Syrie - Al-thawra
Quoi d'autre après
la volée de flèches empoisonnées US
contre la citadelle damascène ?
Dr Amin Hoteit
Mercredi 25 juillet
2012
Suite au troisième double véto
opposé par la Russie et la Chine à
l’adoption par le Conseil de sécurité
d’une résolution ouvrant la voie à une
intervention militaire prétendument
humanitaire en Syrie, les USA et la
Grande Bretagne ont annoncé leur
intention de désormais agir « en dehors
» du cadre des Nations Unis ; ce qui n’a
surpris ni les initiés, ni les dupes.
Les premiers ayant tiré les leçons du
passé ; les seconds restant convaincus
du bien fondé de la fameuse «
Responsabilité de Protéger » qui,
curieusement, incomberait à ceux qui
déclarent sans vergogne vouloir agir
hors de la légalité internationale !?
Tous les autres sont bombardés par la
logorrhée de politiciens et de
journalistes inféodés qui ne savent plus
quoi inventer pour donner l’illusion de
la victoire d’une opposition extérieure
dite syrienne, mais qui n’est rien
d’autre qu’une force armée et
hétéroclite destinée à faire plier un
peuple qui a décidé de rester debout
malgré le prix exorbitant qu’il continue
à payer, jour après jour, et depuis
bientôt dix sept mois . Où va ce peuple
et qu’est-ce qui l’attend qu’il ne sait
déjà ? [NdT].
Au bout de 16 mois d’une
agression en plusieurs étapes
qui se sont toutes soldées par
l’échec, les USA se sont tournés
vers un énième plan censé être
l’ultime flèche empoisonnée et
la solution radicale qui
compenserait leurs pertes en
Syrie ; un plan qui, selon Mme
Clinton, serait une «
catastrophe » qui détruirait ce
pays avant de s’étendre à toute
sa région ; un plan qui nous
paraît clairement basé sur les
éléments suivants :
1. Distiller
un « catastrophisme ambiant »
qui prépare l’opinion publique
syrienne et internationale à une
opération qui vise et veut la
chute du Président syrien. Ce
qui explique la campagne
médiatique sans précédent faite
d’élucubrations et de mensonges
pour faire croire que la Syrie
est au bord du gouffre et que
son effondrement sera comparable
à celui « d’un volcan ou d’un
tremblement de terre », de telle
sorte que tous ses défenseurs
s’effondrent à leur tour,
perdent espoir, et abandonnent
l’idée même d’une confrontation
défensive.
2. Frapper
la cellule de gestion de crise
pour créer un vide hiérarchique
qui puisse perturber toute
l’organisation du commandement
et installer la confusion parmi
les forces militaires et les
forces de sécurité, privant
l’Etat syrien de son bras armé
et ouvrant la voie aux
terroristes qui pourraient se
propager et faire main basse sur
les installations étatiques
sensibles, aussi bien aux
frontières qu’à l’intérieur du
pays.
3. Mettre à
exécution une attaque
foudroyante sur Damas par des
milliers de rebelles armés qui
se dirigeraient au même moment
dans toutes les directions, les
rues et les quartiers,
paralysant la vie et terrorisant
les civils qui ont bien mérité
d’être punis pour avoir refusé
de participer à l’agression US
contre leur pays ! Ce qui
signifierait que l’État syrien
aurait perdu le contrôle de sa
capitale et « obligerait son
Président à quitter Damas »…
4. Réaliser
un scénario de défaite «
virtuelle » des autorités
syriennes par une opération
médiatique de grande envergure
affirmant la « chute de la
capitale et la fuite du
gouvernement », sur la foi de
montages montrant les rues et
places du pays bondées par des
citoyens syriens sortis acclamer
« le succès de La Révolution et
la victoire de l’Opposition » ;
montages finalisés dans une
officine qatari reproduisant les
places, les bâtiments publics,
centres gouvernementaux…
D’ailleurs, une chaîne de
télévision utilisant indûment le
logo d’une chaine syrienne est
déjà lancée et prête à diffuser
ces prétendus succès selon une
mise en scène semblable à ce qui
s’est passé à Tripoli en Libye,
où des photos et des films
trafiqués du centre de
commandement de feu kadhafi ont
envahis les écrans 3 jours avant
sa chute réelle… Le tout couplé
à une censure jusqu’à
étouffement des médias syriens
au moment où le virtuel prendra
le pas sur le réel ! C’est pour
ces raisons que la chaîne
syrienne privée Addounia.tv a
été condamnée au silence par
l’intermédiaire des satellites
arabes [Arabsat et Nilesat], et
que des journalistes et
présentateurs de la Télévision
syrienne ont été enlevés ; le
moment venu, ils auraient
crédibilisé la fraude après
avoir été forcés de travailler
pour des chaines d’identité
usurpée.
5. Faire
adopter par le Conseil de
sécurité une résolution du
Chapitre VII [de la Charte des
Nations Unies] qui ouvrirait la
voie à un déploiement de
militaires étrangers sur le sol
syrien sous prétexte de prévenir
le risque de diffusion « d’armes
chimiques » dans la région,
alors qu’en réalité leur mission
consisterait à achever la
destruction de la structure
étatique et à dissoudre l’armée
comme ce fut le cas en Irak !
