Opinion
La feuille de
route (un peu floue) de Laurent Fabius
Alain
Gresh
Alain
Gresh
Samedi 30 juin 2012
Le 27 juin, lors d’un colloque
international intitulé « le monde arabe
à l’âge des révolutions », Laurent
Fabius, ministre des affaires étrangères
de la France, est intervenu sur «
La France et le nouveau monde arabe
».
A sa prise de fonction, son
prédécesseur Alain Juppé s’était déjà
exprimé sur ce thème, sous forme
d’autocritique, mais il faut
reconnaître que son bilan fut loin
d’être à la hauteur du discours qu’il
avait alors prononcé. Qu’en sera-t-il du
bilan de Fabius dans un an ?
Voici l’intégralité du texte avec
quelques commentaires.
« Je suis heureux de conclure ce
colloque utile consacré à un état
des lieux du monde arabe à l’âge des
révolutions. Ma présence ici atteste
l’importance que la France accorde à
ses relations avec le monde arabe et
au débat avec les cercles
intellectuels, les universitaires et
les chercheurs. Je salue la qualité
de vos travaux et je remercie le
Professeur Gilles Kepel de les avoir
organisés et de m’y avoir si
gentiment invité.
Le 17 décembre 2010, lorsque
Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant
tunisien, s’immole par le feu devant
le siège du gouvernorat de Sidi
Bouzid, personne ne sait encore
qu’une onde de choc est en train de
naître qui va transformer le monde
arabe. Un an et demi après, alors
que le Frère musulman Mohamed Morsi
vient d’être élu président de
l’Egypte, pays le plus peuplé de la
région, la physionomie de celle-ci a
changé en profondeur. Oui, il y a à
l’évidence un “nouveau monde arabe”
et la France doit se situer par
rapport à lui.
Pour comprendre l’importance des
transformations en cours, il faut
remonter un peu dans l’histoire
récente. Au milieu du XXème siècle,
au moment des indépendances, le
monde arabe a déjà connu une période
de bouillonnement politique. Si les
Etats ont gagné leur indépendance,
les peuples, eux, n’ont pas gagné la
leur. Dans un deuxième temps,
souvent à la faveur de coups d’Etat
militaires, des régimes autoritaires
se sont installés, avec l’accord ou
la complicité des grandes
puissances. Plusieurs décennies
d’immobilisme politique ont suivi,
sous couvert de nationalisme arabe.
Pour autant, les sociétés ont
continué d’évoluer, en tout cas de
le souhaiter, ouvrant la voie aux
bouleversements actuels. Ces
derniers se présentent donc comme
une sorte de troisième époque du
monde arabe depuis les
indépendances. A Tunis, au Caire, à
Damas, à Sanaa, à Benghazi, sous des
formes différentes, un même mot
d’ordre s’est fait entendre : la
dignité – la karama. »
Cette vision des indépendances est
bien réductrice. Celles-ci n’ont pas
seulement été politiques. Les nouveaux
Etats ont mis en place des systèmes
d’éducation et de santé que le
colonialisme avait bien été incapable
d’édifier (en Algérie par exemple).
D’autre part, ces Etats ont pris le
contrôle de leurs richesses naturelles,
du pétrole au canal de Suez, ce qui
n’est pas rien. Et si les sociétés ont
pu évoluer, c’est bien grâce à ces
réformes qu’ont permis les
indépendances.
« Ce vent de liberté a rendu
notre voisinage arabe et
méditerranéen souvent
méconnaissable, le paysage dessiné
par le ou les “printemps arabes”
frappant par ses contrastes et ses
incertitudes. Au-delà des
différences traditionnelles – le
Maghreb n’est pas le Moyen-Orient,
lequel n’est pas la péninsule
arabique –, une nouvelle
cartographie se dessine. En Tunisie,
en Egypte, en Libye, au Yémen, les
régimes sont tombés et les
dictateurs chassés grâce à une
alliance inédite entre la jeunesse,
les classes moyennes et les
militaires. Pour ces pays, après la
tempête, l’enjeu est maintenant de
bâtir un ordre politique, économique
et social plus juste et plus stable.
Dans d’autres pays, la résonance
du printemps arabe a conduit les
autorités à un mouvement de
modernisation et de démocratisation.
Le Maroc donne l’exemple de cette
voie, que la Jordanie tend plus ou
moins à suivre. En Algérie, les
attentes de la population sont
voisines de celles du reste du monde
arabe, et on doit espérer que le
nouveau Parlement mettra rapidement
en œuvre les réformes attendues. »
Où l’on voit que la complaisance de
la France à l’égard des pouvoirs en
place n’a pas vraiment changé. Qui peut
penser que le Maroc est engagé sur la
bonne voie ou que la Jordanie, où la
répression se poursuit contre la
contestation et où l’ordre politique est
confisqué par le roi, sont sur la bonne
voie ? Et qui peut espérer quoi que ce
soit du nouveau parlement algérien ? La
France a des relations diplomatiques
avec tous les pays, y compris les
dictatures, et cela est « normal » ; ce
qui ne l’est pas c’est de faire l’éloge
de régimes qui répriment leur peuple.
