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Aux sources du chaos mondial actuel

2ème partie

Aux sources du sionisme : De Moïse à Netanyahou
I - La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël...
Aline de Diéguez

 

Vendredi 5 mars 2010

Après avoir montré dans quelles circonstances une poignée de banquiers a assuré la gestation et a permis la mise en service, dans la nuit du 23 au 24 décembre 1913, de la machine à fabriquer de l'argent à partir de rien et comment cet ingénieux mécanisme a conduit les financiers de la City, de Wall Street, puis finalement de tous les autres, à une domination mondiale écrasante, comme nous l'expérimentons à nos dépens dans tous les pays du monde,

- voir : Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House

je vais tenter, en plusieurs étapes, de remonter le fleuve du temps, afin de parvenir au plus près des sources d'une idéologie colonialiste née officiellement à la fin du XIXe siècle - le sionisme - mais dont les racines plongent dans la mémoire des peuples du bassin de la Méditerranée depuis le début des temps historiques.

Nihil sine ratione, rien n'est sans raison. Je voudrais montrer comment ce principe énoncé par Leibniz et repris par Heidegger, s'applique aujourd'hui au Moyen Orient et comment et pourquoi des évènements politiques et religieux qui se perdent pour beaucoup dans la nuit des temps, influencent et même déterminent non seulement la politique israélienne et la tragédie palestinienne, mais sont le cœur de la politique mondiale. En effet, les gouvernements occidentaux ignorants de l'histoire des religions et ne tenant pas compte des couches sédimentaires déposées dans les esprits au cours des siècles par les préceptes religieux, négligent leur l'influence sur les mentalités des nations. Ils s'imaginent qu'Israël est un Etat qui fonctionne comme tous les autres Etats rationnels de la planète, à une petite différence près - il est à la fois récent et monstrueusement armé.

Certes, il s'agit, en apparence, d'un Etat moderne, et même qualifié de "seule démocratie du Moyen Orient" . Mais l'intérieur des têtes des habitants est resté celui des Judéens du temps des rois Ezéchias et Josias huit siècles avant notre ère, lesquels fantasmaient déjà sur les royaumes mythiques de David et de Salomon.

Les fantômes sont increvables. Et aujourd'hui, ils frétillent de plus belle à l'intérieur des crânes. Ils ont même si bien pris le commandement des cervelles qu'ils dirigent en maîtres la politique du nouvel Etat qui s'est propulsé en Palestine. De la Babylone de Nabuchodonosor à l'Iran d'Amadinehjad il n'existe, pour ces tyrans-là, qu'une insignifiante virgule de temps, un simple clin d'œil de l'éternité. C'est pourquoi il est si important d'essayer de remonter au plus près de la naissance des mythes afin de tenter de suivre leur trajectoire et de comprendre par quels chemins tortueux la Palestine originelle est devenue aujourd'hui un gigantesque Archipel du Goulag.

Certes, il est parfois dangereux de bousculer les lieux communs théologiques les plus solidement agrippés aux neurones des croyants et qui font l'objet d'un consensus universel depuis deux millénaires. Mais, en écho à l'humour grinçant de Rémy de Gourmont - "le pire, quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve" - trois guides importants et enfin fiables permettent aujourd'hui d'entreprendre l'escalade de Himalaya de mythes et de légendes accumulés au cours des siècles, avec un espoir raisonnable d'arriver au sommet.

Il s'agit des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman qui, dans leurs ouvrages La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,Ed. Bayard 2002 et Les rois sacrés de la Bible, Ed.Bayard 2006 ont mis en évidence la réalité politico-sociale des peuples de la région . S'y ajoute la récente analyse capitale de l'historien italien Mario Liverani. Dans un gros volume de plus de 600 pages, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008, il confirme et complète les découvertes des archéologues américains, mais surtout il propose une passionnante interprétation de la manière dont le gigantesque roman qui s'appelle l'Ancien Testament a été élaboré et rédigé durant cinq siècles.

- 1 - Existe-t-il une pathologie nationale ?
- 2 - Les fondations mythiques de l'imaginaire religieux juif
- 3 - Les archéologues au travail
- 4 - Quelques célèbres inventions bibliques : Abraham, et Moïse, Josué etc.
-
5 - Les rois légendaires David et Salomon
- 6 - Une " histoire normale " et une " histoire rêvée "

1 - Existe-t-il une pathologie nationale ?

