Opinion
Quelle est la
bonne distance pour comprendre les
évènements de Syrie ?
Aline
de Diéguez
Aline de
Diéguez
Lundi 22 août 2011
Dans la vaste fresque
en quatre volumes de Lawrence Durrell
intitulée le Quatuor d'Alexandrie,
quatre personnages (Justine,
Balthazar, Mountolive et Cléa)
racontent quatre fois la même histoire,
mais vue à travers les sentiments de
chacun des protagonistes, leurs intérêts
privés et surtout une appréciation
différente du sens des mêmes évènements
politiques auxquels ils participent en
fonction de la situation sociale qu'ils
occupent dans la ville, ainsi que de
leur degré de lucidité politique. De
plus, chacun fantasme sur le rôle joué
par les trois autres personnages dans
cette épopée.
Imaginons la fresque
que le grand romancier anglais pourrait
écrire aujourd'hui s'il se lançait dans
la rédaction d'un Quatuor de Damas?
Quelle serait la
bonne distance pour comprendre les
évènements de Syrie?
Celle du diplomate
anglais Mountolive, qui, du point
de vue de Sirius, rappellerait
l'histoire de la Syrie depuis les
croisades et déroulerait logiquement les
conditions géopolitiques pro et
contra l'idée que la Syrie est
victime d'une coalition étrangère? Il
mettrait en évidence le rôle positif du
pays dans son aide aux organisations de
résistance libanaises et palestiniennes,
l'asile généreux offert au chef de la
résistance palestinienne, Khaled
Meschaal, le refus d'imiter la Jordanie
et l'Egypte en signant un traité de paix
déshonorant avec Israël. Il remonterait
aux conséquences de l'action du général
Gouraud en 1919. Il énumèrerait les
preuves des influences extérieures
véhiculées par les grandes chaînes
d'information télévisuelle qui déversent
sur le Moyen Orient la vision
occidentale du monde, notamment la
chaîne qatarienne Al Jazzirah, la
saoudienne Al Arabiyah ou l'irakienne Al
Hurra devenues par un de ces miracles
propres au Moyen Orient de vertueuses
porte-paroles de la "Liberté" et de la
"Démocratie", oubliant de jeter de
serait-ce qu'un coup d'œil critique sur
le degré de "Démocratie" des Etats qui
les financent. Il insisterait fortement
sur les funestes projets
américano-sionistes de "remodelage du
Moyen Orient" qui prévoient de
dépecer le pays à l'égal du sort infligé
à l'Irak en créant des micro-entités
quasiment indépendantes et toujours
prêtes à en découdre les unes contre les
autres. Diviser pour régner, vieille
règle toujours d'actualité.
Faut-il comme
Justine, la maîtresse juive du
narrateur demeurer le nez collé sur l'évènement
et ne jouir d'une connaissance de la
situation guère supérieure à celle de
Fabrice sur la bataille de Waterloo dans
la Chartreuse de Parme?
Pour cela, il suffit de se lamenter sur
la "violence" des masses arabes
et de déplorer la "disproportion"
des moyens utilisés par le pouvoir tout
en insistant sur la nécessité pour tout
Etat de "rétablir l'ordre" et de
"protéger les honnêtes citoyens"?
Cléa,
l'artiste, qui a ses entrées dans les
allées du pouvoir et qui croit tout
comprendre à partir des bribes qu'elle
glane ici et là est-elle un meilleur
juge? Il n'y pas de manifestants
pacifiques, ces "voyous" dans les
rues ne sont que des "terroristes"
et des "bandits armés"
déclarerait-elle haut et fort.
D'ailleurs, ajouterait-elle, ces groupes
de "bandits" sont armés par
l'étranger. La preuve? Des va-nu-pieds
très jeunes et visiblement drogués, que
personne ne connaît dans les villages,
sont équipés de téléphones
satellitaires. Ce sont eux qui
provoquent des carnages, les filment
complaisamment avec leurs appareils
ultra modernes et vendent à l'étranger
des vidéos dégoulinantes de sang dont
ils attribuent ensuite la paternité aux
forces de l'ordre.