« Les pays du Golfe – Arabie
Saoudite, Emirats Arabes Unis,
Qatar, Koweït – sont devenus des
acteurs importants sur la scène
mondiale et des investisseurs
majeurs. Ils jouent un rôle parfois
décisif dans les évolutions
régionales, en particulier en Libye,
en Syrie ou au Yémen. Derrière un
immobilisme apparent, leurs sociétés
sont travaillées par un islam
rigoriste mais aussi par une volonté
d’ouverture. Le débat affleure et
s’exprime dans la presse, voire dans
les institutions. »
Une phrase bien alambiquée pour
éviter de se prononcer sur les régimes
en place. Bahreïn n’est même pas
mentionné, ni l’intervention de l’Arabie
saoudite dans ce pays pour écraser le
mouvement populaire. Enfin, qui peut
croire que les interventions de l’Arabie
en Libye ou en Syrie soit mue par une
volonté de faire avancer le changement
et la démocratie ?
« Ailleurs encore, face aux
revendications populaires, les
régimes attachés au statu quo
répondent par la répression et la
violence. En Syrie, la conjonction
d’une répression massive, des effets
de la mosaïque communautaire qu’est
ce pays et d’interférences
extérieures conduit à une véritable
catastrophe humanitaire et à un
risque de déstabilisation de toute
la région. Le Liban subit de plein
fouet les retombées de cette crise
et est traversé par de vives
tensions. Au sud, les Palestiniens
mûrissent une frustration puissante,
que renforce encore leur ouverture
au monde et un bon niveau
d’éducation. Cependant qu’Israël
s’interroge sur les conséquences de
ces transformations pour sa propre
sécurité.
Ajoutons à ce tableau
multifacettes les nombreux foyers
d’instabilité. En Irak, l’effort de
redressement engagé par le
gouvernement est important, mais il
reste beaucoup à accomplir pour
garantir la sécurité et la cohésion
du pays, ainsi que la protection des
minorités. Dans la zone
saharo-sahélienne, une crise
complexe et très dangereuse
s’installe, résultat de nombreux
facteurs de déliquescence – Etats
faillis, régions périphériques
délaissées, corruption et trafics
multiples, présence de groupes
islamistes fortement armés.
Si les changements portés par les
printemps arabes sont
spectaculaires, l’avenir apparaît
donc fragile et incertain. En France
et en Europe, cette incertitude
provoque, dans l’opinion, des
sentiments mélangés. L’aspiration
démocratique inspire une vague de
sympathie ; mais les risques
d’instabilité politique, leurs
conséquences économiques et la
montée des intolérances suscitent
pour le moins des interrogations. »
Est-ce l’opinion française ou les
gouvernants qui éprouvent des sentiments
mélangés ? La montée de l’intolérance
chez eux « nous » inquiète ?
Comprenons-nous que la montée de
l’intolérance chez « nous » à l’égard
des immigrés inquiète au même titre
là-bas ?
« Dans ces conditions,
qu’espérer, que craindre, que faire
? Voilà trois questions auxquelles
je souhaite apporter des éléments de
réponse. La France regarde avec
confiance les changements dans le
monde arabe car elle est convaincue
qu’il est toujours préférable de
faire le pari de la démocratie. Avec
confiance, mais avec lucidité, car
nous n’ignorons pas les défis du
présent, du proche avenir et du long
terme. Il n’est pas en notre pouvoir
de transformer mécaniquement les
révolutions en succès et nous
n’avons pas à nous ingérer dans la
vie politique d’Etats souverains.
Pour autant, consciente de ses
responsabilités, la France veut et
doit contribuer activement sur le
plan bilatéral et multilatéral aux
progrès des transitions
démocratiques, économiques et
sociétales.
Qu’espérer ? Les mouvements à
l’œuvre dans les sociétés arabes
sont profonds et , je le disais,
complexes. Ils expriment des
attentes – la liberté, la justice,
la dignité, la démocratie – qui sont
aussi les nôtres et font écho à des
valeurs traditionnellement portées
dans le monde notamment par la
France. C’est ainsi que
personnellement j’ai accueilli ces
mouvements dès les premières
semaines de l’année 2011. Et c’est
pourquoi j’ai regretté, comme
beaucoup d’autres, le rendez-vous
manqué du gouvernement français de
l’époque avec cette dynamique
révolutionnaire. Au Maghreb, la
France – en tout cas son
gouvernement – a déçu ; déception
renforcée par la stigmatisation de
l’immigration à laquelle celui-ci se
livrait parallèlement. Ce
rendez-vous manqué venait de loin.
