Opinion
Syrie/attaque
chimique : ce que dit le rapport de
l'Onu
Andreï Fedyachine
Photo: EPA
Mardi 17 septembre 2013
Le rapport des experts de l’ONU sur
l’emploi des armes chimiques en Syrie a
confirmé l’utilisation du gaz sarin dans
la banlieue de Damas le 21 août. Le
document publié aujourd’hui ne clarifie
toujours pas qui avait fait usage des
armes chimiques. Cela n’a pas empêché
les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la
France de d'ores et déjà interpréter à
leur façon les conclusions des experts,
en déclarant que ces dernières
indiquaient de manière univoque que le
gaz sarin avait été utilisé par l’armée
syrienne.
Une lecture attentive des quelque 40
pages du document de l’ONU ne permet pas
de trouver d’indices selon lesquels le
régime de Bachar al-Assad aurait gazé
l’opposition et la population civile.
Mais il comporte des passages éveillant
la curiosité. Dans plusieurs pages de
leur rapport, les experts de l’ONU
répètent une même constatation : on les
a fait venir à des endroits où le sol
était piétiné et où il n’était plus
possible d’établir exactement les faits.
En présentant le rapport, le secrétaire
général de l’ONU Ban Ki-moon n'a
pas tiré de conclusions univoques. Il
n’a fait que qualifier l’usage des armes
chimiques de « crime de guerre ».
« La mission (du groupe d’experts de
l’ONU dirigé par le Suédois) Oke
Sellström avait à établir s’il y avait
eu et à quelle échelle usage d’armes
chimiques, et non qui les avait
employées. Chacun de nous peut s’en
tenir à sa propre opinion. »
Les spécialistes de l’Organisation sur
l’interdiction des armes chimiques
(OIAC) et l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) enquêtaient depuis le 26
août. Parmi d’autres choses, ils ont
constaté que pour les tirs, des
roquettes sol-sol de fabrication
soviétique RPU-14 ont été utilisées. De
tels systèmes de lance-roquettes n'ont
été livrés à la Syrie que jusqu'en 1969
et ne sont plus utilisés depuis
longtemps. En revanche, suivant des
données pour 2010, ils sont toujours en
service en Afghanistan, en Egypte, au
Yémen. Dans tous ces pays opèrent
activement des groupes armés liés à
Al-Qaïda, dont une partie combat en
Syrie. Y apporter en guise de preuves
des éclats de telles roquettes ne
constituait aucun problème pour eux.
A ce propos, la Russie a appelé une
nouvelle fois ses partenaires dans la
préparation de la nouvelle conférence
sur le règlement en Syrie à ne pas tirer
de conclusions hâtives et à se
concentrer sur les problèmes du
transfert de l’arsenal chimique syrien
sous contrôle international.
C’est de cela que s'est entretenu à
Moscou le ministre russe des affaires
étrangères Sergueï Lavrov avec son
homologue égyptien, au terme duquel M.
Lavrov a déclaré qu’il était
indispensable de respecter les ententes
conclues le 14 septembre par Moscou et
Washington au sujet de mise de l’arsenal
chimique syrien sous contrôle
international.
« Nous devons
comprendre : si nous voulons résoudre le
problème de la destruction des armes
chimiques en Syrie, alors la feuille de
route russo-américaine ouvre pour cela
une voie réelle, professionnelle,
concrète et pratique. Si pour d’aucuns
il est plus important de menacer,
d’intimider, de chercher un prétexte
pour porter des frappes, alors c’est la
voie pour suggérer aux opposants
intransigeants au régime qu’on attend
d’eux de nouvelles provocations. »
Les problèmes du règlement syrien et les
récentes ententes russo-américaines sur
la Syrie seront discutés ce mardi à
Moscou par Sergueï Lavrov et le ministre
français des AE Laurent Fabius. Ce
dernier se rend à Moscou après des
pourparlers avec ses homologues
britannique et américain, William Hague
et John Kerry.
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2005—2013 La Voix de la Russie
Publié le 17 septembre 2013
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