un
geste qui reflétait une détresse grandissante à Washington. Le
grand remaniement avait suivi les conclusions d’un détachement
spécial du Pentagone mené par McChrystal en mai qui avait
rapporté, concernant l’Afghanistan que la « situation de la
sécurité dans les zones clés soit est médiocre, soit est dans
une impasse ou bien se détériore. »
Choisi pour devenir l’adjoint de
McChrystal et devant superviser les opérations quotidiennes en
Afghanistan, on trouve le lieutenant-général David Rodriguez,
l’ancien commandant de la 82e division aéroportée, qui avait été
choisi l’année dernière par le secrétaire à la Défense Gates en
tant qu’assistant pour le personnel militaire. Rodriguez est
apparemment un ami de longue date et protégé de McChrystal.
McChrystal a sélectionné le major-général
Michael T. Flynn comme conseiller au renseignement pour
l’Afghanistan, a rapporté le Times. Flynn, qui est
présentement le directeur du renseignement pour l’état-major
interarmes à Washington, avait précédemment servi comme chef du
renseignement pour McChrystal dans les opérations obscures du
JSOC.
Le général Scott Miller a été choisi comme
le commandant en chef de la Cellule de coordination
Afghanistan-Pakistan. Il est depuis longtemps officier des
opérations spéciales et, en tant que capitaine, avait commandé
les troupes de la Delta Force dans le fiasco de « Blackhawk
Down » de l’armée américaine à Mogadiscio en Somalie.
Selon le Wall Street Journal, la
prétendue cellule de coordination a « pour modèle le système
qu’a mis en place le général McChrystal en Irak alors qu’il
commandait les Marines et d’autres forces spéciales ».
Il a été rapporté que les unités qu’il a
commandées en Irak auraient mis en œuvre un programme
d’assassinat dans ce pays dont l’objectif était d’éliminer ceux
qui étaient soupçonnés de diriger des groupes d’insurgés
irakiens hostiles à l’occupation américaine. Sous son
commandement, il y avait aussi les personnels responsables d’un
centre de détention et d’interrogation près de l’aéroport de
Bagdad connu son le nom de Camp Nama, où les prisonniers étaient
soumis à un abus systématique équivalent à de la torture. La
devise de l’unité responsable de ce camp était « Pas de sang,
pas de problème », pour signifier que tous les genres d’abus qui
ne faisait pas saigner ses victimes étaient acceptables et ne
provoqueraient pas d’enquêtes ou d’accusations. Des soldats qui
ont été affectés à cette unité ont rapporté que McChrystal en
était un visiteur régulier.
Etant donné son histoire, il est remarquable
que le comité sur l’armée du Sénat sous direction démocrate
n’ait pas soumis McChrystal à un interrogatoire sérieux ou
prolongé durant son passage la semaine dernière devant le comité
qui étudiait sa nomination. Le président du comité, le sénateur
du Michigan Carl Levin a réglé la question de la torture en
entrée de jeu en aidant McChrystal à faire porter le blâme au
secrétaire de la Défense de cette époque, Donald Rumsfeld, et,
ce, sous les ordres de Washington.
Dans un de ses éditoriaux, le quotidien de
droite Wall Street Journal s’est réjoui de l’échec des
démocrates à utiliser la question de la torture, ayant supposé
le 4 juin qu’il en était ainsi parce que « le général McChrystal
a été nommé par le président Obama, pas le président Bush ».
Au bout du compte, le seul obstacle à la
nomination de McChrystal a été posé par les républicains qui ont
laissé les procédures traîner en longueur.
Pour mettre fin au blocage des républicains,
le leader de la majorité au Sénat Harry Reid a déclaré devant le
Sénat mercredi dernier qu’il avait reçu un appel de l’amiral
Mike Mullen, le plus haut gradé américain. Le chef de
l’état-major interarmes lui avait dit, a affirmé Reid, que
McChrystal devait se rendre en Afghanistan le soir même et
qu’« un avion l’attendait actuellement » parce qu’il n’y avait
pas de commandant sur le sol afghan.
« Approuvez donc sa nomination ce soir pour
qu’il puisse partir », a dit Reid. Les républicains du Sénat ont
répondu en déposant une motion recommandant McChrystal dans son
poste en même temps que deux autres nominations militaires.
La couverture qu’ont faite les médias de la
nomination de McChrystal et des changements de la stratégie de
guerre que signifie la création de la Cellule de coordination
Afghanistan-Pakistan a consisté en suggestion que la rotation
prévue de ce groupe de 400 personnes entre la zone de guerre en
Afghanistan et la planification de cette guerre à Washington
allait permettre d’avoir un personnel « ayant développé de
l’expertise ».
La carrière militaire de McChrystal et des
hauts officiers qu’il a choisis comme adjoints, toutefois,
suggère plutôt que se qui se prépare, c’est une importante
escalade des meurtres en Afghanistan en mettant en place le même
genre de méthodes qui furent employées lors de l’Opération
Phoenix au Vietnam ou des escadrons de la mort lors de
l’intervention américaine au Salvador.
Prenant la parole devant un groupe de
journalistes lors d’un vol qui l’amenait à une réunion de l’OTAN
à Bruxelles, le secrétaire à la Défense Gates a répété les
avertissements donnés par de hauts responsables de l’armée selon
qui l’augmentation du nombre des soldats américains qui
atteindra 70 000 avant la fin de l’année signifie que le bain de
sang deviendra lui aussi plus important.
« Nous avons été très ouverts pour annoncer
que lorsque nous enverrons plus de soldats dans des régions qui
n’ont pas encore vu de forces du gouvernement afghan ou de
l’ISAF (Force internationale d'assistance et de sécurité), il y
aura plus de combats et donc par conséquent plus de victimes. »
Pour son escalade de la guerre en Afghanistan
et sa constante expansion au-delà de la frontière avec le
Pakistan, l’administration Obama a choisi comme commandant un
officier parmi ceux qui étaient le plus profondément impliqués
dans les opérations criminelles réalisées sous Bush et Cheney.
Cette nomination, et sa confirmation par un Sénat sous contrôle
démocrate, est un signe clair qu’il y a consensus au sein de
l’élite dirigeante à Washington sur la politique à suivre en
Afghanistan. Cette politique signifiera encore plus de crimes de
guerre contre le peuple afghan dans la campagne de Washington
pour affirmer son hégémonie en Asie centrale par des moyens
militaires.
(Article original anglais paru le 12 juin
2009)
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Publié le 13 juin 2009 avec l'aimable autorisation du WSWS
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