Opinion
Souvenirs et
actualités
Badis
Guettaf
Samedi 17 février
2013
Qui se
souvient de ce qu’ont fait les
Etats-Unis en Irak? Qui sait vraiment ce
qu’est devenu le peuple irakien à qui
les G.I’s et autres Marines devaient
apporter la liberté ? Presque personne
de ces milliards d’habitants du Globe
que l’on a abreuvés des semaines durant
de la nécessité de mettre fin à la
dictature de Saddam Hussein. Pourtant,
aujourd’hui, il y a infiniment plus de
raison d’en parler qu’à l’époque, en
matière de drames humains. Le New York
Times écrivait : «9 avril 2003, le Jour
de la Libération pour l’Irak» ou encore
«après 24 années d’oppression, trois
guerres et trois semaines de
bombardements continus, Baghdad émerge à
peine de l’âge des ténèbres. La journée
d’hier était une journée de libération
historique». Seulement, quatre ans
après, en 2007, bien après la
«démocratisation», les statistiques
officielles, rapportées en 2010 par Dirk
Adriaensens du Brussels Tribunal, sont
sans appel. On recense 5 millions
d’orphelins, plus de 2 millions de
réfugiés hors du pays et 3 millions à
l’intérieur du pays. Pour les services
de base, 70% des Irakiens n’ont plus
accès à l’eau potable et 80% d’entre eux
ont été privés des réseaux d’égouts. Le
chômage tourne autour du taux de 70% de
la population active. Atteint
officiellement les 50%, il est de 70%
officieusement. (…) 4 millions
d’Irakiens sont sous-alimentés et ont un
besoin urgent d’assistance humanitaire.
Ne parlons pas du type de «libération»
que les femmes ont connue, sous la
férule de milices sanguinaires au
jugement sans appel pour celles qui
oseraient juste exister. Mais, tout
compte fait, cela n’intéresse pas les
décideurs de guerre, les médias comme le
New York Times qui ne revient pas sur le
sujet et, surtout, les ONG des droits de
l’homme, ces institutions qui peuvent
soulever le monde entier autour des
causes qu’elles choisissent,
fussent-elles des cas individuels. Le
travail est terminé, les Irakiens ne
sont plus d’aucune utilité, comme les
Somaliens, les Palestiniens et d’autres
damnés de la Terre. Les Libyens de même.
Une exception, les Syriens si. Les «démocratiseurs»
s’en fichent et ont le culot de servir
les mêmes arguments qu’ils ont servis
contre Saddam. La mobilisation est
grandiose et de tous les instants. La
même, presque au détail près, que celle
qui a précédé l’invasion de l’Irak. La
seule différence est l’impossibilité
d’aller bombarder librement, sinon le
scénario était cousu de fil blanc. Cela
n’empêche pas que la violence amplement
entretenue par la «communauté
internationale» et les monarques du
Golfe (qui étaient de la partie contre
l’Irak), produit déjà ses effets sur les
millions de Syriens, dont la voix reste
inaudible parce qu’elle ne correspond
pas à la sémantique autorisée dans la
presse des grandes «démocraties». Au
bout, que l’insurrection et les groupes
infiltrés gagnent la partie ou pas, le
bilan risque d’être des plus désastreux
pour le pays. Cependant on ne se
souviendra pas de l’Irak, des mensonges
de Bush et de tous ses très
«respectables» collaborateurs. On a
oublié et on n’ira pas regarder les
Irakiens dans les yeux pour leur
demander ce qu’ils pensent de la
«générosité» des Etats-Unis à leur
encontre. Les ONG et les «spécialistes»
de tout acabit, en particulier, n’iront
pas s’enquérir de l’«après Sadam» made
in Pentagone. Ils risqueraient qu’on
leur rende la sollicitude qu’ils ont
prodiguée.
B. G.
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