Opinion
Elle va venir,
pour nous tout seuls !
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 28 octobre
2012
Elle était déjà venue,
mais pour une visite des popotes
indigènes, où l'Algérie faisait partie
de quelques escales, durant lesquelles
Mme Hillary Clinton distribuait bons
points et avertissements, conseils et
remontrances. Cette fois-ci on va
l'avoir pour nous, uniquement pour nous.
Une visite exceptionnelle, rare, voire
unique depuis l'indépendance du pays,
d'un chef de la diplomatie étatsunienne.
Et puis cela se produit dans un contexte
particulier et historique, dont la dame
occupe la vedette avec ses "amis" de tel
ou tel pays et de tel ou tel peuple, sur
la scène d'un "printemps" dit arabe,
vis-à-vis duquel notre pays a été
l'inexplicable "exception" qui a fait et
fait toujours enrager de dépit tous les
"analystes" et les médias qui
accompagnent de leurs thèses, de leurs
diagnostics et de leurs perspectives,
les Arabes et assimilés. Elle sera là
mardi prochain, peu de temps après avoir
donné la leçon aux autorités
algériennes, qui n'ont pas eu de
réaction, pas même un mot sur son
arrogance. A ce moment là on ne savait
pas qu'elle avait un voyage de prévu à
Alger. Maintenant que tout le monde
sait, on peut peut-être attribuer la
réserve de la diplomatie algérienne et
espérer que des explications auront
lieu, en privé, dans le secret des
affaires d'Etat. On n'en saura rien
évidemment, mais cela fait du bien de le
penser. Ceci dit on ne saura pas
grand-chose, aussi, des véritables
objectifs des travaux qui vont avoir
lieu, pas plus qu'il n'a été possible de
connaître ce que se sont réellement dit
les participants à la première session
du "Dialogue stratégique algéro-américain"
qui a eu lieu le 19 octobre dernier à
Washington. Session qui sera suivie par
d'autres qui siègeront en alternance,
tous les ans, à Washington et dans la
capitale algérienne. Ce qui devrait
signifier que l'Algérie a cessé, du
moins pour le moment, de figurer dans
l'agenda étatsunien comme candidate au
"printemps" de l'alliance atlantique.
Même s'il faut toujours se méfier des
Etats-Unis, qui n'en sont pas à leur
première forfaiture. Ainsi, Selon la
porte-parole du département d’Etat,
Victoria Nuland, il s’agira de "se
consulter sur les questions d’intérêt
bilatéral et régional et de poursuivre
les discussions fructueuses sur la
coopération économique et sécuritaire
menées lors du Dialogue stratégique
algéro-américain". Pas de quoi être
informé. Juste de quoi deviner que cela
doit être important. Au-delà de la
question de la bande sahélienne et du
Nord-Mali, il y a les mesures que le
gouvernement algérien sera tenu de
prendre, sur le plan économique, en vue
de satisfaire les exigences des
entreprises étatsuniennes, trop peu
soucieuse de préoccupations
souverainistes ou sociales. Mais il se
pose une vraie question. Que
restera-t-il à François Hollande, comme
marge de manœuvre, une fois que le
maître à bord du monde occidental aura
marqué le territoire? Tant il est du
domaine de l'impossible, surtout en ce
qui concerne l'imbroglio malien, de
négocier quoi que soit sauf d'écouter
les décisions qui ont été prises. Il y
aura, peut-être, des "questions
bilatérales" qui serviront de menu, sans
pour cela qu'il soit permis d'empiéter
sur les plates-bandes du prince. A moins
que la chose ne soit inscrite dans un
plan général concocté à la
Maison-Blanche où la France et l'Algérie
ne sont que les commis de la même
cuisine.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|