Politique fiction
Editorial de
Richard Prasquier sur les résultats des
élections de juin 2012
Alain
Gresh
Alain
Gresh
Vendredi 2 décembre
2011
Au lendemain du scrutin
législatif de juin 2012, Richard
Prasquier, président du Conseil
représentatif des institutions juives de
France (CRIF) a publié un éditorial sur
le site de l’organisation que nous nous
permettons de reproduire intégralement
(sans autorisation).
Ainsi, nos pires craintes ont été
confirmées par les élections
législatives de juin 2012. A plusieurs
reprises, nous avions mis en garde les
responsables politiques.
Malheureusement, nos avertissements
n’ont pas été entendus. J’avais, dans un
éditorial publié en novembre 2011, écrit
sur l’effet désastreux que représentait
la mise à l’écart de quatre députés
juifs lors de l’accord Europe Ecologie
les Verts-PS.
J’écrivais alors :
« L’effet d’affichage des noms des
quatre évincés est désastreux.
Il est tentant de parler
d’antisémitisme, certains l’ont déjà
fait et je me garderai de les suivre. Je
pense que nous n’en sommes pas là. (...)
Ce que je sais néanmoins, c’est que
plusieurs de ces “évincés” sont garants,
dans leur histoire assumée personnelle
et familiale, d’une mémoire des
persécutions et des luttes communes dont
nous ne pouvons accepter qu’elle soit
rangée au rayon des vieilles lunes à
honorer du bout des lèvres. »
Je m’inquiétais aussi de
l’acceptation de la candidature d’Yves
Contassot, un des antisionistes les plus
virulents, et nous savons que
l’antisionisme n’est que l’habillage
acceptable de l’antisémitisme.
Quelle levée de boucliers cet
éditorial avait suscitées ! Même les
évincés s’étaient récriés. Et pourtant,
j’étais en dessous de la réalité, comme
le dernier scrutin vient de le prouver.
Le CRIF a fait le compte exact des
députés juifs membres de l’Assemblée
nationale et il a fait un constat
inquiétant : leur nombre est en baisse
et cela aussi bien dans la majorité que
dans l’opposition. Comment peut-on
minimiser cette décrue qui s’apparente à
un antisémitisme de plus en plus ouvert
?
D’autant que le nombre de députés
Verts a atteint un niveau inquiétant. Or
nous savons qu’ils mènent campagne
contre Israël et qu’ils s’appuient de
plus en plus ouvertement sur la
communauté musulmane.
Et c’est l’autre leçon inquiétante de
ce scrutin : la place prise par ces
communautés.
Mon ami Arno Klarsfeld avait écrit,
dans une brillante tribune du journal
Le Monde (« Pour voter, les
étrangers doivent être naturalisés.
Evitons les dérives intégristes », 24
novembre 2011) :
« Une vague fondamentaliste
traverse le monde musulman. (...) Cette
vague touche aussi par endroits le
territoire français. Voulons-nous des
listes fondamentalistes aux élections
dans certains municipalités ? »
Et encore, il n’abordait pas la
question des musulmans récemment
naturalisés et qui n’ont pas passé tous
les tests désormais prévus grâce à la
prévoyance de l’ancien ministre de
l’intérieur Claude Guéant. Nombre
d’entre eux ne sont pas des partisans de
la laïcité ni du principe de l’égalité
entre hommes et femmes. Or ils ont
participé au scrutin et pesé sur son
résultat. C’est un défi auquel notre
société devra faire face.
Dans une excellente tribune («
Le jour où... Ennahda France créera la
surprise aux législatives de 2017 »)
du journal Libération, dont les
positions de gauche sont bien connues,
Luc Le Vaillant mettait en garde, sur le
mode humoristique, contre la montée en
puissance d’Ennahda en France, qui
réussirait à imposer sa volonté.
Ce que certains prenaient pour un
scénario exagéré a pris corps, en partie
seulement, heureusement, en 2012. Non
seulement à travers le succès des Verts,
mais aussi de pas moins de sept députés
musulmans dont on peut douter qu’ils
défendront la laïcité.
Heureusement, le score de Marine Le
Pen montre que tout n’est pas perdu.
Comme l’avait déclaré mon prédécesseur
Roger Cukierman en 2002, après le score
réalisé par son père à l’élection
présidentielle : « C’est un message
aux musulmans leur indiquant de se tenir
tranquilles. » Le succès de sa fille
a encore plus de signification
puisqu’elle rompt avec le discours
antisémite de son père, reconnaît le
drame que représente de l’Holocauste et
cherche à tout prix à venir en Israël,
comme l’ont fait avant elle les leaders
de partis européens injustement
qualifiés de populistes et qui ont pris
conscience de la menace islamique pesant
sur les valeurs européennes.
Nous appelons donc à un large front
uni contre le communautarisme musulman
qui menace notre société laïque, ouverte
et tolérante.
Les analyses d'Alain Gresh
Les dernières mises à jour
|