Opinion
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La
découverte dangereuse de Cossiga
Mohamed Salmawy
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J’imaginais
que la nouvelle allait secouer le pays et que sa publication
allait ébranler toute la presse, qu’elle soit nationale,
partisane ou indépendante. J’imaginais également que ses
retombées se prolongeraient aux registres de l’Histoire pour
prouver la véracité de ce qui a été avancé dans le monde
arabe sur les événements du 11 septembre.
Mohamed Salmawy
Mercredi 26 décembre 2007
Cette information
confirme que les fameux événements du 11 septembre aux
Etats-Unis n’étaient pas tels qu’ils ont été illustrés par
les services américains de sécurité. Nous de notre côté, à
chaque fois que l’on essayait de les soumettre à l’étude et
à la recherche, on était accusé d’être victimes de la théorie
du complot.
Voilà l’un des
plus importants hommes de politique occidentaux qui fait des déclarations
dangereuses sur les événements du 11 septembre. Les voilà publiées
dans les détails et sans aucune censure, malgré leurs dangers
dans l’un des journaux à grand tirage. L’homme n’est autre
que l’ex-président de la République italienne Francesco
Cossiga, et le journal est Corriere della Sera.
La crédibilité de
Cossiga revient non seulement à son statut d’homme qui jouit
d’une grande estime et de respect dans la vie politique
italienne, parce qu’il était président de la République. Mais
également parce qu’il était l’homme qui a mis à nu ce qui a
été appelé plus tard le scandale Gladio, qui a dévoilé que
les appareils de sécurité occidentaux, en coordination avec la
CIA et sous la supervision de l’Otan étaient les réels auteurs
des attentats terroristes des années 1960, 1970 et 1980 du siècle
dernier, et qui étaient attribués aux groupes d’opposition.
Cette fois-ci,
Cossiga a annoncé que les opérations de septembre 2001 n’étaient
pas l’œuvre de Bin Laden, bien qu’il ait avoué avoir été
leur auteur, et qu’elles étaient en revanche commanditées par
la CIA et le Mossad avec l’appui des organisations sionistes.
L’objectif était de désigner les pays arabes comme accusés et
convaincre les forces occidentales de participer aux guerres d’Iraq
et d’Afghanistan. Cossiga a ajouté que ces informations sont
connues des services secrets occidentaux depuis longtemps.
Ce n’était pas
la première fois que Cossiga dévoile, pour reprendre ses propos,
l’identité du véritable auteur des opérations du 11
septembre. L’écrivain américain Webster Tarpley a évoqué
dans son livre, paru il y a deux ans, 9/11 Synthetic Terror : Made
in USA, que les opérations de septembre sont le produit d’une
mentalité de prééminence disposant d’énormes capacités. Il
a dit qu’elles ne pouvaient être exécutées sans
l’implication et l’infiltration des cercles locaux, notamment
du radar et de la sécurité aérienne.
Francesco Cossiga
avait été élu président du Sénat en 1983, ensuite il a exercé
les fonctions de président de la République de 1985 à 1992 après
une victoire à majorité écrasante aux élections. Il a jouit du
respect des forces politiques italiennes, y compris de celles de
l’opposition, que ce soit lorsqu’il présidait le Sénat ou au
cours de son investiture.
En général, son
mandat qui a duré 7 ans jusqu’en avril 1992 est considéré
comme l’un des meilleurs que l’Italie ait jamais connu à l’époque
contemporaine.
Ce qui a le plus
distingué Cossiga et qui lui a valu le respect de l’opinion
publique est sa franchise et son audace à dévoiler les déviations.
Ce sont ces traits de caractère qui l’ont amené à rendre
publique l’affaire Gladio et les opérations terroristes perpétrées
par la CIA et qui ont été attribuées aux groupes d’opposition
en Europe pour des raisons politiques.
La franchise de
Cossiga a été telle qu’il a dévoilé le rôle joué à
certains niveaux dans cette affaire et dont les séquelles étaient
sa démission de la présidence de la République. Le parlement
italien avait formé à cette époque une commission spéciale
pour mener des enquêtes sur ce scandale. Cette commission a
confirmé, à coup sûr, l’implication de la CIA dans toutes les
opérations terroristes qu’a dévoilées Cossiga. En 2001,
l’un des agents de l’opération de Gladio a témoigné devant
la commission, après avoir prêté serment que « nous devons
cibler dans nos explosions les civils, c’est-à-dire les femmes,
les enfants. Notamment, ceux qui n’avaient rien à avoir avec la
vie politique et ce, pour que les citoyens aient recours à l’Etat
à la recherche de sécurité et de protection ».
Cette logique
s’applique aux opérations de septembre 2001 qui ont poussé les
Américains à approuver toutes les lois présentées par l’Administration
de Bush et qui leur donnent le droit de violer les libertés
personnelles et de ne pas respecter la vie privée des citoyens.
Surtout ce que l’on appelle l’« acte patriotique » qui a
incité les Américains à refuser la guerre depuis le retrait du
Vietnam, jusqu’à l’appui de Bush dans sa guerre contre
l’Iraq.
Je ne vais pas
faire un commentaire sur ce qu’a dévoilé Cossiga au journal
Corriere della Sera. Ce qui m’importe c’est que j’ai cherché
des échos de ces déclarations, qui ont été transmises par les
agences de presse et les médias partout dans le monde, et chez
nous aussi, mais en vain. Bien qu’elles nous concernent en
premier lieu.
Je ne cherchais pas
un entretien exhaustif effectué par l’un des journaux avec
l’ex-président italien, ni une enquête journalistique effectuée
dans l’un de nos journaux sur les détails du secret dangereux,
ou même une analyse faite par l’un des politiciens.
J’aspirais uniquement à ce que l’on publie la matière
rapportée par un ex-président italien, qui est parfaitement
conscient de ses actes, dans un journal respectable qui est
Corriere della Sera.
Qu’est-il arrivé
à nos journaux ? Comment se fait-il que tout leur souci est la
publication des scandales privés des personnalités publiques au
point de négliger les grandes causes à dimensions sociales ? Où
est l’intérêt général ? Il est inéluctable que ce secret dévoilé
au grand jour par un homme de politique italien de la carrure de
l’ex-président italien Francesco Cossiga est de loin plus
important que la nouvelle du mariage ou du divorce d’un grand
responsable dans un parti politique. Ou encore des robes de soirée
des grandes stars au Festival du cinéma du Caire. Plus important
encore que celui d’un lapsus prononcé çà ou là par un
ministre (s’il s’agit d’un journal d’opposition) ou par un
dirigeant de l’opposition (s’il s’agit d’un journal
national).
La victime dans
tout cela est le lecteur et son droit naturel d’être au courant
de ce qui a lieu autour de lui et que la presse est censée lui
rapporter.
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Hebdo
Publié le 27 décembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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