Quant à Balthazar,
le militant de la Liberté et de la
Dignité du peuple syrien, le
révolutionnaire qui milite pour un
changement radical de la politique de
son pays, il refuserait la fatalité de
la soumission des peuples arabes à des
tyrans inamovibles et héréditaires ou à
des théocrates obscurantistes. Il dirait
que la Liberté et la Justice ne se
marchandent pas et que les peuples
arabes, trop longtemps opprimés par des
potiches au service des colonisateurs,
ou par des potentats tyranniques
défendus par des gardes prétoriennes,
ont le devoir de prendre place dans le
grand courant révolutionnaire qui balaie
tout le Moyen Orient, du Maroc à la
Péninsule arabique. Le printemps arabe,
affirmerait-il, a soufflé les miasmes de
la "guerre américaine contre le
terrorisme" et relégué le diable
Oussama Ben Laden et son "terrorisme"
opportunément inventé au rang des
accessoires utiles à la main mise
américano-israélienne sur les pays
arabes. Nous sommes dorénavant libérés
de ces chaînes et pouvons inventer votre
futur, chanterait-il.
Le porteur d'espoir
en l'avenir rappellerait quelques
exploits particulièrement odieux du clan
Assad, notamment les massacres de masse
à Hama du père et du fils et le calvaire
du camp palestinien de Tar-el-Zataar
en 1976, au cours duquel furent
massacrés quatre mille palestiniens avec
la complicité des groupes libanais
maronites et du général Aoun, rebaptisé
aujourd'hui grand défenseur des
Palestiniens.
(*)
Voilà, dirait notre militant, une vérité
soigneusement occultée et que les
partisans d'un régime syrien n'ont pas
intérêt à sortir de dessous le tapis
sous lequel il ont balayé cette réalité
peu glorieuse de leurs héros, alors que
les "forces de sécurité" au
service du fils ressemblent comme deux
gouttes d'eau à celles qui sévissaient
du temps du père. Le militant pour la
liberté des peuples sait que les grands
vents de l'histoire finissent toujours
par emporter les tyrans grands et
petits, parce que ce sont toujours eux
qui trahissent les intérêts de leur pays
et aliènent la souveraineté nationale,
alors que les peuples qui luttent pour
leur propre liberté se battent d'un même
élan pour la dignité et l'indépendance
de leur patrie.
L'Egypte en est un
exemple particulièrement éloquent. Notre
défenseur de la libération des nations
montrerait que les généraux actuellement
à la tête du pays des Pharaons et
anciens complices de Moubarak, le
représentant des priorités américaines
au Moyen Orient, sont aujourd'hui
contraints, volens nolens, par
une foule plus patriote que ses
dirigeants, d'infléchir à 180° la
politique de l'Egypte à l'égard du
régime sioniste et de refuser
l'humiliation de l'abaissement d'une
grande nation devant un petit cyclope
agressif.
Le point de vue d'où
l'on parle est capital, car c'est lui
qui donne son sens au regard, donc aux
évènements.
L'arrière-monde
géopolitique est certes la grande scène
du théâtre sur lequel se joue
aujourd'hui la pièce qui conditionne
l'avenir de la Syrie, mais rien n'est
intelligible si l'on ne remonte pas à
l'origine du déclenchement des
mouvements populaires actuels, devenus
émeutes au fil des semaines. On voit
alors que la cause profonde de ces
évènements est avant tout syrienne
et je vais tenter de le démontrer.
Le 25 juillet 2011,
le gouvernement syrien a adopté un
projet de loi autorisant enfin le
multipartisme afin de "permettre
l'alternance du pouvoir" en Syrie.
Que voilà une grande nouvelle! Comment
appelle-t-on un pays dans lequel
l'alternance du pouvoir était
interdite? Une monarchie absolue ou
une dictature.
En février 2011,
un Bachar El Assad , sûr de lui,
affirmait que la Syrie était à l'abri
des mouvements qui secouaient alors la
Tunisie et l'Egypte en raison,
disait-il, d'une politique étrangère "honorable".