"Les fous, les visionnaires, les hallucinés, les névrosés et les aliénés ont, de tout temps, joué un grand rôle dans l'histoire de l'humanité (...), ce sont précisément les traits pathologiques de leur caractère, l'asymétrie de leur développement, le renforcement anormal de certains désirs, l'abandon sans réserves ni discernement à un but unique qui leur donnent la force d'entraîner les autres à leur suite et de vaincre la résistance du monde. (…) les grandes oeuvres coïncident si souvent avec des anomalies psychiques que l'on est tenté de croire qu'elles en sont inséparables". (Sigmund Freud, Le Président Wilson)

Est-il abusif d'appliquer ce commentaire de Freud en introduction de son analyse de la personnalité de Woodrow Wilson à la psychologie collective d'une nation?

"La France est une personne" disait Jules Michelet, ce qui est une manière gracieuse et imagée de dire qu'il existe une âme et un esprit des peuples par lesquels une nation affirme son unité et son identité, fruits à la fois de sa géographie et de son histoire, de son art, de sa culture, des grands hommes qu'elle a produits, des mythes et des histoires qu'elle se raconte, du développement des sciences et de mille autres facteurs grands et petits qui ont cimenté son destin au cours des siècles.

Dans son introduction à son Analyse spectrale de l'Europe, le grand connaisseur de l'esprit des peuples qu'était Hermann de Keyserling écrivait: "Le caractère national par lui-même ne garantit à aucune nation une valeur quelconque. On ne peut pardonner à qui exalte un peuple aux dépens des autres, à qui prétend qu'un peuple est supérieur au sens absolu, tandis que les autres seraient inférieurs."

Or, "l'abandon sans réserves" d'un groupe humain durant des siècles à l'obsession taraudante devenue le "but unique" de son destin, de reconquérir, après une parenthèse de 1900 ans environ, une des terres les plus anciennement habitées et politiquement organisées de la planète - la ville de Jéricho date de 8 000 ans avant Jésus-Christ - semble répondre d'une manière aveuglante à la pathologie psychique que décrivait Sigmund Freud à propos Président Woodrow Wilson.

Quand et comment est née chez le groupe humain appelé aujourd'hui "peuple juif " l'obsédante "idée fixe" qu'il serait un peuple "élu" par un dieu notarial et gros propriétaire terrien, qui lui aurait fait cadeau d'une province particulière et, qu'en conséquence, les hommes de ce groupe seraient légitimés, hier comme aujourd'hui, de se débarrasser par les moyens allant des plus pervers aux plus brutaux, des habitants autochtones? Comment ce peuple a-t-il eu "la force d'entraîner les autres", à partir du début du XXe siècle , dans cette hallucination collective, au point de "vaincre la résistance du monde" qui regarde sans voir, avec des yeux de poisson mort, les massacres de masse ou les crimes au goutte à goutte qui sont perpétrés sous ses yeux au nom de cette "idée fixe".

Un exemple éclairant de la névrose commune à ce groupe humain vient encore d'être fourni par l'ouvrage de Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent. Cette pathologie est si bien devenue le mode de pensée habituel de ses membres que ce pilier de la presse et des télévisions françaises, premier dirigeant de BERD (La Banque européenne pour la reconstruction et le développement créée en 1991) - fonction de laquelle il a été remercié à la suite de dépenses somptuaires et d'un train de vie pharaonique aux frais de l'institution - , ex_conseiller personnel et très influent, d'un ancien Président de la République française, ce banquier et notable français écrit innocemment dans son ouvrage sous-titré : Histoire économique du peuple juif : "Peuple élu, ses richesses n'ont de sens que si elles contribuent à la richesse de tous les autres. (…) Toute richesse doit être partagée avec le reste du monde" .

Je ne m'attarde pas ici au contenu de ce qui est dit - et qui mériterait un long développement hors de mon sujet actuel - mais à sa formulation. Car cette seule phrase est un condensé de l'aliénation collective dont sont atteints un grand nombre des membres de ce groupe humain. En effet, les expressions "peuple élu" et "tous les autres" - c'est-à-dire les non-élus, qui constituons "le reste du monde" c'est-à-dire 99,999% l'humanité, ce qui est, tout de même un joli "reste" - ces expressions, dis-je, viennent tout naturellement sous sa plume. Il n'éprouve pas le moindre scrupule de diviser l'humanité en deux catégories assujetties à des éthiques différentes et auxquelles ne s'appliquent ni les mêmes règles financières, ni, par extension, les mêmes règles politiques et morales. Il n'est nullement gêné de proclamer à plusieurs reprises que le principe fondamental qui unit les juifs entre eux - la "solidarité communautaire" - exclut qu'on s'enrichisse aux dépens d'un autre juif.

