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El Watan
Guerres, violences et jeu de géopolitique
L'eau source de
nouveaux conflits
Ali Titouche
Photo El Watan
Mercredi 1er juillet 2009
L’eau est source de conflits dans plusieurs régions à travers le
monde. Pendant que les pays arabes recherchaient, lundi à Alger,
une solution à même de mettre un terme « au pillage par Israël »
des eaux du Moyen-Orient, plusieurs autres « guerres » de même
nature sont signalées aux quatre coins de la planète.
Tous les experts réunis hier à Alger dans le cadre de la
première session du Conseil des ministres arabes de l’Eau
s’accordent à dire que la ressource hydrique doit être partagée
et nécessite une gestion transfrontalière commune. Néanmoins,
cela peine à se concrétiser sur le terrain, ce qui crée des
tensions entre les Etats, en l’absence de l’atout principal pour
parvenir à la paix : le partage des eaux. En Inde, les
populations des deux Etats du Tamil Nadu et de Karnataka se
battent aujourd’hui pour l’usage des eaux du fleuve Cauvery. En
Afrique australe, le conflit le plus connu oppose le Botswana à
la Namibie autour des eaux du fleuve de l’Okavango. La volonté
du Botswana de préserver le delta de l’Okavango -Makgadikgadi et
de son écotourisme (dont les retombées financières sont
importantes) a provoqué les foudres des Namibiens, qui
entendaient transférer l’eau du fleuve vers la capitale,
Windhoek, afin de couvrir les besoins en consommation
industrielle et domestique.
Le problème qui avait opposé l’Algérie à la Libye, issu de la
volonté des deux Etats d’exploiter les eaux de la nappe
albienne, semble réglé à la faveur d’un accord entre les deux
pays impliquant aussi la Tunisie, pour un partage équitable des
eaux souterraines du Sahara, si l’on tient compte des
explications du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek
Sellal. L’eau est aussi à l’origine d’un conflit en Asie
centrale qui date de plus de 50 ans et qui oppose les quatre
pays de la région, à savoir le Kirghizstan et le Tadjikistan
situés en amont des deux fleuves Amou Daria et Syr Daria (source
du conflit) et l’Ouzbékistan et le Turkménistan, situés, eux, en
aval des deux fleuves. L’équation est rendue beaucoup plus
complexe par une bataille géopolitique que se livrent les quatre
voisins. Les deux premiers pays cités (le Kirghizstan et le
Tadjikistan) possèdent la quasi-totalité des sources d’eau de la
région, alors que les deux autres, en l’occurrence l’Ouzbékistan
et le Turkménistan, possèdent très peu de sources, mais sont
riches en pétrole et en gaz. Les cartes de pressions sont
diverses et le conflit autour des ressources en eau perdure
depuis plus d’une cinquantaine d’années.
Les ministres arabes de l’Eau, en réunion lundi dernier à
Alger, ont évoqué le conflit opposant Israël aux autres pays du
Moyen-Orient. L’exploitation illégale des eaux des nappes
phréatiques palestiniennes de Cisjordanie pénalise tous les pays
de la région et met la Palestine en état de stress hydrique
permanent. Israël ne cesse de brandir aussi la menace de dévier
les deux fleuves Hasbani (Liban) et Yarmouk (Syrie). Israël a
même signé un accord pour le transfert d’eau douce par tankers
depuis la Turquie. Ce pays détient aussi la clé de
l’approvisionnement en eau du bassin du Tigre et de l’Euphrate,
en Irak. Pour ainsi dire, les tensions persistent et se
généralisent dans plusieurs régions du globe, propulsées par les
pressions démographiques et les pénuries. Les risques de
conflits entre Etats sont ouverts et revivifiés par les jeux de
géopolitique qui opposent plusieurs pays d’une même région. Les
experts et les ONG, à l’instar du Conseil mondial de l’eau,
préconisent « l’hydro-diplomatie » et la négociation pour
trouver une solution aux problèmes posés, mais aussi à d’autres
éventuels conflits que pourrait provoquer l’eau.
Droits réservés © El Watan 2007
Publié le 1er juillet 2009
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