Depuis des décennies, alors que
beaucoup connaissaient la réalité de
nombreux pays arabes – pouvoir
confisqué, droits de l’Homme
méprisés, presse muselée, corruption
et chômage installés –, le choix
avait été fait de miser sur des
régimes autoritaires et même
dictatoriaux pour garantir la
stabilité de la région. Or, les
pouvoirs appuyés sur la peur et la
répression n’offrent qu’une illusion
de stabilité, laquelle finit
toujours par se fissurer. »
Je ne sache que les socialistes aient
été bien plus critiques à l’égard des
dictatures. Les partis au pouvoir en
Egypte et en Tunisie étaient membres de
l’Internationale socialiste et l’on ne
compte pas les dirigeants socialistes
français qui ont salué l’Egypte de
Moubarak (et qui y ont passé leurs
vacances) ou qui ont mis en avant la «
laïcité » de la Tunisie de Ben Ali.
« Le grand espoir suscité par les
révolutions arabes, c’est celui d’un
monde arabe vivant dans la paix, la
stabilité et la prospérité par la
démocratie et la liberté. Cet
espoir, je le crois possible. Les
révolutions ont été le révélateur
d’un monde arabe épris de liberté,
en quête de dignité, en attente de
droits politiques et sociaux. Là où
nous avons nous-mêmes parfois donné
le sentiment de douter de nos
valeurs démocratiques en nous
satisfaisant du statu quo dans le
monde arabe et ailleurs, ces
révolutions viennent nous rappeler
l’universalité de ces aspirations.
Je veux dire ici mon admiration à
celles et ceux - syndicalistes,
militants des droits de l’homme,
bloggeurs, étudiants, simples
citoyennes et citoyens, parfois
militaires –, qui ont eu le courage
de se dresser contre la répression
de pouvoirs cruels, assis sur des
systèmes corrompus. Je pense
notamment à l’abnégation de ceux
qui, en Syrie et ailleurs, se
battent quotidiennement au prix de
leur vie. »
Et ailleurs ? Au Bahreïn ou au
Soudan, en Jordanie ou en Arabie
saoudite ?
« Le mouvement est maintenant
lancé. Le mur de la peur est tombé.
Pour la première fois depuis les
indépendances, ceux qui étaient
plutôt considérés comme des sujets
ont enfin le sentiment d’être des
citoyens. En Tunisie, en Libye, en
Egypte, au Yémen, les sociétés ont
montré qu’elles voulaient prendre en
main leur avenir, là où beaucoup se
permettaient de penser qu’elles en
étaient incapables. A été ainsi
réfuté le vieux préjugé occidental,
fréquemment teinté de colonialisme,
qui posait comme principe une
incompatibilité congénitale entre
aspiration démocratique et monde
arabe – avec le sous entendu qu’il
s’agissait du monde musulman.
En réalité, cette vague
démocratique se nourrit d’une
aspiration à l’universel qui
traverse l’histoire arabe. Le monde
arabe a connu dans la première
moitié du XXe siècle un âge libéral,
dans les pays où furent possibles
des moments constitutionnels et
parlementaires. Ces expériences
démocratiques procédaient
elles-mêmes du mouvement de
renaissance culturelle et
intellectuelle du XIXe siècle – la
Nahda. De puissantes protestations
populaires, sociales et
patriotiques, largement séculières,
ont émaillé ces périodes. Celles
d’aujourd’hui sont à bien des égards
leurs héritières, même si leurs
formes et leur ampleur ne sont pas
les mêmes. Loin d’être toujours le
signe d’une opposition à d’autres
cultures, à d’autres valeurs, et à
l’encontre de prophéties erronées
qui annonçaient un affrontement
fatal des civilisations, les
révolutions arabes sont donc à
l’origine largement une
réappropriation de ce qui nous est
commun. Elles rappellent
opportunément que l’appartenance à
l’islam n’a rien d’incompatible avec
l’aspiration démocratique.
Concrètement, l’espoir que nous
pouvons nourrir est que les
islamistes qui arrivent au pouvoir
par les urnes soient conduits à des
compromis utiles pour gouverner,
qu’ils montrent qu’ils savent passer
de l’opposition au pouvoir, qu’ils
respectent le cadre dans lequel ils
ont été élus, qu’ils réussissent le
développement économique et social
et contribuent à réduire
l’extrémisme.
Que craindre ? Que, au contraire,
ayant réalisé beaucoup de sacrifices
pour parvenir au gouvernement, ces
nouveaux pouvoirs refusent à terme
de les remettre le cas échéant à
d’autres ; qu’ils ne parviennent pas
à se départir de la culture et de la
pratique du monolithisme ancrées
dans des années de répression, voir
de clandestinité ; que les
difficultés économiques et sociales
prévisibles les conduisent à se
radicaliser ; bref, pour parler
brutalement, que le ticket en leur
faveur soit un aller sans
possibilité sinon de retour, du
moins de changement. »
De quels nouveaux pouvoirs parle-t-on
? Le seul pays où un nouveau pouvoir
s’est vraiment établi, c’est la Tunisie.
