5 novembre 2008
Au terme d’une longue campagne qui a
passionné le monde entier, les Américains ont rendu leur verdict
et plébiscité Barack Obama, qui deviendra officiellement le 20
janvier prochain le 44e président des Etats-Unis. Le 4 novembre
2008 restera une date historique, pour la première fois de
l’Histoire, un candidat métis accède à la Maison-Blanche.
John McCain lui-même, reconnaissant
humblement sa défaite à Phœnix (Arizona), évoqua ainsi le
caractère historique de cette élection et de son résultat, avant
de rendre un vibrant hommage à son vainqueur.
Dans les chiffres, la victoire de Barack
Obama est écrasante, et conforme aux prévisions circulant depuis
plusieurs semaines. En fait, depuis que la crise économique
s’est invitée dans la campagne, cette élection s’est transformée
en une sorte de référendum pour ou contre Obama, le camp
républicain se positionnant sur la défensive sur les différents
dossiers. Et à cet égard, notons que ce référendum s’est
transformé en véritable plébiscite, dans les bastions
démocrates, qui apportèrent un soutien massif à Obama, mais
aussi dans les Etats clefs (Obama a remporté la Floride, l’Ohio
et la Pennsylvanie, souvent cités ainsi) et même dans les
bastions républicains, où McCain n’a jamais été en mesure
d’égaler le score de George W. Bush il y a quatre ans. La
participation a, dans de nombreux Etats, battu des records, et
Obama a en partie dû sa victoire à des électeurs qui votaient
pour la première fois. La victoire s’est dessinée plus
rapidement que prévu, et avant même que de nombreux bureaux de
vote de la côte Ouest n’aient fermé, le nom du vainqueur était
déjà connu. Un résultat qui contraste avec les deux dernières
élections présidentielles (2000 et 2004), qui furent très
serrées, et ne délivrèrent le nom du vainqueur que tardivement
(en particulier en 2000). Comme nous l’avions déjà annoncé sur
ce site il y a trois semaines, carte à l’appui, la victoire de
Barack Obama est écrasante, et peut être comparée à celle de
Bill Clinton en 1992, à la différence (de taille) que son
adversaire n’a pas été handicapé par la présence d’un candidat
indépendant de poids (comme Ross Perrot en 1992, qui avait
récolté 19% du vote populaire, et privé George Bush père d’une
réélection).
Les défis qui attendent le nouveau président
sont multiples, que ce soit sur la scène intérieure (crise
économique et sociale, baisse de la confiance, crise du
logement…) ou sur la scène internationale (guerres en Irak et en
Afghanistan, enjeux globaux comme l’environnement ou l’énergie,
et détérioration de l’image de Washington). Il a eu l’occasion
de les évoquer à l’occasion de son premier discours, à Grant
Park (Chicago), devant une foule enthousiaste de plus de 100.000
personnes. Dans cette intervention, le nouveau président
américain a lancé un appel à l’unité, évoquant l’ancien
président Abraham Lincoln au sortir de la guerre de Sécession,
mais aussi le parcours des afro-américains, qui prouve selon lui
que tout est possible pour un pays comme les Etats-Unis,
débutant ainsi son discours en ces termes : « Si
jamais quelqu’un doute encore que l’Amérique est un endroit où
tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères
fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de
notre démocratie, ce soir est la réponse ». En dressant la
liste de défis qui attendent son équipe présidentielle, et son
enthousiasme pour les relever, il a dessiné de nouvelles
frontières, comme l’avaient fait en leur temps Roosevelt,
Kennedy, et même Reagan. Pour y parvenir, il disposera à partir
du 20 janvier d’une majorité confortée dans les deux chambres du
Congrès, et d’une image très positive à l’extérieur, qu’il aura
à cœur de transformer en un soutien aux changements politiques
tant annoncés lors de la campagne. Mais avant cela, la période
de transition qui s’ouvre dès demain, et prendra fin avec la
passation de pouvoirs le 20 janvier, va être marquée par la mise
en place d’une équipe chargée de définir les membres de la
future administration, et de mettre en place un calendrier
politique qui s’annonce chargé.
Barthélémy Courmont,
chercheur à l’IRIS
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Publié le 5 novembre avec l'aimable autorisation de l'IRIS.