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Négociations israélo-palestiniennes
La fausse paix sioniste de la «pax
americana»
Amar Djerrad
Samedi 4 septembre 2010
Ces énièmes
négociations, qui entrent dans le cadre d’un processus de paix
interminable, obéissent en fait à une “Pax Americana” dont les
conditions sont l’apanage des lobbies toujours en veille pour
imposer leur volonté.
La nouvelle tentative
d’arranger une paix entre eux par des négociations dites
directes et “sans conditions”, ce 2 septembre, est présentés par
l’Administration d’Obama sous forme d’un nouveau plan pour
mettre un terme au conflit, et voudrait que les deux parties
signent un accord sur le cadre d’une solution définitive dans un
an.
La relance faite par la secrétaire d'État américaine — qui
rejette “toute référence devant servir de base pour les
négociations” en exigeant que “Palestiniens et Israéliens
devraient s’entendre pour déterminer ensemble la référence qui
leur convient par négociations bilatérales” — présente déjà les
signes d’un échec au regard du monopole des États-Unis dans ce
processus qui néglige les autres parties arabes concernées et
des enjeux contradictoires des antagonistes. Surtout
l’entêtement de la partie israélienne à poursuivre la
colonisation avec, en plus, des conditions pour le “futur” État
palestinien qui s’apparentent à un “État vassal” (poursuite de
la colonisation, reconnaître Al Qods (Jérusalem) capitale
éternelle d’Israël ainsi que sa judaïté, démilitarisation du
futur État, tenir compte des considérations de sécurité
israéliennes). En somme, des négociations “sans conditions
préalables” dans le cadre des “conditions d'Israël”.
La fin de ce conflit signifierait, sans aucun doute, aussi une
paix à l’échelle continental. Mais cette paix se heurte à une
idéologie qui lui est antinomique, à savoir le “sionisme”.
Selon R. Malley, directeur du Programme Moyen-Orient et Afrique
du Nord à l’International Crisis Group, “pour le mouvement
national palestinien, le choix était entre aller à des
pourparlers auxquels il ne croit pas et pas d’alternative du
tout”. Pour lui, l’Administration américaine bénéficie “d’avoir
vu ce qui s’est passé en 2000” et au “corpus de négociations”
qui en est sorti en précisant que l’“on a déjà balisé le
chemin”.
Le président de l'Autorité palestinienne justifie sa
participation “sur la base du communiqué publié par le Quartette
sur le Proche-Orient” dont le texte affirme, selon lui, “la
nécessité de mettre fin à l'occupation qui dure depuis 1967, la
non-reconnaissance de l'annexion de l’est de Jérusalem ou de
toute mesure visant à modifier le caractère de la ville, la
nécessité d'établir un État palestinien indépendant et viable,
et le refus de la colonisation, y compris ce que l'on appelle la
‘croissance naturelle’ dans les colonies et que le gouvernement
d'Israël assumera l'entière responsabilité du risque d'échec et
d'effondrement des négociations si la colonisation continue dans
l'ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967”. Le
Hamas rejette à l’avance ces négociations qui, selon Khaled
Mechaâl, “ne donneraient rien... que le Quartette est une
tromperie car incapable d'adopter une position indépendante de
la position israélo-américaine”. Pendant que Hanane Achraoui,
membre du CEOLP, y voit “une dernière chance, il n’y aura pas de
direction palestinienne aussi souple que celle-ci”, d’autres
factions y perçoivent une “liquidation de la cause”.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré :
“(…) Nous sommes très pessimistes quant à la viabilité du
processus de paix, compte tenu de ce qui s'est déjà passé.”
Netanyahu espère “trouver un partenaire de paix courageux comme
Sadat”, tout en rassurant le Likoud et la principale
organisation de colons, la ‘Yesha’ — qui s'opposent à la
prolongation éventuelle du gel des colonisations qui s'achève le
26 septembre — par “vous ne devez pas être inquiets. Personne ne
m'apprendra ce qu'est l'amour d'Eretz Israël (la terre
d'Israël)”. A. Lieberman reconnaît son scepticisme sur ce sommet
de Washington qu’il qualifie d’“un autre événement festif, qui
ne peut pas aboutir en un an à un accord de paix”.
Quant à Kouchner, qui place les intérêts d’Israël avant toutes
considérations, il avait proposé “la reconnaissance d’un État
palestinien avant un accord sur des frontières”. Si
reconnaissance il y a, pourquoi faudra-t-il que cet État soit
sans frontières alors qu’il a celles de 1967 fixées par l’ONU ?
Ces énièmes négociations, qui entrent dans le cadre d’un
processus de paix interminable, obéissent en fait à une “Pax
Americana” dont les conditions sont l’apanage des lobbies
toujours en veille pour imposer leur volonté. La dernière
démonstration de force du courant conservateur est bien la
manifestation de ces lobbies financiers et industriels que
dominent les sionistes.
En faisant le point, il a fallu donc plus de 18 années de
“processus de paix” pour aboutir à une guerre contre Gaza et à
son blocus, à plus de colonisation, d’expropriations et
d’expulsions, à plus d’assassinats politiques, à plus
d’instabilité, pour arriver à nouveau à des négociations.
