Reportage
Le printemps arabe
: une révolution contestée
Al-Jazeera, le QG militaire des traîtres
et des collabos (11e partie)
Ali El
Hadj Tahar
Jeudi 16 mai 2013
Toutes les
défections observées à Al-Jazeera pour
des raisons professionnelles attestent
que la chaîne qatarie est non seulement
devenue une chaîne de propagande de la
pire espèce, mais un QG qui ne se suffit
pas de soutenir des criminels et
d’encourager le crime mais de le
commanditer, le planifier et l’ordonner.
C’est pour cela
qu’elle a été désignée pour donner le la
s’agissant des «révolutions arabes»,
suivies de toutes les chaînes, aboyant
avec le Qatar qui a été désigné par le
maître américain pour guider la meute
médiatique. Cela donnera bonne
conscience à certains journalistes
occidentaux de n’avoir fait que répéter
les mensonges d’Al-Jazeera ou d’Al
Arabia. Aksam Suleyman démissionnera en
décembre 2012 car «à présent, c'est une
chaîne, dont les émissions sont
orientées, et ce sont les politiciens
qataris, qui lui dictent ses lignes
éditoriales (…). En Syrie, son travail
est partial ! La chaîne plaide la cause
d'un groupe au détriment d'un autre ; un
est présenté comme le bien, l'autre
comme le mal absolu (…) Et pire, c'est
que la chaîne joue le rôle de relais de
renseignement américano-sioniste. C'est
notre chaîne qui a remis la cassette
vidéo du commandant des brigades d'Al-Qods,
Ahmad Al-Jaabari, aux Américains,
lesquels l'ont remise aux Israéliens, et
puis, est survenu son assassinat». En
outre, Ghassan Ben Jeddou, actuel
directeur de la chaîne Al-Mayadeen,
accuse aussi Al-Jazeera de ce grief, car
c’est lui-même qui a pu accéder à la
base secrète de la brigade Al-Qassam de
Hamas et qui a rencontré son chef, Al-Jaabari
: après avoir démissionné d’Al-Jazeera,
il accusera la chaîne qatarie d’avoir
donné à Tel-Aviv un rapport détaillé du
voyage qu’il a effectué à Ghaza en 2008.
Il a ajouté que la chaîne a procédé
pareillement auparavant lorsque son
collègue Yusri Fuda a rencontré Bin
Ashiba, un membre d’Al-Qaïda au Pakistan
qui fut arrêté par la CIA, une semaine
plus tard, ce qui a contraint Fuda à la
démission. Même le directeur de la Wadah
Khanfar a été contraint à démissionner
pour laisser l’émir en personne diriger
la chaîne, entièrement livrée au Mossad
et à la CIA, comme le dit Ben Jeddou qui
affirme que les Occidents recrutés par
la chaîne étaient des agents du
renseignement et non pas des
journalistes. Au sujet de l’assassinat
d’Ahmad Al-Jaabari par Israël, un
diplomate libanais a dit que, lors de sa
visite à Ghaza, une semaine auparavant,
l’émir qatari Hamad avait offert à Hamas
douze voitures et que c’est dans l’une
d’elles que le chef des brigades Al-Qassam
a été tué par un missile israélien.
Rappelons que Hamad avait obtenu de
Khaled Mechaal, le chef du bureau
politique du Hamas en exil, de quitter
Damas où le mouvement avait pourtant été
créé pour Doha en contrepartie d’une
subvention équivalant au double de ce
que lui donnaient les Iraniens,
probablement un milliard de dollars.
S’agissant de la Syrie, Al-Jazeera a
créé un véritable studio au Qatar,
tandis qu’Al-Arabia a créé le sien en
Arabie Saoudite, et ce, pour faire des
images préenregistrées dans le but
d’accabler Damas, tandis que le procédé
du trucage sur tous supports (vidéos,
photos, documents) sera développé par
les deux chaînes qui distribueront leurs
faux documents aux autres chaînes
internationales. Par ailleurs, des
terroristes feront office d’envoyés
spéciaux, parfois sans même être sur
place. L’un de ces terroristes a été
arrêté par l’armée syrienne et avoué sur
la chaîne Syria qu’il avait également
fait de faux reportages depuis Tripoli
(Liban) pour Al-Jazeera (et avec sa
complicité) en faisant croire aux
téléspectateurs qu’il se trouvait à Homs
ou à Alep et en attribuant les
«bombardements» qu’il commentait à
l’armée syrienne, alors qu’il s’agissait
de bombes que les terroristes faisaient
exploser et filmer de loin, comme ce fut
le cas de l’attentat contre le gazoduc
de Homs !