Il se vantait de sa non soumission à
l'axe américano-sioniste. Bachar aurait
dû mieux connaître l'histoire en général
et son peuple en particulier. Il aurait
alors compris qu'une politique étrangère
habile ne peut faire oublier une vie
quotidienne de plus en plus
insupportable qui génère une vraie et
profonde demande de changement. Surtout
il aurait dû savoir que la contagion de
la révolte sociale et politique qui
avait balayé les inamovibles dictateurs
de Tunisie et d'Egypte et embrasé
Bahreïn et le Yémen, n'allait pas
laisser la Syrie en dehors de
l'incendie. Si Bachar avait été assez
fin politique et avait étudié les
révolutions françaises, il aurait su que
l'esprit de révolution se propage comme
une traînée de poudre et il aurait
promulgué son projet de loi sur le
pluralisme des partis le 25 février 2011
et non alors qu'il était déjà pris à la
gorge. De plus, il aurait entrepris
dare-dare les fameuses réformes
annoncées depuis des lustres et jamais
mises en pratique, et cela dès le début
des mouvements politiques et sociaux en
Tunisie sans attendre que le peuple se
déverse dans les rues. Mais un pouvoir
absolu rend aveugle et sourd. Gouverner,
c'est prévoir.
Dès lors, comment
s'étonner que les Syriens étouffent sous
le trop long règne du père et du fils?
Le peuple est peu accessible à des
considérations de géopolitiques quand sa
vie quotidienne devient de plus en plus
difficile et qu'il a l'impression d'être
oublié du pouvoir pendant que prospère
une frange aisée de commerçants et de
notables de la capitale et des grandes
villes? Comme tous les peuples de la
terre le peuple syrien aspire à une plus
grande justice sociale. De plus, il est
dégoûté par une corruption généralisée
et il étouffe sous la poigne de fer des
services sécuritaires omniprésents
hérités du père. Un parti unique, le
Baas, représentant une petite tribu et
un mouvement religieux particulier et
minoritaire, les Allaouites, détient
tous les leviers du pouvoir depuis un
demi-siècle.
Un des réels
avantages de la démocratie, c'est que
les maffieux et les corrompus de tout
poil ne peuvent s'enkyster durablement
dans les tuyaux du pouvoir. La
corruption a besoin de la durée pour
établir ses réseaux et se "légitimer".
Or, comme en Tunisie avec les familles
Ben-Ali-Trabelsi ou en Egypte avec celle
des Moubarak, la famille proche et
élargie des Assad était devenue une
véritable horde de termites gloutonnes
encore plus voraces et plus rapaces s'il
se peut depuis que la lutte contre la
corruption avait été seulement évoquée.
Le peuple n'est pas
amnésique. Il courbe l'échine un temps
sous le fouet d'une répression
impitoyable, mais il n'oublie pas les
massacres, la corruption et l'immoralité
du clan au pouvoir et un régime policier
insupportable. Tous ces facteurs de
mécontentement réunis étaient plus que
suffisants pour que la rue syrienne soit
encouragée à imiter les révoltes
tunisienne et égyptienne et veuille,
elle aussi, jouir du grand vent de
liberté que portait l'espérance du "printemps
arabe".
Car les Assad et leur
parti militaro-religieux héréditaire
sont au pouvoir depuis 1963. Il
suffisait d'un prétexte ou d'une
étincelle pour mettre le feu au pays.
Point n'était besoin d'un complot. Quand
le peuple est dans la rue, tout est
toujours trop peu et trop tard. Le temps
des réformes est passé. On entre dans le
temps de la révolution.
L'aspiration à la
justice et à la liberté sont "totalitaires"
au sens où le peuple veut tout et tout
de suite et aucune considération de
géopolitique ou de prudence n'a de prise
sur les demandes d'un peuple en colère,
de plus en plus exigeant au fil des
répressions et des capitulations du
pouvoir. Sur une vingtaine de millions
d'habitants, il n'était pas impossible
de rassembler un million de
sympathisants du régime en place autour
d'un gigantesque drapeau. Issus
principalement de la classe moyenne de
Damas et d'Alep, chouchoutée par le
pouvoir, ils crient leur amour pour
leurs dirigeants tout en défendant leurs
privilèges. Mais aucune conspiration
extérieure n'est en mesure de jeter dans
les rues de toutes les autres villes du
pays, depuis six mois, jour après jour,
les centaines de milliers de
manifestants les plus pauvres et les
plus revendicateurs: les innombrables
laissés- pour-compte qui font les
révolutions.
