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Ha'aretz
Boum de la
construction dans les colonies de Cisjordanie
malgré le gel déclaré
Akiva Eldar

Akiva Eldar - Photo Ha'aretz
Ha'aretz, 1er janvier 2010
http://haaretz.com/hasen/spages/1139226.html
En dépit du « gel de la construction », plusieurs dizaines de
colonies de Cisjordanie connaissent un boum de la construction,
même à la veille de la visite dans la région de l'émissaire
américain Georges Mitchell qui souhaite essayer de faire
repartir les négociations en vue d'un accord définitif entre
Israéliens et Palestiniens.
Actuellement, cette construction s'effectue essentiellement à
l'Est de la clôture de séparation. Elle a débuté peu après que
les décrets de gel de la construction eurent été publiés, le 26
novembre dernier.
Ha'aretz a visité la région mercredi, et a constaté que des
travaux avaient lieu dans les zones industrielles De Barkan et
d'Ariel. Des logements sont également en train d'être construits
à Ariel, Elkana Nord, Peduel et Kfar Tapouah. A Kfar Tapouah, un
panneau annonce des plans pour la construction de 65 nouveaux
logements. On y voyait des patrouilles d'armée, mais pas
d'inspecteurs de l'Administration civile chargés de faire
appliquer l'interdiction de la construction. Sur tous les lieux
que nous avons mentionnés, on constate la présence d'équipement
lourd qui prépare le terrain pour la construction
d'infrastructures.
D'après les données relevées par Dror Etkes de Yesh Din et par
Hagit Ofran de Shalom Arshav, cette construction s'effectue
actuellement dans plus de 50 colonies et dans deux autres zones
industrielles : Mevo Huron et Goush Etzion.
Le 7 décembre, un appel d'offres a été publié concernant la
vente d'un lot important destiné à la construction d'un bâtiment
commercial sur le carrefour de Goush Etzion.
Dror Etkes a également noté la prise de contrôle d'une terre
agricole palestinienne près des colonies de Brakha, Kokhav
Hasha'har, Kfar Tapouah, Itamar, Elon Moreh, Soussya et de la
colonie sauvage de Ivei Hanahal.
Dans une dizaine de colonies, il y avait des signes que la
construction s'était arrêtée, peut-être à cause des décrets de
gel de la construction, ou peut-être parce que les colons se
sont dépêchés de créer des faits sur
le terrain avant que ces décrets ne prennent effet,
L'Administration civile a dit clairement que « les décrets
concernant la suspension des travaux de construction » n'étaient
valables que pour les bâtiments dont les fondations n'ont pas
encore été posées le jour de la publication du décret.
Environ 3 000 logements, dont les fondations ont été posées à la
va-vite au moment où la publication a pris effet, n'ont pas été
affectés par le gel temporaire. Il existe de plus 492 logements
déjà approuvés par le ministre de la défense, Ehoud Barak.
Selon Dror Etkes et Hagit Ofran, ce boum de la construction a
commencé au moment où les Etats-Unis exigeaient un gel de la
construction dans les colonies. Les autorités locales ont alors
accordé un grand nombre de nouveaux permis de construire, la
plupart du temps à des colonies relativement petites et isolées,
mais aussi à des colonies plus importantes.
Les entrepreneurs et les leaders des colons estiment que
certains de ces sites où la construction a été gelée, comme Bei
Arieh, finiront par se voir accorder des permis de construire.
Une commission qui étudie les demandes de levées de
l'interdiction dans certaines zones doit envisager cette
possibilité, mais on ignore encore si ses réunions seront
ouvertes au public ou si les critères qui guideront ses
délibérations seront rendus
publics.
Selon l'Administration civile, des fonctionnaires s'occupent
actuellement de faire respecter les décrets de gel des
constructions, dans les colonies comme dans les zones
industrielles. Dans les zones où des infractions sont
constatées, des mesures appropriées ont été prises et font
l'objet d'enquêtes.
Il a été dit clairement qu'au cas où les décrets d¹interdiction
de construction sont violés, d'autres mesures seront prises.
D'après la loi, après la publication d'un décret d'arrêt de la
construction, une audience est prévue. Ce n'est qu'à l'issue de
cette audience qu'un ordre de raser la structure peut être
donné.
Hagit Ofran a dit hier que le vrai test de l¹interdiction de
construction interviendra quand de gros entrepreneurs qui
violent ces décrets seront condamnés à payer des amendes.
Entre temps, d'après les chiffres réunis par Shalom Arshav, la
construction autorisée dans les territoires occupés dans le
cadre du gouvernement est supérieure à celle autorisée en
Israël. Un total de 1 167
logements a été autorisé pour 100 000 citoyens, contre 836
logements seulement pour ce même nombre de citoyens en Israël
(hors territoires occupés).
Par exemple, pendant le hiatus qu'a connu la construction, il a
été construit 476 logements à Ma'aleh Adoumim. Si l'on compare
ce chiffre à des localités de taille similaires mais situées à
l'intérieur d'Israël, on
obtient : Rosh Ha'ayin, 149 logements, Kiryat Bialik, 160
logements, Dimona 59, et Or Yehuda, 12 logements.
Pendant la même période : 146 logements prévus à Ariel, comparés
à 21 à Beit She'an, 51 à Kiryat Tivon, and 32 à Sderot.
Sur la plupart des sites de construction, les travaux sont
effectués par des Palestiniens. Kfar Tapouah est l'un des rares
endroits dans les territoires occupés où les colons tiennent à
employer des ouvriers juifs.
Les
analyses d'Akiva Eldar
Traduction : Gérard Eizenberg pour
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