Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour La Voix de la Russie Journaux de Cathy et Marc Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

Centre Palestinien
d'Information :




Invitation à lire :



Réseau Voltaire :



BDS :



Solidarité :



Produits palestiniens :



En direct d'Iran :



Voix de la Russie :



Agence syrienne :



Palestine Solidarité
sur Facebook :






Reportage

Le printemps arabe : une révolution contestée
De l'axe de la résistance à l'axe de la trahison (14e partie)
Ali El Hadj Tahar

Lundi 20 mai 2013

Le remodelage du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique et de l’Asie s’inscrit donc dans des velléités de domination anciennes mais revues et corrigées après la chute du communisme. Le NOM et le GMO sont donc des plans postcommunisme visant à asseoir la domination définitive de l’Occident sur la planète entière.

The New York Timesdu 8 mars 1992 ayant publié un document émanant du Pentagone qui dit textuellement : «Le Département de la Défense affirme que la mission politique et militaire des Etats-Unis, dans la période de l'après-guerre froide sera de s'assurer qu'il ne soit permis à aucune superpuissance rivale d'émerger en Europe occidentale, en Asie, ou sur le territoire de la Communauté des Etats indépendants (CEI). La mission des Etats-Unis sera de convaincre les rivaux éventuels qu'ils n'ont pas besoin d'aspirer à un rôle plus important ni d'adopter une position plus agressive, les dissuader de défier notre suprématie ou de chercher à renverser l'ordre politique et économique établi.» Dix jours après les attentats du 11 septembre 2001, Donald Rumsfeld, le chef du Pentagone, présentait au général Wesley Clark (révélation faite dans une interview de celui-ci le 2 mars 2007) un mémo dans lequel il est précisé que sept pays arabo-musulmans devaient «passer à la casserole» : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Liban, la Syrie, le Soudan et l’Iran. L’Irak fut le premier… La balkanisation avait commencé. Le GMO était entré en action. Dans son livre The High Priests of War (2004), Michael Collins Piper abordait la question de la déstabilisation et du chaos constructeur du Moyen-Orient, écrivant : «La guerre contre l’Irak est menée à des fins beaucoup plus ambitieuses qu’un simple “changement de régime” ou une “élimination des armes de destruction massive” ; elle entre d’abord et avant tout dans le cadre d’un effort global pour faire des Etats-Unis l’unique superpuissance internationale. (…) Ce n’est qu’une première étape d’un plan inscrit dans le long terme et de grande envergure et incluant des frappes encore plus agressives contre l’ensemble du Moyen-Orient, afin de “refaire le monde arabe” pour assurer la survie – et élargir la puissance – de l’Etat d’Israël.» Treize ans après, grâce au «Printemps arabe», l’antagonisme entre le «front du refus» et de la résistance à l’hégémonie américaine et sioniste, et «l’axe modéré» prend nettement l’avantage au profit de «l’axe modéré» devenu l’axe de la trahison et de la compromission avec Israël. La «révolution arabe», dont l’objectif stratégique était aussi le placement du Qatar comme chef de file au sein de la Ligue arabe et sur la scène musulmane. L’intrusion de ce pays sur scène a carrément dopé la tentation de la trahison et donné des cornes aux Emirats et à l’Arabie Saoudite qui n’ont auparavant jamais compté dans le concert arabe et dont la proximité américaine en fait aujourd’hui les ténors de la parole diplomatique arabe, d’autant qu’ils ont fait main basse sur la Ligue du même nom, et même sur l’Organisation de la coopération islamique. Autrefois sans voix, les valets de l’Occident sont devenus des faucons qui imposent leur loi. Leur voix est prépondérante, notamment sur la question palestinienne et sur un Iran diabolisé, Téhéran étant leur grand ennemi à cause de son «hégémonie chiite» et de sa «bombe atomique», car il leur faut toujours un prétexte pour la fitna. Depuis que ces faucons ont fait des «révolutions arabes» et de l’Iran les thèmes centraux, la Palestine est dans le brouillard, voire complètement sortie du champ du rétroviseur. Des Palestiniens meurent, oubliés des Arabes, et même les démocrates américains osent dire que Jérusalem est la capitale d’Israël.