De même que l'intégrité du corps humain doit être respectée entre juifs et que c'est sur le "reste du monde" qu'on prélève les organes destinés à soigner les maladies du "peuple élu", de même le prêt à intérêt sera interdit entre les membres de cette communauté. En conséquence, c'est logiquement aux dépens de "tous les autres", du "reste du monde", que le "peuple élu" construit sa fortune et soigne ses malades. Car, ajoute-t-il dans une interview donnée à propos de cet ouvrage : "Pour un juif, la pauvreté est intolérable. Pour un chrétien, c'est la richesse qui l'est".


Jacques Attali

Et voilà pourquoi il ne faut pas s'étonner de ce que, depuis l'arrivée récente et massive de la nouvelle population d'immigrants qui règne aujourd'hui sur la Palestine historique, celle-ci soit devenue pour les autochtones, un gigantesque système concentrationnaire dans lequel des représentants de la population des "élus" se donnent le droit d'enfermer derrière des murs, d'exploiter, de voler, d'emprisonner et de martyriser l'autre "monde", le monde inférieur composé par la population des indigènes dont la présence sur les lieux se compte en millénaires.

Le Général de Gaulle ne s'y était pas trompé qui, dans une conférence de presse en date du 27 novembre 1967, avait prévu les désastres en chaîne que la décision de l'ONU de 1947 allait immanquablement provoquer : "L'établissement d'un État d'Israël, soulevait, à l'époque, un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander (…) si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu de peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n'allait pas entraîner d'innombrables, d'interminables conflits. Certains même redoutaient que les juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est à dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem."

Le mépris de l'"élu" Jacques Attali pour "le reste du monde" représenté, en l'espèce, par les Palestiniens, mais qui s'étend en réalité aux 99,999% des habitants de la planète, est allé jusqu'à considérer, dimanche 10 janvier sur France 2 au cours de l'émission religieuse du matin, que le rapport Goldstone établi par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU était un "scandale" et que "le droit international autorisait Israël à se défendre". Cette déclaration est à ranger dans la catégorie "humour juif".

2 - Les fondations mythiques de l'imaginaire religieux juif

Après des efforts acharnés de la philologie moderne et des progrès de l'archéologie biblique, les exégètes modernes sont arrivés à séparer à peu près le vrai du mythe.

En effet, les croyants de cette religion raisonnent sur Moïse, David , Salomon, Josué, comme si les descriptions des expéditions guerrières de ces personnages cités dans la Bible étaient à prendre au pied de la lettre et représentaient le fruit d'articles de journalistes "embedded" dans leurs guerre. N'ayant aucune notion de chronologie historique, ils oublient - ou n'ont jamais su - que les récits concernant ces hommes ont flotté durant des siècles dans les brumes des traditions orales. Que saurait-on des croisades, par exemple, si ces expéditions ne nous avaient été transmises que par ouï-dire depuis près d'un millénaire? Quand on voit qu'il est impossible, soixante-dix ans après les faits, de savoir ce qui s'est réellement passé tant sur les champs de bataille européens que dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale, alors que nous disposons de millions de documents dans toutes les langues de la terre, on comprend mieux le peu de crédit historique qu'il est légitime d'accorder à des évènements survenus dans une société qui ne connaissait pas l'écriture et qui ont cheminé durant mille ans dans les souterrains de mémoires anonymes.

Ainsi, Jacques Attali n'échappe pas à cette naïveté lorsqu'il parle du type d'économie régnant du temps des Juges et des Rois ou de l'économie des Israélites au moment de la sortie d'Egypte uniquement à partir des renseignements fournis par les textes bibliques, parce que cela ne fait aucun doute dans son esprit qu'une "sortie d'Egypte" a bien eu lieu et qu'une économie organisée "du temps des Juges" a existé. C'est pourquoi cet ouvrage sous-titré Histoire économique du peuple juif est à l'histoire et à l'économie ce qu'Alice au pays des merveilles est à une étude scientifique des mœurs des chats et des lapins.