En
Egypte, c’est l’armée et l’ancien
régime qui continuent de contrôler le
jeu et restent le principal danger. Au
Maroc, c’est un gouvernement sans marge
de manœuvre que le roi a laissé
s’installer. Laurent Fabius parle des
révolutions comme si elles avaient eu
lieu, alors qu’elles n’en sont qu’à leur
début et que l’enjeu est le renversement
de l’ordre ancien qui résiste. Et il
maintient cette manière arrogante de
l’Occident de parler des autres, tout en
oubliant ses responsabilités.
« Qu’il s’agisse de ces processus
électoraux au Maghreb, de la montée
de l’islam radical, des menaces
souvent graves qui pèsent sur les
droits fondamentaux, en particulier
ceux des femmes, qu’il s’agisse de
la Syrie et du Mali, l’actualité
immédiate apporte son paquet
d’inquiétudes. Beaucoup de
démocrates craignent, en effet, de
se faire voler leur révolution. Dans
des sociétés majoritairement
conservatrices, l’islam radical
d’une part et l’armée de l’autre se
présentent souvent comme des
recours. Dans les mouvances
islamistes, à côté de vrais
démocrates existent aussi des
adversaires résolus du pluralisme.
Entre retour du religieux et
conservatisme sociétal, les droits
des femmes sont souvent attaqués,
ainsi que ceux des minorités
religieuses. »
Encore un fois, les femmes. Mais où
en est leur situation en Arabie saoudite
? Et la guerre en Afghanistan, menée au
nom, entre autres,
du droit des femmes, a abouti à des
souffrances encore plus grandes pour
celles-ci.
« En Libye, par exemple, la
situation reste instable, et le
gouvernement peine à s’affirmer. En
Syrie, les tueries quotidiennes
continuent sous l’ordre du chef des
massacreurs, Bachar al-Assad. On
estime à 1,5 million le nombre de
personnes qui ont besoin d’aide
humanitaire. Déjà plus de 100 000
syriens ont fui leur pays et sont
aujourd’hui réfugiés au Liban, en
Turquie, en Jordanie et en Irak, ce
qui pèse sur les équilibres de ces
pays. A Bahreïn, contestation
populaire et préoccupations de
sécurité régionale s’entrecroisent
et la répression est là. »
Pourquoi, quand on parle de Bahreïn
on évoque la sécurité régionale, mais
pas quand on parle de la Syrie ?
« L’un des risques est celui
d’une révolution empêchée ou
confisquée, celui d’une forte
déception après une immense
espérance. Déception politique, si
le processus démocratique est
confisqué. Déception économique et
sociale, dès lors que les
révolutions ont entraîné dans un
premier temps un impact économique
négatif, notamment sur le tourisme
et les investissements étrangers.
Les révolutions ont ravivé aussi des
tensions internes aux sociétés
arabes : tensions sociales et
religieuses, tensions entre la
modernité et l’affirmation
identitaire, tensions entre des
sociétés plutôt conservatrices et
des jeunesses éduquées plus
libérales. En Syrie, en Irak, au
Liban et dans l’ensemble du Proche
et du Moyen-Orient, le clivage
historique entre sunnites et chiites
–sur lequel il faudrait de longs
développements – apparaît
structurant. »
La révolution ne peut pas être
confisquée, car elle n’a pas encore eu
lieu ! Quant aux tensions « historiques
» entre chiites et sunnites, elles
relèvent des lieux communs orientalistes
: en 2006, durant l’agression
israélienne contre le Liban, les
portraits de Hassan Nasrallah ornaient
les boutiques du monde arabe sunnite.
Bien sûr, il existe des tensions, ici
comme ailleurs, religieuses ou tribales,
mais le ministre aurait pu rappeler que
ce sont les télévisions satellitaires
financées par notre allié saoudien qui
jouent un rôle majeur dans
l’exacerbation de ces tensions. Et que
c’est la France qui a inventé le
confessionalisme au Liban et en Syrie,
allant jusqu’à créer un « Etat alaouite
»
« Dans ces conditions, Les
sociétés arabes pourront-elles
réguler ces tensions de manière
civile, pluraliste et pacifique, en
un mot démocratique ? Ou au
contraire, face aux risques de
conflits, le choix sera-t-il fait
d’une prétendue “stabilité” par le
retour à des pouvoirs autoritaires,
peut-être moins caricaturaux que les
précédents mais guère plus
démocratiques ? Voilà quelques-uns
des scénarios alternatifs et des
interrogations qui se dessinent.
Je suis convaincu pour ma part
qu’un excès de pessimisme serait
aussi inadapté aujourd’hui que
pouvait l’être hier l’espoir
inconsidéré d’une transition rapide
vers une démocratie à l’occidentale.