Tel est donc le plan des «
flèches empoisonnées US » sur
lequel les États-Unis ont misé
pour abattre « la catastrophe »
sur la Syrie et la détruire
comme ils ont détruit la Libye,
l’Irak et L’OLP [autrement dit
les pays du front de refus des
accords de Camp David], et comme
ils ont essayé de détruire la
Résistance au Liban et l’État en
Iran, mais sans succès… Alors,
les voilà arrivés au troisième
round de leur agression
programmée contre l’Axe de La
Résistance : la Syrie ! Mais, là
aussi, il semble bien qu’ils
aient mal calculé leur coup,
malgré quelques percées
efficaces. En effet, nous
constatons :
1. L’échec
du « catastrophisme ambiant » en
raison de plusieurs facteurs
dont les plus importants sont le
haut niveau de résistance
psychologique des syriens en
général et des damascènes en
particulier, et l’effort
considérable des médias des
secteurs officiel et privé
associé à la mise en défaut des
médias US et dérivés et à la
certitude que les médias ennemis
ne faisaient que diffuser leurs
rêves et désirs sans jamais
parler des faits réels.
2. La
capacité de l’État à absorber le
choc de l’« assassinat groupé de
personnalités essentielles à la
cellule de gestion de crise ».
Bien que le coup ait été dur et
d’une extrême dangerosité - avec
le décès du ministre de la
Défense et de son vice-président
plus celui du chef de la
Sécurité nationale et de
l’adjoint du vice-président de
la République - les institutions
étatiques ont vite fait de
dominer la situation et de
nommer des successeurs de la
même trempe que les disparus.
3. La
capacité de l’Armée à contenir
l’attaque menée par des milliers
de mercenaires armés sur plus de
neuf quartiers de Damas, suivie
d’une contre-offensive
magnifiquement adaptée aux
exigences de la situation ; ce
qui lui a permis d’écraser les
attaquants, de nettoyer les
quartiers l’un après l’autre, et
de garder la capitale sous
contrôle de l’Etat sans laisser
à l’agresseur le temps de tirer
les bénéfices attendus de ses
opérations terroristes, d’autant
plus que les images diffusées de
terroristes syriens ou étrangers
abattus lui ont signifié un
message très clair : « l’attaque
a échoué » ... malgré le prix
exorbitant qu’il a fallu payer !
4. L’échec
de la « chute virtuelle de
l’État » imaginée par les médias
et leurs donneurs d’ordre parce
que, le plan ayant été
découvert, des précautions
avaient été prises avant même
qu’il ne soit mis en œuvre, ce
qui implique que les maquettes,
les vedettes et les décors
fabriqués au Qatar sont
jusqu’ici restés dans leurs
entrepôts !
5. L’échec
réitéré des tentatives
d’adoption de la résolution
souhaitée en vertu du Chapitre
VII, et donc le rejet d’une
intervention militaire en Syrie
couverte par le Conseil de
sécurité ; ce qui a fait que les
USA ont publiquement menacé
d’agir en dehors de ce conseil
et de poursuivre leur agression.
C’est donc en toute logique
que nous pouvons dire que la
volée de flèches US s’est
fracassée sur le rocher de la
citadelle damascène, et à partir
de là imaginer quelle sera la
politique des USA dans les mois
à venir. En résumé, nous devons
nous attendre à ce qui suit :
1. Ils
persisteront dans leur refus de
toute solution politique et
empêcheront le succès du plan
Annan ainsi que l’application
sur le terrain des décisions de
la Conférence de Genève, au
moins jusqu’aux élections
américaines de Novembre 2012.
2. Ils
essaieront d’élargir la
confrontation à la frontière
Nord de la Syrie pour accroître
la pression et augmenter le flux
d’entrée de terroristes non
syriens pour compenser les
lourdes pertes subies par ces
derniers.
3. Ils
continueront à
agiter la menace de se passer du
Conseil de sécurité, menace qui
suggère qu’ils se préparent à
travailler sur plusieurs plans à
la fois :
3.1. Sur
les plans politique et
économique à travers encore
plus de pressions du type
expulsion des ambassadeurs
ou autre… et plus de
sanctions, qui viendront
s’ajouter aux soixante
paquets de sanctions
actuellement en vigueur.
3.2. Sur
le plan militaire non
conventionnel à travers
l’escalade, le soutien et la
propagation des opérations
terroristes vers toutes les
régions du pays dans le but
d’accréditer la rumeur d’un
gouvernement qui ne
contrôlerait plus le
terrain.
3.3. Sur
le plan du renseignement et
de la sécurité à travers le
ciblage du plus grand nombre
de personnalités clefs comme
ils l’ont déjà fait ; la
nomination de Bandar ben
Sultan au poste de directeur
du Renseignement saoudien
est un message clair en ce
sens.
3.4. Sur
le plan militaire
conventionnel à travers les
préparatifs d’une
intervention militaire le
moment venu, bien qu’une
telle éventualité demeure
peu probable.
Mais… quoi qu’il en soit… nous
pensons que le front syrien
continuera ses opérations
défensives à tous les niveaux.
Il s’est préparé à toute
éventualité et reste confiant en
ses possibilités de déjouer les
plans du futur comme ce fut le
cas pour les plans du passé,
d’autant plus que l’agresseur
est coincé par le temps malgré
tous les moyens et capacités
dont il dispose !
Dr Amin Hoteit
23/07/2012
Article traduit de l’arabe
par Mouna Alno-Nakhal
[Biologiste]
Article original : Al-thawra
http://thawra.alwehda.gov.sy/_kuttab.asp?FileName=40772296120120723005059
Le Docteur Amin Hoteit est
libanais, analyste politique,
expert en stratégie militaire,
et Général de brigade à la
retraite.
© LE GRAND SOIR -
Diffusion non-commerciale autorisée et
même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 29 juillet 2012
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|