3 - Les archéologues au travail

Durant des siècles, et même jusqu'aux années 1980, les textes bibliques ont été considérés comme le récit historique du passé du "peuple élu" et des armées d'archéologues, tels des termites, ont creusé tous les lieux cités dans les textes, et exploré mètre après mètre le désert du Sinaï, surtout depuis la création de l'actuel Etat d'Israël, afin de mettre en évidence la vérité historique des récits bibliques et de justifier le "retour des juifs" sur "leur" terre. Mais rien n'est venu récompenser les efforts des terrassiers, qui n'en continuent pas moins de transformer, en ce moment, le sous-sol de la grande mosquée Al Aqsa de Jérusalem en gruyère, dans l'espoir de trouver les mythiques fondations du Temple au risque de provoquer des dommages irréparables à cet antique lieu de culte musulman.

A la suite des recherches des archéologues les plus récentes d' Israël Finkelstein et de Neil Asher Silberman ce fut un tsunami, une tabula rasa. Pas la moindre trace de grandeur mythique du temps des patriarches ou des rois n'émerge de leurs recherches.

Du coup, les archéologues se sont résolus à utiliser la méthode inverse. Ils essaient de reconstituer le passé à partir des observations archéologiques et de tous les documents à leur disposition, mais en les soumettant à une rigoureuse et impartiale critique. La vérité historique n'est pas la vérité biblique . Loin de prendre au pied de la lettre les récits bibliques, les "nouveaux historiens" comparent les découvertes archéologiques réalisées en Palestine aux documents issus des fouilles en Egypte et en Mésopotamie en passant outre au prétendu "particularisme" du récit biblique . Ils purent ainsi mettre en évidence les innombrables similitudes sociologiques qui existaient entre l'Israël ancien et les grands pays limitrophes. C'est ainsi que le récit biblique est truffé d'emprunts aux civilisations voisines.

4 - Quelques célèbres inventions bibliques : Abraham, et Moïse, Josué etc.

Le Pentateuque (les cinq livres de Moïse), appelé Torah dans le judaïsme (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutérome), fut le plus gravement ébranlé. Les Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois, Chroniques, Esdras et Néhémie) subirent également un rude décapage.


Rouleau de la Thorah

Seuls les textes plus récents contenus dans les Livres prophétiques (Isaïe , Jérémie, Ezéchiel, Daniel) , les Psaumes, les Proverbes, le sublime poème érotique appelé Cantique des cantiques - qui a résisté durant des siècles aux indigestes commentaires métaphorico-théologiques - ainsi que les préceptes moraux de l'Ecclésiaste sortent à peu près indemnes de cette rude cure de vérité historique.

Les grands mythes comme la Création ou le Déluge sont admis depuis des dizaines d'années. Les Patriarches et les péripéties de l'Exode sont d'autant plus délicats à démythifier que c'est dans la Torah - le livre le plus vénéré du judaïsme - que figure le fameux concept d'élection. Une proportion importante d'israélites l'interprètent comme l'expression d'une supériorité qui légitime un impérialisme culturel et politique ainsi qu'un ethnocentrisme raciste.

Abraham

On situe l'existence d'Abraham au XVIIIe siècle avant notre ère. Né à Ur il se serait rendu à Haran en Turquie du Sud, jusqu'au jour où "Dieu" lui aurait ordonné de se rendre à Canaan en Palestine et sa tombe se trouverait, selon la Genèse, à Hébron, en Palestine occupée. La bible indique avec précision les détails de ce voyage, elle mentionne les villes et bourgades traversées, les caravanes de chameaux rencontrés. Un vrai reportage journalistique. Or, l'archéologie dévoile qu'à l'époque citée, la plupart des villes et bourgades énumérées n'existaient pas encore et que dans la région, le dromadaire n'a été domestiqué qu'au VIIe siècle av. Jésus-Christ. "L'archéologie prouve de façon indubitable qu'aucun mouvement subit et massif de population ne s'est produit à cette époque" , écrivent les archéologues Finkelstein et Silberman.


Représentation d'Abraham et de ses moutons avançant en direction de la Palestine (gravure de Gustave Doré)

En conclusion, pas de patriarche fondateur politique de la nation, donc pas d'Isaac en chair et en os, pas de descendance, pas de douze tribus d'Israël. En revanche le récit symbolique est fondateur d'un important progrès religieux : à partir du - VII siècle, date de la rédaction des textes, un animal est substitué aux sacrifices humains, notamment des enfants premiers-nés, couramment pratiqués à l'époque supposée d' Abraham.