»
Je ne suis pas vraiment sûr que «
notre » démocratie à l’occidentale soit
vraiment le modèle idéal. Ainsi, en
France, quand le peuple vote contre un
traité européen, on dissout le peuple et
on adopte le traité...
« N’oublions jamais, en effet,
que tout processus démocratique est
inscrit dans le temps long, qu’il
comporte des avancées et des reculs,
des accélérations et des blocages,
des doutes qui succèdent aux
promesses. La trajectoire des
révolutions n’est jamais totalement
linéaire. Dans notre propre
histoire, après la Révolution
Française, il y eut la Restauration.
Après 1848, le Second Empire. Et
après la Commune de 1871 vint une
période d’Ordre moral, marquée par
le retour du religieux. Nulle part,
la démocratie ne s’invente en un
jour.
J’ajoute qu’il n’existe pas un
seul modèle démocratique et qu’il
appartiendra à chaque pays de
construire celui qui lui convient.
Des formules politiques doivent être
expérimentées – on pense notamment à
la Turquie –, qui associent des
traditions et de nouvelles formes de
participation, des références
spécifiques et des principes
universels.
Les espoirs et les craintes étant
mélangés, que faire ? C’est ma
troisième interrogation, celle à
laquelle un gouvernement doit
répondre. Face à une situation aussi
complexe, ambivalente, la France, au
nom de la proximité, de l’amitié et
de l’histoire qui nous lie, porte
une responsabilité d’appui. Elle a
aussi des intérêts à défendre. Le
monde arabe est notre voisin et tout
ce qui s’y passe emporte des
conséquences directes pour nous.
D’un point de vue économique, la
stabilité du monde arabe, compte
tenu de ses ressources, constitue un
enjeu décisif. Il n’existe pas
d’autre choix raisonnable pour nous
que de travailler à la stabilité, à
la paix, à la sécurité et au
développement économique de ces
partenaires essentiels. Nous le
ferons en respectant quatre grands
principes : le refus de l’usage de
la violence contre le peuple, la
défense des droits fondamentaux, le
respect du pluralisme et des droits
des minorités, la nécessité de
réformes en profondeur afin de
répondre aux attentes économiques et
sociales des populations. »
Même la violence contre le peuple de
Bahreïn ? Et s’il est bon des défendre
les droits des minorités, les peuples
arabes nous rappellent régulièrement et
à juste titre la manière dont nous
traitons nos propres minorités immigrées
et/ou musulmanes.
« A court terme, nos priorités
sont fixées par les urgences. En
Syrie, la poursuite de la répression
sanglante fait chaque jour de
nouvelles victimes. La France se
mobilise pour mettre fin aux
violences. Lundi dernier, avec nos
partenaires européens, nous avons
décidé un nouvel ensemble de
sanctions pour accroître la pression
sur le régime. Les négociations,
notamment entre les membres
permanents du Conseil de sécurité,
continuent afin de permettre une
mise en œuvre effective du plan
Annan, ce qui passe par une action
ferme de ce Conseil, possiblement
via une résolution sous chapitre
VII. La semaine prochaine, à
l’initiative de la France, le Groupe
des amis de la Syrie se réunira à
Paris, où sont conviés plus de cent
cinquante Etats. L’enjeu est de
soutenir l’opposition et de préparer
la transition politique, car Bachar
al-Assad doit partir.
La situation au Mali, et plus
largement dans l’ensemble du Sahel,
constitue une autre urgence. Si nous
n’agissons pas, le Nord Mali risque
de se transformer en sanctuaire
durable pour les terroristes. C’est
pourquoi nous nous mobilisons, là
aussi, pour permettre le retour de
la sécurité et de l’ordre
constitutionnel. Nous soutenons les
efforts de l’Union africaine, de la
CEDEAO, de l’Europe et des Nations
Unies pour la sécurité et le
développement. Une médiation est en
cours, un accompagnement de sécurité
est en préparation. S’agissant de la
menace terroriste, la réponse passe
par une coopération régionale afin
de mettre en échec ces groupes
dangereux et extrêmement mobiles. La
France travaille à des initiatives
en ce sens, en appui des initiatives
régionales et des autorités locales
légitimes.
L’Iran continue de nous
préoccuper gravement. Ce grand pays
a, bien sûr, le droit d’utiliser
l’énergie nucléaire à des fins
civiles. Mais la possession par lui
de l’arme atomique comporterait de
lourds dangers de dissémination et
déstabiliserait la région. C’est un
enjeu majeur pour nous tous comme
pour les pays voisins, notamment
l’Arabie Saoudite, les Emirats
Arabes Unis, le Qatar. En lien avec
eux et avec les membres du Conseil
de sécurité, nous poursuivons nos
efforts pour que l’Iran accepte de
se conformer à ses obligations
internationales.
