Opinion
L'opposition
médiatique se dévoile
Badis
Guettaf
Samedi 12 janvier
2013
La
problématique du gaz de schiste qui
agite le monde, qui a fait mettre au
pied du mur les compagnies pétrolières
en France, qui mobilise un certain
nombre de citoyens en Algérie,
n’intéresse pas beaucoup la presse
algérienne, sauf quand il s’agit
d’informer ou de reprendre les dépêches
de l’APS. Il en a été de même pour ce
qui concerne la visite de l’émir du
Qatar, Hamad ben Khalifa Al Thani. Ce
qui est le plus remarquable dans
l’affaire c’est que les journaux et
sites Internet traditionnellement
critiques vis-à-vis du «pouvoir», voire
qui lui sont carrément hostiles ou même
engagés pour sa destruction, ne trouvent
rien à dire. Contre toute attente de
leurs lecteurs, ils laissent passer des
occasions uniques de porter des coups,
des arguments en or pour justifier leur
hargne. Du coup on ne sait plus ce qui
peut bien les avoir installés dans
l’opposition, dans une posture hargneuse
et sans concession. On ne les comprend
plus et on comprend encore moins quels
sont les reproches qu’ils peuvent
avancer. A moins que ce qui s’est passé
avec Renault, le Qatar ou la loi sur les
hydrocarbures ne les dérangent pas, donc
les arrangent et peut même constituer
une satisfaction. C’est ce qu’il y a
tout lieu de penser et il ne peut en
être autrement quand on sait leur
vigilance et la perspicacité qu’ils
développent à dénicher le moindre faux
pas. L’occasion étant donnée d’examiner
leur démarche, on se rend très vite
compte qu’en matière d’économie ils
servent essentiellement de tribunes
ouvertes aux spéculations des «experts»
en libéralisation et en ouverture du
pays à la libre-entreprise. Pour le
reste, ils se sont spécialisés dans la
sinistrose et dans le service d’une
actualité qui ne laisse aucune place à
l’information, fut-elle majeure, quand
elle peut «positiver» le «bilan du
pouvoir». On se rappelle, par exemple,
du non-traitement du raccordement du
Grand Sud à l’eau potable. Rapportée au
sujet qui nous préoccupe, cette attitude
nous éclaire sur bien des points, dont
le principal est le lien entre la
campagne sans concession et le soutien
inconditionnel apportés à la
«révolution» en Libye, dont la France et
le Qatar figurent parmi les principaux
sponsors. Bien plus, se faisant les
porte-voix du Conseil National de
Transition, ces médias fustigeaient
l’attitude de leur pays qui, à leur
goût, ne s’alignait pas sur la position
des «amis du peuple libyen». Alors même
que les Etats-Unis «comprenaient»
l’attitude algérienne. Plus récemment,
sur la crise malienne, ils n’ont pas eu
de répit à dénigrer le choix de
non-ingérence de l’Algérie. Faisant
chorus avec la presse occidentale, ils
poussaient à l’intervention de l’Armée
nationale populaire au Mali. En dépit du
fait que la Constitution interdise son
déploiement en dehors des frontières.
S’ils se taisent aujourd’hui, c’est
qu’il y a forcément matière à se taire.
Ils sont donc pris de court ou tout
simplement obligés d’adhérer à une
politique qu’ils n’osaient porter
ouvertement, même si elle se profilait
dans les affinités qui les
caractérisaient. Ils auront peut-être
l’opportunité de se reconvertir en
thuriféraire du nouveau cours qui,
désormais, bat en brèche l’éphémère
«patriotisme économique».
B. G.
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