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Pas de répit pour l’Irak
Barah Mikaïl

Barah Mikaïl / Aujourd’hui la Turquie / janvier 2007

 

La politique américaine au Moyen-Orient n'est pas toujours exempte de répercussions inattendues. En novembre dernier, la victoire - relative mais non moins acquise - des Démocrates à l'issue des élections de mi-mandat aux États-Unis avait ainsi confirmé les limites de la stratégie moyen-orientale post-11 septembre formulée par l'Administration du président George W. Bush. Elle mènera à la démission du jusqu'alors inamovible secrétaire d'État à la Défense Donald Rumsfeld, ainsi qu'à la perte annoncée par John Bolton de son poste de représentant des États-Unis auprès de l'ONU. Cette mise à l'écart officielle de figures néo-conservatrices incontournables ne semblait pas entièrement étrangère à la publication, quelques jours plus tard, du rapport Baker-Hamilton sur la situation en Irak

Il convient cependant de voir dans ces événements le signe d'un recalibrage tactique américain, et non d'un quelconque bouleversement stratégique. Les constantes moyen-orientales restent en effet intactes dans l'ensemble. Les fuites précédant la publication du rapport Baker-Hamilton avaient d'ailleurs vite poussé une délégation irakienne officielle de haut niveau à se rendre à Washington pour s'assurer du maintien par les Américains de leurs troupes en Irak. Et le mystère entretenu dans un premier temps par G. W. Bush sur cette question aura pour sa part tôt fait de s'éclaircir. Le 22 décembre 2006, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, en visite en Irak, s'est déclaré en faveur d'une augmentation du nombre de militaires étrangers en présence dans le pays, pour des besoins officiels de formation de l'armée irakienne et de rétablissement de la sécurité nationale.

On comprend aisément les raisons qui ont poussé l'Administration Bush à éviter tout retrait précipité d'Irak. Une telle action s'apparenterait à un lourd échec dont les effets rejailliraient indubitablement sur les intérêts américains dans la région à moyen et long termes. Mais ce même agrippement reste tout aussi bien en phase avec les aspirations de la majorité des gouvernements voisins de l'Irak. L'Arabie saoudite, le Koweït et la Jordanie restent ainsi favorables à une présence militaire américaine qui est, selon eux, la meilleure garantie contre un renforcement de l'Iran sur la scène irakienne ; la Turquie sait que tout retrait américain aurait pour corollaire une nouvelle accentuation des tendances communautaires qui consacrerait les tentations sécessionnistes des principales communautés d'Irak, dont les Kurdes du Nord ; et les principaux représentants politiques du gouvernement irakien restent quant à eux les premiers demandeurs d'un maintien supplémentaire, voire d'un renforcement, des troupes étrangères en présence dans leur pays. Sans oublier, bien entendu, les pays membres de l'Union européenne, mais également des acteurs aussi importants que la Chine et la Russie, qui, s'ils se réjouissent pour certains d'entre eux des difficultés rencontrées par Washington en Irak, préfèrent néanmoins le maintien de cette présence militaire à la création d'un vide qu'aucun d'entre eux ne pourrait combler pour l'heure. Quant à la Syrie et à l'Iran, ils ont aussi paradoxalement intérêt au maintien de ce statu quo dans l'immédiat ; celui-ci reste en effet, chaos sécuritaire oblige, synonyme de grandes difficultés pour l'hyperpuissance mondiale. Or, pensent-ils, tant que Washington sera confronté aux difficultés irakiennes, il pourra difficilement tenter l'ouverture d'un nouveau front militaire régional.

Ces considérations laissent cependant posée la question de l'avenir concret de l'Irak. Du destin de ce pays découleront les perspectives et défis s'imposant à ses voisins frontaliers. Pour l'instant, tout retrait américain serait incontestablement catastrophique pour l'évolution d'un pays dans lequel les tensions d'ordre politico-communautaire sont, certes, exacerbées, mais n'ont pas pour autant atteint leur point de non-retour. Néanmoins, aucun scénario de sortie de crise viable ne semble être envisagé pour autant, ni par la puissance occupante, ni par un quelconque autre membre de la communauté internationale, ni même par la plupart des acteurs politiques irakiens. L'urgence reste pourtant à la mise en place d'une sorte de feuille de route pour l'Irak, aux orientations limpides et constructives, et que pourrait encadrer - hypothèse souhaitable - l'ONU. Car quelles que soient les options à venir, elles ne sauraient faire fi d'un nouvel élément fondamental : le parlement irakien vient d'adopter, de justesse, une loi prévoyant la fédéralisation officielle du pays à l'horizon 2008. Or, une telle consécration du fait politico-communautaire, si elle venait à connaître son aboutissement, a évidemment peu de chances de pouvoir revivifier un sentiment national irakien en état avancé de décomposition. Les États voisins de la région se priveraient-ils dès lors de faire de l'ingérence dans un pays dont ils redoutent les débordements ? La réponse est évidemment négative, tant la raison d'État demeure le maître mot des relations internationales

Par Barah Mikaïl, Chercheur à l’IRIS, auteur de “La politique américaine au Moyen-Orient” (Ed. Dalloz/IRIS).

 


Source : IRIS 
http://www.iris-france.org:80/...


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