Alan Hart
Lundi 15 février 2010
http://mazinx.wordpress.com/2010/02/15/zionism-a-terrifying-nightmare/
La plupart des juifs du monde entier (et
probablement beaucoup de Gentils) pensent que le sionisme
signifie le retour des juifs sur la terre que Dieu leur aurait
promise. Je dois dire, et avec force, que je n’adhère pas à ce
concept.
Les juifs qui sont « retournés » (en
Palestine) en réponse à l’appel du sionisme n’avaient aucun lien
biologique avec les Hébreux de l’antiquité. Il s’agissait de
gens convertis au judaïsme, bien après la conquête hébraïque et
la domination par les Hébreux, d’une très courte durée, de la
plus grande partie de Canaan, nom biblique sous lequel la
Palestine fut tout d’abord connue par le reste du monde. Ils
n’ont, par conséquent, aucune légitimité à revendiquer cette
terre.
Les juifs qui ont une légitimité à le
faire, qui n’étaient sans doute pas plus d’une dizaine de
milliers à l’époque de la première déclaration de mission du
sionisme, en 1897, étaient les descendants directs des
Israélites qui restèrent sur cette terre à travers les siècles.
Ils se considéraient Palestiniens, et ils s’opposèrent tout
d’abord de manière véhémente à l’entreprise coloniale sioniste,
parce qu’ils redoutaient que celle-ci ne fasse d’eux, ainsi que
des juifs étrangers qui commençaient à affluer, des ennemis des
Palestiniens arabes.
Il est exact aussi qu’avant l’atrocité de
l’holocauste nazi, la plupart des juifs, dans le monde entier,
n’étaient absolument pas intéressés par l’entreprise coloniale
du sionisme et que beaucoup d’entre eux y étaient opposés. Les
plus informés et réfléchis parmi eux redoutaient que
l’entreprise coloniale sioniste ne conduisît à un conflit
interminable. Mais, par-dessus tout, ils redoutaient que le
sionisme, au cas où les grandes puissances lui permettraient de
faire ce que bon lui semblait, susciterait un jour de
l’antisémitisme. C’est précisément ce qui est en train de se
produire aujourd’hui (d’où le titre de mon ouvrage Zionism: The Real Enemy Of The Jews).
En réalité, c’est la façon dont les
sionistes ont créé leur Etat – un Etat sioniste, et absolument
pas un Etat juif – qui définit au mieux ce qu’est, au fond, le
sionisme.
Israël a été créé, principalement, par le
terrorisme et par l’épuration ethnique sionistes – un plan
prédéfini à l’avance, qui a abouti à la dépossession des
trois-quarts des habitants indigènes de la Palestine de leurs
maisons, de leurs terres et de leurs droits.
Le sionisme affirme que son Etat se serait
vu décerner son certificat de naissance, et donc sa légitimité,
par la Résolution de Partage de l’Onu adoptée le 19 novembre
1947. Ce n’est que propagande absurde. La vérité peut être
résumée ainsi qu’il suit :
- Tout d’abord, l’Onu, sans l’assentiment
de la majorité de la population palestinienne, n’avait aucun
droit à décider du partage de la Palestine ni à assigner une
quelconque partie de son territoire à une minorité composée
d’immigrés étrangers, afin d’y établir un Etat qui leur fût
propre ;
- ce n’est que d’extrême justesse, et
seulement après un vote bidonné, que l’Assemblée Générale de
l’Onu a adopté une résolution visant à partager la Palestine et
à créer deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, Jérusalem ne
dépendant ni de l’un ni de l’autre. Mais la résolution de
l’Assemblée générale n’était qu’une simple recommandation – cela
signifie qu’elle ne pouvait être d’aucun effet, qu’elle ne
pouvait devenir une décision politique sans avoir été approuvée
par le Conseil de Sécurité ;
- la recommandation de l’Assemblée générale
n’a jamais été soumise à un quelconque nouvel examen du Conseil
de Sécurité pour la simple raison que les Etats-Unis savaient
parfaitement que, dût cette résolution être adoptée, elle ne
pouvait être imposée que par la force, en raison de l’étendue de
l’opposition arabe et musulmane à son égard ; et le président
Harry S. Truman n’était pas prêt à imposer le partage de la
Palestine ;
- ainsi, ce plan de partage était vicié (il
devint irrecevable) et la question de savoir ce que l’on allait
bien pouvoir faire de la Palestine – la Grande-Bretagne, après y
avoir semé son bordel, s’en étant retirée, remettant, de facto,
le pouvoir au terroristes sionistes – fut renvoyée devant
l’Assemblée Générale en vue de débats complémentaires. L’option
privilégiée et proposée par les Etats-Unis consistait à
l’imposition d’une tutelle temporaire de l’Onu sur la Palestine.