Sacrifice d'Isaac

Moïse

Les plus anciennes légendes sur Moïse datent du XVe siècle avant notre ère. Les scribes tardifs ont compilé des légendes mésopotamiennes. Il s'agit d'une reprise à peine modifiée de la légende du roi mésopotamien Sargon 1er qui fonda le royaume d'Akkad et fut retrouvé à sa naissance abandonné dans un panier flottant sur l'Euphrate. Le récit mésopotamien est vieux de 24 siècles avant notre ère, soit dix siècles avant l'apparition des légendes sur Moïse. Si un nourrisson avait été placé dans un panier d'osier sur le Nil, avant d'être croqué par les crocodiles qui grouillaient dans le fleuve, le berceau et son nouveau-né censé avoir été découvert par une princesse égyptienne, auraient coulé, car il n'y a pas en Egypte de bitume qui aurait permis de calfater un panier en osier.


Moïse sauvé des eaux (gravure de Gustave Doré)

Il n'existe pas non plus la moindre trace de ce que 600 000 familles israélites, ou même un groupe moins important, aient été maintenus en esclavage dans le royaume égyptien, ni évidemment de leur fuite, ce qui n'aurait pas été un événement mineur et passé inaperçu, alors que tous les pharaons veillaient à ce que les évènements notables de leur règne fussent consignés par les scribes. "Nous n'avons pas la moindre trace, pas un seul mot, mentionnant la présence d'Israélites en Égypte : pas une seule inscription monumentale sur les murs des temples, pas une seule inscription funéraire, pas un seul papyrus. L'absence d'Israël est totale - que ce soit comme ennemi potentiel de l'Égypte, comme ami, ou comme peuple asservi." (La bible dévoilée)

D'ailleurs la fuite pédestre de 600 000 familles d'esclaves hors d'Egypte sous la conduite de leur chef - soit plus d'un million de personnes - ce chiffre représente presque le double de l'armée rouge commandée par le Maréchal Boudienny face aux nazis en 1941 ou les deux tiers de la population de l'Egypte de l'époque. Ce gigantesque déplacement de population est évidemment inconnu de l'histoire de l'Egypte ancienne. Et pourtant l'Egypte du temps de Ramsès II - date à laquelle cet événement est censé s'être produit - était dotée d'une administration puissamment organisée et des armées de scribes méticuleux notaient tout ce qui se passait dans le royaume: on possède d'ailleurs la trace écrite de ce que deux esclaves qui s'étaient enfuis furent activement recherchés …

Il est naturellement inutile de réfuter les miracles de la mer qui s'ouvre, les "plaies d'Egypte" qui frappèrent le royaume, etc. En revanche la pérégrination d'une telle horde de déguenillés - sur le trajet de laquelle, comme dans le cas d'Abraham, la Bible n'est pas avare de précisions - le déplacement d'une telle foule errante durant quarante ans, dis-je, n'aurait pas manqué de laisser d'innombrables traces. Or, de nombreuses campagnes de fouilles, anciennes et récentes à la recherche du moindre vestige dans le Sinaï sont restées vaines. Le désert a été fouillé et ratissé dans tous ses recoins. Rien. Pas le moindre tesson, pas le moindre squelette corroborant le récit biblique ou signalant le séjour d'un groupe humain.

Josué

De même, les nombreuses archives égyptiennes ne relèvent aucune trace d'une conquête de la province de Canaan qui dépendait de leur souveraineté - qui plus est, à la suite d'un rezzou effectué par des esclaves fugitifs. Le Pharaon le plus distrait se serait probablement aperçu qu'il venait de perdre une province de son empire et ne serait pas resté les bras croisés devant un pareil désastre. De plus, si un Josué, à la tête d'une bande de pillards avait existé, il n'aurait pas pu faire écrouler les murailles de la ville de Jéricho, dont les 10 000 habitants vivaient paisiblement depuis huit millénaires dans une ville sans murailles à l'époque où il est censé avoir sévi. Des traces de fortifications plus récentes n'ont pas eu besoin du secours d'anges joueurs de trompettes pour s'écrouler. Seule la vétusté et le manque d'entretien en sont la cause.


