Syrie : de la
guerre médiatique à la guerre militaire
?
Alexandre Latsa
Jeudi 29 août 2013
La Syrie semble plus proche que jamais
d’une agression miliaire de la part de
la coalition Occidentale et de l’Otan,
dont le trio belliqueux
Paris/Londres/Ankara s’apprête
visiblement à violer toutes les règles
du droit international et même à passer
outre le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le monde a déjà en 1999 connu une
intervention de ce type sur un petit
pays européen. Comme pour la Syrie, la
Serbie avait été victime d’une guerre
médiatique et informationnelle à
l’époque sans précédent. Mais depuis 14
ans, le mainstream médiatique a
considérablement renforcé non seulement
son monopole informationnel, que
contrebalance aujourd’hui uniquement par
Internet le courage de certains
blogueurs/analystes trop souvent
bénévoles.
Alors que l’ONU enquête au sol, le
mainstream ressasse de façon
ininterrompue les affirmations de
quelques leaders occidentaux (Amérique,
Angleterre, France, Allemagne et
Turquie) dont les diplomaties se sont
visiblement concordées pour affirmer que
non seulement l’Etat Syrien est coupable
(et ce avant les résultats de l’enquête
de l’ONU) mais qu’il faut intervenir
militairement, sans aval du conseil de
l’ONU.
De son coté, l’Etat Syrien se défend
avec ses moyens,
affirmant qu’il serait dur
de pouvoir expliquer pourquoi il aurait
choisi d’utiliser une arme chimique le
lendemain de l’arrivée des inspecteurs,
en sachant qu’il s’agit de la ligne
rouge qu’il ne doit pas franchir et ce
alors même que ses soldats se battent
maison par maison dans la zone
concernée. En outre, l’Etat syrien a
rappelé que des armes chimiques avaient
déjà été utilisées par les rebelles dans
le Nord, tandis que l’armée turque avait
elle-même arrêté sur son territoire en
mai dernier des
mercenaires du Front Al-Nosra qui
transportaient des armes chimiques.
Aussi fou et sanguinaire que soit Assad,
en tout cas de ce que le mainstream
médiatique occidental tente de nous
faire croire, on imagine mal comment
celui-ci aurait pu arriver à la
situation dans laquelle il se trouve
aujourd’hui après deux ans et demi de
conflit : celui d’un président qui a
renversé la situation pour être
aujourd’hui plus proche de la victoire
militaire et politique qu’il ne l’a
jamais été.
En effet, depuis quelques mois, les
troupes syriennes ont repris l’avantage
sur le terrain.
Les conquêtes de Qousseir et Homs ont
permis de largement sécuriser le centre
du pays, coupant ainsi la rébellion en
deux. L’assaut des rebelles sur la bande
côtière en août n’aura duré qu’une
grosse dizaine de jours avant que
ceux-ci ne soient
repoussés. La sécurisation
des fiefs alaouites de cette région
rapproche encore plus l’armée du Nord du
pays, notamment de la ville d’Alep (la
mère des batailles selon le président
syrien), mais aussi des campagnes du
Nord du pays, frontalières de la Turquie
et réels sanctuaires des rebelles.
Autour de Damas, la lente campagne de
reflux du front est en cours, elle
consiste à repousser les combats à
l’extérieur des zones urbaines. Ces
derniers jours, les assauts de l’armée
syrienne sur la Gouta-Est, notamment via
les quartiers de Djobar et Kaboune, ont
considérablement affaibli le Front Al-Nosra,
comme l’expliquent les journalistes de
l’agence Abkhaze
Anna-news, qui sont les
seuls journalistes présents sur place
(voir leurs incroyables vidéos
ici), au cœur des combats.
Selon eux, la bataille de Djobar (vidéo
ici) remportée par l’armée
syrienne après 12 mois de combat
signifierait la
mort politique et tactique
du groupe terroriste Front Al-Nosra qui
aurait laissé beaucoup d’hommes sur le
terrain et sans doute dans la débandade
utilisé du gaz pour tenter de déclencher
une intervention internationale.
S’agit-il des terroristes arrêtés en
Turquie en mai dernier, cités plus haut
dans l’article ?
Au même moment, la presse occidentale
affirme que le prince
Saoudien Bandar serait venu à Moscou
négocier le lâchage d’Assad en échange
d’une garantie que « l’Arabie
Saoudite maintiendrait les divers
groupes terroristes qu’elle contrôle et
finance à distance des Jeux olympiques
d’hiver de Sotchi qui auront lieu sur la
mer Noire en 2014 ».
L’empressement de l’étrange coalition
occidentalo-wahhabite à vouloir
sanctionner et affaiblir le régime
syrien tout en négociant avec Moscou
suffit largement à pouvoir imaginer que
les sponsors de la rébellion ne peuvent
que constater l’échec tactique de leurs
mercenaires.
Lorsque des historiens dans le futur
étudieront ces évènements, ils se
demanderont sans doute pourquoi la dite
communauté occidentale intervient pour
355 morts
présumés (selon MSF)
dans une présumée attaque chimique alors
que cette même communauté n’intervient
pas lorsque 450 civils kurdes, dont de
nombreux enfants, sont
assassinés par les
rebelles syriens.
Ils conviendront sans doute que le
concept du « deux poids deux mesures »
était en 2013 une notion essentielle de
la diplomatie occidentale.
Alors que le monde s’apprête à rentrer
dans une zone de turbulence et qu’une
guerre régionale, voir mondiale, n’a
jamais semblé aussi proche, le droit
international n’a quant à lui jamais
semblé autant bafoué.
Bafoué par une hyper-puissance que
l’histoire qualifiera sans doute
définitivement de criminelle, à
condition bien sûr que cette
hyper-puissance ne parvienne pas à
réécrire l’histoire à sa façon.
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