Opinion
Syrie : De la
noblesse des comportements !
Dr Bassam Abou Gazalé
Vendredi 2 novembre
2012
Quel
bonheur que de compter des amis
réunissant patriotisme et culture, telle
Madame le Docteur Ghada al-Yafi qui ne
cesse de nous surprendre par ses textes
témoignant de ces deux qualités à la
fois ! Elle nous a adressé, et nous l’en
remercions, ces quelques lignes
rappelant le comportement
du
Patriarcat orthodoxe arabe de Damas face
à la famine qui a frappé le Levant [Bilad
el-Cham] lors de la Première Guerre
mondiale. Nous ne pouvons que nous
incliner et rendre hommage à ces grands
hommes de notre Histoire, nobles
en leur âme et inébranlables dans leur
foi. Ne peut-on définir cette foi par ce
qu’en a dit le Prophète Muhammad : « Je
n’ai été envoyé que pour parfaire la
noblesse des comportements » [makarim’l
akhlaq] ? Restriction qui ne signifie
rien d’autre sinon que son message, tout
autant que ceux des prophètes qui l’ont
précédé, fait que la religion relève de
« la noblesse des comportements » ! Ce
texte de Madame Ghada al-Yafi, le
voici :
Lors de la « famine de Safar Barlik »
survenue pendant la guerre de 1914-1918,
le Patriarcat orthodoxe de Damas a
ouvert ses portes à tous les affamés,
même ceux venant de Beyrouth et quelle
que soit leur confession.
Le
Patriarche Grégorius Haddad ne s’est pas
contenté d’hypothéquer les biens du
patriarcat et tous ses monastères pour
pouvoir emprunter les sommes
nécessaires, mais il a aussi vendu les
vases sacrés en or ou argent, témoins à
la fois du patrimoine spirituel et
historique de son Église profondément
enracinée en terre syrienne; tout comme
il a vendu la croix en diamant qui
ornait sa poitrine et qui lui avait été
offerte par le tsar de Russie en 1913.
Le prix du blé était tellement
exorbitant, que son successeur
Alexandros Tahan a fini par se séparer
de tous les avoirs du Patriarcat pour
rembourser les dettes cumulées et les
intérêts excessifs. Ainsi, ce Patriarcat
a fini par perdre toutes ses propriétés,
mais a offert le plus bel exemple de
fraternité, de patriotisme et
d’humanité.
Le patriarche Grégorius mourut en 1928.
Cinquante mille damascains musulmans
étaient présents à ses funérailles,
priant pour l’âme de celui qu’ils
appelaient désormais « Muhammad
Gregorius ».
Ce même patriarche avait dirigé, entre
1916 et 1918, les chrétiens engagés au
côté du Sharif Hussein et de son fils,
le prince Fayçal, dans leur lutte pour
la libération
du
joug ottoman et avait fait acte
d’allégeance à Fayçal devenu roi de
Syrie en 1920.
Puis, lorsque le héros national Youssef
al-Azmeh est tombé à la bataille de
Mayssaloun [24 juillet 1920, NdT] et que
le Général français Gouraud est entré
dans Damas, le Patriarche Grégorius
était le seul à accompagner le Roi
Fayçal sur le quai de la Gare. Le jeune
roi a pleuré lorsque le Patriarche lui a
dit : « Cette main qui t’a reconnu te
restera loyale à jamais ! ». Fayçal a
voulu baiser la main tendue, mais
Grégorius l’a retirée et a déposé un
baiser sur son front.
Bel exemple de patriotisme, en effet.
Le roi de Syrie, fils du roi des
Arabes et du Sherif de la Mecque qui
tente de baiser la main du Patriarche
grec orthodoxe ! C’est ce que nous
racontent nos grands parents… C’est ce
qui est inscrit dans l’Histoire… Mais
certains arabes ne lisent plus…
Dr Bassam Abou Gazalé
Article original : Sirajuna
ما قصه لنا الاجداد ...
http://www.sirajuna.com/EachArticle.aspx?aId=411
Article traduit de l’Arabe par Mouna
Alno-Nakhal
01/11/2012
Le
dossier Syrie
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