Aucune révolution ne
se fait pour des motifs géopolitiques et
aucun motif géopolitique n'empêche un
peuple qui revendique plus de liberté
politique, plus de justice sociale, plus
de considération, plus de libertés
individuelles, plus de morale de la part
des dirigeants, de crier sa colère. La
Tunisie et l'Egypte servant de modèles,
les Syriens ont emboîté le pas à ces
prédécesseurs. Toutes les grandes
révoltes populaires sont avant tout des
"révolutions du pain" et des "révolutions
de la dignité".
A quoi servait la
pléthore de forces de police, de
sécurité ou de contre-espionnage sans
compter une armée de composition tribale
et dévouée au pouvoir, si tous ces
organes de répression se sont révélés
incapables de localiser au préalable et
de maîtriser ensuite quelques groupes
marginaux violents sis aux frontières,
dénoncés aujourd'hui par le pouvoir
comme sources du complot? Aucune
manifestation de masse n'est exempte de
troubles violents qui parasitent les
cortèges pacifiques, comme on l'a vu
récemment en Angleterre ou comme cela se
produit régulièrement en France. On se
souvient de l'embrasement des banlieues
françaises en 2005. Les documents de
Wikileaks avaient alors révélé l'ampleur
de manipulations secrètes américaines en
direction des "minorités visibles",
c'est-à-dire, pour parler sans langue de
bois, les Maghrébins et les Africains
noirs, par opposition, je suppose, aux "minorités
invisibles", qu'on évite pudiquement
- ou prudemment - de nommer. Mais ces
manipulations n'étaient en aucun cas les
déclencheurs des mouvements.
Plus l'Etat réprime,
plus des groupes minoritaires violents
s'agrègent au mouvement revendicatif
initial, se radicalisent et accroissent
la confusion générale. La spirale
diabolique d'une répression de plus en
plus sanglante est enclenchée, au point
que dans le port de Lattaquié, le
pouvoir syrien n'a pas hésité à masser
des milliers d'opposants - dont un grand
nombre de Palestiniens - dans le stade
de la ville et à bombarder la foule à
partir de navires de guerre. Le symbole
de Pinochet plane sur la ville
martyrisée.
Par la force des
choses, d'innombrables circonstances
intérieures sont sources de
mécontentement et peuvent être qualifiés
de "complots": retour d'Irak des
Syriens sunnites salafistes qui
cherchent à en découdre avec les
alaouites chiites qui monopolisent le
pouvoir depuis plus d'un demi-siècle,
luttes intestines entre tribus,
rivalités entre mouvements religieux
accusés d'être manipulés tantôt par
l'Iran, tantôt par le pays des Saoud,
tantôt par la Turquie, tantôt par les
Etats-Unis, tantôt par les sionistes,
tantôt par la France. La présence de
notre ambassadeur et de celui des
Etats-Unis dans un cortège accrédite ce
point de vue. Mais il s'agit d'une
simple péripétie théâtrale et m'as-tu-vuiste,
bien digne de notre politique étrangère
en lambeaux.
Il faut savoir que
les manipulations souterraines sont une
donnée permanente des relations entre
Etats qui depuis toujours entretiennent
des armées d'espions et d'agents
d'influence plus ou moins occultes dont
le complot est le métier. Il suffit de
lire les mémoires de Talleyrand pour
s'en convaincre.
Tout cela augmente la
confusion générale, mais seul un
corps social et politique malade permet
aux influences parasitaires parallèles
de prospérer. C'est faire injure aux
Syriens de considérer qu'ils sont assez
stupides pour accepter de se soulever,
de braver une dure répression depuis six
mois et de mourir pour l'Iran, pour
l'Arabie ou pour tel ou tel exilé,
marionnette des Américains.
Quand la foule
brocarde le pouvoir en chansons dans les
défilés, la situation des dirigeants
devient périlleuse. On se souvient du "Ah
ça ira".
"Bachar tu n'es pas
des nôtres.
" Prends ton frère Maher, et lâche-nous
"Prends le parti Baas avec toi et prends
la porte, il y a la liberté qui y frappe
"Maher, idiot, agent des Américains, le
peuple syrien tu ne le soumettras pas.
"Bachar, le sang des martyrs n'est pas
bon marché,
"Le feu que Dieu a allumé dans nos cœurs
emportera le système et châtiera les
criminels.
" Allez dégage Bachar."