Jéricho

Les rapports des mythes à la chronologie sont élastiques. L'abbé Barthémy raconte en 1792, dans un livre délicieux - Voyage du jeune Anacharsis en Grèce - la découverte de l'Hellade par un jeune étudiant, ses monuments, son histoire, ses légendes et fait comprendre avec la légèreté ironique des auteurs de l'époque, les relations élastiques que les traditions populaires entretiennent avec le temps et l'histoire: "Dans ce temps-là vivait un homme qui s'appelait Enée ; il était bâtard, dévot et poltron. (…) Son histoire commence la nuit de la prise de Troie. Il sortit de la ville, perdit sa femme en chemin, s'embarqua, eut une galanterie avec Didon, reine de Carthage, qui vivait quatre siècles après lui… ".

Mais pour notre bonheur, les amours de Didon et Enée nous ont valu le magnifique opéra d'Henry Purcell.

5 - Les rois légendaires David et Salomon

Quant aux rois David et Salomon dont le règne se situerait autour du Xè siècle avant notre ère, leur portrait parfois peu flatteur dans le récit biblique accréditait l'idée qu'il était véridique. "La foi des savants dans le texte reposait surtout sur sa richesse foisonnante de détails . (...) Le souverain David ne nous est pas dépeint à l'image d'un royal demi-dieu égyptien ou assyrien, distant, parfait, au-dessus de l'humanité ordinaire. David nous est, au contraire, présenté comme un impulsif, un passionné, souffrant de faiblesses criantes que le texte ne tente nullement à dissimuler. Il profite de l'exécution de ses rivaux, il s'empare de l'épouse d'un autre homme dont il organise la mise à mort..." (Les rois sacrés de la Bible, p.115)


Le mythe de David censé avoir coupé la tête du géant Goliath (gravure de Gustave Doré)

Cependant, malgré les efforts titanesques de l'actuel Etat, qui creuse partout où il espère trouver une trace du passé mythique d'Israël pour tenter de donner une crédibilité historique aux récits bibliques, il est avéré que ces deux rois, sont largement légendaires. Ils ont, certes, existé, mais plutôt comme chefs de bande ou chefs de villages, car "à l'évidence, la Jérusalem du Xe siècle était un petit village de montagne qui dominait un arrière-pays à l'habitat dispersé" (Ibid.p.118) écrivent nos archéologues. D'ailleurs la totalité de l'Israël de l'époque (environ 1000 ans avant notre ère) ne comptait que quelques milliers de fermiers et d'éleveurs .

Quant au somptueux temple du roi Salomon , voir Le culte du veau d'or et la mondialisation,

"les fouilles entreprises à Jérusalem n'ont apporté aucune preuve de la grandeur de la cité à l'époque de David et de Salomon". Les auteurs insistent et enfoncent le clou: "Les fouilles entreprises à Jérusalem, autour et sur la colline du Temple, au cours du XIX° siècle et au début du XX° siècle, n'ont pas permis d'identifier ne serait-ce qu'une trace du Temple de Salomon et de son Palais", écrivent nos deux archéologues.

L'auteur de La Bible dévoilée conclut que "l'image que l'on se fait de Jérusalem à l'époque de David, et davantage encore sous le règne de son fils, Salomon, relève, depuis des siècles, du mythe et de l'imaginaire romanesque. "(p.208) "Il s'agit de la peinture d'un passé idéalisé, d'une sorte d'âge d'or nimbé de gloire." (p.201)


Le supposé Temple de Salomon

A partir du moment où il est établi que les tablettes de pierre ramenée par le Moïse imaginaire sont une copie d'un épisode semblable emprunté à un dieu babylonien et où les dix commandements sont une reprise du Code babylonien d'Hammourabi, le Pentateuque ou Torah ainsi que les Livres des Rois deviennent des chapitres d'une vaste épopée imaginaire racontant sur le mode héroïque l'histoire rêvée d'une petite peuplade sans histoire glorieuse, coincée entre deux fastueux empires - l'Egypte des Pharaons et les empires assyro-babyloniens - il n'existe, évidemment pas la moindre ombre de raison de lire ces textes autrement que d'un point de vue symbolique. "L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiple ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit", écrivait le Mahatma Gandhi.

Le Vatican , directement branché sur l'au-delà, comme chacun sait, a reconnu en 2002 que les règles morales prétendument attribuées à Moïse n'ont pas été dictées par Dieu et le professeur Yaïr Zakovitch, spécialiste de littérature biblique à l'université hébraïque de Jérusalem explique que "même la sortie Égypte, sous la conduite de Moïse, ne doit plus être envisagée sous l'angle historique, mais comme une fiction littéraire constitutive d'une idéologie politique et religieuse..."

