Opinion
Avoir stoppé la soumission arabe
généralisée :
C'est pour cela qu'on cherche à
punir la Syrie
Akil Cheikh
Hussein
Le
président Bachar al-Assad a accordé un
entretien à la TV russe - Photo: Sana
Lundi 31 octobre
2011
26 octobre
2011. C'est le 17e anniversaire de la
signature à Wadi Araba du traité de paix
entre l'entité sioniste et le régime
jordanien. Il s'agit du quatrième traité
de ce genre signé par les "Israéliens"
après les accords de Camp David avec
l'Egypte de Sadat, les accords du 17 mai
1983 avec le Liban présidé alors par
Amin Gemayel, puis ceux d'Oslo avec
l'Organisation de Libération de la
Palestine dirigée à l'époque par Yasser
Arafat.
Le
quatrième traité signé… Mais le
troisième qui continue d'être en vigueur
après l'annulation du traité du 17 mai
par le Liban, moins d'un an après sa
signature.
Tous
ces traités ont été signés, étant donné
le flou qui a régné après la guerre
d'octobre 1973, dans les conditions de
la défaite encaissée par les Arabes dans
la guerre du 5 juin 1967 face à l'armée
israélienne qui a pu occuper
militairement le reste des territoires
palestiniens qui n'ont pas été occupés
en 1948 (Cisjordanie, y compris la
partie Est d'al-Aqsa et Gaza), la
totalité de la Sinaï égyptienne et du
plateau du Golan syrien, situés
respectivement à quelques kilomètres du
Caire et de Damas.
A la
défaite, s'ajoutaient les profonds
changements qu'ont connus, du moins, les
pays arabes limitrophes de l'entité
sioniste (l'Egypte, la Jordanie, la
Syrie et le Liban). Ces changements
étaient dissemblables pour ce qui est de
la disposition de chacun de ces pays à
se plier à la nouvelle donne matrice de
tout genre de considérations
défaitistes.
Une
douzaine d'années après la défaite du 5
juin, l'Egypte d'Anwar Sadat avait
complètement changé de cap en rompant
avec le nassérisme et l'alliance avec
l'Union soviétique et en approfondissant
ses relations avec les Etats-Unis. La
voie était ainsi ouverte à la paix sous
sa version israélienne qui n'est rien
d'autre qu'une pacification au sens
propre du terme.
Sadat a
effectué sa visite surprise à al-Qods
occupée et a prononcé un discours à la
Knesset, avant de se rendre à Camp David
pour signer avec Menahem Bégin et sous
le parrainage du président américain
Jimmy Carter des accords de paix qui
stipulaient la démilitarisation de la
Sinaï, qui renonçaient aux promesses
concernant les droits du peuple
palestinien et à l'application de la
résolution 242 prévoyant le retrait de
l'armée israélienne de tous les
territoires arabes occupés après le 5
juin 1967.
En un
mot, l'Egypte, le plus grand parmi les
pays arabes, avait déserté le camp arabe
et s'est détournée de la cause
palestinienne alors que la propagande
officielle tenait à persuader le peuple
égyptien que l'Egypte a le droit de se
consacrer à "manger du pain" après avoir
donné tout ce qu'elle a donné en matière
de sacrifices au service des causes
arabes.
Pour ce
qui est du régime Jordanien, la paix
qu'elle a conclue avec les "Israéliens"
n'avait rien de surprenant et ce pour
des raisons bien connues. Mais il est
évident que la fragilité du pays, sa
dépendance des aides extérieurs, et tout
particulièrement américains, et la forte
présence de l'élément palestinien
parmi ses habitants, expliquent son
retard quant à la normalisation avec
l'entité sioniste : Les accords de Wadi
Araba ont été signés en 1994 seulement
quelques mois après les accords d'Oslo.
Reste à
noter que le décampement de la Jordanie
n'était pas mois lourd de conséquences
négatives sur le plan stratégique que
celui de l'Egypte : 380 kilomètres de
frontières avec la Palestine occupée et
autres atouts géographiques et
démographiques particulièrement précieux
pour la lutte armée contre l'occupation
israélienne.
Pour ce
qui est du Liban, aussi petit et fragile
que la Jordanie, on sait depuis toujours
que la paix avec "Israël" et la rupture
avec l'arabité étaient un souhait cher à
une partie de Libanais. L'occasion n'a
donc pas été ratée et la signature des
accords du 17 mai a eu lieu à un moment
où la guerre civile faisait rage et
l'invasion israélienne en 1982 faisait
de Beyrouth la première capitale arabe
qui tombe sous l'occupation.
Il est
vrai que le peuple égyptien, tout autant
que le peuple jordanien, a toujours
manifesté son refus de ces humiliants
accords. Mais le refus libanais,
populaire et armé, était tel qu'il a non
seulement balayé les accords de paix
mais aussi l'occupation israélienne
elle-même.
De
plus, la résistance libanaise et la
lutte ardente et très chère payée par
les combattants du Hezbollah ont brisé,
en 2006, la légende de la suprématie
militaire israélienne et celle de son
armée prétendument invincible. Et du
même coup, elles ont contribué à mettre
fin aux projets de domination
israélo-américains qu'on cherchait à
imposer à la région sous la couverture
du soi-disant processus de paix
israélo-arabe.
Ces
résultats n'étaient en aucun cas
possibles à réaliser sans l'aide et la
participation active de la Syrie. Il est
vrai que la Syrie n'a pu récupérer
qu'une partie du Golan occupé. Ses
détracteurs arabes en profitent pour
adresser au régime syrien tout genre
d'accusations injustes et malveillantes
qu'ils font monnayer dans le marché de
la démagogie moins par attachement à la
cause nationale syrienne ou arabe, que
par enragement vis-à-vis d'un régime qui
est le seul à refuser la paix
israélienne et ses désastreuses
conséquences.
Une
violente altercation, et c'est Hosni
Moubarak qui l'a reconnue en 1995, a
éclaté entre Hafez al-Assad et Anwar
Sadat lors d'une visite effectuée par ce
dernier à Damas dans le but d'avoir son
consentement au sujet de la paix qu'il
était sur le point de conclure avec les
Israéliens.
La
Syrie pouvait, peut-être plus facilement
que l'Egypte, récupérer ses territoires
occupés dans le cadre d'un accord de
paix/soumission. Mais sa position de
principe est connue par tous : Oui à la
paix juste conditionnée par le retrait
israélien des tous les territoires
arabes occupés en 1967, et par le plein
respect des droits inaliénables du
peuple palestinien.
Cette
position, mais aussi le soutien sans
faille à la résistance au Liban et
l'alliance avec l'Iran, et non pas le
manque de démocratie et de liberté sont
tout ce qui explique les complots tramés
et les campagnes menées contre la Syrie
par les forces de l'hégémonie qui, de
Washington au Golfe, en passant par Tel
Aviv, ne font qu'abuser en les bafouant
des valeurs de démocratie, de liberté et
de droit.
Le
dossier Syrie
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