Opinion
Le rôle de la
Syrie dans
l'accélération de l'effondrement des
Etats-Unis
Akil
Cheikh Hussein
Jeudi 19 septembre 2013
Il ne fut pas possible pour
aucun parmi ceux qui croient aux
déterminismes historiques qu'ils
prétendent gérer l'évolution de la
réalité d'imaginer, aux années
soixante-dix du siècle dernier, que
l'Union soviétique pourrait
lamentablement s'effondrer au bout d'une
décennie.
De la même manière, il ne fut possible
pour personne d'imaginer qu'après cet
événement le monde pourrait être, après
l'effondrement soviétique, autre chose
qu'un empire étasunien mondial qui
s'impose grâce à sa suprématie militaire
et économique, face à des pays prêts à
tomber comme un fruit mûr du fait de la
dépendance, de la pauvreté, du
despotisme et de la corruption.
Pourtant, il s'est avéré avant
l'écoulement d'une décennie que les
Etats-Unis se tiennent à leur tour, non
sur le sommet qui envoie sur le monde
les lumières de la fin de l'histoire,
mais plutôt au bord d'un gouffre qui
annonce un effondrement qui s'annonce
d'autant plus horrible qu'il n'est pas
comparable à l'effondrement soviétique
qui, en dépit de ses importantes
répercussions négatives, n'a pas empêché
l'émergence de la Russie en tant que
superpuissance.
Il est certain que l'ivresse de la
victoire et l'obsession morbide
d'exhiber la force et de l'exercer ont
emmené les Etats-Unis à prétexter les
attentats du 11/9 2001 pour lancer ce
que les Néo-conservateurs ont appelé
leur troisième guerre mondiale. Il est
également certain que les Etats-Unis ne
se doutaient du fait que leur invasion
d'Afghanistan et d'Irak ne serait qu'un
premier pas qui conduira rapidement à
l'instauration de l'empire étasunien
mondial.
Toute importante qu'elle puisse être, la
défaite des Etats-Unis en Afghanistan et
en Irak, les facteurs décisifs qui ont
joué dans l'engagement étasunien dans la
voie de l'effondrement que prévoient un
grand nombre d'observateurs et dont
témoignent les crises étouffantes, en
premier lieu économiques des Etats-Unis,
se représentent (en raison des liens
organiques avec l'entité sioniste) par
la défaite encaissée au Liban en 2006.
Il est déjà clair que la guerre contre
la Syrie n'est qu'une tentative de
riposter à la défaite de l'armée
israélienne, et que cette défaite –tout
comme celle dont les indices commencent
à s'apercevoir dans l'échec de la guerre
contre la Syrie- n'était pas possible
s'il n'y avait pas eu le grand événement
qu'est la révolution Islamique en Iran
et l'avènement d'un Etat iranien qui
dispose d'une force suffisante de
dissuasion et de soutien aux autres
forces de libération dans la région et
le monde.
Si la Russie de Poutine a joué un rôle
important en bloquant l'agression
étasunienne contre la Syrie, cela ne
signifie pourtant pas qu'elle le pouvait
si la Syrie et les autres forces de
Résistance dans la région étaient prêtes
à subir passivement une telle agression.
Si, de leur côté, les Etats-Unis ont
renoncé au passage à l'acte quant à la
mise en œuvre de leurs menaces, c'est
parce qu'ils savent bien que les forces
de Résistance dans la région possèdent
suffisamment de moyens pour adresser des
coups douloureux à l'entité sioniste et
à la présence militaire étasunienne
aussi bien qu'aux intérêts des
Etats-Unis dans la région.
Il ne faut pas par ailleurs négliger un
autre facteur non moins important:
Epuisée et réduite à une véritable
république bananière sous la présidence
de Boris Eltsine, la Russie pouvait-elle
sous Vladimir Poutine reprendre son
ambition de regagner avec force sa place
sur la scène mondiale, si l'imposante
prestance des Etats-Unis et de l'entité
sioniste n'avait pas été mise à mal par
la Résistance au Liban?
Il existe sûrement une relation
significative entre la victoire de 2006
qui a prouvé la possibilité d'infliger
une défaite éclatante au camp des
Etats-Unis et de leurs alliés, et le
célèbre discours prononcé par Poutine en
2007 devant la Conférence de Munich sur
la sécurité mondiale. Ce discours avait
suscité une grande surprise dans la
mesure où il y a fait usage
d'expressions
typiquement «soviétiques» pour dénoncer
les tendances impérialistes de la
politique extérieure étasunienne. Le
fait que la Russie avait poursuivi
-depuis l'élection de Poutine au poste
de président de l'Union Russe en l'an
2000- sa politique basée sur le
partenariat avec l'Occident et la
participation au Conseil
Russie-Atlantique n'est qu'une autre
expression de cette relation.
Quoi qu'il en soit, la guerre contre la
Syrie et tout particulièrement son
épisode relatif au renoncement aux
frappes limitées après les récentes
menaces étasuniennes a montré qu'en plus
de la dislocation des groupes armés en
action sur le sol syrien, et
l'éparpillement de l'alliance régionale
anti-syrienne, les syndromes de la
désunion ont également atteint
l'alliance occidentale elle-même. Le
recul britannique, le refus de
participer aux frappes par un grand
nombre de pays européens, l'inconstance
de la position officielle étasunienne et
l'opposition populaire massive en
Occident à la guerre, tout cela a
reflété un état de vieillissement et
d'impuissance annonciateurs, dans les
conditions de l'aggravation des crises
économiques, d'évolutions susceptibles
d'aller de pire en pire.
Si les observateurs avaient depuis des
années commencé à entrevoir ce processus
de l'effondrement étasunien, la fermeté
de la Syrie et de l'axe de résistance
ainsi que l'émergence de la Russie et
des pays du groupe Brics, ont commencé,
de leur côté, à avoir des effets
concrets au niveau de l'accélération de
ce processus.
Source: french.alahednews
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