Opinion
Le NPA et LO défendent les
opérations de la CIA en Syrie
Anthony Torres
Samedi 11 août
2012
Les dernières
révélations sur le soutien apporté aux
forces « rebelles » en Syrie par les
agences américaines de renseignement
démontrent clairement le rôle
pro-impérialiste du Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) et de Lutte
ouvrière (LO). En présentant les forces
armées par la CIA et hostiles au
président syrien Bachar al-Assad comme
des forces « révolutionnaires », le NPA
et LO ont agi en tant qu’outils de
l’impérialisme.
La semaine
dernière, la presse a rapporté que le
président américain Barack Obama avait
signé un document secret autorisant
l’aide aux rebelles syriens. Ce document
permet aux services secrets américains
d’agir clandestinement pour armer et
ravitailler les forces anti-Assad et les
guider sur le terrain. La presse a
rapporté que la CIA et ses alliés, la
monarchie saoudienne, l’armée turque et
les puissances impérialistes
européennes, faisaient aussi venir des
forces islamistes étrangères liées à Al
Qaïda qui lutteraient férocement contre
le régime laïc d’Assad.
Pendant ce temps,
le NPA saluait l’entrée de forces «
rebelles » anti-Assad dans les villes de
Damas et d’Alep, par l’intermédiaire de
la déclaration du soi-disant Courant de
la gauche révolutionnaire en Syrie
(CGRS).
Le CGRS écrit: «
L’élan révolutionnaire qui a
touché ces derniers jours les grandes
villes de Damas et d'Alep et leurs
périphéries révèle une infime portion de
l'énergie révolutionnaire des masses
populaires syriennes. Et les actions
liées à la confrontation révolutionnaire
dans la banlieue de Damas et leur
propagation dans toutes les directions
apparaissent comme des prémices à la
prise d'assaut du palais présidentiel ».
En publiant ce
document, le NPA cherche à envelopper
une opération de la CIA de l’auréole de
la révolution. « L’élan révolutionnaire
» était en fait un assaut livré à des
villes de millions d’habitants par des
milices sunnites, dirigées par des
intégristes d’Al Qaïda et téléguidées
par les services de renseignement
américains (voir aussi :
La guerre par procuration de la CIA en
Syrie et la « gauche » pro-impérialiste).
Ceux-ci coordonnent
leurs opérations d’Adana en Turquie,
ville où se trouve la base aérienne
américaine d’Incirlik—haut lieu de la
planification militaire et politique des
Etats-Unis au Moyen Orient. Ils sont en
communication régulière avec les
rebelles, leur communiquant les détails
sur le déplacement des forces armées d’Assad.
Washington a aussi aidé à distribuer
des armes et de l’argent donné par ses
alliés de droite au Moyen-Orient, en
Turquie, en Arabie saoudite et au Qatar.
Loin d’être des
forces « révolutionnaires », ce sont en
fait les régimes les plus profondément
hostiles aux luttes de masse qui se sont
développées en Tunisie et en Egypte
l’année dernière.
Les dirigeants du
NPA sont bien sûr au courant de ces
réalités politiques. Au mois de
novembre, ils ont envoyé Gilbert Achcar
représenter leur tendance auprès d’une
réunion du Congrès national syrien
(CNS), organisme dirigeant des «
rebelles » anti-Assad. (Voir aussi :
France: La « gauche » petite-bourgeoise
complote une intervention militaire en
Syrie)
LO a publié sur son
site internet un article paru dans le
trimestriel britanniques de Workers’
Fight, mouvement proche de LO, intitulé
« Syrie - La population prise au piège
entre les calculs des grandes puissances
et la menace de guerre civile. »
L’auteur écrit concernant Al Qaïda : «
Les porte-parole de l’opposition ont
attribué ces attentats aux forces de
sécurité baasistes, les accusant de
tenter ainsi de corroborer les
allégations ridicules selon lesquelles
Al Qaïda serait le cerveau du mouvement
de protestation. »
LO tente ici de
défendre l’image médiatique de la CIA et
de ses alliés terroristes qui mènent les
guérillas urbaines à Damas et à Alep.