Finance, pétrole, armements, Israël et FMI

Devenu une sorte de loge maçonnique dictatoriale qui pratique une diplomatie excommunicatrice, le Qatar a d’abord exclu la Libye de la Ligue arabe en 2012, puis la Syrie et fermé ses chaînes de télévision sur Nilesat avant de l’exclure de l’OCI où la voix de la lâcheté a dominé. Le «Printemps arabe» a été concocté à la Maison-Blanche et exécuté par le Qatar, une monarchie archaïque qui n’a même pas de Parlement et qui prétend donner des leçons de démocratie ; une oligarchie ploutocratique qui n’autorise ni mixité ni syndicat qui parle de promouvoir la liberté en envoyant des armes aux terroristes islamistes dans des cargos de l’OTAN. Finance, pétrole, gaz et mines, armements et militarisation, globalisation, géostratégie, intérêts d’Israël et FMI : ce sont là les faces d’une seule et même médaille appelée Nouvel Ordre mondial (NOM). Un Nouvel Ordre mondial avide qui ignore la pitié et qui fait du pillage sa règle : plus on lui donne, plus il en demande. «Défenseuse» assidue du NOM, Hillary Clinton, ex-ministre américaine des Affaires étrangères, était à Doha, Qatar, le 13 janvier 2011, et y a conseillé aux chefs arabes réunis de reformer leur économie, évidemment, conformément aux principes du FMI, sinon, ils risquaient de chuter. Le lendemain, Ben Ali chutait ! Ainsi donc, les Arabes étaient instruits d’appliquer les réformes du FMI et de faire la queue devant ses guichets d’appauvrissement permanent. Au lieu de se libérer du FMI par la création d’une banque africaine et l’abandon des monnaies occidentales (dollar et euro au profit de l’étalon or) comme le voulait Kadhafi, tous les pays du «printemps arabe» se sont rués dans ses bras, tous les pays en demandeurs et l’Algérie en offreuse de 3 milliards de dollars pour payer la rançon au diable. Car il n’est pas dit que prêter au FMI n’est pas une même contrainte qu’en recevoir. Plus les valets s’abaissent, plus ils renforcent le maître et le rendent exigeant. Ben Ali et Moubarak avaient servi à l’Amérique ce qu’elle voulait, mais leurs offres ne faisaient plus l’affaire d’une Amérique et d’un Israël plus exigeants dans une phase où la domination unipolaire américaine semble menacée par la montée en flèche de la Chine et le retour d’une Russie avec un Poutine revigoré qui a compris que seule l’alliance dans la cadre d’un groupement comme le Brics peut le sauver de la grande gueule du loup américaine. Bourguiba ayant eu des liens excellents avec la France et l’Amérique, Ben Ali a continué à ouvrir les ports de Bizerte, Sfax, Sousse et Tunis aux navires de l’OTAN, qui désormais contrôle tout le sud de la Méditerranée. En 2004, la Tunisie s’est insérée dans le «Dialogue méditerranéen» de l’Alliance atlantique. Les Israéliens d’ascendance tunisienne ont été autorisés à voyager et à commercer dans le pays. En 1996, Tunis et Tel-Aviv ont ouvert des «bureaux d'intérêts» réciproques et désigné des «représentants permanents», bureaux qui seront toutefois fermés en octobre 2000 à l'initiative de la Tunisie, qui entendait ainsi protester contre la répression de l'Intifadha palestinienne. Puis, nouveau signe d’entente, Ariel Sharon est invité à Tunis en 2005, une visite que l’opinion tunisienne rendra impossible. Moubarak a également très bien servi les Américains qui, plus on les sert, plus ils en demandent, poussant toujours la vassalité à l’esclavage. Il a créé un mur de séparation avec Ghaza et fermé les passages clandestins avec cette partie sous embargo contrôlée par le Hamas palestinien. Mais viendra Morsi qui enverra une lettre enflammée d’amitié à son homologue Shimon Peres et fermera près de 40 tunnels, ce que Moubarak n’aurait probablement jamais fait.

