Opinion
L'outrecuidance du
FMI
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 29 octobre
2011
Il est
toujours là, qui veille, compte et
concocte ses recettes. Il n'y a pas
besoin de solliciter son concours, il en
est fort prolixe. La preuve, c'est de
lui qu'il s'agit, le Fonds monétaire
international (FMI) se manifeste. Il est
vraiment embêté par ce qui se passe en
Algérie et il le montre. Comme cela fait
un bout de temps qu'on ne l'a pas
entendu, cela fait une drôle
d'impression. On l'avait presque oublié.
Et le voici, plus féroce que jamais et
sûr de son bon droit de dicter la
politique aux autres. Et il en fait
trop. Surtout qu'il ne manque pas d'air
et qu'il parle de «rationalisation des
dépenses publiques», trouve tout seul
qu'il n'y a aucune justification à
«l'interdiction du crédit à la
consommation» et se dit mécontent de
l'incontournable «climat des affaires».
Voilà le destructeur d'un grand nombre
d'économies et le responsable de la
misère de centaines de millions de
personnes qui ose, avec l'arrogance que
lui confèrent ses parrains, donner des
orientations et prodiguer des conseils.
On ne sait pas ce que les autorités
algériennes lui ont répondu, mais elles
devraient lui rappeler les bonnes
manières et lui citer ses frasques, très
visibles de par le monde. Cela devrait
suffire à le rendre plus modeste dans sa
prétention à régenter la destinée des
gens si, partout, il était renvoyé au
bilan de ses interventions.
Malheureusement, cela ne se passe pas
comme cela. Alors, il persiste dans sa
mission. Il doit, obligatoirement,
imposer que les Etats ne s'occupent pas
des citoyens qu'ils gouvernent, en
«rationalisant les dépenses publiques».
Il doit aussi faire en sorte que le
«marché» ne connaisse aucune contrainte,
même s'il faut endetter les gens, grâce
à ces «crédits à la consommation», et
même si la production nationale n'est
pas du tout concernée. Ne nous y
trompons pas, le FMI va presser de plus
en plus. Il y a péril en la demeure et
de l'argent à libérer qui doit aller
vers les gouffres qui se creusent
là-bas. Avant, il y avait l'argument de
la dette qui facilitait la vie et
faisait que l'Algérie signait les yeux
fermés sa descente aux enfers,
aujourd'hui le Fonds ne peut que la
menacer d'une possible chute des prix
des hydrocarbures. Sauf que l'on sait
qu'il n'est que la face soft d'un
système aux abois, qui dispose de moyens
autrement plus convaincants pour les
récalcitrants. C'est ce qui explique
pourquoi le FMI peut encore sévir quand
il a mené l'Amérique latine à la
banqueroute, fait exploser la
Yougoslavie et fait s'effondrer tant
d'autres pays. Il peut, sans vergogne,
faire le VRP avec ses mesures dont on
observe les effets dévastateurs sur
l'économie mondiale. Il peut vanter ce néolibéralisme, enveloppé dans une
sémantique savante, qui est en train de
projeter dans la précarité des foules de
plus en plus nombreuses. Il suffit, pour
se rendre compte de la
«rationalisation», d'interroger
l'actualité de la Grèce, du Portugal, de
l'Espagne, des Etats-Unis, de l'Italie,
ces modèles du genre en matière de
promotion de la libre-entreprise et aux
«climats des affaires» sans pareils ; où
il fait de moins en moins bon vivre, où
les entreprises ferment ou licencient et
où les citoyens sont pressurés pour que
les banques soient payées de leurs
créances ou renflouées parce qu'elles
sont en difficulté.
Article publié sur
Les Débats
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