Entre chaque couplet
la foule de Hama reprenait le refrain:
"Yallah irhal ya
Bachar" ("Allez dégage Bachar!").
On remarquera que la
foule reproche au pouvoir son
pro-américanisme. N'est-ce pas
paradoxal, alors que Bachar se vantait
précisément de ce que
l'anti-américano-sionisme représentait
son succès principal? Est-ce là une
forme de lucidité du peuple qui ne s'en
laisse pas compter devant les
fanfaronnades du pouvoir? Il est des
humiliations que le peuple ressent plus
profondément que ses dirigeants. Je
pense au bombardement des installations
militaires par l'aviation israélienne
entrée dans le pays comme dans un
moulin. Quand les forces de sécurité
sont principalement acharnées à
contrôler leurs propres citoyens, la
surveillance des frontières laisse
nécessairement à désirer. Au lieu de
nous harceler, l'armée ferait mieux de
chercher à récupérer notre province du
Golan, pense le peuple, qui n'est pas
dupe du silence remarquable du pouvoir
sur la construction de trente colonies
juives sur les terres annexées et sur
l'expropriation massive des concitoyens
arabes syriens.
En effet, la Syrie
est restée bien sage face à Israël et
s'est surtout attachée à empêcher les
réfugiés palestiniens de harceler l'Etat
sioniste à partir de ses frontières.
Elle n'a autorisé leur sortie qu'au
moment de la commémoration de la Nakba,
mais sans les protéger, si bien qu'elle
a permis à la soldatesque israélienne de
se livrer à un véritable tir au pigeon
et de provoquer le carnage dont ils sont
coutumiers.
C'est pourquoi l'Etat
hébreu s'est plutôt bien accommodé de
Bachar et de son régime répressif. Un
pouvoir fort à ses frontières, même s'il
s'affiche comme hostile en paroles, lui
convient parfaitement. Seule la
démocratisation du monde arabe lui fait
peur, car elle seule est porteuse de
principes et d'exigences universels et
se révèle donc lourde d'incertitude et
de dangers. Car, Israël a horreur des
principes universels et revendique une "morale"
particulière - une immoralité,
dirons-nous - qui lui permet de
poursuivre le vol et la colonisation des
terres, l'emprisonnement et l'assassinat
d'autant de Palestiniens qu'il le juge
bon sans qu'aucune instance
internationale s'avise d'y mettre le
holà.
Le pouvoir syrien ne
s'y est pas trompé. L'auteur de la
chanson brocardant le régime a été
assassiné.
Egorgé.
Alep et surtout la
capitale, Damas, demeurent toujours
fidèles au pouvoir en place. Pour
l'instant, la révolte est cantonnée aux
grandes villes de province, ce qui n'est
pas suffisant pour assurer le triomphe
rapide d'une révolution.
L'avenir nous dira si
la "révolution du pain et de la
dignité" réussira à entraîner le
pays tout entier et à renverser les
structures politiques dictatorialo-archaïques
du régime, si elle évoluera en guerre
civile ou en guerre religieuse, ou bien
encore si le pouvoir parviendra à à
écraser l'authentique révolte populaire
et à neutraliser les groupuscules qui
polluent les manifestations pacifiques.
Le plus probable est
que dans l'immédiat le régime syrien se
cramponnera à un statu quo, avec
l'idée que réformer sous la contrainte
de la rue serait faire preuve de
faiblesse. Quand il n'y a plus de bonne
solution, le drame n'est pas loin. Car à
un certain degré de pourrissement de la
situation le poids des victimes de la
répression est trop lourd pour qu'un
retour en arrière qui permettrait au
régime de se re-légitimer à l'intérieur
et à l'extérieur des frontières, soit
possible, si bien qu'il se résolve à
réformer ou qu'il continue à réprimer et
à massacrer, l'auto-suicide du pouvoir
est assuré à long terme.
(*) Voir : Chahid Slimani :
La vérité sur les Assad et les autres
girouettes, Michel Aoun et tutti quanti
http://chahidslimani.over-blog.com/pages/Chahid_Slimani_La_verite_sur_les_Assad_et_les_autres_girouettes_Michel_Aoun_et_tutti_quanti-5615613.html
Publié sur le site d'Aline de Diéguez
Le
dossier Syrie
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