Comment donc négocier avec un adversaire non crédible et
versatile, qui a toujours renié ses engagements, et des
médiateurs partiaux ? De quelle solution pourrait-il s’agir
quand Ariel Sharon conseillait aux militants du parti Tsomet que
“tout le monde doit bouger, courir et s'emparer d'autant de
collines qu'il est possible pour agrandir les colonies parce que
tout ce que l'on prendra maintenant restera à nous. Tout ce que
nous ne prendrons pas par la force ira à eux” ? Ou quand il
donnait cette sentence à Shimon Pérès en 2001 : “À chaque fois
que nous faisons quelque chose, vous me dites que l'Amérique
fera ceci ou fera cela. Je veux te dire une chose très claire :
ne t'inquiète pas des pressions américaines sur Israël. Nous, le
peuple juif, contrôlons l'Amérique, et les Américains le
savent.”
Comment se fait-il que l’Occident s’intéresse, maintenant, avec
empressement à ce conflit pour en rechercher une solution, lui
qui tergiversait depuis plus d’un demi-siècle ? En fait, il y a
le nouveau rapport de force que bouleverse l’Iran suite au
développement de son industrie militaire de défense, de son
option réussie pour l’énergie nucléaire civile et de sa
puissance incontournable dans la solution et la prévention des
conflits de la région. Ce rapport de force est consolidé par le
camp dit de la résistance (Iran, Syrie, Liban et Hamas) que
l’Occident s’évertue à diviser sur des bases surtout religieuses
ou communautaires (entre chiites et sunnites) dans le but
d’isoler l’Iran du monde arabe, principalement sunnite.
Ce basculement n’est pas pour arranger le sionisme qui a aussi
d’autres objectifs. Le sionisme, qui s’enlise dans une situation
paradoxale de “ni guerre ni paix”, doit son existence à la
perpétuation du conflit du MO dont il se sert comme alibi. Sa
finalité de création d’un “État juif” — suite duquel il aurait
dû être aboli — vise désormais la domination des gouvernements
occidentaux, par l’infiltration, en s’appuyant sur des lobbies
juifs puissants. C’est la raison pour laquelle toutes les
solutions avancées pour mettre fin au conflit au MO, par lequel
il se perpétue, sont systématiquement sabordées. La réponse de
Netanyahu à l’Amérique par un refus de l’arrêt de la
colonisation est des plus logiques, car obéissant à une doctrine
dont il n’est pas le maître ! Le sionisme est d'essence
colonialiste et expansionniste. Il ne peut survivre sans ces
conditions. La paix signifierait la fin de l’alibi permettant
l’existence de cette idéologie et donc la “fin de mission” de
toutes les organisations sur lesquelles s’appuie le sionisme
pour imposer son hégémonie et une nouvelle guerre pourrait
signifier sa disparition du fait du nouveau rapport de force.
En ce qui concerne les Arabes, il s’agit d’un moment historique
qui leur est favorable. Leur “choix de la paix” ne recevant
comme réponse que l’option de défi et d’adversité du côté
israélien, ils doivent d’abord admettre l’impossible solution et
rejoindre le camp de la résistance ensuite, mettre leurs
pouvoirs économique, financier et politique contre le sionisme
et ses soutiens comme option de défense légale. Si cette option
devait être retenue, le conflit israélo-palestinien et par
extension israélo-arabe serait définitivement clos et
l’idéologie sioniste arriver au bout de son évolution
historique.
Avant de terminer, il est bon de rappeler les propos du général
de Gaulle, lors d’une conférence de presse, en 1967, faite au
sujet de ce conflit : “Une fois mis un terme à l’affaire
algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d’Orient
la même politique d’amitié, de coopération qui avaient été
pendant des siècles celle de la France… Bien entendu, nous ne
laissions pas ignorer aux Arabes que, pour nous, l’État d’Israël
était un fait accompli… De sorte qu’on pouvait imaginer qu’un
jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce
qu’une paix fût conclue et garantie en Orient, pourvu qu’aucun
drame nouveau ne vint la déchirer. Hélas ! Le drame est venu
(...) J’avais (…) déclaré (…) à Monsieur Eban (…) ‘si Israël est
attaqué’ (…) ‘nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous
attaquez, nous condamnerons votre initiative’. (…) Mais ensuite,
vous vous trouveriez engagés sur le terrain et au point de vue
international, dans des difficultés grandissantes, d’autant plus
que la guerre en Orient ne peut pas manquer d’augmenter dans le
monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences (…)
pour beaucoup de pays, si bien que ce serait à vous, devenus des
conquérants, qu’on en imputerait peu à peu les inconvénients (…)
Israël, ayant attaqué (…) Maintenant, il organise sur les
territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans
oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre
lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme (…)
Un règlement dans cette voie (solution par la voie
internationale) (…) doit avoir pour base l’évacuation des
territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute
belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des États
en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des
Nations unies, en présence et sous la garantie de leurs forces,
il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des
frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux
côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de
la libre navigation pour tous (…) Pour qu’un tel règlement
puisse être mis en œuvre, il faudrait qu’il y eût l’accord des
grandes puissances (…) Mais on ne voit pas comment un accord
quelconque pourrait naître (…) par une action commune, tant que
l’une des plus grandes des quatre ne se sera pas dégagée de la
guerre odieuse qu’elle mène ailleurs (Vietnam) (…) car tout se
tient dans le monde d’aujourd’hui (…).”
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Publié le 4 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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