Opinion
La guerre contre la Syrie :
Le terrorisme à visage découvert
Akil
Cheikh Hussein
Le
président Bachar al-Assad a reçu
aujourd'hui Mme Alla Aleksandrovska,
présidente de la commission d'amitié
syro-ukrainienne - Photo: Sana
Mercredi 7 mars
2012
Le président Assad
doit partir. Telle est la position
clairement prise par l'axe du mal
américain en ce qui concerne l'événement
syrien.
Désunies, limitées
à des groupuscules et individus vivant à
l'étranger dans des pays trop connus par
leur antipathie pour les causes de la
liberté des peuples, et ne possédant pas
une véritable base populaire en Syrie,
les oppositions syriennes ne sont pas à
la mesure de remplir cette tâche.
L'intervention
militaire à la libyenne est rapidement
écartée : Les Américains et leurs alliés
occidentaux ne peuvent pas ajouter aux
défaites qu'ils ont encaissées en moins
de dix ans en Irak et en Afghanistan,
une troisième défaite qui s'annonce
fatale en Syrie.
Contrairement aux
Arabes dits modérés qui, obligés à
baisser le plafond, appellent à
l'armement de ce qu'ils appellent
l'opposition syrienne, les Américains
écartent également cette option en
s'appuyant sur des raisons logistiques,
sur la désunion des oppositions
syriennes, mais surtout sur l'immixtion
d'al-Qaïda sur l'échiquier syrien.
Pourtant, ils ne
lâchent pas. Renverser le régime et
l'Etat syrien est pour eux, comme pour
leurs alliés israéliens et laquais
arabes, chose urgente tant qu'il
poursuit sa politique panarabe et son
refus de suivre la ligne défaitiste
allant des traités de Camp David à Wadi
Araba en passant par Oslo.
Surtout à un
moment où, après le retrait américain de
l'Irak, un front hostile à l'hégémonie
occidentale et israélienne dans la
région se constitue sur le vaste et
riche continent s'étendant entre la
chaine de l'Himalaya à l'Est jusqu'aux
côtes de la Méditerranée à l'Ouest.
Ils adoptent une
stratégie guerrière différente qui, tout
en mariant la hantise d'une nouvelle
défaite en Syrie suite à une guerre
perdante comme en Irak et en
Afghanistan, peut intégrer les
contributions régionales des ennemis de
la Syrie.
En fait,
l'exclusion des deux options de
l'intervention et de l'armement des
oppositions est un gros mensonge : Si le
Nato n'intervient pas directement, il
est déjà établi que certains acteurs, y
compris des pays membres de l'Alliance,
le font d'une manière ou d'une autre. Il
en est de même pour ce qui est de
l'armement et du financement des groupes
armées en action sur le sol syrien.
La guerre contre
la Syrie se poursuit donc bel et bien
mais sous la forme de la guerre
indirecte, secrète, ou, pour ne pas y
aller par quatre chemins, sous la forme
du terrorisme consistant selon les
déclarations des faucons étasuniens,
aussi bien Républicains que Démocrates,
à opérer par manipulations, attentats,
assassinats et sabotages conjointement
aux pressions économiques, médiatiques,
politiques et diplomatiques.
C'est bel et bien
la nouvelle doctrine guerrière baptisée
par l'administration américaine comme
substitut de la guerre classique en
réaction à l'inefficacité de cette
dernière en Iraq, en Afghanistan et au
Liban, lors de la guerre de 2006. Elle
est supposée avoir l'avantage de pouvoir
conduire aux résultats de la guerre
classique tout en ne portant pas sa
responsabilité morale et, dans les
conditions de la crise économique subie
par les pays occidentaux, en réduisant
son coût financier.
Ou même en
annulant ce coût puisque les monarchies
du Golfe sont là pour faire le
nécessaire, elles qui ont payé, au prix
fort, la totalité des dépenses de la
guerre américaine contre l'Iraq et,
avant elle celles de la guerre irakienne
contre l'Iran. Un pays arabe comme la
Lybie a dernièrement promis à
l'opposition syrienne d'une somme de 100
millions de dollars, alors qu'on estime
la contribution des monarchies du Golfe
à un milliard de dollars par moi. Et
selon certains témoignages, on propose
trois millions de dollars à chaque
officier syrien qui accepte de se
rallier à l'Armée Syrienne Libre.
Un autre avantage
est assuré justement et contrairement
aux tergiversations américaines par
l'immixtion d'al-Qaïda. Ce sont, d'après
des déclarations récentes d'Hillary
Clinton, les Américains qui ont créé
cette mystérieuse organisation. N'est ce
pas elle qui a servi de pont pour la
troisième guerre mondiale que
l'administration Bush comptait en faire
le levier de l'empire étasunien mondiale
?
Bref, grâce à
l'intervention d'al-Qaïda, les
Américains peuvent laver leurs mains de
l'affaire syrienne tout en lançant dans
la bataille tous leurs sbires et
mercenaires de tout bord qui,
contrairement aux chars que Mme Clinton
ne peut pas envoyer à travers les
frontières syriennes, ont plus de chance
de pouvoir s'y infiltrer.
C'est un pari qui perd ses chances au
moment où l'Armée Libre inaugure ses
retraits "tactiques". De plus, il est
grandement risqué dans la mesure où les
pays frontaliers de la Syrie -et qui ne
retiennent pas leurs frontières-
risquent de se trouver rapidement dans
une impasse "stratégique".
On a très longtemps
injustement taxé de terrorisme les
mouvements de libération et les Etats
qui ne se plient pas aux dictats de
l'axe du mal américain. En confrontation
avec cette stratégie terroriste, la
Syrie s'approprie l'honneur de mettre au
claire ce qu'est le véritable terrorisme
qui, à la différence de la lutte armée
légitime menée par les peuples contre
l'occupation et l'hégémonie, n'est autre
que le terrorisme d'Etat lâchement menée
par les puissances impérialistes.
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