Ingérence
permanente par médias interposés
WikiLeaks a fuité
des documents sur les «relations
troubles» de la chaîne avec
l'administration américaine, mais il y a
le mystère du privilège de l’exclusivité
accordé à la chaîne par Al-Qaïda dont
les cassettes sont soumises au préalable
au visionnage de l'ambassade des
Etats-Unis au Qatar avant d’être
diffusées, comme le révèle Claire Talon,
chercheuse à Sciences politiques de
Paris et auteure d'un livre sur la
chaîne. D’ailleurs, cela semble évident
car jamais le vassal qatari n’oserait
déplaire à son maître. Par une
retransmission en direct presque 24h sur
24 des images des manifestants qui
campaient à la place Tahrir, Al-Jazeera
a pu détrôner Moubarak. Puis, dans la
crise libyenne, une Irakienne accuse en
direct la chaîne qatarie de diffuser des
images préfabriquées depuis Bassora en
Irak en prétendant qu’il s’agit de la
ville libyenne de Misrata. La chaîne
persiste à dire qu’il s’agit de Misrata
pendant que la femme la met vainement au
défi de poursuivre la diffusion des
images afin d’expliquer ce qui lui a
permis de reconnaître sa ville
irakienne. La chaîne qui met en valeur
le terrorisme le plus abject et qui
organise un sondage d’opinion sur
l’attentat d’Alger en 2007 fait partie
de ces mainstream media qui se sont
transformés en outils de guerre
médiatique ou de guerre tout court, au
mépris des règles déontologiques minima
de la presse et de l’information et au
mépris des conventions de Genève qui
n’autorisent pas d’utiliser les
journalistes dans les conflits armés.
Thierry Meyssan a parlé d’éléments de
forces spéciales au sein des
journalistes couvrant la rébellion en
Libye où il était présent : il ne se
basait pas uniquement sur leurs muscles,
mais sur les critères de
professionnalisme. D’ailleurs, le
soldat-journaliste Pierre Servent fait
partie de ces journalistes soldats dont
Nicolas Boderault dévoile le CV
militaire dans un article publié par
Acrimed le 4 avril 2011. Les mainstream
media (CNN, Al-Jazeera, BBC World,
Euronews, Al-Arabia, France 24 et
consorts) finiront par verrouiller
l’information et l’actualité
internationale dans toutes les langues,
arabe inclus. Désormais, nous ne sommes
plus dans la guerre froide où l’Oncle
Sam se contentait de Radio Free Europe
et de Voice of America pour sa
propagande guerrière car les médias
étatsuniens (dont Newsweek, Timeet les
chaînes de télévision) n’étaient pas
assujettis à la Maison-Blanche comme ils
le sont aujourd’hui, ni ceux des pays
européens aussi ligotés qu’aujourd’hui
par la politique étrangère de leurs
Etats respectifs. Par l’entremise des
médias, notamment ceux d’Internet, la
Maison-Blanche se permet une ingérence
permanente dans les affaires des pays
indépendants par le biais des ONG et de
la société civile internationale, la
cyber-contestation et la cyberdissidence
– en vérité, la trahison – étant
considérées comme faisant partie des
droits de l’homme. L’usage systématique
de WikiLeaks pour la propagation
d’informations sur l’économie, le
pouvoir et la corruption dans plusieurs
pays du monde arabe laisse pantois :
soudainement devenues bananières et
incapables de contrôler leurs
fonctionnaires, plusieurs ambassades
américaines font l’objet de fuites de
câbles diplomatiques classés secret !
Par quel miracle des ambassadeurs
américains se mettent-ils à donner des
infos secrètes au public ? Si tant est
que ce ne sont que des employés,
pourquoi ne les a-t-on pas arrêtés pour
divulgation de documents secrets ? De
toute évidence, la Maison-Blanche a
ouvert le robinet de la «fuite» qui tape
fort sur Zine El Abidine Ben Ali,
mettant en évidence l’extrême fragilité
de son pouvoir et laissant clairement
entendre qu’en cas de conflit entre lui
et l’armée, les Etats-Unis ne le
soutiendraient pas nécessairement.
