Opinion
Pays Basque:
Politique et justice, un mélange contre nature
Annie Arroyo
Samedi 17 juillet 2010
Le 15 juillet 2010, un procès politique s’est
ouvert à l’Audience Nationale de Madrid. Les 22 personnes
inculpées sont des élus du Pays Basque dont le « délit » est
d’avoir fait partie d’une association des élus basques,
Udalbiltza. Créée en 1999 par 1 800 élus du Pays Basque, elle
avait pour but était but de garantir l’avenir du peuple basque
en créant des liens entre le Pays Basque nord et le Pays Basque
sud. En 2003, l’Espagne a rendu cette organisation illégale.
Parce que pour le juge Garzon tout ce qui est basque est ETA,
l’association a été illégalisée et ses responsables incarcérés
avant d’être libérés sous caution. C’est leur procès qui a
commencé à Madrid. Un procès pour lequel l’accusation requiert
de 10 à 18 ans de prison. Plus cinq ans, demandés par
l’association Dignidad y Justicia, une association
d’extrême-droite.
Entre temps, le juge Garzon a été suspendu de
ses fonctions pour prévarication, c’est-à-dire pour avoir
outrepassé ses attributions. Cela à la demande des associations
d’extrême-droite.
Entre temps, les responsables du journal
Egunkaria, lui aussi illégalisé et dissout il y a également 7
ans, ont été acquittés en avril dernier. Cela malgré
l’opposition des associations d’extrême-droite.
Lors du procès d’Egunkaria, un juriste allemand
a dit qu’il avait déjà vu des condamnations sans preuves mais
jamais encore de condamnations sans délit… Le procès contre
Udalbiltza relève de la même « logique ».
Parmi les 22 inculpés d’Udalbiltza figure Xarlo
Etchezaharreta.
Xarlo est citoyen français. Il n’a donc pas
répondu à l’injonction du juge espagnol de se rendre à
l’audience de Madrid. En conséquence, le juge Javier Gómez
Bermúdez vient d’ordonner « su busca, captura y encarcelamiento »
(sa recherche, sa capture et son incarcération). Pour cela, un
mandat d’arrêt européen vient d’être délivré contre Xarlo.
L’état français va devoir prendre une décision
délicate : obtempérer à la demande de Madrid ou refuser de
remettre à la justice espagnole un de ses ressortissants qui n’a
commis aucun délit !
Ecoutons l’intéressé : « Dans le cadre du procès
contre Udalbiltza qui a démarré aujourd’hui à Madrid, Gomez
Bermudez, le pantin de service au Tribunal Spécial "audiencia
nacional" a lancé un mandat de recherche et un mandat d’écrou
contre votre serviteur.
Une pierre dans la chaussure de l’Etat français
qui devra faire le sale boulot d’arrêter et extrader un citoyen
français, sans délit et sans preuve de quoi que ce soit -et pour
cause- vers un état qui torture au vu et au su de tout le monde
et emprisonne à tour de bras tout ceux qui ne font pas la
génuflexion devant leurs seigneuries ...
Pas de délit ni individuel, ni collectif mais 22
inculpés... Je vous demande simplement de rester attentifs à la
suite de cette ignominie judiciaire et de répandre l’information
le plus largement possible ».
Alors que l’Union Européenne applaudit
vertueusement à la libération de « prisonniers de conscience »
par Cuba, l’Espagne et la France piétinent allègrement les
droits d’hommes et de femmes dont le seul crime est de vouloir
vivre debout. Nous ne pouvons rester indifférents à cette
situation parce que nous, démocrates, nous élevons contre toutes
les atteintes à la démocratie, où qu’elles aient lieu.
Annie Arroyo
Présidente de Kubako Etxea
Membre du comité directeur de France-Cuba
Membre du Comité de Défense des Droits de l’Homme au Pays
Basque.
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