L’échec des premières révolutions de couleurs

Les Sud-Américains ont compris ce principe, et ils ont constitué un front uni qui lui résiste avec un président progressiste Rafael Correaa en Equateur, Evo Morales en Bolivie, alors qu’au Venezuela la mort d’Hugo Chavez n’a pas eu raison de son esprit car Nicolás Maduro Moros vient d’être élu. Les Arabes ont donc fait leur «printemps» pour maintenir leurs relations avec Israël et promettre de les améliorer, pour maintenir leurs relations avec le FMI et promettre de nouvelles réformes qui vont ruiner leurs pays et pour servir de bases arrière au terrorisme international (contre la Syrie et au Mali), selon l’agenda américain. En renonçant à la lutte contre l’impérialisme et en devenant ses vassaux, les Arabes viennent de se condamner à davantage de mépris et d’oppression, comme ce fut le cas des décennies durant pour l’Amérique latine avant qu’elle ne jette le joug. Deux années après, le «Printemps arabe» n’a débouché sur aucune amélioration concrète de la situation, à part au Maroc où le roi a désamorcé la crise en apportant quelques réformes constitutionnelles. En Egypte, la Constitution précédente semble bien meilleure que celle de Morsi, concoctée dans une opacité qui a fait regretter le règne de Moubarak à beaucoup d’Egyptiens. Plus grave même que l’apparition de nouveaux problèmes économiques, l’on a observé en Egypte et en Libye des prémisses de guerres civiles et de velléités de sécessions et en Tunisie l’apparition de phénomènes de violence et d’extrémisme jamais observés dans l’histoire de ce pays, autrefois très stable et calme. Les seuls bénéficiaires de ces «révolutions» sont les Américains et Israël qui se trouvent renforcés par l’affaiblissement des pays «printaniers», notamment de la Syrie, autrefois seul pays craint par Tel-Aviv. En guise de «Printemps arabe», il faudrait peut-être parler du «Dernier quart d’heure des Arabes». Avec précipitation, on a comparé le «Printemps arabe» à la chute du mur de Berlin, alors que l’analogie n’est pas justifiée, d’autant qu’il apparaît déjà comme un leurre comme le furent d’autres révolutions avortées. En 1986, le dictateur Marcos est tombé mais il n’y a pas eu de démocratie aux Philippines. En octobre 1988, il y a eu des manifestations suivies du multipartisme en Algérie mais sans démocratie réelle… Certains pensent encore que les «révolutions colorées» du monde arabe vont réussir. En Eurasie, l’objectif des «révolutions de couleur» – dont le but était de faire basculer les pays visés dans le giron de l’alliance occidentale afin de permettre la poursuite de l’extension à l’est de l’Otan et de conforter l’encerclement géostratégique de la Russie – ont fait un bide. Les gouvernements issus des «révolutions de couleur» ont échoué en Biélorussie, en Moldavie et en Kirghizie, rappelle le journaliste Alexandre Latsa dans RIA Novosti. Il précise qu’en Ukraine, la phase orange n’a duré que six années, le pouvoir proaméricain et franchement antirusse n’ayant abouti qu’à la création d’un conflit gazier (en 2006) qui a contraint la Russie à créer le gazoduc paneuropéen de South Stream qui contourne l’Ukraine et ôte à ce pays toute capacité de nuisance par un chantage énergétique dans l’avenir. La «révolution» orange n’était donc basée sur aucune vision stratégique de bon voisinage avec la Russie et a fait perdre à l’Ukraine l’avantage gazier qu’elle avait avec son grand voisin. En Serbie, la situation est pire, et c’est ce que viennent de mettre à jour les dernières élections présidentielles qui ont donné l’avantage aux nationalistes proches de la coalition Milosevic de l’époque qui ont repris le pouvoir, après un interrègne Otpor (Résistance) de 12 ans qui a considérablement appauvri le pays et lui a fait perdre une part importante de son territoire : le Kosovo. Alexandre Latsa pronostique que la fin de l’ère Sakaachvili en Géorgie mettrait un terme définitif à la séquence historique des régimes de couleurs d’autant que le revenu par habitant y a atteint un niveau inférieur à celui de l’Egypte ou du Swaziland et le taux de chômage y est officiellement de 16%, mais avoisinerait les 70% en réalité. Avec Morsi, la situation n’augure pas d’un futur paradis économique ou politique en Egypte, pour ne parler que de ce pays. Lancée par des jeunes ignares et d’autres carrément félonnes, les «révolutions arabes» apparaissent déjà pour beaucoup comme des chimères concoctées par l’Oncle Sam pour les mener à la ruine. Il n’y a pas que des Arabes dans le collimateur de Washington : même le Premier ministre italien Silvio Berlusconi irrite Washington à cause de son amitié avec Poutine et de son soutien au gazoduc russe South Stream qui veut le remplacer par un gazoduc qatari qui passerait par la Syrie sans Bachar Al-Assad.

A. E. T.

(A suivre)

Partie 13/18
Partie 15/18

Article publié sur Le Soir d'Algérie

 

 

   

Le sommaire de Ali El Hadj Tahar
Les dernières mises à jour



Source : Auteur

Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Ziad Medoukh :



Analyses et poèmes...


Silvia Cattori :


Analyses...


René Naba :


Analyses...


Manuel de Diéguez :


Analyses...


Fadwa Nassar :


Analyses et traductions...


Alexandre Latsa :


Un autre regard sur
la Russie ...


Ahmed Halfaoui :


Analyses ...


Chérif Abdedaïm :


Chroniques et entretiens ...