Nous sommes également très
attentifs à la situation au
Proche-Orient, où la relance du
processus de paix est indispensable
afin de stabiliser et de pacifier le
“nouveau monde arabe”. Les
changements à l’œuvre dans la région
provoquent de nouvelles attentes
chez les Palestiniens et risquent de
modifier les conditions de la
sécurité d’Israël. L’absence de
progrès dans la résolution du
conflit israélo-palestinien, qui
pourrait favoriser le radicalisme
dans les sociétés musulmanes, n’est
nullement une fatalité. Peu
d’évolutions sont probables avant
les élections américaines. Mais nous
devrons reprendre l’initiative, car
le droit à un Etat palestinien
viable et à la sécurité d’Israël
n’est pas une ritournelle théorique,
c’est une exigence impérieuse pour
le monde, pour toute la région et
pour la France. »
Ce qui est frappant, quand un
responsable français parle du conflit du
Proche-Orient, c’est qu’il s’intéresse
avant tout à la sécurité d’Israël et que
tous les beaux discours sur le droit, la
justice, les droits humains (des
Palestiniens) ne sont jamais que
seconds. Et on laisse aux Etats-Unis la
haute main sur la gestion de la crise
palestinienne, alors que même avec un
second mandat, Obama ne fera pas quelque
chose de fondamentalement différent de
ce qu’il a fait durant quatre ans,
soutenir le gouvernement israélien, le
financer, l’armer (avec quelques
modestes critiques qui permettent à ce
gouvernement de laisser entendre que
l’antisémitisme règne à Washington).
Notons aussi que l’urgence évoquée en
Syrie ou ailleurs, ne concerne nullement
la Palestine qui vit sous occupation
depuis des décennies.
« A moyen terme, la France entend
accompagner les transitions
démocratiques partout où elles ont
été lancées. Il n’existe pas de
meilleure garantie de la paix et de
la stabilité que la démocratie. Ce
principe, en rupture avec certaines
pratiques passées, doit être la
colonne vertébrale de notre
engagement. Aussi soutiendrons-nous
le potentiel démocratique des
révolutions arabes ainsi que la
dynamique de participation politique
qui s’est exprimée. Nous serons
solidaires des peuples qui aspirent
à la démocratie.
Ce principe affirmé, se pose
naturellement la question de la
méthode. Car, dans le mouvement
initial comme dans la dynamique
profonde de ces révolutions, existe
une volonté d’affranchissement à
l’égard de tout ce qui ressemblerait
à une tutelle, qu’elle soit interne
ou externe. Il appartient à chacune
de ces sociétés de trouver sa voie
et rien – a fortiori un Etat tiers –
ne peut s’y substituer. Nous
refuserons donc tout paternalisme,
fut-il, si je peux employer cette
expression, un “paternalisme
pro-révolutionnaire”.
En revanche, nous serons à la
fois pragmatiques et fermes. La
France est volontaire pour
reconnaître la légitimité et la
diversité des expressions
démocratiques et pour parler avec
ceux qui en sont issus. Ne serait-il
pas paradoxal, en effet, face à des
processus démocratiques en cours,
d’exprimer aujourd’hui une vigilance
plus sourcilleuse que celle dont
nous faisions preuve avant-hier à
l’égard des anciens régimes
dictatoriaux ? Il le serait tout
autant de refuser le contact avec
des pouvoirs élus et légitimes,
alors que nous avons accepté hier
des dictateurs comme interlocuteurs.
Dans le même temps, nous devons
être fermes sur nos valeurs et
lucides sur les événements. La
France conservera sa liberté de
jugement et s’exprimera si et quand
elle l’estime nécessaire. En gardant
à l’esprit que la démocratie, c’est
aussi le respect de deux grands
principes :
— D’une part, sont intangibles
les libertés fondamentales – égalité
devant la loi, liberté d’expression,
droits des femmes, droits des
minorités. Nous serons
particulièrement attentifs au
respect des femmes. C’est une
question de dignité, mais aussi de
progrès pour la société entière.
Pour se donner toutes ses chances,
le monde arabe doit donner aux
femmes toute leur place.
— D’autre part, il n’est pas de
société libre sans possibilité
d’alternance politique et sans
pluralisme. Nous dénoncerons donc
toute tentative de confisquer le
pouvoir ou de restreindre les droits
démocratiques. Le respect du
pluralisme est d’autant plus décisif
que les sociétés arabes sont souvent
diverses du point de vue ethnique ou
religieux. Les droits des minorités
doivent être protégés. »
Et chez nous ? Il est curieux, alors
que la Cour européenne ou Amnesty
International critiquent voire
condamnent nombre de pratiques en
France, que Paris donne l’impression de
représenter LE droit et la justice. Nous
donnons des leçons au monde entier, mais
nous ne respectons pas les principes
dont nous nous réclamons.