C’est durant le débat de l’Assemblée Générale qu’Israël a
déclaré unilatéralement son existence – en réalité, en défiant
la volonté de la communauté internationale organisée,
administration Truman comprise.
La réalité, à l’époque, était que l’Etat
sioniste n’avait aucun droit à exister et, plus exactement,
qu’il ne pouvait avoir aucun droit tel… tant que… tant qu’il
n’aurait pas été reconnu et légitimé par ceux que le sionisme
avait dépossédés de leur terre et de leurs droits. Sous l’empire
du droit international, seuls les Palestiniens étaient légitimes
à conférer Israël la légitimité à laquelle celui-ci aspirait.
Qu’est, aujourd’hui, un sioniste ? Brève
réponse : c’est quelqu’un (qui n’est pas nécessairement juif),
qui (pour citer Balfour) soutient l’Etat sioniste d’Israël « à
tort ou à raison » et qui ne peut admettre (ni n’admettra
jamais) qu’un tort épouvantable a été infligé par le sionisme
aux Palestiniens – un tort qui doit être reconnu, puis corrigé
en des termes acceptables pour les Palestiniens si l’on veut
qu’il y ait un jour une paix et que le compte à rebours vers la
catastrophe soit arrêté. Le mot arabe désignant la catastrophe
qu’a représentée la dépossession initiale des Palestiniens est
Nakbah. A mes yeux, le déni sioniste de la Nakbah est tout aussi
obscène et maléfique que le déni de l’holocauste nazi.
Si l’est une chose que l’on ne saurait
nier, c’est bien l’efficacité de la machine de propagande du
sionisme. Les bourreurs de crânes sionistes ont probablement
appris des nazis que plus le mensonge est gros et plus on le
répète souvent, plus il y a de chance pour qu’il soit cru, en
particulier dans le monde gentil judéo-chrétien (ou
occidental) ; et cela, d’autant plus que les médias consensuels
sont terrifiés à l’idée d’offenser le sionisme,
aussi peu que ce soit.
Le plus énorme mensonge de toute la
propagande sioniste est celui selon lequel Israël aurait vécu
dans un danger permanent d’être anéanti : c’est le fameux
« rejet à la mer » des juifs de Palestine. Comme je l’étudie
dans mon bouquin, l’existence d’Israël n’a jamais, au grand
jamais, été menacée par une quelconque combinaison de forces
arabes. Cela n’a été le cas ni en 1948, ni en 1967, et même pas
en 1973.
L’affirmation du contraire par les
sionistes a servi de couverture à Israël pour faire ce qu’ils
voulaient, là où cela avait le plus d’importance, en Amérique du
Nord et en Europe occidentale, en présentant leur agression (le
plus souvent sous la forme du terrorisme d’Etat) comme de
l’autodéfense, et en se présentant eux-mêmes comme les victimes
alors qu’ils étaient, en réalité, les oppresseurs (ce qu’ils
sont encore aujourd’hui).
Le corollaire, dans le bourrage de crâne
sioniste, consiste à dire qu’Israël n’aurait jamais eu de
partenaires arabes avec lesquels négocier une quelconque paix.
Le sionisme a deux marques de fabrique : la
première est une bien-pensance absolument extraordinaire. En
1986, cette autojustification fut qualifiée par Yehoshafat
Harkabi, un ancien chef du renseignement militaire israélien, de
« plus grand danger » pour l’Etat juif.
L’autre marque de fabrique d’Israël, c’est
l’arrogance choquante et insupportable de ses élites militaire
et économique et l’influence que la seconde possède, d’une
manière particulièrement critique sur le Congrès des Etats-Unis,
où ce qui passe pour la démocratie est en réalité à vendre au
plus offrant.
En ce qui concerne la question de la vérité
à propos de la fomentation et de l’entretien du conflit en et au
sujet de la Palestine, devenue Israël, j’espère que le
philosophe allemand Arthur Schopenhauer (1788-1860) dit vrai :
« Toute vérité passe par trois étapes. Tout d’abord, elle est
tournée en ridicule. Ensuite, elle est violemment contrée.
Enfin, troisièmement, elle est acceptée par tous, qui l’estiment
couler de source ».
Si cela est vrai, alors non seulement le
sionisme peut être vaincu, mais vaincu, il le sera !
Alan Hart est un ancien correspondant
d’ITN et de l’émission Panorama de la BBC ; il a couvert des
guerres et des conflits un peu partout dans le monde, et il
s’est spécialisé dans les questions moyen-orientales. Il est
auteur de l’ouvrage : Zionism: The Real Enemy Of the Jews. Son blogue est à l’adresse : on
www.alanhart.net et il « twitte »
à l’adresse ci-après :
www.twitter.com/alanauthor.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier