Opinion
Crise syrienne :
La France devrait affronter la rentrée
sociale pas la Syrie
Ali
Hakimi
http://www.leplacide.com/
Jeudi 12 septembre 2013
La crise syrienne aura eu ses effets
collatéraux politiques bien avant
l’heure et là où certains l’attendaient
le moins, pas tous, en tout cas pour
ceux qui savaient que la décision de
guerre ou de paix relève d’abord de ceux
qui en ont les moyens, les Etats-Unis
d’Amérique. Voulant « punir » le
gouvernement syrien, François Hollande,
le président de la République française,
aura été jusqu’au bout de son
aveuglement. Alors que les Français, par
la voix de plusieurs leaders d’opinion,
attendent de lui une explication sur le
fait de les entraîner dans une aventure
aux conséquences pour le moins
imprévisibles, lui, à contrecourant de
ses pairs européens, n’a pas cessé un
instant de surenchérir sur l’option
d’agresser la Syrie, dans un alignement
quasi obséquieux sur le président Barack
Obama.
Convaincu, peut-être, que le scénario
allait être celui qui a conduit à la
destruction de la Libye, il se voyait
récolter les fruits de son allégeance,
d’autant que les Allemands d’abord, les
Britanniques ensuite, pour ne citer que
les plus puissants d’entre ses alliés
européens, se sont retirés de la
course.
Il escomptait aussi, ce qui est d’une
criante évidence, désamorcer la bombe
d’une rentrée sociale de tous les
dangers. Las ! Il fallait tenir compte
du fait que lorsque l’on compte faire la
guerre avec les moyens des autres, il
faut d’abord s’assurer qu’ils vont y
aller. Ce que l’ancien diplomate Pierre
Charasse avait signalé : « Si vous
prenez la tête de la manœuvre à la place
de vos collègues Obama et Cameron, qui
semblent rétropédaler avant même que le
coup d’envoi ait été donné, Bachar Al
Assad comprendra très vite à qui il a
affaire.» Surtout qu’une première alerte
a été donnée dans le sens de
l’incertitude de la chose. Lorsqu’Obama
s’est brutalement avisé de recourir au
Congrès, avant de se lancer dans
l’aventure, alors même que les sénateurs
et représentants étaient en vacances. Le
Point du 2 septembre pouvait titrer :
«Syrie : François Hollande ‘‘cocu
magnifique’’». Contre toute attente, ce
camouflet, qui aurait dû tempérer les
ardeurs jusqu-auboutistes, n’a pas eu
l’effet escompté. Il aura fallu en subir
un autre.
La Maison-Blanche décide de tout
reporter pour examiner avec les Russes
une option qui évacue et les «frappes
ciblées» et la «punition». Il s’agit
désormais de seulement neutraliser
l’arsenal chimique de l’armée syrienne.
«Je ne pense pas que nous devrions
renverser un nouveau dictateur par la
force», assure Le Point.
A cette occasion, Le Figaro peut écrire
ceci : «Le président français a été
contraint, depuis le début de la crise
syrienne, de s’adapter au jeu des autres
nations», ou encore «François Hollande a
été pris à contrepied dans le dossier
syrien».
Pis, l’Express publie un sondage où 97%
des Français demandent sa démission,
selon le baromètre OpinionWay pour Métro
et LCI. Du jamais vu dans l’histoire de
la France, quand de surcroît il n’y a
quasiment que des atteintes aux revenus
qui sont offertes pour 2014, à commencer
par des hausses d’impôts insupportables.
Encore une politique qui s’est faite
ailleurs, autour du Traité de Lisbonne
et à Bruxelles, et non en France.
Seule question en suspens : François
Hollande et le PS pourront-il tenir leur
mandat et/ou pourront-ils persister à se
réclamer du «peuple de gauche» ? La
réponse est à attendre de ce qui va se
passer dans ce véritable laboratoire que
constitue la formation sociale française
confrontée aux pires difficultés qu’elle
eut connues depuis des décennies.
Publié sur
Reporters.dz
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|