« Notre priorité, ce sera
l’accompagnement de la nouvelle
citoyenneté, en nous adressant aux
sociétés plutôt qu’aux seuls
gouvernements. Nos interlocuteurs
devront être aussi les mouvements
démocratiques, les associations de
défense des droits, notamment ceux
des femmes, et les mouvements qui
agissent pour l’éducation, la
culture ou le développement
économique. Cet accompagnement, ne
concernera pas la seule diplomatie ;
il devra impliquer bien au-delà.
Nous souhaitons que les échanges
étudiants, les rencontres entre
intellectuels et universitaires, le
dialogue entre associations, les
forums d’entrepreneurs et de chefs
d’entreprise à tous les niveaux, se
multiplient en mettant à profit, au
moins pour ce qui concerne le
Maghreb, la forte imbrication de nos
sociétés.
Plus largement, les transitions
démocratiques seront d’autant plus
viables qu’elles parviendront à
répondre aux attentes économiques et
sociales, qui sont des attentes
concrètes, humaines et
potentiellement explosives. Les
révolutions ont révélé d’immenses
besoins dans les sociétés arabes :
accès de tous aux biens communs,
redistribution équitable de la
richesse, amélioration des
conditions de vie, développement
économique. Chacun sait que le
chômage des jeunes est à la fois
l’une des principales causes des
révolutions arabes et l’une des
menaces majeures qui pèsent sur la
suite. En Tunisie, par exemple, le
taux de chômage des jeunes diplômés
dépasse largement les 30 %. Il
faudrait une croissance d’au moins 5
% pour absorber chaque année les
nouveaux arrivants sur le marché du
travail. Celle-ci n’est pas, ou pas
encore, à cette hauteur, au
rendez-vous. »
On aurait aimé entendre, dans la
bouche du ministre, une autocritique sur
les politiques économiques que l’Union
européenne et les organismes financiers
internationaux ont encouragé pendant
plus d’une décennie dans ces pays du
Sud, sur le silence face au pillage de
leurs ressources par des élites avec qui
nous nous entendions si bien. Et ces
élites voleuses continuent de dominer
l’économie, en Egypte ou en Tunisie.
Changerons-nous nos pratiques de
coopération ?
« Sur ce terrain économique et
social, nous – et l’Europe – pouvons
et devons accompagner fortement les
changements engagés. Il y va de leur
avenir comme du nôtre. Emploi des
jeunes, éducation et formation,
développement des territoires,
investissements productifs, mais
aussi lutte contre les inégalités ou
contre les dégradations
environnementales : la satisfaction
de ces besoins est vitale pour
l’avenir des sociétés arabes. Ce qui
est en jeu pour nous, c’est la
stabilité de l’ensemble de la
région, l’avenir des mobilités entre
les deux rives de la Méditerranée,
le futur de nos échanges économiques
et celui de la francophonie. Nos
destins sont clairement liés.
On sait que le Président de la
République François Hollande a fait
de la jeunesse, de la justice et de
la croissance les trois priorités de
sa politique de redressement pour la
France. Il est significatif de
relever que ces priorités, d’une
façon certes un peu différente mais
analogue, sont précisément aussi
celles des printemps arabes. Une
convergence naturelle se dessine
donc en vue d’une démarche de
solidarité entre les deux rives de
la Méditerranée. Jeunesse, justice
et croissance doivent être au cœur
du partenariat euro-méditerranéen
que nous voulons bâtir. J’insiste
notamment sur la jeunesse qui
implique une priorité à l’éducation,
à la formation professionnelle mais
aussi à la culture et aux échanges
universitaires. L’abrogation récente
de la fameuse et choquante
circulaire Guéant a été un premier
signe attendu, qui permet à la
France de confirmer qu’elle veut
être une “puissance d’influence” en
contribuant à la formation des
élites qui feront le monde arabe de
demain. »
Malgré l’abrogation de la circulaire
Guéant, les premières déclarations du
nouveau ministre de l’intérieur restent
peu encourageantes sur les futures
pratiques de la France
dans le domaine de l’immigration ou de
l’islamophobie.
« Ces priorités s’inscrivent
aussi dans une vision de long terme
: nous voulons contribuer à la
construction d’une sorte de grand
ensemble euro-méditerranéen, atout
considérable pour l’Europe et le
monde arabe dans la mondialisation.
Pour y travailler, il nous faut des
outils efficaces. Des réorientations
et des infléchissements seront
nécessaires sur la base d’un
inventaire précis.
