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Ha'aretz
Bil'in : la
Haute cour a exigé un nouveau tracé du mur,
l'armée n'a toujours rien fait
Akiva Eldar
Israël est un Etat de droit, dit-on. En
tout cas, pas quand il s'agit de défendre les intérêts de
colonies, même s'il faut passer outre les jugements de la Haute
cour de Justice. NdT
Ha'aretz, 25 avril 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/977469.html
Huit mois après que la Haute cour de Justice a ordonné à l'Etat
de détruire le segment de la clôture de séparation près du
village palestinien de Bil'in « dans un délai raisonnable », le
ministère de la défense n'a toujours rien fait. Il n'a même pas
commencé à planifier un tracé alternatif, ainsi que le tribunal
le lui demandait.
Ces mesures ne font pas partie du plan de travail du ministère
de la défense pour l'année 2008. Un porte-parole du ministère,
Shlomo Dror, a affirmé hier que cette absence découle de
contraintes budgétaires et qu'il espérait que cette
planification ferait partie du plan de travail de 2009 soit un
an et quart après la décision de la Cour, pour le moins.
En septembre 2007, la Haute cour avait jugé qu'un segment long
de 1,7 km de la clôture près de Bil'in devait être détruit et
reconstruit selon un autre tracé (1). La Cour a également
précisé dans ses attendus qu¹Israël avait construit le segment
en question sur une terre appartenant à des Palestiniens en
évoquant de faux besoins en sécurité alors que l¹objectif
principal était de permettre l¹expansion de la colonie voisine
de Modi¹in Illit. De plus, les juges avaient encore précisé que
le tracé actuel était plus mauvais du point de vue topographique
et qu¹il mettait en danger les forces de sécurité qui
patrouillaient dans cette zone.
Plus précisément encore, le jury, présidé par la présidente de
la Cour suprême Dorit Beinisch, avaient jugé que le tracé actuel
avait été conçu pour inclure du côté israélien le quartier en
construction de Matityahou-Est (2). En conséquence, les juges
avaient ordonné que le tracé de remplacement soit conçu sans
tenir compte des plans de développement de cette colonie.
En dépit de tout cela, des entrepreneurs ont récemment commencé
à poser les fondations en vue de construire la partie est de ce
quartier, sur une terre dont la Haute cour a jugé qu¹elle
devrait se situer à l¹est de la clôture de sécurité.
Actuellement, le tracé de la clôture court à travers 26 hectares
de terres de Bil¹in. 16 autres hectares sont pris au piège entre
la clôture et la ligne Verte. Ces dernières années, cette
portion de la clôture est le lieu
de manifestations d¹habitants de Bil¹in et de militants de
gauche, israéliens et étrangers, qui protestent contre les
difficultés qu¹elle crée pour les Palestiniens . Les heurts ont
été fréquents entre les manifestants et les forces de sécurité,
avec parfois pour résultat des blessures des deux côtés.
L'avocat des villageois [et de Shalom Arshav, ndt], Michael
Sfard, menace d'entamer une procédure judiciaire contre le
ministre de la défense et l¹officier chargé la Cisjordanie pour
ne pas avoir agi en la matière. Dans une lettre adressée il y a
quelques jours au vice-procureur général Mike Blass, Me Sfard
écrit qu¹il le poursuivrait pour outrage au tribunal, à moins de
recevoir avant la fin de la semaine une explication pour le
retard pris dans la conception d¹un tracé de remplacement. Il
exige également que le ministère de la défense présente dès ce
mois un tracé qui respecte les critères définis par la Haute
cour.
« Il est difficile de se débarrasser de l¹impression que les
défendeurs [les autorités israéliennes, A.E.] choisissent de
jouer au plus fin avec le jugement de la Haute cour et de faire
durer la procédure jusqu¹à ce que les modifications apportées
sur le terrain rendent son application impossible », écrit Sfard.
Il ajoute que les habitants et les agriculteurs de Bil¹in «
continuent de vivre un enfer quand ils tentent d¹aller sur leurs
terres,
censées être, d¹après le jugement du tribunal, de Oleur¹ côté de
la clôture. »
En trois autres endroits de Cisjordanie, Israël n¹a pas modifié
le tracé de la clôture malgré les injonctions de la Haute cour :
dans la région d¹Alfei Menashe, à Tzofin (Azoun) et à Hashmonaim
(Na'alin). Le ministère de justice a fait savoir que les
officiels concernés par cette affaire ne pouvaient pas être
joints pour commentaire en raison des vacances de Pessah
(Pâque).
(1) Voir « La Haute cour donne raison aux villageois de Bil¹in
(et à Shalom Arshav) » :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1683
(2) Sur ce quartier et les irrégularités qui le caractérisent,
voir l¹enquête d¹Akiva Eldar, réalisée dès janvier 2006 :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1199 Trad. : Gérard
pour
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