La Voix de la Russie
La grande Albanie
:
un projet américain contre la monde
orthodoxe ?
Alesandre
Latsa
Jeudi 6 décembre
2012 Mercredi dernier, le Premier
ministre albanais Sali Berisha a
prôné l’octroi de la nationalité
albanaise à tous les albanais, ou
qu’ils résident. Cette déclaration a
été faite lors d’une visite de la
ville de Vlora où l’indépendance de
l’état Albanais a été prononcée, il
y a juste 100 ans. A l’époque
l’Albanie se libérait juste du joug
Ottoman.
Cette déclaration
fait suite a une autre déclaration,
commune cette fois, que Sali Berisha
avait fait avec son homologue
Kosovar Hashim Thaçi il y a quelques
semaines, promettant l'union de tous
les Albanais. L’endroit était, il
faut le dire bien choisi, puisque
l’immense majorité des habitants du
Kosovo y est aujourd’hui d’origine
albanaise, ce qui n’a pas toujours
été le cas.
Lors de la guerre
des Balkans en 1913, les serbes
constituent encore la majorité de la
population. En 1941, le Kosovo est
rattaché à la Grande Albanie (déjà)
sous protectorat fasciste italien.
Après la guerre, le maréchal Tito
interdira l’immigration albanaise
car la Yougoslavie ne pouvait selon
lui être forte qu’avec une Serbie la
plus faible possible. En 1974, c’est
du reste lui qui attribue au Kosovo
le statut de province autonome,
statut qui sera supprimé par
Slobodan Milosevic en 1989, alors
que les Serbes ne représentent déjà
plus que 15 % de la population.
Lorsqu’en 2008 le Kosovo se déclare
indépendant, prés d’une décennie après
l’intervention militaire occidentale,
peu de commentateurs mettent le doigt
sur l’Albanité dominante de ce nouveau
petit état. L’heure est au contraire à
la fête pour ce peuple soi disant
oppressé et qui accède enfin à la
liberté. Au sein de la plupart des pays
Occidentaux et de l’Union Européenne, la
reconnaissance est instantanée, sans que
ne se pose la question du traitement de
la minorité serbe et de l’avenir qui lui
était réservé, malgré le terrible
précédent de 2004, lorsque les chrétiens
avaient été victimes de pogroms, les
églises brulées, et les droits humains
les plus élémentaires bafoués. Il est
vrai que l’Europe, pardon l’UE, avait à
cette époque d’autres priorités :
l’organisation essentielle d’une
gaypride a Belgrade.
Il
aura donc fallu seulement quatre ans
pour que la farce de l’indépendance du
Kosovo apparaisse enfin publiquement.
Seulement quatre ans pour que le Premier
ministre albanais donne raison aux
nationalistes serbes qui ont eux
toujours affirmé affronter non pas les
Kosovars (les habitants de la région du
Kosovo étant des serbes) mais bel et
bien des Shqiptars, dans un nouvel
épisode du conflit ancestral qui oppose
depuis prés de 6 siècles dans les
Balkans les Slaves orthodoxes aux fils
de convertis de l’empire Ottoman.
Le
soutien occidental à la création du
Kosovo et l’acharnement contre la Serbie
peuvent sembler complètements
inexplicables. Pourtant de 1991 à 2008,
une seule et même logique a animé les
stratèges américains: la destruction de
la Serbie, afin que celle-ci soit la
plus faible possible a l’avenir, au
moment historique inévitable ou elle
allait de nouveau se tourner vers la
Russie. Bien sûr, il fallait dans le
même temps une Russie également
affaiblie au maximum. Si de 1991 à 2000
une guerre militaire et médiatique a été
menée contre la Serbie de Milosevic en
vue de son anéantissement, dans le même
temps, c’est une guerre économique et
morale qui était menée contre la Russie
d’Eltsine. La croisade contre le monde
communiste s’est transformée en croisade
contre le monde orthodoxe, et contre son
centre névralgique et politique le plus
souverain : la Russie. Le théoricien du
containment russe en Eurasie,
Zbigniew Brezinski, affirmait lui-même
en 2007 que: «
Le
principal ennemi de l’Amérique était
désormais l’église orthodoxe russe».
La
création de la grande Albanie peut sans
doute être vue dans ce sens historique
et géostratégique. Elle est une nouvelle
allumette jetée, une allumette qui
pourrait créer une étincelle et
déclencher un nouvel incendie dans le
brasier balkanique. Cet incendie aurait
pour conséquence d’affaiblir un peu plus
l’Europe, mais aussi de déstabiliser un
peu plus le monde orthodoxe (Macédoine,
Grèce, Monténégro, Serbie…) et de
freiner son rapprochement avec la
Russie. Par ricochet, c’est donc
l’influence russe en Europe de l’Est qui
serait remise en cause, et donc son
rapprochement avec l’Europe de l’Ouest.
Ce faisant, l’Amérique aurait atteint
une nouvelle fois son objectif essentiel
: éviter un rapprochement continental et
européen entre les mondes catholiques et
orthodoxes.© 2005-2012 La Voix de la Russie
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