L’Union pour la Méditerranée
partait d’une ambition généreuse,
mais maladroite. Il n’était
probablement pas réaliste de vouloir
inclure les deux rives de la
Méditerranée dans un même ensemble
rigide, en prétendant passer outre
aux divergences, aux différences et
même aux conflits qui peuvent
exister sur les deux rives. Le choix
de MM. Moubarak et Ben Ali comme
arcs-boutants ne traduisait pas une
fulgurante clairvoyance. L’ambition
de l’UpM n’a pas survécu aux
premières difficultés. Mais il nous
faut utiliser son secrétariat, qui a
montré son utilité, et gérer des
projets concrets de coopération. »
C’est l’arrêt de mort d’une
organisation qui, il faut le
reconnaître, n’a jamais vraiment existé.
« Plutôt que de rouvrir dès
maintenant le dossier
institutionnel, je crois à la
méthode des coopérations “à
géométrie variable”, susceptibles de
regrouper des pays volontaires pour
des projets précis. Nous avons
besoin de formats différenciés pour
répondre à la diversité des
situations et mettre en œuvre sans
attendre des coopérations concrètes.
Nous devrons veiller à ce que soient
tenues les promesses du Partenariat
de Deauville : celle de soutenir
financièrement le développement
économique et social des pays en
transition. »
Pour l’instant ces promesses n’ont
pas été tenues et, dans le contexte de
crise économique et de réduction de
dépenses, on peut avoir quelques doutes
sur la détermination du gouvernement.
« Avec les pays du Maghreb, la
France partage une responsabilité
particulière. Par notre proximité,
nous devons être avec eux des
acteurs de la construction d’un
espace de coopération et d’échanges
entre les deux rives. Mais il est
aussi essentiel que l’Europe dans
son entier s’implique dans le
partenariat avec le monde arabe.
C’est pourquoi la France portera
avec conviction cette priorité
méditerranéenne auprès de ses
partenaires de l’Union Européenne,
selon l’esprit original de la
conférence de Barcelone de 1995.
Pour y travailler, nous devons
aussi être des acteurs déterminés de
l’intégration régionale car nous
savons, en tant qu’Européens, les
bénéfices que la paix peut en tirer.
L’Union du Maghreb Arabe peut
retrouver vie, à la faveur d’un
réchauffement algéro-marocain et
d’un fort volontarisme tunisien.
Au-delà du cercle méditerranéen, le
Conseil de Coopération des Etats
arabes du Golfe (CCEAG) prend son
essor. L’UE entretient avec lui un
dialogue régulier, il faudra aller
au-delà et engager un véritable
partenariat.
Mesdames, Messieurs, il existe
bien un “nouveau monde arabe” : il
est divers, parfois déroutant, fait
d’avancées et de reculs, mais il
parle pour l’essentiel le langage de
la liberté, qui reçoit dans notre
pays un écho puissant. C’est heureux
pour la France, dont la langue fut,
et peut être encore, ainsi que le
proclamait Jacques Berque en 1956,
“l’hellénisme des peuples arabes”.
Afin d’illustrer le sens de cette
nouveauté arabe pour la France
d’aujourd’hui, je reprendrai
volontiers la propos de ce grand
arabisant, prononcé en un temps où
la position de la France auprès des
peuples arabes était bien plus
délicate. “Nous avons,
disait-il, le devoir de
contribuer à de jeunes libertés, ne
fût-ce que pour ménager en elles
notre place. Proclamer l’avenir de
la chose franco-arabe, au moment où
beaucoup, parmi les autres et parmi
nous, le déchirent, l’audace semble
paradoxale. Je soutiendrai ce
paradoxe…”. »
Sans vouloir décevoir le ministre, il
est plus que douteux que les peuples
arabes considèrent le français comme
l’hellénisme de leur monde.
« Et bien moi aussi, je soutiens
ce paradoxe : l’anticipation
avant-hier des indépendances appelle
un vaste écho aujourd’hui, alors que
les révoltes arabes sont vécues
comme le prolongement des luttes
d’il y a cinquante ans. Ce printemps
arabe, ces printemps parfois menacés
d’automnes ou d’hivers, nous
rappellent la proximité qui nous
lie. Plusieurs millions de nos
compatriotes ont leur famille
originaire de cette partie du monde.
Dans les pays du Maghreb, notre
langue est parlée quotidiennement
avec la langue arabe aux divers
échelons de la société. L’histoire
et nos coopérations nous confèrent
toujours l’image d’une nation à la
culture émancipatrice. Les positions
traditionnelles de notre pays en
faveur des droits légitimes des
peuples, malgré quelques éclipses,
nous y ont valu des sympathies
durables. Nous devons cultiver ces
sympathies, les réveiller parfois,
les faire fructifier aussi, les
mériter toujours.
En dépit de certains aspects
sombres du passé, notre histoire
avec le monde arabe est d’abord
celle d’une histoire partagée. Les
révolutions arabes ouvrent une page
nouvelle de cette rencontre
historique avec la France, puissance
d’influence. Il nous revient de
l’écrire ensemble, en amitié et en
partenariat avec les peuples arabes,
faisant de la Méditerranée un espace
prometteur de coopération et de
partage. »
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