Les rapports entre les « rebelles »
syriens et les forces terroristes comme
Al Qaïda ont été abondamment documentés
dans la presse des puissances
impérialistes anti-Assad.
Ces reportages sont
entièrement crédibles, étant donné que
la guerre en Syrie est devenue une
guerre confessionnelle contre un régime
laïc dont les cadres dirigeants sont en
grande partie d’origine chiite. Ceci
attirera naturellement le soutien des
forces d’Al Qaïda, résolument
anti-laïques et violemment hostiles aux
chiites.
Le document publié
par LO avoue même partiellement cette
réalité. Citant le programme économique
néo-libéral des « rebelles » islamistes
et les craintes populaires d’une
épuration confessionnelle après la
victoires des rebelles, il explique : «
Il est donc plausible qu’une partie de
la population pauvre syrienne reste,
sinon loyale au régime, au moins passive
vis-à-vis du mouvement de contestation,
voire soupçonneuse à son égard, de
crainte de devoir payer sa victoire
éventuelle au prix fort ».
Ceci démontre que
LO défend les « rebelles » anti-Assad
tout en étant parfaitement au courant de
leur caractère réactionnaire et du
manque de soutien parmi la classe
ouvrière. LO continue cependant de nier
que ces forces agissent pour le compte
de l’impérialisme.
L’auteur de
l’article affiché par LO prétend même
que les puissances impérialistes n’osent
pas aider pleinement les forces anti-Assad
à cause de « leurs craintes de perdre un
serviteur somme toute loyal de leur
ordre régional ».
Ce passage
grotesque tente d’obscurcir le fait
pourtant évident que Washington et ses
alliés européens et du Moyen-Orient
tentent ensemble de renverser Assad en
armant des milices qui lui sont
hostiles. En Syrie comme en Libye—où les
Etats-Unis et leurs alliés, dont la
France, ont détruit le régime existant
et assassiné le Colonel Mouammar
Kadhafi—les puissances impérialistes
détruisent des régimes qui ont entretenu
de longues relations avec eux.
Ayant pilonné les
villes libyennes et fait des dizaines de
milliers de morts en Libye, avec le
soutien de la « gauche »
petite-bourgeoise française, les forces
de l’OTAN ont abattu Kadhafi et installé
un régime plus docile à leurs intérêts.
Avec la plus
parfaite mauvaise foi, les tendances
petite-bourgeoises affectent une
attitude « anti-impérialiste » tout en
parant les opérations de la CIA des
couleurs d’une révolution.
Ainsi dans un
article du 13 juillet, le NPA écrit à
propos des négociations : « Dans ce
manège de tractations des puissances
impérialistes, les intérêts du peuple
syrien révolté et massacré sont les
grands absents. Un fait majeur s’est
fait jour ces derniers mois : la
conscience révolutionnaire de masse …
s’est débarrassée d’une illusion de
salut par une intervention militaire
extérieure ».
Ici le NPA tente
d’avancer l’illusion qu’il défend un
processus révolutionnaire contre
l’impérialisme français ou américain en
Syrie, alors que ce n’est pas le cas. Il
participe à sa manière à la campagne de
presse qui agite en faveur d'une
intervention militaire extérieure.
Ce faux-semblant
d'anti-impérialisme affecté par la «
gauche » petite-bourgeoise est
particulièrement nauséabond. Il est
impossible d'être anti-impérialiste et
de participer aux opérations de la CIA,
qui a fait des millions de morts au
cours du 20e siècle dans sa
lutte meurtrière contre les mouvements
anticoloniaux. C’est avec les forces les
plus réactionnaires que le NPA et LO
s’unissent à présent en chantant les
louanges des opérations militaires de
l’Otan en Syrie.
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Publié le 11 août 2012 avec l'aimable
autorisation du WSWS
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