|
Ha'aretz
L’armée
israélienne aux Palestiniens :
Récoltez
les olives sans les militants de gauche
Amira
Hass
Haaretz, 9
octobre 2006
www.haaretz.co.il/hasite/spages/772293.html
Version
anglaise : IDF aims to keep out harvest 'escorts'
www.haaretz.com/hasen/spages/771997.html
Selon une source liée à la Défense, les chefs de
l’armée se seraient laissés influencer par l’argument de
colons selon lequel ce qui excite leur colère, c’est la présence
des militants de gauche, et que ce sont eux les provocateurs.
L’armée
israélienne exige des Palestiniens que les militants de gauche
israéliens et les militants étrangers de la solidarité ne se
joignent pas à eux au moment de la récolte des olives, dans les
endroits où une protection militaire est demandée face aux harcèlements
des colons. C’est ce qu’ont déclaré à « Haaretz »
des sources palestiniennes, de la région de Naplouse, et cela a
été confirmé par une source liée à la Défense israélienne.
D’après
cette source, les chefs de l’armée auraient été influencés
par les propos de colons selon lesquels ce qui excite leur colère,
c’est la présence des militants de gauche, et que ce sont eux
les provocateurs. Dans une page d’explications destinée au
soldat de l’administration civile, datée de 2005, et qui a pour
objet la saison de la récolte des olives, on peut lire ceci :
« On s’attend à
l’intervention de divers organismes, israéliens et étrangers,
en ‘soutien’ aux Palestiniens pour faire la récolte, mais prétexte
à des provocations ».
D’un
autre côté, il y a ceux qui, au sein de l’armée israélienne,
en sont arrivés à la conclusion inverse. Dans l’ordonnance de
la brigade régionale de Samarie portant sur la récolte des
olives 2006, on peut lire : « Leçons
essentielles tirées de l’année précédente » :
« Axe de travail face aux organisations de gauche : au
cours de la récolte, la gauche est apparue globalement comme un
élément de coordination et il n’y a, pour l’essentiel, pas
eu de provocations de son côté. Le meilleur axe et le plus
efficace pour maintenir le lien se situe entre les exécutants et
les organisations ».
La saison de la récolte des olives a débuté la
semaine passée
La
saison de la récolte dans la région de Naplouse a commencé la
semaine passée. Dans le village de Burin, par exemple, la présence
d’Israéliens au moment de la récolte a été interdite samedi.
Dans le village de Klil, l’armée a autorisé des femmes d’une
organisation internationale de solidarité à être sur place au
moment de la récolte. Mardi passé, les soldats ont empêché les
agriculteurs d’aller sur leurs terres et il a fallu
l’intervention par téléphone de militants des « Gardiens
du Droit [[i]],
Rabbins pour les Droits de l’Homme ». Dans la seconde
moitié de la semaine, des Israéliens ont été autorisés à se
joindre à la récolte.
Le
rabbin Arik Ascherman, de « Gardiens
du Droit », a l’impression que l’armée n’imposera pas
son exigence à tous les villages même si « c’est
une épée qui nous pend toujours au-dessus de la tête ».
Arik Ascherman organise depuis des années des groupes de
militants de la paix israéliens qui se joignent aux agriculteurs
palestiniens d’une trentaine de villages de Cisjordanie, pour
les protéger des atteintes des colons. Il a déclaré que la
condition d’une présence israélienne était le souhait des
Palestiniens. Selon ses dires, il y a des villageois qui refusent
de se rendre sur leurs terres s’ils ne sont pas escortés par
des militants de la paix israéliens, et cela même lorsque
l’armée est présente, en particulier dans la région de
Naplouse et au sud du mont Hébron. Dans ces endroits-là, les
habitants ont connu des expériences très dures avec des soldats
présents mais qui ne faisaient pas obstacle au harcèlement des
colons.
Le
porte-parole de l’armée israélienne a communiqué en réponse :
« Au moment
d’escorter les agriculteurs sur les terrains de récolte, aucune
loi ni aucune ordonnance n’interdit absolument la présence de
citoyens israéliens sur ces terrains. En même temps, le
Commandement central a récemment émis plusieurs ordres de
fermeture de territoires limités dont l’accès nécessite une
coordination préalable avec les forces de sécurité. La grande
majorité des terrains de récolte en Judée-Samarie ne sont pas
concernés par ces ordres de fermeture. Les déclarations selon
lesquelles les Palestiniens auraient été expulsés de Klil par
les soldats et que des soldats de l’armée israélienne auraient
pressé les cueilleurs, ne sont pas vraies. » [[ii]]
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
[i]
Référence explicite au Psaume 106, verset 3 : « Heureux
ceux qui respectent le droit, pratiquent la justice en tout
temps ! » (Trad. Z. Kahn, éd. Colbo) « Gardiens
du droit » est mis ici pour « ceux
qui respectent le droit ».
[ii]
La version anglaise de cet article donne cette précision
incontournable : « A
propos de l’incident de mardi passé, l’armée israélienne
a dit que les fermiers de Klil avaient quitté la zone de leur
propre volonté quand les soldats ont demandé à contrôler
leurs cartes d’identité, parce qu’ils n’avaient pas préalablement
coordonné leur arrivée ». [NdT]
|