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IRIS

Rudolf Giuliani ou la « non campagne »
Barthélémy Courmont


Barthélémy Courmont - Photo IRIS

IRIS, 14 janvier 2008

Etrange campagne électorale que celle de Rudolf Giuliani. Le « maire de l’Amérique », comme le définissait ses supporters après ses multiples apparitions dans les médias consécutivement aux attentats du 11 septembre 2001, était, avec Hillary Clinton, le plus célèbre des candidats à l’élection présidentielle quand il décida de se lancer dans la course. Deux véritables guest stars, une dans chaque camp, que chaque américain ou presque connaissait. John Edwards chez les Démocrates et John McCain chez les Républicains faisaient pour leur part office de « supporting actors », connus dans le monde politique, mais un peu moins que Giuliani et Clinton sur la scène publique.

Un avantage pour le moins important dans un pays qui, dans le cas des présidentielles, a souvent tendance à privilégier l’image des candidats. Les représentations multiples du président des Etats-Unis dans les superproductions hollywoodiennes suffisent à elles-seules à illustrer le statut particulier de cette personnalité politique, qui s’invite dans les foyers de chaque américain. Dans ces conditions, partir en campagne avec une notoriété considérable offrait à Giuliani un avantage de poids par rapport à ses adversaires, certains étant même totalement inconnus du grand public quand ils décidèrent de briguer la fonction suprême.

Deux semaines après le début des Primaires, et devant les premiers résultats qui indiquent les rapports de force, cet avantage a totalement disparu. La faute à un candidat qui, peut-être trop sûr de ses chances, a malgré lui refusé de faire campagne, et laissé ses adversaires occuper le devant de la scène, et le mettre progressivement de plus en plus à l’écart.

Alors que ses principaux adversaires étaient à Des Moines pour commenter les résultats des caucus de l’Iowa du 3 janvier, lui était en duplex depuis Miami, en Floride, quand les médias américains l’interrogèrent sur son piètre score. L’ancien maire de New York, loin de se sentir affaibli par ce résultat, avait alors réaffirmé que sa stratégie de campagne était de porter son effort sur les 50 Etats, sans chercher à mener la course dans l’un après l’autre. De nombreux analystes estiment que cette stratégie est très périlleuse, car contraire même au principe des primaires, qui voudrait que les candidats effectuent un tour des Etats-Unis, en faisant campagne auprès de l’électorat, et non par médias nationaux interposés. Depuis Miami, Giuliani est apparu quelque peu dédaigneux à l’égard des électeurs de l’Iowa, quand il expliqua dans un large sourire qu’il préférait faire campagne dans des Etats plus peuplés, et donc proposant un nombre plus important de délégués pour la convention républicaine nationale. Mais dans le même temps, il expliquait cependant, dans un élan de modestie, qu’il ferait campagne dans le New Hampshire, troisième Etat à se prononcer en faveur d’un candidat républicain après les caucus du Wyoming, peu relayés dans les médias. Mais sa présence dans le New Hampshire se réduisit à quelques interventions dans des salles peu remplies, et son score, certes nettement supérieur à celui de l’Iowa, fut malgré tout encore une désillusion pour le candidat qui s’imposait, il y a encore quelques semaines, comme une évidence dans le camp républicain. Et puis, faut-il le rappeler, Giuliani a bien essayé de faire campagne dans l’Iowa, mais des problèmes de santé limitèrent ses déplacements.

Aujourd’hui, Giuliani voit ses chances de remporter l’investiture républicaine de plus en plus minces, même s’il lui reste l’espoir de pouvoir s’affirmer dans des Etats peuplés, comme la Floride, et de retrouver des forces avant le super tuesday du 5 février. Après Romney et Huckabee, contraints à une campagne de terrain du fait de leur manque de notoriété, c’est désormais John McCain qui lui vole la vedette, et s’impose de plus en plus comme le candidat à battre dans le Grand Old Party.

Le constat est là, aussi sévère qu’implacable : Rudolf Giuliani n’a pas simplement fait une mauvaise campagne jusqu’à maintenant, il n’a pas fait campagne du tout ! Sa stratégie de campagne reposant sur l’idée que l’élection américaine se fait sur 50 Etats est dangereuse dans la mesure où elle semble oublier au passage que le système des primaires est justement conçu pour permettre à chaque Etat de jouer un rôle important. Si les primaires avaient débuté avec un super Tuesday, dans lequel près de la moitié des Etats (dont certains parmi les plus peuplés), cette stratégie aurait pu être efficace. Mais comme ce sont justement des petits Etats qui, en désignant leurs délégués en premier, donnent le ton de la campagne, Giuliani se retrouve pris à son propre piège d’avoir laissé filer les autres dans les plaines enneigées de l’Iowa.

Mais cette carence semble cacher un autre problème dans la campagne de Rudolf Giuliani, peut-être plus sérieux encore : l’ancien maire de New York n’a pas fait campagne parce qu’il est en décalage complet avec les enjeux de cette campagne présidentielle. Son discours porte essentiellement sur la sécurité, et sur le leadership que confère la fonction présidentielle, leadership qu’il serait selon lui dangereux de confier à une personne pas assez qualifiée. Lui ayant, selon sa perception, fait la démonstration de ses capacités après les attentats du 11 septembre, il serait le seul à même de pouvoir assurer aux Américains la sécurité à laquelle ils aspirent. Mais les faits sont là. Si un tel discours avait largement de quoi séduire en 2004, Bush ayant en grande partie été réélu grâce à un discours autour du thème de la sécurité, les électeurs ont cette fois d’autres préoccupations, au premier rang desquelles l’économie et les questions sociales. Dans un tel contexte, les thèmes abordés par Giuliani ne répondent plus aux attentes de l’électorat, qui lui préfère des discours porteurs d’espoirs comme ceux de McCain ou d’Huckabee, pour ne mentionner que les Républicains. Bref, la campagne de Giuliani a été, dans ses débuts du moins, un échec total. Il lui reste désormais trois semaines pour inverser la tendance et remonter la pente avant le super Tuesday, une période particulièrement courte quand on constate que les autres sont déjà sur le terrain de la politique économique, et que Giuliani n’a pas encore fait la moindre proposition concrète dans ce sens. Il est hautement probable que ses scores lors du super Tuesday soient très nettement supérieurs aux résultats de l’Iowa et du New Hampshire, mais il y a également de fortes chances pour qu’il soit déjà trop tard. Et peut-être qu’on écrira bientôt Rudolf Giuliani, ou l’homme qui aurait pu être président des Etats-Unis…



Source : IRIS
http://www.iris-france.org/...


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