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IRIS

New Hampshire, Etat indépendant
Barthélémy Courmont


Barthélémy Courmont - Photo IRIS

IRIS, 8 janvier 2008  

Le New Hampshire, petit Etat du nord-est des Etats-Unis, a une tradition indépendante, et ne se soumet généralement pas automatiquement aux jeux partisans des Républicains ou des Démocrates. Le scrutin qui s’y déroule aujourd’hui est ainsi à la fois peu révélateur des tendances politiques du pays (après tout, il s’agit d’un Etat peu peuplé, et qui se distingue souvent des autres par ses penchants bipartisans, faisant presque figure d’exception), et extrêmement utile pour mesurer la faculté des candidats à rassembler au-delà de leur électorat. Or, c’est justement sur ce point que les candidats portent aujourd’hui leurs efforts.

Chez les Démocrates, Barack Obama devrait, selon toute attente, rééditer son exploit de l’Iowa, et remporter la primaire du New Hampshire avec une avance assez confortable, renversant ainsi radicalement les tendances qui, il y a encore quelques jours, offraient une victoire facile à Hillary Clinton. Cela s’explique bien entendu en partie par la dynamique du succès née de son score dans l’Iowa, mais également par ce qui le distingue de sa principale rivale, Hillary Clinton : sa capacité à rassembler au-delà du camp démocrate. Son message porteur d’espoir lui a permis de mobiliser un électorat qui se déplace généralement peu, et semble séduire un nombre de plus en plus important d’Américains issus de différentes sensibilités politiques, en particulier chez les jeunes. Voilà un candidat que d’aucuns pensaient incapable de rassembler du fait de ses origines, et qui se retrouve à séduire des électeurs républicains !

Pourtant, au début de la campagne, l’ancienne First Lady était indiscutablement mieux placée que ses adversaires pour rassembler un électorat chez les indécis et même chez les Républicains le moins radicaux, tant son discours se plaçait au centre de l’échiquier politique. Mais elle ne parvient pas à se défaire d’une image austère, et la campagne de dénigrement des Républicains à son encontre a été d’une telle virulence depuis un an que les électeurs du Grand Old Party sont peu disposés à la soutenir. Enfin, le nom qu’elle porte est en soi un handicap pour séduire les Républicains, et si cela ne semble pas être suffisant pour rassembler les Démocrates, elle ne parvient pas dans le même temps à imposer l’électorat du centre. Bref, malgré ses efforts et son programme centriste, Madame Clinton n’est pas parvenue à s’imposer comme la candidate de tous les Américains, et le New Hampshire sera très certainement pour elle un test grandeur nature de son échec sur ce point.

Chez les Républicains, John McCain, qui a reçu le soutien de Joe Lieberman, sénateur indépendant de l’Etat voisin du Connecticut, et accessoirement ancien démocrate et co-listier malheureux d’Al Gore en 2000, devrait en toute logique séduire les électeurs du New Hampshire avec son discours aux accents bipartisans qui le distingue assez nettement de ses adversaires. Il marquerait ainsi son grand retour sur le devant de la scène, et s’imposerait comme le mieux placé des candidats. A l’inverse, Mike Huckabee, le surprenant vainqueur de l’Iowa, devrait rester cette fois très discret, et pourrait voir sa campagne pourtant bien engagée s’effondrer rapidement. Voter pour un pasteur qui remet en question la théorie de l’évolution n’est certainement pas le lot des électeurs du New Hampshire, et malgré son statut d’outsider (sans doute exagéré) Huckabee a peu de chance de séduire. Même problème pour Mitt Romney, pourtant ancien gouverneur de l’Etat voisin du Massachusetts. Etiqueté « candidat mormon », l’ancien organisateur des Jeux Olympiques de Salt Lake City (accessoirement fief des mormons) risque fort d’essuyer une nouvelle désillusion après l’Iowa, qui pourrait là aussi prématurément sonner le glas de ses ambitions présidentielles. Rudolf Giuliani et son éreintant plaidoyer pour plus de sécurité contre le terrorisme et Fred Thompson et ses tendances jugées trop conservatrices devraient pour leur part se contenter de rôles de figurants (dans un New York Police judiciaire sans scénario ?), ce qui commence au passage à être inquiétant pour l’ancien maire de New York, même s’il convient de rester prudent tant toutes les prévisions sont hasardeuses et précipitées côté républicain.

John McCain reste un candidat par défaut pour de nombreux républicains, qui rejettent ses adversaires, mais ne sont peut-être pas, dans le même temps, prêt à envoyer à la Maison-Blanche un homme de 72 ans, certes expérimenté, mais qui serait le plus vieux président des Etats-Unis lors de sa prise de fonction. Par ailleurs, les positions tranchées du sénateur de l’Arizona, tant en politique extérieure que sur les sujets économiques et sociaux, ne laissent pas insensibles. Bref, les indécis du camp républicain et les indépendants traditionnellement attirés par la droite de l’échiquier politique sont dans une situation embarrassante, tant aucun des candidats du Grand Old Party ne semble finalement convenir à leurs souhaits. Finalement, cette campagne des Primaires est beaucoup plus facile à suivre du côté démocrate, les Républicains n’étant, d’une certaine manière, pas encore entrés dans le vif du sujet, avec un candidat s’imposant presque naturellement.

Certainement pas un coïncidence, plusieurs personnalités modérées issues des rangs démocrates comme républicains se sont retrouvées hier à l’université de l’Oklahoma pour une réunion d’Unity 08, un forum qui tient les deux grands partis responsables des maux dont souffrent les Etats-Unis. Parmi elles, des anciens sénateurs démocrates comme Chuck Robb et Gary Hart, mais aussi les républicains Chuck Hagel (sénateur), et John Danforth (ancien sénateur). Le maire de New York, Michael Bloomberg, participait aux débats. Ancien démocrate, élu avec une étiquette de républicain, il est désormais indépendant, et de multiples rumeurs font état de la possibilité qu’il soit candidat à l’élection présidentielle, en tant qu’indépendant (ce qui l’exonère de Primaires, mais suppose un engagement personnel important, ce qui sa fortune personnelle pourrait lui permettre). Sa présence à cette réunion n’a fait que raviver les rumeurs. D’autant que bien qu’ayant plusieurs fois annoncé qu’il n’était pas candidat, Bloomberg a récemment déclaré qu’il ne se retrouvait dans aucun des candidats, tant démocrates que républicains. Une remarque qui semble particulièrement sensible quand il s’agit des Républicains, et qui fait penser à de nombreux analystes que Bloomberg se présentera bien en tant qu’indépendant, et empiètera très largement sur l’électorat républicain. Mais aussi démocrate, à condition que le vainqueur des Primaires du parti de l’âne ne soit pas trop centriste. A ce petit jeu, inutile de préciser qu’une victoire de Barack Obama donnerait des raisons supplémentaires au maire de New York, qui aurait plus de difficulté à imposer son discours en présence de Madame Clinton. Enfin, pour l’anecdote, rappelons que Clinton, Giuliani et Bloomberg sont tous trois des New Yorkais. Si la perspective, historique, d’avoir trois candidats du même Etat se disputer la présidence en novembre semble s’éloigner progressivement, il est indéniable que l’élimination prématurée de la sénatrice et de l’ancien maire pourrait là encore pousser Bloomberg vers une candidature.

Une chose est certaine en tout cas, cette élection du New Hampshire s’impose comme celle des indépendants, et laissera des traces très profondes dans les primaires et même au-delà. Le test de l’Iowa était important, celui du New Hampshire est, déjà, presque crucial.



Source : IRIS
http://www.iris-france.org/...


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