Les fouilles archéologiques sont cruelles car la vérité est cruelle: rien de la grandeur mythique d'Israël n'est confirmé. Il faudra donc finir par accepter qu'Abraham, Moïse, Josué, Samuel, les Juges sont des personnages mythiques: mythiques également la sortie d'Egypte, la conquête de Canaan et la chute de Jéricho, mythique le fastueux royaume unifié du roi David , mythiques les splendeurs du palais du roi Salomon, l'homme aux 700 épouses et aux 300 concubines ... "L'objectif des auteurs est d'exprimer des aspirations théologiques et non de brosser d'authentiques portraits historiques" écrivent les auteurs de La Bible dévoilée, p.225

Les Hébreux n'ont pas eu besoin d'envahir la région à partir de l'Egypte ou d'ailleurs, puisque, depuis la nuit des temps, ils composaient l'une des petites tributs semi nomades en voie de sédentarisation, parmi des dizaines d'autres, qui se déplaçaient dans la région, comme le prouve le type d'habitat rudimentaire disposé en ovale, copié sur les campements des tribus nomades et dont on a retrouvé la trace. La ville de Jérusalem, dix siècles avant notre ère, n'était pas l'épicentre du judaïsme et la capitale d'un éclatant royaume uni, mais une modeste bourgade dans un "Royaume de Juda" pauvre et très peu peuplé, jaloux des prospères provinces du nord - la Galilée et la Samarie. L'ensemble n'a composé l'Israël ancien que tardivement - environ deux siècles après l'époque supposée des roitelets David et Salomon.

Ces deux petites principautés, sans lien organique entre elles, ressemblaient aux nombreux autres petits royaumes palestiniens qui s'étaient constitués à l'époque, à Tyr, à Damas, à Karkémish ou à Gaza et dont la population totale ne dépassait pas quelques milliers d'habitants. Ce n'est que plus d'un demi millénaire plus tard, et à la suite d'innombrables guerres dont le récit biblique a conservé la trace en les gonflant exagérément, que le rôle de la ville de Jérusalem est devenu important.

Comment et pourquoi un petit peuple de pasteurs, semblable aux innombrables tribus dont la principale activité était pastorale, s'est-il placé à l'écart des autres peuples de la région? La seule différence fournie par l'archéologie semble, a priori, dérisoire : on n'a trouvé aucun ossement de porc sur les sites qui auraient été occupés par des groupes Hébreux!

Les origines des phobies alimentaires sont imprévisibles et impossibles à déterminer. Tout le monde connaît aujourd'hui les prescriptions culinaires qui permettent de consommer une viande de porc saine. Mais à l'époque, les maladies provoquées par une cuisson insuffisante de la viande de cet animal, notamment dans les régions humides, terrifiaient les populations. Les Romains construisaient de gigantesques volières dans lesquels ils élevaient des loirs dont on sait qu'ils ne se nourrissent que de fruits et dont la viande était considérée par Lucullus comme un des mets les plus raffinés. Qui aujourd'hui accepterait de manger ces petites bêtes à longue queue faussement assimilées à des rats? Petite cause, grands effets.

Le monothéisme est lui aussi une invention tardive. Toutes ces petites cités avaient leur propre roi et honoraient leur propre dieu. Chez les Israélites, comme chez les autres peuples, il était associé à d'autres divinités. Le peuple hésitait à oublier les idoles qui avaient rendu de bons et loyaux services dans le passé, comme le prouvent les innombrables restes archéologiques et statuettes découverts auprès des villages antiques et près des points élevés - de même que les médailles et autres amulettes subsistent dans le christianisme.

Lorsque, après le règne de Salomon, au -IXè siècle, les tribus du nord se séparèrent de celles du sud pour créer le royaume d'Israël avec Sichem pour capitale alors que celles du sud avec Jérusalem pour capitale devenaient le royaume de Juda , il se créa une tradition Jahviste et une autre élohiste, "la pluralité des noms étant la trace de ce qu'il existait une pluralité des dieux" et que "Yahvé et Elohim (pluriel de Eloh, esprit ou souffle) étaient deux dieux différents, adorés par deux peuples différents", écrivent certains exégètes.

6 - Une " histoire normale " et une " histoire rêvée "

Malgré leur immense intérêt scientifique, les ouvrages d' Israël Finkelstein et de Neil Asher Silberman sont parfois déroutants et laissent une impression de malaise. En raison de l'appartenance de ces archéologues à la communauté juive, ils n'ont pas toujours le détachement intérieur qui leur aurait permis d'établir une claire distinction entre "l'histoire normale" de cette région et "l'histoire rêvée" de ses habitants.