Pourquoi Ben Ali aurait-il un conflit
avec l’armée si l’on n’avait pas pris
soin d’y créer un opposant au préalable
? Qui sont ces éléments de l’armée
auxquels il serait opposé ? Les
télégrammes diplomatiques décrivent le
régime de Ben Ali comme une
«quasi-mafia», reprenant à la lettre les
épithètes de l’opposition islamiste et
gauchiste. Comme par hasard, les câbles
sur la Tunisie sont diffusés sur le site
Nawaat de Sami Ben Gharbia, un
cyber-dissident qui a fait des TechCamps
notamment aux USA et dont le site est
financé à 80% par Open Society de George
Soros. Pourquoi Julian Assange a-t-il
confié à Nawaat «l’exclusivité des
documents concernant la Tunisie»? se
demande le journal on line Tunisie
Secret. A la suite de ces infos, la rue
tunisienne a commencé à gronder, puis
Bouazizi s’est suicidé et Sidi Bou Saïd
s’est enflammée… Le clan de Ben Ali est
dans le collimateur pour ses «excès» et
le style de vie «somptueux». La petite
bourgeoisie tunisienne est chauffée à
blanc : «Yes we can !» crient-ils déjà,
comme des Yankees, reprenant le slogan
d’Obama.
Fuites
WilkiLeaks : la république bananière des
Etats-Unis
WikiLeaks publie
plusieurs câbles de l’ambassade des
Etats-Unis au Caire dont celui daté :
30-12-2008 à 09:09-CAIRO 002572. Les
câbles en question parlent des Egyptiens
du Mouvement du 6 avril de retour de
leur stage aux Etats-Unis et qui ont
pris contact avec les autorités
américaines pour préconiser un
changement de gouvernement au Caire,
changement auquel toutes les forces de
l’opposition égyptiennes auraient donné
leur accord ! WikiLeaks jouera donc un
rôle essentiel dans le «Printemps
arabe», participant ainsi aux grands
média-mensonges, d’une manière plus
sophistiquée que ceux qui ont précédé
les guerres impérialistes en Asie, en
Amérique latine, en Afrique. Les peuples
musulmans semblent amnésiques et
l’histoire se répète contre eux
indéfiniment, c’est ce que l’Occident
semble avoir compris. L’Occident avance.
Ses technologies avancent. Ses sciences
de manipulation des foules avancent. En
stagnant sur les plans culturel,
scientifique et technologique, les
musulmans ne sont en vérité pas restés
sur place. Ils ont reculé de manière
vertigineuse. WikiLeaks veut faire
croire que Ben Ali, Moubarak, Kadhafi ou
El-Assad sont des Pinochet. La famille
de Ben Ali est accusée de «quasi-mafia»,
à Kadhafi on attribue des atrocités dont
ces faux massacres concoctés par Al-Jazeera.
Des informations calomnieuses et des
accusations sont portées et répétées ad
nauseam au point où le réflexe pavlovien
a fait des foules de suivistes des
hordes criant vengeance. La haine qui se
dégageait des yeux des insurgés
lorsqu’ils ont arrêté Kadhafi montre
l’horreur à laquelle ils ont été portés,
une haine identique à celle des tueurs
d’An-Nousra qui massacrent au nom du
diable croyant le faire au nom d’Allah.
Les «révolutions» printanières se
disaient pacifiques, mais le sang y a
été un moteur essentiel. C’est la mort
qui a stimulé la colère des Tunisiens
qui ont organisé les manifestations de
Sidi Bou Saïd, et c’est le sang des
autres victimes qui sont tombées dans
les rangs des manifestants qui ont
engendré plus de colère. A aucun moment
les manifestants ne se sont dit que les
victimes de l’autre camp étaient aussi
des Tunisiens. L’aveuglement consiste à
ne compter que ses propres victimes, et
c’est cette logique absurde qui nourrit
une guerre civile. Ce qui se passe
actuellement en Syrie a commencé de la
même manière qu’en Tunisie :
aujourd’hui, l’aveuglement de
l’opposition syrienne – soutenue par les
Etats-Unis et le Qatar – est devenu un
«djihad», un terrorisme crapuleux. Pour
faire tomber Kadhafi, la «révolution» a
eu recours aux djihadistes du GICL et
aux mercenaires de l’OTAN et n’a pas
hésité à assassiner le raïs.
L’opposition syrienne détruit son pays
comme s’il s’agissait de quelque chose
de normal et de banal. Le discours et la
propagande impérialistes ont réussi à
intérioriser aux Arabes la trahison
comme une normalité politique et le
crime comme action légitime, voire
sacrée.
A. E. T.
(A suivre)
Partie
10/18
Partie
12/18
Article publié sur
Le Soir d'Algérie
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