Opinion
La Libye
démocratisée
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 30 janvier
2012
Le
quotidien français Le Monde, qui a
accompagné, comme d'autres, la sanglante
expédition de l'OTAN en Libye, utilise
les guillemets pour traiter de ces
«brigades révolutionnaires» qu'il a
vendues à l'opinion, sous l'emballage
d'insurgés assoiffés de démocratie, de
liberté et de droits de l'homme. Il est
facile de s'en rappeler. Il ne s'est pas
passé des siècles pour se souvenir que
tous les médias qui comptent n'en
avaient que pour cette «révolution» qui
allait libérer les Libyens et instaurer
l'état de droit. Des semaines, au plus,
après la «victoire», le ton commence à
changer. Il faut bien, quand on ne peut
plus cacher l'horreur qui sévit, dans un
pays placé sous la coupe de barbares,
par la «communauté internationale». Les
«anti-impérialistes attardés» qui
dénonçaient l'agression atlantiste,
avaient de bonnes raisons de ne pas
croire à une quelconque démocratisation
et à pencher vers une explication
beaucoup moins rassurante. Le résultat
est éloquent. Le «protecteur unifié» a
accompli son œuvre destructrice, il ne
se sent plus concerné par la tragédie
qui se déroule à huis clos, entre
indigènes, entre infrahumains. Pour
autant qu'il ne savait pas à l'avance
les événements qui allaient suivre sa
«généreuse» sollicitude armée. Après les
révélations du directeur général de
Médecins sans frontières sur les
tortures infligées à des «prisonniers»,
que son organisation devait retaper pour
qu'ils puissent continuer à subir les
sévices de leurs bourreaux, voilà l'ONU
et sa haut-commissaire pour les droits
de l'homme, Navi Pillay, qui est «très
inquiète des conditions de détention des
personnes détenues par les brigades».
Ici, il faut insister sur le fait que
cela vient de gens qui ont contribué à
accréditer la propagande de l'OTAN des
mois durant et qui n'ont jamais exprimé
la moindre réserve sur le bien-fondé de
l'intervention militaire contre l'Etat
libyen. Les services de Navi Pillay ont
reçu «des informations alarmantes de
torture». Amnesty International, à son
tour, (qui a, tout de même, tenté
d'alarmer le monde depuis le début de la
«révolution») considère qu'«il est
horrifiant de constater qu'il n'y a eu
aucun progrès pour arrêter le recours à
la torture» et affirme n'être au courant
d'«aucune enquête sérieuse sur des cas
de torture». Amnesty ajoute que «la
torture est menée par des militaires
reconnus officiellement et des
organismes de sécurité ainsi que par
plusieurs milices armées opérant en
dehors de tout cadre légal». Le pire est
que des milliers de citoyens libyens
sont concernés par ce type de
traitement, sans compter les
innombrables cas de disparitions forcées
et les nombreux Subsahariens emprisonnés
du seul fait de leur couleur de peau.
Encore que le tableau soit loin d'être
complet, que le formidable arsenal de
désinformation refuse de présenter à
cette opinion publique qu'il a trompée.
On attend, maintenant que les faits sont
avérés, que s'expliquent les «Amis de la
Libye» (pour ne pas les oublier, ces
trente pays qui ont «élu» le CNT),
l'ONU, l'U.E, tous ceux qui ont, d'une
façon ou d'une autre, livré le peuple
libyen à la barbarie.
Article publié sur
Les Débats
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