En effet, les auteurs sont si respectueux des écrits et si imbibés des récits présentés depuis deux millénaires et demi comme historiques qu'ils les énoncent avec une sorte de vénération palpable, en parallèle à leurs découvertes drastiques sur le terrain. Les chapitres s'ouvrent d'ailleurs sur de longues descriptions de ces légendes, si bien qu'il faut une lecture patiente pour enfin arriver à l'énoncé de la réalité historique … laquelle contredit le début du chapitre, mais la synthèse n'est pas toujours clairement opérée. On les sent gênés d'être contraints, par leur conscience professionnelle de scientifiques, d'avoir à démontrer la fausseté factuelle de récits bibliques dans la mesure où ils font partie de leur identité psychique.

De plus, ces auteurs se contentent de constater des faits et n'expliquent ni quand, ni comment, ni dans quelles circonstances est né le récit mythique. Ils ne cherchent pas non plus à analyser le sens symbolique sous-jacent à ces "pieux mensonges" , ne serait-ce qu'en les situant dans le continuum politico-social de l'époque: "Suggérer que les évènements bibliques les plus célèbres ne se sont pas déroulés exactement comme les rapporte la Bible, ne prive nullement l'ancien Israël de son histoire ", écrivent-ils .

Voilà une bien étrange affirmation et un exemple frappant de la tentative des auteurs de préserver "la chèvre et le chou", si je puis dire. En effet, le fait d'avoir cru et de continuer à croire faussement à un certain récit des événements ne légitime nullement ce dernier. Un récit historique faux prive évidemment l'ancien et le nouvel Israël de son histoire au sens de l'historiographie moderne et surtout, il prive l'actuelle politique de l'Etat d'Israël de son principal argument.

Brusquement, l'histoire et le mythe, la vérité scientifique et le récit imaginaire deviedraient une soupe unique légitimée par la durée. Or, la durée ne transforme pas un récit imaginaire, inventé dans des circonstances qui feront l'objet du prochain texte, en vérité historique. Le faux reste faux et aucune hasbara ne viendra à bout de cette évidence.

Des générations de Grecs ont considéré que l'Iliade et l'Odyssée racontaient la véritable histoire des cités du Péloponnèse et des générations de juifs et de chrétiens ont lu la Bible comme LE livre de l'histoire de l'humanité et ont compté les années qui nous séparent de la création du monde par le dieu biblique.

De même, l'humanité a également cru pendant des millénaires que le soleil tournait autour de la terre. Elle a aujourd'hui accepté de changer le contenu de sa tête et il n'y a pas de raison que seuls les occupants récents de la terre palestinienne soient légitimés à remplir leur cerveau de mythes et de légendes destinés à justifier leur colonisation d'une terre ainsi que les innombrables exactions et les crimes qu'ils commettent jour après jour sur la population autochtone au nom de falsifications de la réalité historique.

La croyance au surnaturel, aux miracles et à la magie étant la chose au monde la plus universellement partagée, "quand la tradition populaire ne sait rien, elle continue de parler toujours ; elle prend alors des ombres pour des géants, des mots pour des hommes ", écrivait déjà Ernest Renan à la fin du XIXe siècle, dans la préface à son Histoire du peuple d'Israël .

Or le fait que la Bible ait, durant un temps si long, "façonné le visage de la société occidentale" ne justifie en rien qu'elle continue à prendre "des ombres pour des géants " et des mythes religieux pour des faits historiques.

En conclusion de cette première partie, un autre jugement d'Ernest Renan me semble prémonitoire: "Une nation qui a une terre à conquérir ou à défendre est toujours plus cruelle que la tribu qui n'est pas encore attachée au sol et c'est ainsi que parfois des gens excellents pendant qu'ils vivaient en famille deviennent très méchants dès qu'ils forment un peuple." (E. Renan, Ibid, t.1, p.235)

A suivre: II - Comment furent inventés le "peuple élu" et la "terre promise"

Bibliographie

Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006

Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

Hermann von Keyserling , Analyse spectrale de l'Europe, Editions Stock 1947

Abbé Barthelemy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce.

S. Freud, W.C. Bullit, President T.W.Wilson, portrait psychologique , Payot 2005

1ère Partie :Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza

Publié le 6 mars 2010 avec l'aimable autorisation de Aline de Diéguez

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Source : Aline de Diéguez
http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/...


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